mardi 8 avril 2014

Herriak bizi behar dü! Le pays doit vivre !

J'avais envie de répondre à Mathias Davant. Espérant en cela que le Mathias d'après, ne sera plus celui d'avant (ouarf ! mdr !) En même temps, j'ai passé cette période du je-réagis-instantanément-aux-machins-de-l'actu-je-sais-pas-trop-pourquoi-d'ailleurs. Je laisse passer les évènements. je réagirai plus tard, me dis-je... Là, je suis en voyage d'enfer. Plus tard, j'écrirai un bouquin et je prendrai les choses à froid... Ou pas. Bon en même temps, j'ai déjà écrit un truc qui répond à Mathias. le voilà ci-dessous. Il parle de la peur, cette peur que je comprends tellement bien. Moi-même, je ressens la peur pour les choses visqueuses et j'ai une peur viscérale pour les cravates même bien nouées à fortiori si celles-ci sont visqueuses. On a toutes et tous la peur, pour ci ou pour ça. Et c'est curieux comment cela résonne particulièrement avec ce que je lis actuellement...  Le sub, ci-des-sub, fait un inventaire des peurs qu'on peut avoir parfois :

" Supposons qu'une des peurs les plus élaborées est la peur de ce qui est autre, de ce qui est différent, c'est-à-dire ce que nous ne connaissons pas.
j'en fais juste un inventaire rapide, en espérant pouvoir y revenir par la suite :
- La peur de genre. Mais pas seulement des femmes à l'égard des hommes et vice versa, la peur aussi des femmes à l'égard des femmes et des hommes à l'égard des hommes.
- La peur des génération. Entre personnes âgées, adultes, jeunes, petits garçons et petites filles.
- La peur de ce qui est autre. A l'égard des homosexuels, lesbiennes, transsexuels et d'autres réalités qu'il ne suffit pas d'ignorer pour qu'elles cessent d'exister.
- La peur identitaire ou de race. Entre Indiens, Métis, compatriotes, étrangers.
La liberté que nous voulons devra vaincre aussi ces peurs-là."

Sources : Sous commandant Marcos, saisons de la digne rage.


Herriak bizi behar dü ! Le pays doit vivre !

Le 15 septembre  2008

Texte paru en mai 2009 dans le journal « L’âge de faire »
N°31 pour un dossier spécial  : « L’union fait la force en Pays-Basque. »

Ce texte est un témoignage qui se veut avant tout utile. Il est celui d'un non Basque, non bascophone, non abertzale, non nationaliste et non patriote. Il s'adresse à ceux qui lèvent un regard méfiant sur cette idée qui devrait être une évidence : Le pays doit vivre.
J'écoutais un musicien de Massilia Sound System qui disait ne pas être occitan, car né en Italie, mais qui se disait occitaniste. De la même manière, je ne peux pas dire que je sois basque ou eüskaldün (celui qui parle l'Eüskara) malheureusement pour moi et pour Eüskal-Herri. Par contre, je me sens bascophile ou basquisant.
Il est possible de laisser un espace à ceux qui pensent qu'il faudrait absolument parler basque, être né ici et autres options qui seraient obligatoires pour la défense de la cause.

Il me paraît tout à fait normal que les basques veuillent leur indépendance. On peut se poser des questions et débattre de quelle indépendance et comment y arriver, bavarder sur la forme, jouer sur les mots et les concepts quand on parle d'indépendance ou d'autonomie. On peut disputer le nationalisme, la violence, discuter d’une éventuelle Eurorégion ou d'un département basque, mais on ne peut pas dénier à un peuple le désir profond de l'autodétermination.
Je comparerais cela avec la religion qui est une constante de tous les peuples du monde depuis le début de la civilisation. Trouvez-moi un peuple qui n'ait pas son explication sur le monde. De même que je trouve inutile la lutte contre le sentiment religieux, je trouve naturel que chaque peuple, même le plus petit, soit soucieux de l'intégrité et du respect qui lui est dû dans son territoire. Là aussi, on peut pérorer sur les nuances sémantiques qu'il y a entre les mots « religion », « spiritualité », « mysticisme », « croyance ». Ça ne change rien au fait que l'humain est une créature religieuse mais aussi scientifique, artiste, philosophe, politicienne, amoureuse de la culture héritée de ses ancêtres qu’il souhaite naturellement léguer à ses enfants. Ces différents domaines sont des outils qui doivent nous permettre de comprendre le monde et aucun n'est à prendre à la légère.

