dimanche 17 novembre 2013

Au sujet de : Matin vert

Astobelarra - après tes 2 premiers livres "Pensement " 1 et 2 qui sont des recueils de
chroniques et des "billets d'humeur", qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire un roman ?
Laurent CAUDINE : Les "Pensements" m'ont donné le goût de l'écriture. C'était un peu comme de petites esquisses. Mais j'ai eu envie de peindre une grande fresque, d'aller plus loin dans les nuances. Je voulais aussi prendre le temps de raconter une histoire avec des rebondissements, des caractères qui changent et qui évoluent au fil des pages ; ce qu’il n’est pas trop possible de faire avec des chroniques et des nouvelles.
Astobelarra -  Quel est le thème de ce roman en quelques mots ?
L.C : C'est l'histoire de Florian qui habite en Charente avec sa famille et qui apprend un jour qu'une grande tante qu'il ne connaissait pas vient de mourir. Elle lui lègue une vieille maison qui se trouve ici en Soule, à Camou, en haut du col d'Oxybar, quartier Saube. Ils vont s'installer là, avec Cécile sa compagne et Paul leur enfant, avec l'idée de vendre cette maison et de s'installer à Oloron. Mais des évènements imprévus vont… Disons… Les assigner à résidence…
Astobelarra - Pourquoi as-tu choisis d'écrire un roman qui se passe en Soule ? Est-ce important pour l'histoire ?
L.C : Pour l'instant je ne me sens capable de parler que de ce que je connais vraiment. Je ne suis pas un spécialiste de la Soule, mais je me sens très souletin. C'est presque quelque chose que je revendique. Matin vert, c'est une manière d'exprimer quelle est la Soule que je vois, que j'aime et que j'aimerais mais aussi de décrire une façon toute personnelle de voir le monde.
Astobelarra - Alors, on est dans du policier, du fantastique, ou de la philo?
L.C : La caractéristique du roman policier est basée sur un crime qu’il faut élucider. Il y a un peu de ça dans la première partie du roman, mais l’intrigue principale du roman n’est pas basée sur ça. Je dirais plutôt que c’est un thriller fantastique. La philo ? Disons que j’espère que le roman fait réfléchir, de là à dire que c’est de la philo, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Astobelarra - Tu as choisi de transmettre ton cheval de bataille - l'écologie - d'une façon plus onirique qu'auparavant. Penses-tu que le message en sera mieux compris? 
L.C : Je crois que j’ai essayé d’abord de raconter une histoire. Le message est là, évidemment. Mais l’histoire n’est pas bâtie avec une envie de convaincre mais de me mettre en phase avec un certain esprit de l’enfance. Cette période où tout est possible, où les choses parlent, lorsque la frontière entre réalité et imaginaire est poreuse, où tout est possible, aussi. Matin vert est un conte fantastique et le conte en général nous en apprend beaucoup, mais sans en avoir l’air. Il n’explique rien, il raconte.
Astobelarra - Je ne vais pas "spoiler" la fin de ton livre, mais la Soule et plus généralement le monde dans lequel nous vivons prennent cher... Une petite vengeance personnelle à assouvir ?
L.C : Aucunement. Mais j’espère pouvoir discuter avec les lecteurs et lectrices du livre, après. Comment percevront-ils la fin de l’histoire ? Est-ce que c’est une catastrophe, genre punition ou bien faut-il espérer que quelque chose de ce genre arrive ? Moi-même je ne suis sûr de rien. Et je trouve bien aussi que chacun puisse percevoir cette histoire à sa manière.
Astobelarra - Tu es le genre de gars a avoir toujours le cerveau en ébullition. J'imagine que tu as déjà un nouveau projet sur les rails. Tu peux nous en parler ? 
L.C : J’ai plusieurs projets. Mais un, en particulier, me tient très à cœur. J’aimerais écrire une histoire autour du gazoduc. Certains se rappellent certainement de cet épisode qui avait fait couler beaucoup d’encre, début des années 90. Je trouve le sujet riche, intéressant à plus d’un titre. J’aimerais raconter cette affaire de gazoduc sous fond d’histoire romanesque. Un genre de roman d’amour et de politique. Tout un programme. Mais vais-je trouver le temps de m’y mettre ? …

lundi 24 juin 2013

Tribune 24 juin 2013 : Pour un avenir prospère en Pyrénées-Atlantiques

Ce jeudi 27 juin, le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques se prononcera au sujet du projet de nouvelle route entre Lescar et Oloron. La question du climat est pour ainsi dire occultée du débat. Pourtant, chacun peut percevoir que le climat change. Pour être compris, l'enjeu de ce projet est donc à repenser dans le contexte actuel. Nous sommes à un carrefour et deux grandes directions se dessinent.

