mercredi 26 novembre 2008

Jean Lassalle ou l'indignation hémiplégique

« J'ai la mémoire hémiplégique Et les souvenirs éborgnés Quand je me souviens de la trique Il ne m'en vient que la moitié » : Leo Ferré « Ils ont voté et puis après ? »


Je viens de lire le bouquin de Jean Lassalle : "La parole donnée". Je vais vous dire franchement, au départ, avant de lire ce livre, je pensais que j'appellerai mon papier « La parole bidonnée ». Vous voyez, j'ai changé d'avis, car il est certain que ce type est totalement sincère. Comme on peut être totalement sincère tout en baignant totalement dans l'erreur. Il n'est pas dans l'erreur partout, je serais malhonnête de dire ça. Mais juste dans ce qui est le plus important en ce début de millénaire, c'est-à-dire notre rapport avec la planète, avec la nature et par conséquent notre rapport avec notre propre espèce. Et c'est un effrayant gâchis de temps et d'énergie pour un homme de cette trempe et pour nous-même. Car il faut le dire cet homme est une force qui va, comme dirait Victor-Hugo. C'est incontestable... Sauf qu'elle ne sait pas où elle va. Et le mur n’est pas loin.
S'il fallait tirer le portrait de Jean Lassalle. On pourrait dire qu'il se situe entre Besancenot et Jean Saint Josse, balloté entre un conservatisme de gauche et un autre de droite, pour se figer finalement dans un centre aussi mou qu'un corps sans colonne vertébrale. Il fait le maximum qu'il peut, emporté par une énergie vitale et une conviction qu'on ne peut pas lui enlever et qui fait toute sa force. Mais une conviction qui se trompe, c'est une voiture sans freins, et là encore, le mur n’est pas loin.
En politique, il fait de son mieux pour être un député efficace. Pour les affaires courantes, celles qui font consensus aussi bien à gauche, à droite qu'au centre, il est probablement parfait. Mais comme il évite consciencieusement les clivages, il finit par devenir insignifiant. A force de vouloir se mouler à son peuple d'électeur et sa communauté basco-bearnaise, à force d'être en totale empathie avec cette majorité qui l'a élu, le député de la 4 ème circonscription n'a aucun recul sur rien, comme un peintre devant sa toile. Aucun recul, cela signifie devenir le réceptacle et le retransmetteur un peu vide des messages que lui envoie le peuple, sans réussir à faire de synthèses et de traductions, ce qui devrait être le rôle même d'un homme politique. Alors la toile devient celle d'un peintre du dimanche, un peu fade, avec des perspectives hasardeuses et des contrastes douteux…. Et le mur, encore le mur !
Sa grève de la faim est un exemple frappant. Il a peur de perdre la face devant son peuple d'électeurs (il n'y a que lui qui compte) et il met son corps en jeu dans un mouvement désespéré pour se sauver. Il a peur d'être séparé de son corps trop dissous dans celui de ses électeurs et de sa communauté basco-bearnaise alors, il le met à la diète. Il ne veut pas perdre la face, il panique. Il fait son mauvais Jésus, en aveugle et jette toutes ses cartes sur la table, mais son jeu ne vaut pas grand-chose. Rien à voir avec Gandhi et Lanza del Vasto qui, non content de tout savoir de la grève de la faim, savaient tout de la lutte pour la vie, pour la nature et pour le monde. Lassalle met son corps en vrille pour se sauver, lui, et sauver sa conscience perdu dans la confusion de cette société qu’il ne comprend pas. Gandhi et Lanza del Vasto n'étaient pas désespérés, mais habités par l'espoir. Ils comprenaient tout, ils ne faisaient pas la grève de la faim pour eux et pour quelques poignées d’électeurs mais pour le monde entier, pour la nature et pour toute la vie en général.

Jean Lassalle veut démontrer dans son livre qu'il est un député différent. Pourtant ce manque de recul sur lui-même l'aveugle et il ne se rend même plus compte qu'il devient finalement le pire des conservateurs et la pire des marionnettes. Par exemple ce passage ahurissant,
à la page 259 où, après sa grève de la faim, il explique son déchirement, à l'assemblée nationale, lorsque le PS dépose une motion de censure à propos du CPE. L'UDF allait voter le texte mais Jean Lassalle était « déchiré », selon ses propres termes, entre François Bayrou et Jacques Chirac qui avait tenu un « rôle positif » dans sa grève de la faim. Lassalle parle alors du choix cornélien auquel il est confronté, écartelé entre sa « fidélité » à Bayrou et ce qu'il devait à Chirac qui venait de « lui sauver la vie ». Lassalle votera finalement la motion de censure en invoquant cette sacro-sainte « fidélité », sans aucune explication ni aucun argument sur le problème politique de fond. Le voilà le député libre ? En tous les cas, il est bien à l'image du parti de Bayrou dont la stratégie est de toujours se situer, ou ne pas se situer, c'est selon, tenu par cet équilibre faux, obsessionnel et tactique dictant l'ensemble de la méthode qui fait marcher la forme sur la tête du fond.