Je ne veux pas dire que tous les sentiments enracinés doivent être conservés dans le formol. Je dis qu'il y a des énergies initiales qu'il convient de maîtriser ou d’aménager. Au XlXème siècle, quelques héritiers de la tradition jacobine rêvèrent d'éradiquer la religion chrétienne. Jean Jaurès mit fin à ce débat en déclarant : « la France n’est pas schismatique mais révolutionnaire… », ce qui eut pour résultat la séparation de l'église et de l'Etat, c'est-à-dire, un aménagement. Evidemment, il convient de faire disparaître certaines énergies néfastes comme la guerre, l'exploitation industrielle des animaux, l'exploitation de l'homme par l'homme, la corrida, les mines anti-personnelles, la domination masculine, l'homocentrisme...

Pourquoi enlèverions-nous le sentiment universel d'être un peuple à part entière, aux Basques, aux Bretons et aux Corses ?  Pour quelles fallacieuses raisons ne mettrions-nous pas tout en œuvre pour que ces pays aient les moyens de vivre ? Que de nombreux Basques ne se sentent pas Français est quelque chose d'aussi naturel que le plancher qui craque lorsque l'on marche dessus. A nous de choisir le naturel que nous voulons.

Ma réflexion est actuellement en court de construction. Elle n'est pas aboutie, pas plus que pour de nombreux Basques qui auraient le « pedigree » idoine. Ne croyez pas qu'il suffise de parler l'Eüskara et d'être né ici pour reconnaître Eüskal-Herri. Ils sont combien ces basques à « pedigree idoine » qui disent qu'il faut maintenant parler l'anglais et que l'Eüskara est inutile dans notre société ?
Etre Basque est une chose ; le devenir est autre chose. J'aimerais paraphraser Simone de Beauvoir qui disait : «  On ne naît pas femme, on le devient » et dire à mon tour  « on ne naît pas Basque, on le devient  ».
Quand on vit en Eüskal-Herri, il y a beaucoup de choses à faire individuellement pour devenir Basque et pour reconnaître ce territoire. Mais le moindre, quand on ne se sent pas Basque, c’est d'arrêter d'avoir peur de le devenir. Qu'est-ce qu'un basquisant, un bascophile ? Cela peut être une personne étrangère au sujet, au pays, ne parlant pas le basque, n'étant pas née ici. En même temps il s'agirait de quelqu'un qui aurait levé toutes ses inhibitions face à la question basque et se serait libéré de ses sentiments de culpabilité, de susceptibilité et/ou de paranoïa pour reconnaître le fait que ce pays doit vivre.

Une fois cette barrière franchie, l'arbre de Gernika - libéré de la torture du bonzaï japonais dont les bourgeons sont soigneusement coupés chaque année - pourra pousser librement. Ce petit territoire compressé entre ces deux nations arrogantes que sont la France et l'Espagne pourra alors étendre ses branches naturellement dans cette Europe que nous devons appeler de nos vœux. 

Laurent CAUDINE

samedi 1 février 2014

Stop


Je sors de mon silence.
Je me mets à parler.
J'ai trouvé ce matin que le temps passait vite et que c'était notre faute.
J'ai trouvé que finalement c'était plutôt nous qui passions.
Stop.
Je m'arrête.
Je regarde passer cet océan de misère.
La pluie tombe pour moi et je m'arrête sur elle.
Je m'arrêterai sur le soleil, comme je m'arrête sur la pluie.
Je ne veux plus le temps des hommes. je veux le temps de lire, de dire, de rire, de frire.
Je ne veux plus le temps des Monômes glauques et taciturnes.
Je me relocalise.
Je m'arrête.
Je me souviens de demain et tout tremble.
Je me souviens de toi
Je me souviens d'une course au travers des bois
Des grandes flammes de mon adolescence.
Je m'arrête.
Il n'y a plus rien en moi pour nourrir l'économie
Il n'y a plus rien en moi pour nourrir les hommes.
Je voudrais partir en cavale.
Je me relocalise.
Je me sens seul, je me sens bien, je sens dans mes veines des flammèches de vipères.
Je me sens roder dans les terriers animaux, dans les arbres pourrissants d'insectes.
Je me sens sève sangsue, je me sens lever l'hymne de la nature.
Orties, ronces, vieux crapauds planqués dans d'horribles nurseries.
Stop