Nous pouvons favoriser un mode de vie fortement dépendant des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). La construction de nouvelles routes va dans ce sens et mettre en chantier l’axe Lescar-Oloron, c'est nier les conséquences du pic pétrolier[1] : un pétrole de plus en plus rare, un pétrole de plus en plus polluant à extraire et un pétrole de plus en plus cher. Faire ce choix revient à appuyer sur la pédale d'accélérateur du changement climatique avec les conséquences que l'on soupçonne déjà sur nos vies, et sur l'agriculture affectée par des pluies inhabituelles cette année. Accélérer le réchauffement du climat, c'est aller vers une augmentation très probable des évènements climatiques extrêmes[2] (la tempête Xynthia fit 51 morts en 2010[3]). Baser le développement économique et du territoire uniquement sur un pétrole bon marché relève de croyances et nous expose à des réveils très douloureux. Enfin, que va-t-on bien pouvoir exporter par cette route que l’on n’exporte pas déjà ? Pas grand-chose assurément. Et que va-t-on pouvoir importer par cette route que l’on n’importe pas déjà ? Pas grand-chose non plus. Donc cette route se justifie mal par rapport aux besoins locaux mais surtout pour améliorer les conditions du transport entre la France et l’Espagne sans réels bénéfices pour les habitants qui regarderont passer les camions  (mais toutefois avec de vraies nuisances). Dans ces conditions est-ce bien raisonnable d’utiliser les ressources départementales dans ce grand dessein transnational ?

Ou, autre choix, nous nous engageons à faire sortir de terre une économie qui fonctionne sans énergies fossiles. Du temps, il en faudra, c'est certain. Mais surtout nous avons besoin de volonté, d'une vision et d'audace pour travailler tous ensemble, habitants, élus, associations et entrepreneurs (agriculteurs, industriels, commerçants, artisans…). Aller aujourd’hui délibérément vers cette transition avant que nos enfants y soient contraints par l’inéluctable cours des événements est porteur de sens.

Orienter différemment les 360 millions d'euros[4] (soit 2,3 milliards de francs) prévus pour réaliser la nouvelle la route Lescar-Oloron contribuera à nous faire mettre sur la voie d'un climat stabilisé, d'une économie dynamique à court et long terme et d’un plus grand bien être des habitants. Rendre les bâtiments publics à énergies positives, mieux les isoler, fera largement travailler les corps de métier du bâtiment. Acter une stratégie ambitieuse d'approvisionnement local des cantines en agro écologie augmentera l'activité des agriculteurs et des structures de transformations, comme le souhaite le Ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll[5]. Bien former les nouvelles générations à ces métiers d'avenir. Développer des transports en commun efficaces. Recentrer les politiques du Conseil Général sur sa première compétence, la solidarité[6], et plus particulièrement auprès des personnes âgées. Voilà cinq axes structurants pour notre avenir.

Une politique efficace doit répondre aux besoins d'aujourd'hui et de demain des habitants et s'actualiser au fur et à mesure que de nouvelles données sérieuses sont publiées. C'est tout à l'honneur de nos Conseillers Généraux de changer d'avis sur ce dossier – si ce n'est pas déjà fait – quand la situation les presse à le faire. Nous pouvons les y aider en les contactant pour leur faire part de notre préférence.

Martin Rieussec, Oloronais, co-fondateur du collectif Appel de la jeunesse.


[1] http://tribune-pic-petrolier.org/
[2] http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ar4_syr_fr.pdf
[3] http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-03-01/bilan-la-tempete-xynthia-fait-51-morts/920/0/428887
[4] http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2013/05/17/pau-oloron-le-raccordement-a-l-autoroute-coutera-cher,1131792.php
[5] http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/agroecologie-faire-entrer-l-agriculture-francaise-dans-le-troisieme-millenaire-rapport-guillou-video-73465.html
[6] http://www.vie-publique.fr/animations/index5_depenses2011.html

lundi 13 mai 2013

Pensées sauvages


C'est couillon... J'étais en train de faire de l'ordre dans le bureau de mon ordi et je tombe sur ce texte. Mais impossible de me rappeler qui me l'a envoyé, ni quand ! Bon c'est pas grave, je vous en fait profiter ! Lurbeltz

En tant que sanglier à poil dur des Pyrénées et porte parole des «nuisibles», nos services de renseignement nous ont signalé qu'il y avait, aux pieds de nos montagnes, un paquet de plantes non-identifiées au répertoire naturel des espèces à croquer. Il paraît que certains zumains ont semés dans la nature des plantes masquées qui fichent la schkoumoun aux insectes croqueurs et peut-être même aux zanimaux à sang chaud comme nous. Est-vrai ?