Le plus grave n'est pas là, malheureusement et le plus grave, je l'ai dit tout à l'heure, est que Jean Lassalle met toute son énergie dans un combat d'arrière-garde dans lequel il s'empale avec la bonhomie et gaieté. Le combat contre la nature et contre les écologistes. Et là, c'est l'aveuglement et la contradiction permanente qui dictent son attitude. Par exemple page 12, Lassalle explique d'où vient sa haine de l'ours. Il se rappelle ses nuits dans les estives, quand il était enfant, enfermé dans la cabane, l'ours dehors qui attaquait les brebis et son père de crier : « Il faut tous les tuer »... Quelques chapitres plus loin, page 67, il raconte le jour où il fallu enterrer une cinquantaine de brebis victimes d'une épidémie foudroyante. et là, son père de dire : « ça ne fait rien, j'en élèverai d'autres... ». La nature, d'un côté, celle dont on ne peut rien, la maladie qui décime les brebis et qui ne porte pas de visage, sur laquelle on ne peut pas reporter une haine qui serait vaine. Et puis l'ours, le gros poilu, la gueule du diable, le mal léché, décalcifié par mille ans d’opprobre, libre, trop libre, imprévisible, mais qui se prend si facilement au piège des fusils et de la strychnine. D’un côté, ça ne fait rien… De l’autre il faut tuer.

En vérité, ce que raconte Lassalle, c'est la fracture de l'homme et de la nature. Jean Lassalle est le symbole de cette fracture, comme l'ours est le symbole de la nature sauvage encore libre. Jean Lassalle fait partie de ces derniers hommes, en Europe, qui vivaient encore dans et avec la nature tout en cherchant en même temps à s'y émanciper et à la combattre. Alors que partout ailleurs, on l'a liquidée, exploitée et détruite, en haut de la vallée d'Aspe, on vivait encore dans et avec une nature sauvage, en compagnie d'un des derniers grands et beaux mammifères d'Europe. Jean Lassalle est dans cet élan, au bout de cette course de destruction de ces hommes qui depuis 2000 ans croient qu'il faut combattre la nature pour tirer son épingle du jeu. Il est perché la-haut, tout en haut, comme sur une vague, fier et péremptoire, au bout de cet élan qui nous condamne tous à crever la bouche ouverte. Mais la vague est un tsunami et Jean Lassalle le dernier porte-parole d’un monde qui court vers l’autodestruction.

Jean Lassalle aurait pu avoir le panache d’Ana Paucha, l'héroïne du roman sublime « Ana non » d'Agustin Gomez-Arcos qui s'en va à pied, jusqu'au nord de l'Espagne. Elle s'en va retrouver, loin là-bas, son fils, prisonnier dans les geôles franquiste, pour lui porter un pain aux amandes, huilé, anisé et fortement sucré. Sur la route, elle tombe sur une vieille chienne affamée qui tente de lui avaler son précieux gâteau. Elle se bat, « crachant le sang et les poils de la bête » et récupère son gâteau. Mais Ana se rend compte que « cette pauvre chienne n'est pas son ennemie. Elle est comme elle-même, elle lutte pour survivre ». Finalement, « elle sort son morceau de pain et son lard (...) elle fait deux parts égales, en offre une à la chienne et mange l'autre (...) elles boivent toutes les deux un peu d'eau de source et partent ensemble ».
Voilà l’humanisme, le vrai, depuis longtemps et pour toujours.

Parce que la nature n'a pas de dessein sauf celui de survivre, Jean Lassalle se trompe de combat, lourdement comme un char d’assaut qu’une guerre intérieure aveugle.
Il hurle contre le capitalisme, mais il hurle aussi contre la nature alors son crie s’annule et devient inaudible comme le miaulement du chaton. Car c’est justement le capitalisme qui détruit tout depuis longtemps, la nature, les ours, les plantes, l’eau, l’air, les paysans et les ouvrier. Dans les plaines, il a déjà tout mis à genou et allez chercher l'homme et la nature libre, vous ne trouverez pas. Dans les plaines il n’y a plus d’ours, bientôt, il n’y aura plus de paysans ni d’ouvriers ni plus rien.
Jean Lassalle se trompe et dure sera sa chute quand il comprendra que l'homme et la bête luttent ensemble pour survivre contre un même adversaire qui est l'homme avide de richesse, de pouvoir et domination.