dimanche 17 novembre 2013

Au sujet de : Matin vert

Astobelarra - après tes 2 premiers livres "Pensement " 1 et 2 qui sont des recueils de
chroniques et des "billets d'humeur", qu'est-ce qui t'a donné envie d'écrire un roman ?
Laurent CAUDINE : Les "Pensements" m'ont donné le goût de l'écriture. C'était un peu comme de petites esquisses. Mais j'ai eu envie de peindre une grande fresque, d'aller plus loin dans les nuances. Je voulais aussi prendre le temps de raconter une histoire avec des rebondissements, des caractères qui changent et qui évoluent au fil des pages ; ce qu’il n’est pas trop possible de faire avec des chroniques et des nouvelles.
Astobelarra -  Quel est le thème de ce roman en quelques mots ?
L.C : C'est l'histoire de Florian qui habite en Charente avec sa famille et qui apprend un jour qu'une grande tante qu'il ne connaissait pas vient de mourir. Elle lui lègue une vieille maison qui se trouve ici en Soule, à Camou, en haut du col d'Oxybar, quartier Saube. Ils vont s'installer là, avec Cécile sa compagne et Paul leur enfant, avec l'idée de vendre cette maison et de s'installer à Oloron. Mais des évènements imprévus vont… Disons… Les assigner à résidence…
Astobelarra - Pourquoi as-tu choisis d'écrire un roman qui se passe en Soule ? Est-ce important pour l'histoire ?
L.C : Pour l'instant je ne me sens capable de parler que de ce que je connais vraiment. Je ne suis pas un spécialiste de la Soule, mais je me sens très souletin. C'est presque quelque chose que je revendique. Matin vert, c'est une manière d'exprimer quelle est la Soule que je vois, que j'aime et que j'aimerais mais aussi de décrire une façon toute personnelle de voir le monde.
Astobelarra - Alors, on est dans du policier, du fantastique, ou de la philo?
L.C : La caractéristique du roman policier est basée sur un crime qu’il faut élucider. Il y a un peu de ça dans la première partie du roman, mais l’intrigue principale du roman n’est pas basée sur ça. Je dirais plutôt que c’est un thriller fantastique. La philo ? Disons que j’espère que le roman fait réfléchir, de là à dire que c’est de la philo, il y a un pas que je ne franchirai pas.
Astobelarra - Tu as choisi de transmettre ton cheval de bataille - l'écologie - d'une façon plus onirique qu'auparavant. Penses-tu que le message en sera mieux compris? 
L.C : Je crois que j’ai essayé d’abord de raconter une histoire. Le message est là, évidemment. Mais l’histoire n’est pas bâtie avec une envie de convaincre mais de me mettre en phase avec un certain esprit de l’enfance. Cette période où tout est possible, où les choses parlent, lorsque la frontière entre réalité et imaginaire est poreuse, où tout est possible, aussi. Matin vert est un conte fantastique et le conte en général nous en apprend beaucoup, mais sans en avoir l’air. Il n’explique rien, il raconte.
Astobelarra - Je ne vais pas "spoiler" la fin de ton livre, mais la Soule et plus généralement le monde dans lequel nous vivons prennent cher... Une petite vengeance personnelle à assouvir ?
L.C : Aucunement. Mais j’espère pouvoir discuter avec les lecteurs et lectrices du livre, après. Comment percevront-ils la fin de l’histoire ? Est-ce que c’est une catastrophe, genre punition ou bien faut-il espérer que quelque chose de ce genre arrive ? Moi-même je ne suis sûr de rien. Et je trouve bien aussi que chacun puisse percevoir cette histoire à sa manière.
Astobelarra - Tu es le genre de gars a avoir toujours le cerveau en ébullition. J'imagine que tu as déjà un nouveau projet sur les rails. Tu peux nous en parler ? 
L.C : J’ai plusieurs projets. Mais un, en particulier, me tient très à cœur. J’aimerais écrire une histoire autour du gazoduc. Certains se rappellent certainement de cet épisode qui avait fait couler beaucoup d’encre, début des années 90. Je trouve le sujet riche, intéressant à plus d’un titre. J’aimerais raconter cette affaire de gazoduc sous fond d’histoire romanesque. Un genre de roman d’amour et de politique. Tout un programme. Mais vais-je trouver le temps de m’y mettre ? …