Car si nous, sangliers de père en fils, espèce non protégé, avec l'ensemble des croqueurs de graines, des suceurs de sucs et de pollen, nous ne pouvons plus circuler librement sans tomber dans vos champs de mines anti-animal non balisés , que va-t-il advenir ?
C'est non seulement nous et nos familles qui risquons d'être contaminés, mais aussi bien d'autres encore !
Y avez-vous pensé ?

Vous les zumains, vous avez tellement proliféré et envahi nos espaces naturels qu'il est devenu difficile pour nous de circuler d'une région à l'autre et même d'aller à la plage avec les enfants sans tomber sur vos fichues constructions, vos déchets en tous genres et vos champs cultivés que nous croquons parfois car nous ne trouvons rien d'autre à nous mettre sous la dent pour tenir la route. Et après, vous nous traitez de «nuisibles»!
Ne trouvez-vous pas que c'est un peu facile ?

Nous faisons partie des minorités chahutées. Par la force, vous avez colonisé des territoires entiers sans nous concerter, nous, zanimaux et plantes sauvages.
Nous, nous vivons à poil depuis des lustres sans complications . Nos corps nus sont soumis aux rythmes de la nature et des saisons. Si nous avons suffisamment d'espace vital, chaque période de l'année nous apportent l'essentiel pour vivre.
Oui, comment vous faire sentir nos vies en relation avec les éléments entre terre et ciel, dans l'herbe et la broussaille tous les sens en éveil ; vous faire percevoir combien nous avons besoin d'espaces naturels vierges ?

Mais pour revenir à nos propos du début. Par précaution, demandez encore et encore à vos chamans s'il est nécessaire de compliquer ce lien qui nous relie tous à la nature, d'asservir encore et encore plantes zé animaux, pour quels besoins ? Sincèrement, nous avons du mal à vous suivre dans votre évolution, dans votre recherche d'un «bien être».
Nous constatons que nous ne partageons pas tout à fait la même conscience de la nature.
Votre sensibilité naturel perdu, nous craignons qu'après avoir inventé autant de paradis artificiels et de solutions délirantes pour vivre, vous ayez aussi perdu ce qui vous reste de raison.

Après ces quelques pluies d'orages, c'est le moment pour nous d'aller comme des petits fous nous vautrer dans la boue et, au passage, chasser quelques (pensées sauvages) parasites !

Ensuite - foi d'animal ! - nous irons soutenir ceux des zoms qui prennent soin de leur nature, qui cultivent avec tendresse pour le bien de tous.

Car nous tous dans la broussaille nous nous sentons concernés.

Animalement et végétalement votre.

dimanche 12 mai 2013

En terre aborigène


Je viens de terminer la lecture de : "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien" de François Giner.  A l'époque, j'avais écrit une note sur le livre (Mangareva) qui racontait comment des moines picpussiens s'y étaient pris pour dévaster en moins d'une cinquantaine d'année, une île paradisiaque de l'archipel des Gambier.
Ce livre-ci nous raconte comment en deux décennies seulement, les blancs ont réussi à détruire ce qui n'avait pas changé depuis 60 000 ans…  Oui vous avez bien lu, 60 000 ans, ce qui est l'échelle moyenne et 40 000 ans l'échelle basse selon les estimations.
Il y a quelque chose de commun à l'ensemble des anciennes civilisations de la planète qui vivaient en harmonie avec la nature. Elles avaient toutes une vision cyclique et non linéaire de l'existence, "leur circuit toujours recommencé s'organisait selon un calendrier des saisons basé sur la floraison .../ … leur seul modèle était la nature qui a toujours été généreuse envers eux."
Mais ce livre est d'une tristesse incomparable, car il raconte comment meurent un à un les vieux aborigènes qui connaissaient les lois anciennes, les secrets de leur vieilles cultures et comment les jeunes, intoxiqués par la société occidentale, la Munanga wei, se détournent de ce monde ancien pour sombrer, la plupart du temps dans la drogue, l'alcool, la télévision…
C'est triste, mais si on ne lit pas ce livre, on ne peut pas comprendre tout ce que notre modèle de société a de pourri dans ses entrailles. 
S'enfuir à quatre pattes de ce monde de fous, accepter tout ce qu'il y a de libre et de sauvage en soi, refuser les idées toutes faites, refuser la société de consommation, de compétition, s'éloigner du culte du travail, du toujours plus vite et du toujours plus compliqué, chercher à être soi-même... Telle est ma quête !

