Je ne veux rien apprendre
Je ne veux rien comprendre
ni retenir
de morte voix
Je ne veux plus entendre
ce vacarme sourd et muet
de phrases et de chiffres
de nombres et d'idées
Depuis longtemps déjà
et même en se taisant
la vie chante avec moi
quelque chose de beau
Je refuse un autre cerveau
dit l'enfant
L'enfant sauvage
Jacques Prévert
Merci à Kolova de m'avoir envoyé ce poème de Prévert que je ne connaissais pas.
Tous les ans, dans mon atelier de restauration, je reçois les enfants d'un institut spécialisé pour enfants en difficultés scolaires et troubles du comportement. Les éducateurs cherchent des activités susceptibles d'allumer la flamme de ces "enfants sauvages" qui se laissent porter par la vie ne sachant par quel bout la prendre. Ils n'ont pas encore trouvé leur voie. Ceci dit, quand je les vois, je sens qu'il y a quelque chose de vivant et de gai chez eux. Comme s'ils n'avaient pas encore été mangés tout cru et digérés par les sucs gastriques de la société. Ils sont encore là, vifs et naifs. J'ai une tendresse particulière pour eux et je les aime d'autant plus qu'ils sont le reflet de ce que j'ai été, peu ou prou.
Il y a quelques années, d'autres jeunes sont venus dans mon atelier, plus grands, des troisièmes. Eux, par contre étaient mangés et avaient l'oeil éteint. Ils avaient enfin trouvé leur voie... Ou plutôt, leurs voies les avaient trouvés. Ils étaient tristes et renfrognés.
J'ai de la peine pour cette jeunesse ayant moi même été jeune et cancre. J'ai surtout de la peine pour ceux qui ont le regard éteint, ceux qui ne sont plus des enfants, ceux qui ont trouvé leur voie et qui ont le regard vide de s'être fait greffé un "autre cerveau".
1 commentaire:
Je pense qu'il manque un vers dans votre transcription :
Je n'entends pas votre langage
Je refuse un autre cerveau
dit l'enfant
L'enfant sauvage
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