lundi 24 juin 2013

Tribune 24 juin 2013 : Pour un avenir prospère en Pyrénées-Atlantiques

Ce jeudi 27 juin, le Conseil Général des Pyrénées-Atlantiques se prononcera au sujet du projet de nouvelle route entre Lescar et Oloron. La question du climat est pour ainsi dire occultée du débat. Pourtant, chacun peut percevoir que le climat change. Pour être compris, l'enjeu de ce projet est donc à repenser dans le contexte actuel. Nous sommes à un carrefour et deux grandes directions se dessinent.

Nous pouvons favoriser un mode de vie fortement dépendant des énergies fossiles (gaz, pétrole, charbon). La construction de nouvelles routes va dans ce sens et mettre en chantier l’axe Lescar-Oloron, c'est nier les conséquences du pic pétrolier[1] : un pétrole de plus en plus rare, un pétrole de plus en plus polluant à extraire et un pétrole de plus en plus cher. Faire ce choix revient à appuyer sur la pédale d'accélérateur du changement climatique avec les conséquences que l'on soupçonne déjà sur nos vies, et sur l'agriculture affectée par des pluies inhabituelles cette année. Accélérer le réchauffement du climat, c'est aller vers une augmentation très probable des évènements climatiques extrêmes[2] (la tempête Xynthia fit 51 morts en 2010[3]). Baser le développement économique et du territoire uniquement sur un pétrole bon marché relève de croyances et nous expose à des réveils très douloureux. Enfin, que va-t-on bien pouvoir exporter par cette route que l’on n’exporte pas déjà ? Pas grand-chose assurément. Et que va-t-on pouvoir importer par cette route que l’on n’importe pas déjà ? Pas grand-chose non plus. Donc cette route se justifie mal par rapport aux besoins locaux mais surtout pour améliorer les conditions du transport entre la France et l’Espagne sans réels bénéfices pour les habitants qui regarderont passer les camions  (mais toutefois avec de vraies nuisances). Dans ces conditions est-ce bien raisonnable d’utiliser les ressources départementales dans ce grand dessein transnational ?

Ou, autre choix, nous nous engageons à faire sortir de terre une économie qui fonctionne sans énergies fossiles. Du temps, il en faudra, c'est certain. Mais surtout nous avons besoin de volonté, d'une vision et d'audace pour travailler tous ensemble, habitants, élus, associations et entrepreneurs (agriculteurs, industriels, commerçants, artisans…). Aller aujourd’hui délibérément vers cette transition avant que nos enfants y soient contraints par l’inéluctable cours des événements est porteur de sens.

Orienter différemment les 360 millions d'euros[4] (soit 2,3 milliards de francs) prévus pour réaliser la nouvelle la route Lescar-Oloron contribuera à nous faire mettre sur la voie d'un climat stabilisé, d'une économie dynamique à court et long terme et d’un plus grand bien être des habitants. Rendre les bâtiments publics à énergies positives, mieux les isoler, fera largement travailler les corps de métier du bâtiment. Acter une stratégie ambitieuse d'approvisionnement local des cantines en agro écologie augmentera l'activité des agriculteurs et des structures de transformations, comme le souhaite le Ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll[5]. Bien former les nouvelles générations à ces métiers d'avenir. Développer des transports en commun efficaces. Recentrer les politiques du Conseil Général sur sa première compétence, la solidarité[6], et plus particulièrement auprès des personnes âgées. Voilà cinq axes structurants pour notre avenir.