François Giner "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien". Latitudes Albin Michel

Description de l'ouvrage : 

Leur culture vieille d'au moins 40.000 ans est l'une des plus anciennes de l'humanité. Jusqu'à l'arrivée des Européens à la fin du XVIIIe siècle, les Aborigènes ont vécu de chasse, de pêche et de cueillette en harmonie avec une terre à laquelle ils appartenaient et qui nourrissait leur spiritualité, leurs coutumes et leur organisation sociale. Estimés à 350.000 en 1788, les Aborigènes n'étaient plus que 50.000 en 1966 et il ne reste aujourd'hui pas grand chose des 500 tribus d'origine. L'intrusion des Blancs dans leur univers traditionnel a été d'une incroyable brutalité : exterminés ou réduits en esclavage avant d'être brutalement assimilés, décimés par les maladies et l'alcoolisme. Aujourd'hui, la plupart ne survivent plus que dans une misère désespérante et les plus jeunes perdent souvent tout contact avec leur ancienne culture.
Originaire de l'Hérault, François Giner s'est immergé depuis 20 ans dans l'univers des Aborigènes. Il vit aujourd'hui dans une région reculée de la Terre d'Arnhem (à 700 km au sud de Darwin), au coeur de 400.000 hectares de bush. Un territoire appartenant au clan des Ngklabon. George Jangawanga, vieux sage aborigène, lui a accordé le premier son amitié, puis sa confiance, avant de lui donner un nom, Balang , et de le prendre pour frère. Avec les Ngklabon, François Giner va monter un projet de développement économique basé sur le tourisme culturel : l'établissement d'un camp qui accueille de petits groupes de voyageurs pendant la saison sèche. Son récit oscille sans cesse entre la beauté des paysages du bush, la richesse des traditions ancestrales, les récits de la création du monde, les rites complexes qui sont toujours respectés, mais aussi la lente dégradation des rapports humains, la désaffection des jeunes pour les coutumes, les ravages de l'alcool et de la drogue liés aux problèmes d'identité et de racisme, la colère et le désespoir des anciens, dépositaires de secrets qu'ils ne peuvent plus transmettre à quiconque.
Teinté de respect et d'affection, ce témoignage d'une rare authenticité restitue aux aborigènes d'Australie une humanité que deux siècles de colonisation leur a pour ainsi dire dénié.

mercredi 1 mai 2013

Gasodiari ez

C'était en 92-93... 1993 évidemment. Mais 1993 c'était un peu mon 1793 à moi... 1793 c'était la révolution française. 1993 c'est ma révolution à moi, mon Mai 68. J'étais anarchiste / libertaire, je ne sais trop quoi, jusqu'au bout des ongles. J'écoutais Leo Ferré à tue tête dans la bagnole quand je montais à 5 h du mat bloquer les machines du côté de Bosmendieta à Larrau. Je n'avais plus de famille, pas encore d'enfants, pas de boulot, pas de bagnole et je lisais Rimbaud et Verlaine dans un apart déglingué à la Haute ville (Mauléon). C'est aussi là que j'ai découvert que j'habitais dans un pays qui s'appelle Euskal Herri, qu'il y avait des collabos, des résistants et une majorité silencieuse. Et c'est là aussi que j'ai compris qu'il fallait lutter dans la vie. Respect donc, en ce 1er mai, pour tous les travailleurs et travailleuses qui partout dans le monde luttent pour des conditions de vie meilleures.

mercredi 3 avril 2013

Texte Korrika 18

"Langue maternelle.

On parle de langue maternelle parce qu'on naît par sa langue.

On parle d'accoucher parce que quand notre mère nous fait, nous la faisons mère à notre tour, accoucher c'est se faire l'un l'autre. Il se passe quelque chose de similaire avec la langue aussi. ...La langue nous crée et nous créons la langue. Nous sommes témoins l'un de l'autre. Nous vivons en nous donnant l'un à l'autre. La langue nous donne, nous donnons à la langue, nous sommes le souffle et l'être.

Celui qui apprend donne son sens à celui qui enseigne. Celui qui enseigne donne une direction nouvelle au parlant d'origine. Le parlant d'origine se doit de tendre la main à l'apprenant.
Nous nous devons tous de nous donner l'euskara les uns aux autres.

Ma langue maternelle est l'euskara. Mais qu'est-ce qu' une langue maternelle ? La langue maternelle n'est pas celle qu'on apprend en premier, ni celle qu'on reçoit du giron de sa mère, la langue maternelle est, pour moi, la langue avec laquelle on pense. La langue maternelle se trouve là où nous fabriquons nos raisonnements et nos images. Et il est possible qu'au cours d'une existence l'euskara devienne langue maternelle, il est possible d'apprendre à penser en euskara.
A vous qui êtes sur ce chemin, toute notre admiration et félicitations, et si quelqu'un vous dit que vous êtes des « nouveaux » basques, ou que l'euskara n'est pas votre langue maternelle, dites- lui bien qu'il ne fait pas bon être vieux, et par la même occasion, dites-lui que la langue maternelle n'est pas celle qui a été apprise en premier, mais bien celle qui crée la pensée.

Ce pays aussi, nous le penserons en euskara, ou il ne sera pas. L'avenir de notre pays dépendra de la langue qu'on lui choisira. Qu'on nous imposera de parler en d'autres langues ? Nous le savons bien. Ce pays devra réfléchir sur les autres langues, mais ce pays ne peut s'envisager dans d'autres langues, c'est en euskara que nous penserons ce pays, ou il ne sera pas.

Si nous voulons accoucher d'un pays, s'il faut qu'il naisse de quelqu'un, c'est de la langue maternelle que nous naîtrons."

mercredi 13 mars 2013

La neige

 Le néflier ploie un sous la neige, mais les branches résistent. Ce n'est pas le cas de l'acacia au-dessus de la mare qui a emporté avec lui une partie du saule pleureur qui se trouvait en dessous.

Après la neige, en cette fin d'aprem, le ciel a bleui un peu. Ça a fait de très jolies couleurs. Et je profite du retour de l'électricité pour vous faire profiter de ces deux photos.

mercredi 6 mars 2013

Soutien à Hegalaldia

Mauléon lundi 4 mars 2013


Monsieur le Président de la communauté des communes Xiberoa,
Mesdames et messieurs les conseillers communautaires,
L'association Hegalaldia est née en 2000 pour se charger du soin aux animaux sauvages. D’abord basée à Uhart-Cize, elle obtient en 2003, suite à sa gestion de la marée noire du Prestige sur les côtes Basques, un financement Européen visant à développer le soin aux animaux sauvages. Elle obtient donc un permis de construire pour édifier son centre de sauvegarde à Ustaritz
 Hegalaldia a surmonté de nombreuses difficultés visant à obtenir une reconnaissance officielle et devenir une association déclarée d'intérêt général et agréée association de protection de la nature. Cette structure est à ce jour la seule de ce type dans le département. Elle se soumet à une réglementation en vigueur stricte en obtenant une autorisation préfectorale d'ouverture, se dote d’un responsable vétérinaire sanitaire et embauche, dans un premier temps, deux salariés sur la structure dont un responsable capacitaire. De 2009 à 2012, l’association comptabilise 4 salariés dont deux salariés capacitaires (salarié capacitaire = la seule personne autorisée à détenir à soigner et déplacer une espèce protégée)
Chaque année, c’est une moyenne de 1000 animaux qui sont recueillis dont une centaine d’espèces différentes (oiseaux, petits mammifères, reptiles et amphibiens) et des centaines d’animaux traités à distance (qui meurent ou s’échappent avant d’arriver sur la structure). Hegalaldia, c’est un hectare d’installations (un bâtiment administratif, treize volières, trois piscines pour oiseaux marins, une mare à cistudes, une infirmerie, une salle de stabilisation, une salle de réhabilitation, un enclos à hérissons, six boxes de réhabilitations en bâtiment, une chambre de congélation, une nursery…)
Mais aujourd’hui Hegalaldia connaît de graves difficultés financières. Alors que l’activité de cette structure ne cesse de croître d’année en année, les subventions publiques, elles, diminuent et Hegalaldia a déjà licenciée une personne. Selon les responsables, si l’association n’obtient pas 85000€ des collectivités territoriales d'ici mars (ou des engagements allant dans ce sens) le centre de soins devra fermer ses portes.