Une politique efficace doit répondre aux besoins d'aujourd'hui et de demain des habitants et s'actualiser au fur et à mesure que de nouvelles données sérieuses sont publiées. C'est tout à l'honneur de nos Conseillers Généraux de changer d'avis sur ce dossier – si ce n'est pas déjà fait – quand la situation les presse à le faire. Nous pouvons les y aider en les contactant pour leur faire part de notre préférence.

Martin Rieussec, Oloronais, co-fondateur du collectif Appel de la jeunesse.


[1] http://tribune-pic-petrolier.org/
[2] http://www.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/ar4_syr_fr.pdf
[3] http://www.lepoint.fr/actualites-societe/2010-03-01/bilan-la-tempete-xynthia-fait-51-morts/920/0/428887
[4] http://www.larepubliquedespyrenees.fr/2013/05/17/pau-oloron-le-raccordement-a-l-autoroute-coutera-cher,1131792.php
[5] http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/agroecologie-faire-entrer-l-agriculture-francaise-dans-le-troisieme-millenaire-rapport-guillou-video-73465.html
[6] http://www.vie-publique.fr/animations/index5_depenses2011.html

lundi 13 mai 2013

Pensées sauvages


C'est couillon... J'étais en train de faire de l'ordre dans le bureau de mon ordi et je tombe sur ce texte. Mais impossible de me rappeler qui me l'a envoyé, ni quand ! Bon c'est pas grave, je vous en fait profiter ! Lurbeltz

En tant que sanglier à poil dur des Pyrénées et porte parole des «nuisibles», nos services de renseignement nous ont signalé qu'il y avait, aux pieds de nos montagnes, un paquet de plantes non-identifiées au répertoire naturel des espèces à croquer. Il paraît que certains zumains ont semés dans la nature des plantes masquées qui fichent la schkoumoun aux insectes croqueurs et peut-être même aux zanimaux à sang chaud comme nous. Est-vrai ?

Car si nous, sangliers de père en fils, espèce non protégé, avec l'ensemble des croqueurs de graines, des suceurs de sucs et de pollen, nous ne pouvons plus circuler librement sans tomber dans vos champs de mines anti-animal non balisés , que va-t-il advenir ?
C'est non seulement nous et nos familles qui risquons d'être contaminés, mais aussi bien d'autres encore !
Y avez-vous pensé ?

Vous les zumains, vous avez tellement proliféré et envahi nos espaces naturels qu'il est devenu difficile pour nous de circuler d'une région à l'autre et même d'aller à la plage avec les enfants sans tomber sur vos fichues constructions, vos déchets en tous genres et vos champs cultivés que nous croquons parfois car nous ne trouvons rien d'autre à nous mettre sous la dent pour tenir la route. Et après, vous nous traitez de «nuisibles»!
Ne trouvez-vous pas que c'est un peu facile ?

Nous faisons partie des minorités chahutées. Par la force, vous avez colonisé des territoires entiers sans nous concerter, nous, zanimaux et plantes sauvages.
Nous, nous vivons à poil depuis des lustres sans complications . Nos corps nus sont soumis aux rythmes de la nature et des saisons. Si nous avons suffisamment d'espace vital, chaque période de l'année nous apportent l'essentiel pour vivre.
Oui, comment vous faire sentir nos vies en relation avec les éléments entre terre et ciel, dans l'herbe et la broussaille tous les sens en éveil ; vous faire percevoir combien nous avons besoin d'espaces naturels vierges ?

Mais pour revenir à nos propos du début. Par précaution, demandez encore et encore à vos chamans s'il est nécessaire de compliquer ce lien qui nous relie tous à la nature, d'asservir encore et encore plantes zé animaux, pour quels besoins ? Sincèrement, nous avons du mal à vous suivre dans votre évolution, dans votre recherche d'un «bien être».
Nous constatons que nous ne partageons pas tout à fait la même conscience de la nature.
Votre sensibilité naturel perdu, nous craignons qu'après avoir inventé autant de paradis artificiels et de solutions délirantes pour vivre, vous ayez aussi perdu ce qui vous reste de raison.