Pour ce qui est de la Soule 1% des accueils d'animaux proviennent chaque année de ce secteur et en 2012 c'était 2%. 7 bénévoles ambulanciers sur ce secteur acheminent les animaux trouvés lorsque l’association ne peut pas se déplacer. Le centre de soin Hegalaldia comptabilise une dizaine d'appels téléphoniques en plus des appels liés à ces accueils ce qui représente 45 minutes de communication entrante. Les responsables d’Hegalaldia nous informent que la problématique du Vautour fauve à Saint Engrâce est très préoccupante. En effet, cette association intervient dans les Gorges de Kakueta, pour récupérer des vautours fauves qui entrent en contact avec le public. Il leur faut bien 2h pour arriver à Kakueta, puis 1h de marche dans les gorges, puis 30 minutes de sensibilisation. Car Hegalaldia alerte le public sur ces dangers et informe sur la biologie du Vautour.... puis il faut de nouveau 2h de trajet pour rentrer au centre. Ensuite, pour un vautour, il faut beaucoup de viande, des médicaments.....toute une logistique pour l'amener jusqu'a l'envol.

Pour rentrer dans ses frais, l’association Hegalaldia nous confie qu’il faudrait que la communauté de commune de Soule finance Hegalaldia à hauteur de 4500€. Hegalaldia a décidé suite à son Assemblée Générale de ne plus intervenir sur les communes et communauté de communes qui ne participent pas financièrement à la prise en charge de leurs animaux.

            Nous, association souletine dont le siège social se trouve à Mauléon, demandons à la communauté de communes de produire son effort, au niveau qui est le sien, ni plus ni moins.
           
Notre maison d’édition dont la devise est de « Remettre l’humain au cœur de la nature et la nature au cœur de l’humain », s’associe de tout cœur à l’appel du centre de soin Hegalaldia. Nous ne pouvons pas imaginer que cette structure, après avoir produit autant d’efforts, disparaisse ainsi, alors même que nous avons de plus en plus besoin d’elle.
En espérant, Monsieur le Président de la communauté des communes Xiberoa, Mesdames et Messieurs les conseillers communautaires, que vous répondrez favorablement à cet appel.
En attendant, veuillez recevoir l’assurance de nos meilleurs sentiments.

                                Les éditions Astobelarra / Le Grand Chardon




Site internet d’Hegalaldia : http://www.hegalaldia.org/

samedi 23 février 2013

Enterrement programmé d'Hegalaldia

Voici maintenant 13 ans que l'association de protection de la nature HEGALALDIA œuvre pour la sauvegarde de la Biodiversité dans le département des Pyrénées Atlantiques. Treize années où les accueils d'animaux en détresse n'ont fait qu'augmenter, sans que les ressources financières ne suivent : subvention retirée à l'association par des élus pour couvrir les agissements de certains de leurs administrés (amis), pressions politiques afin que le réseau des centres de sauvegarde en Aquitaine ne voie pas le jour
Ce sont 13 années de lutte pour trouver les moyens financiers afin de faire fonctionner correctement le centre de sauvegarde de la faune sauvage. Finies les années post Prestige où tout le monde voulait financer l'association pour le travail qu'elle avait accompli pour le sauvetage des oiseaux mazoutés. Des animaux en détresse, nous en soignons un millier par an, même sans marée noire...
Hegalaldia a déjà traversé des turbulences financières, mais 2013 ne sera certainement pas un chiffre porte-bonheur.
Nous avons déjà licencié du personnel fin 2012 et envisageons la fermeture du centre en milieu d'année (voire même fin mars), afin de ne laisser aucune dette, si aucune solution financière pérenne ne peut être trouvée.
Le centre de sauvegarde ne peut accomplir correctement sa mission dans la situation financière et politique actuelle et qui n'évolue pas depuis quelques années. Notre choix sera radical, malheureusement...
...
La suite sur le site internet d'Hegalaldia
 

lundi 11 février 2013

Entretien avec un pirate

"Je pose souvent aux gens la question suivante : « Quel était le nom de ton arrière-arrière-arrière-grand-mère, vers l’an 1550 ? » Personne ne sait, tout le monde s’en fout. Pourquoi ? Parce que cela ne fait pas partie de notre réalité. J’ai trouvé un Aborigène en Australie qui pouvait répondre à cette question, non seulement il connaissait le nom de son ancêtre, mais il pouvait même me donner des détails sur sa vie.

Les aborigènes de par le monde savent d’où ils viennent donc ils savent qui ils sont et parce qu’ils savent qui ils sont, ils savent où ils vont. C’est une leçon qu’ils peuvent nous enseigner. Parce que leur origine importe, leur destination importe également, et donc un enfant qui naîtra même très loin dans le futur fait partie intégrante de leur réalité présente. Ils ne verront jamais cet enfant en chair et en os, mais savoir que cet enfant existera leur suffit pour se sentir concernés et pour agir en conséquence. C’est exactement ce qui devrait tous nous interpeller : demain ne sera possible que si nous agissons aujourd’hui.

Être écologiste, c’est faire partie du continuum de la vie, ce n’est pas se sentir concerné par ce que sera le monde dans dix ans ou même dans cent ans. Tout ce que nous faisons aujourd’hui aura un impact significatif sur le genre de monde que nous laisserons dans cent mille ans, dans un million d’années. Chaque espèce que nous menons à l’extinction aujourd’hui envoie un ricochet dans le futur avec un incroyable impact négatif.
Nous devons comprendre qu’il s’agit là de notre véritable engagement, notre objectif ultime est de s’assurer que le continuum de la vie sur cette planète puisse se maintenir.

EXTRAIT du livre "Paul WATSON : Entretien avec un pirate" de Lamya ESSEMLALI- Editions GLENAT

Pour ceux qui ont lu "Pensements 2" et l'introduction que j'ai écrite pour ce livre comprendront probablement pourquoi cet extrait de ce livre de Paul Watson me touche particulièrement. Je crois que de plus en plus, à cause d'une certaine dictature de l'immédiateté, du tout sans fil, de l'instantanéité technologique, du culte de la productivité, nous sommes en train de délaisser un continent entier de nos vies et on ne le voit pas partir à la dérive. On pourrait se dire que ce continent délaissé se met en friche et que la friche, ce n'est rien d'autre que de la liberté. Mais malheureusement, cela ne se passe pas comme ça. Cette dictature est en train de grignoter notre mémoire. Si elle grignote notre mémoire, comme dit Paul Watson, elle grignote notre passé. Cette dictature est un monstre qui aspire la vie, la liberté et la nature. Lutter contre cette dictature c'est lutter pour notre avenir.

lundi 4 février 2013

Les enfants du capitaine Grant


C'est beau quand même la vie ! Qu'est-ce qui me fait dire que la vie est belle ? Je pourrais parler de la pluie qui tombe. j'adore voir les mares, les rivières et les lacs qui se gonflent de pluie, en ce moment. Mais là, non, c'est pas ça. Ce qui me rend heureux, ces jours-ci, c'est que je viens de prendre le bateau. J'ai embarqué dans le yacht de Lord et Lady Glenarvan, le Duncan et je pars en expédition vers la Patagonie. Je pars à la recherche du capitaine Grant. Tout cela sans bouger de chez moi grâce à Jules Verne.
Comme beaucoup d'enfants et d'adolescent, j'avais lu Cinq semaines en ballons, l'île mystérieuse, Le tour du monde en 80 jours, Michel Strogoff…  Et comme tous les enfants, j'ai été emballé, emporté par ces aventures. Mais ce qui est incroyable, c'est que dès les premières pages du livre "Les enfants du Capitaine Grant",  je suis embarqué comme quand j'avais 15 ans. Jules Verne est pourtant à l'origine d'un traumatisme que j'ai eu quand j'avais 15 ans. En 1985, je crois, dans ces années-là, j'ai passé quelques mois à Font Romeu. J'étais assez mal. J'étais en camp. Pas de redressement, mais un camp quand même… pas de concentration (eu égard aux respect que je dois à ceux qui ont connu ça) mais un camps quand même. Et je me souviens d'un bouquin de Jules Verne que ma maman elle m'avait envoyé par la poste : "De la terre à la lune". Ce livre était tout pour moi. Un frère, un ami, un confident, un objet transitionnel, une invitation au voyage, une fuite et je ne sais quoi d'autre… Et voilà qu'on me le vole ! Je m'en souviens encore aujourd'hui de cette sensation de manque, d'arrachement, de vide. Je me demande si ce n'est pas à partir de ce jour que j'ai voué aux livres un véritable culte.
C'est une rencontre, qui m'a donné envie de retrouver Jules Verne. Dernièrement j'ai été mis en contact avec un spécialiste de Jules Verne qui se nomme Lionel Dupuy. Il est chercheur à l'université de Pau, professeur d'histoire dans un collège d'enseignement bilingue (français / occitan) et j'ai eu entre les mains un manuscrit qu'Astobelarra pourrait bien publier ces prochains mois et qui se nomme "Géographie : les paradoxes de l'ordinaire"… Mais j'aurais l'occasion de reparler de ça.