Après ces quelques pluies d'orages, c'est le moment pour nous d'aller comme des petits fous nous vautrer dans la boue et, au passage, chasser quelques (pensées sauvages) parasites !

Ensuite - foi d'animal ! - nous irons soutenir ceux des zoms qui prennent soin de leur nature, qui cultivent avec tendresse pour le bien de tous.

Car nous tous dans la broussaille nous nous sentons concernés.

Animalement et végétalement votre.

dimanche 12 mai 2013

En terre aborigène


Je viens de terminer la lecture de : "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien" de François Giner.  A l'époque, j'avais écrit une note sur le livre (Mangareva) qui racontait comment des moines picpussiens s'y étaient pris pour dévaster en moins d'une cinquantaine d'année, une île paradisiaque de l'archipel des Gambier.
Ce livre-ci nous raconte comment en deux décennies seulement, les blancs ont réussi à détruire ce qui n'avait pas changé depuis 60 000 ans…  Oui vous avez bien lu, 60 000 ans, ce qui est l'échelle moyenne et 40 000 ans l'échelle basse selon les estimations.
Il y a quelque chose de commun à l'ensemble des anciennes civilisations de la planète qui vivaient en harmonie avec la nature. Elles avaient toutes une vision cyclique et non linéaire de l'existence, "leur circuit toujours recommencé s'organisait selon un calendrier des saisons basé sur la floraison .../ … leur seul modèle était la nature qui a toujours été généreuse envers eux."
Mais ce livre est d'une tristesse incomparable, car il raconte comment meurent un à un les vieux aborigènes qui connaissaient les lois anciennes, les secrets de leur vieilles cultures et comment les jeunes, intoxiqués par la société occidentale, la Munanga wei, se détournent de ce monde ancien pour sombrer, la plupart du temps dans la drogue, l'alcool, la télévision…
C'est triste, mais si on ne lit pas ce livre, on ne peut pas comprendre tout ce que notre modèle de société a de pourri dans ses entrailles. 
S'enfuir à quatre pattes de ce monde de fous, accepter tout ce qu'il y a de libre et de sauvage en soi, refuser les idées toutes faites, refuser la société de consommation, de compétition, s'éloigner du culte du travail, du toujours plus vite et du toujours plus compliqué, chercher à être soi-même... Telle est ma quête !

François Giner "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien". Latitudes Albin Michel

Description de l'ouvrage : 

Leur culture vieille d'au moins 40.000 ans est l'une des plus anciennes de l'humanité. Jusqu'à l'arrivée des Européens à la fin du XVIIIe siècle, les Aborigènes ont vécu de chasse, de pêche et de cueillette en harmonie avec une terre à laquelle ils appartenaient et qui nourrissait leur spiritualité, leurs coutumes et leur organisation sociale. Estimés à 350.000 en 1788, les Aborigènes n'étaient plus que 50.000 en 1966 et il ne reste aujourd'hui pas grand chose des 500 tribus d'origine. L'intrusion des Blancs dans leur univers traditionnel a été d'une incroyable brutalité : exterminés ou réduits en esclavage avant d'être brutalement assimilés, décimés par les maladies et l'alcoolisme. Aujourd'hui, la plupart ne survivent plus que dans une misère désespérante et les plus jeunes perdent souvent tout contact avec leur ancienne culture.
Originaire de l'Hérault, François Giner s'est immergé depuis 20 ans dans l'univers des Aborigènes. Il vit aujourd'hui dans une région reculée de la Terre d'Arnhem (à 700 km au sud de Darwin), au coeur de 400.000 hectares de bush. Un territoire appartenant au clan des Ngklabon. George Jangawanga, vieux sage aborigène, lui a accordé le premier son amitié, puis sa confiance, avant de lui donner un nom, Balang , et de le prendre pour frère. Avec les Ngklabon, François Giner va monter un projet de développement économique basé sur le tourisme culturel : l'établissement d'un camp qui accueille de petits groupes de voyageurs pendant la saison sèche. Son récit oscille sans cesse entre la beauté des paysages du bush, la richesse des traditions ancestrales, les récits de la création du monde, les rites complexes qui sont toujours respectés, mais aussi la lente dégradation des rapports humains, la désaffection des jeunes pour les coutumes, les ravages de l'alcool et de la drogue liés aux problèmes d'identité et de racisme, la colère et le désespoir des anciens, dépositaires de secrets qu'ils ne peuvent plus transmettre à quiconque.
Teinté de respect et d'affection, ce témoignage d'une rare authenticité restitue aux aborigènes d'Australie une humanité que deux siècles de colonisation leur a pour ainsi dire dénié.