samedi 2 février 2013

Chanson pour Aurore Martin

C'est la nuit
la douce nuit de Pau
j'attends l'aurore
je pense à Aurore Martin
je lui envoie mes mots
mes couplets
mes refrains
pour lui tenir chaud
au fond de son cachot

Ils l'ont menottée
Aurore Martin
ils l'ont extradée
Aurore Martin
ils ont saccagé son clair prénom
Aurore matin

Elle doit se taire
ne plus dire non
oublier jusqu'au nom
de son pays
insoumis
Euskadi

Ils l'ont accusée
jetée en prison
dans sa cellule espagnole
y a pas le jour y a pas la nuit
même le silence est interdit
ils veulent briser l'aurore en elle
briser son coeur
briser ses ailes
Aurore Martin

Les mots français comme Martin
les mots basques les chagrins
elle ne peut les dire à personne
et quand l'aurore ne vient pas
elle songe au Petit Bayonne
à Jean-Philippe Casabonne
aux femmes aux hommes
qu'on bâillonne
et sur ses lèvres
le O
le I
les A
de Gora euskadi askatuta
Aurore Martin
Aurore matin

Christian Laborde

jeudi 10 janvier 2013

Gypaète. Trop c'est trop !


Je viens d'écouter une émission sur radio Mendililia.
Et j'aimerais quand même revenir sur les diverses interventions
En premier, nous avons entendu Sébastien Uthuriague (je crois). Il parle d'interdiction de la chasse. Mais sur l'arrêté par un mot au sujet de la chasse.  C'est-à-dire que dans le périmètre de protection la chasse est malheureusement autorisée ! Il a parlé des restrictions et des contraintes sur les propriétaires. Pour rappel, l'article 2 précise les dispositions et mesures de protections du 1er novembre au 15 aout.

- Sont interdits
1 - La circulation des véhicules à moteur ou non, de quelque nature qu'ils soient ;
2- Tous travaux publics ou privés susceptibles de modifier l'état des lieux ;
3 - l'allumage de feu et d'écobuage
4 - L'utilisation de tout instrument ou matériel dont le bruit qu'il génère est de nature à troubler le calme et la tranquillité des lieux et de la faune s'y trouvant
sont également interdits, sur ces périmètres et qu'elle que soit la période de l'année :
1 -l'abandon ou le déversement d'ordures ou de déchets de quelque nature que ce soit, ou tout autre produit, substance ou matériau susceptibles de nuire à la qualité de l'eau, de l'air, du sol, ou duite.
2 - L'utilisation de produits phytosanitaire.

L'article 4 précises les dispositions dérogatoires. c'est-à-dire que toutes les interdictions édictées aux articles 2 et 3 ne s'appliquent pas aux propriétaires de parcelles privées et aux ayants droit des cayollars. L'article précise même que ces éleveurs sont autorisés à
1) utiliser leur véhicule à moteur sur les voies carrossables,
2) pénétrer avec leur(s) chien(s) non tenu en laisse,
3) utiliser tout instrument ou matériel lié à l'activité pastorale
4) Procéder à des opérations d'écobuage dans le respect du protocole figurant en annexe 4

La question que je me pose est la suivante. Si les interdictions et contraintes de l'article 2 ne s'appliquent pas aux éleveurs, aux propriétaires de la montagne, elles s'adressent à qui ?
Qui à par eux iront mettre le feu à la montagne, circuleront à moteur dans ces zones accidenté, au dessus d'Holtzarte, déverseront des ordures et répandront des produits phytosanitaire, feront des travaux publics ou privés etc… etc… Les touristes ? les chasseurs ? les promeneurs ?
De quoi s'inquiètent-ils puisque apparemment cet arrêté est totalement nul et non avenu ?
Ont-ils lu l'arrêté pour se rebeller contre du vide ?

Et pour finir surtout, pourquoi autant de méfiances ? Qu'est-ce qui menace la survie des éleveurs de montagne ? Les arrêtés visant à protéger les gypaètes (même lorsque ledit arrêté se contredit totalement) ? Ou alors une économie prédatrice qui place l'humain et la nature en dehors de ses zones de fonctionnement et qui détruit partout de la même manière, en plaine, en ville, en montagne. Pour moi la réponse est claire et j'aurais aimé que les éleveurs ne confondent pas les vrais adversaires, ceux qui promeuvent en haut lieu une économie de destructions, de compétition avec ceux qui cherchent à préserver la diversité des territoires des cultures et des richesses naturelles.