mercredi 1 mai 2013

Gasodiari ez

C'était en 92-93... 1993 évidemment. Mais 1993 c'était un peu mon 1793 à moi... 1793 c'était la révolution française. 1993 c'est ma révolution à moi, mon Mai 68. J'étais anarchiste / libertaire, je ne sais trop quoi, jusqu'au bout des ongles. J'écoutais Leo Ferré à tue tête dans la bagnole quand je montais à 5 h du mat bloquer les machines du côté de Bosmendieta à Larrau. Je n'avais plus de famille, pas encore d'enfants, pas de boulot, pas de bagnole et je lisais Rimbaud et Verlaine dans un apart déglingué à la Haute ville (Mauléon). C'est aussi là que j'ai découvert que j'habitais dans un pays qui s'appelle Euskal Herri, qu'il y avait des collabos, des résistants et une majorité silencieuse. Et c'est là aussi que j'ai compris qu'il fallait lutter dans la vie. Respect donc, en ce 1er mai, pour tous les travailleurs et travailleuses qui partout dans le monde luttent pour des conditions de vie meilleures.

mercredi 3 avril 2013

Texte Korrika 18

"Langue maternelle.

On parle de langue maternelle parce qu'on naît par sa langue.

On parle d'accoucher parce que quand notre mère nous fait, nous la faisons mère à notre tour, accoucher c'est se faire l'un l'autre. Il se passe quelque chose de similaire avec la langue aussi. ...La langue nous crée et nous créons la langue. Nous sommes témoins l'un de l'autre. Nous vivons en nous donnant l'un à l'autre. La langue nous donne, nous donnons à la langue, nous sommes le souffle et l'être.

Celui qui apprend donne son sens à celui qui enseigne. Celui qui enseigne donne une direction nouvelle au parlant d'origine. Le parlant d'origine se doit de tendre la main à l'apprenant.
Nous nous devons tous de nous donner l'euskara les uns aux autres.

Ma langue maternelle est l'euskara. Mais qu'est-ce qu' une langue maternelle ? La langue maternelle n'est pas celle qu'on apprend en premier, ni celle qu'on reçoit du giron de sa mère, la langue maternelle est, pour moi, la langue avec laquelle on pense. La langue maternelle se trouve là où nous fabriquons nos raisonnements et nos images. Et il est possible qu'au cours d'une existence l'euskara devienne langue maternelle, il est possible d'apprendre à penser en euskara.
A vous qui êtes sur ce chemin, toute notre admiration et félicitations, et si quelqu'un vous dit que vous êtes des « nouveaux » basques, ou que l'euskara n'est pas votre langue maternelle, dites- lui bien qu'il ne fait pas bon être vieux, et par la même occasion, dites-lui que la langue maternelle n'est pas celle qui a été apprise en premier, mais bien celle qui crée la pensée.

Ce pays aussi, nous le penserons en euskara, ou il ne sera pas. L'avenir de notre pays dépendra de la langue qu'on lui choisira. Qu'on nous imposera de parler en d'autres langues ? Nous le savons bien. Ce pays devra réfléchir sur les autres langues, mais ce pays ne peut s'envisager dans d'autres langues, c'est en euskara que nous penserons ce pays, ou il ne sera pas.

Si nous voulons accoucher d'un pays, s'il faut qu'il naisse de quelqu'un, c'est de la langue maternelle que nous naîtrons."