Jean Lassalle devrait répondre à certaines questions : d'où vient ma haine de l'ours ? Pourquoi j'ai la nature en horreur ? Pourquoi je cherche à me battre contre elle ? Peut-être, à ce moment-là, comprendra-t-il et rejoindra-t-il les ouvriers, les paysans, les plantes, les loups, les ours, la nature et tous ces hommes et ces femmes qui luttent ensemble pour la vie.

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lundi 24 novembre 2008

Sauvons les rased

3000 professionnels de RASED supprimés
des milliers d'élèves en difficulté sur le carreau !


Non à la suppression pure et simple de 3000 professionnels (postes E et G) des Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté !
Cette mesure va priver des dizaines de milliers d'élèves des aides spécialisées, qui ne couvriraient plus tout le territoire, et conduira à terme à la suppression des RASED.
La brutalité de cette décision vient souligner la contradiction d'une politique ministérielle qui prétend faire de la lutte contre l'échec scolaire une « priorité. » La mise en place des deux heures d' « aide personnalisée » ne peut se substituer au travail effectué dans le cadre des Réseaux d'Aides, qui ont été créés pour répondre aux besoins particuliers des élèves en difficulté.
Nous exigeons le maintien des aides spécialisées proposées par le dispositif des RASED et ses trois catégories de professionnels titulaires de diplômes spécifiques (maître E, rééducateur et psychologue de l'éducation nationale)
Nous exigeons l'abandon de la suppression des 3000 postes.
Nous demandons l'ouverture immédiate de discussions sur le devenir et le développement des Réseaux d'Aides Spécialisées aux Elèves en Difficulté.

Pétition à l'initiative de :
SNUipp FSU SGEN-CFDT SE-UNSA SUD éducation SNUDI FO SMedEN FO FNAME FNAREN AFPEN FERC-CGT
Organisations soutenant cette initiative :
AVENIR-ECOLES CRAP Cahiers pédagogiques AGSAS ICEM UDAS


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"Et si on essayait l’ignorance" --> CLIQUEZ ICI
Ecouter les émissions de Daniel Mermet sur France Inter au sujet des RASEDRencontre avec Sylvie, enseignante spécialisée dans le région nantaise, qui se bat pour que vivent les RASED (Réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté).

vendredi 21 novembre 2008

LETTRE AU PAPA NOËL

Certains pensent que l'on vit au bout du monde (et c'est tant mieux ;)), sans rien autour ... Mais si on cherche un peu, il y a plein de festivals ou d'activités ludiques et culturelles qui nous sont proposés si on ouvre un peu les yeux.

La semaine dernière, je suis allée pour la première fois à la ludothèque de Navarrenx avec mes fils. Il y a plus de 700 jeux et jouets mis à notre disposition. On peut donc découvrir des jeux ou autres (pour les petits comme pour les grands) conseillés par Sylvaine l'animatrice qui prend le temps d'expliquer à chacun avec douceur les règles de ces jeux. En fait, c'est comme si on entrait dans un magasin de jouets à la difference près que l'on peut tout emprunter pour 0,90 ct d'euros la semaine ! (et cela va du simple joujou au jeu de société, au train en bois à construire, en passant par la cuisinette ou le jeu d'échec en bois géant).

Dorénavant, nous avons décidé d'emprunter régulièrement des jouets à la ludothèque, et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, cette surconsommation de jouets a le don de nous énerver ! Par exemple, en l'espace de 3 noëls et d'autant d'anniversaires notre fils aîné a accumulé un nombre impressionnant de jouets. De plus, quand il en a un nouveau, il est ravi, mais dès le lendemain (ou le surlendemain), il le délaisse car il est vieux (comme il dit) et donc plus intéressant.

Par conséquent, nous avons opté pour plusieurs solutions : premièrement, faire un tri des jouets et ne les lui sortir qu'au « compte-goutte », il les redécouvre donc à chaque fois. Deuxièmement, en donner à une oeuvre caritative. Troisièmement, en emprunter à la ludothèque présentée ci dessus. Ainsi, il a toujours de nouveaux jouets qu'il ramène sans problème car il sait que d'autres enfants pourront aussi les emprunter, et que lui repartira avec encore d'autres jouets différents s'il le souhaite. On reste conscients que certains jouets sont inévitables et géniaux , mais tous ces jeux électroniques à piles ou à batterie qui polluent notre planète et souvent aussi nos oreilles, ça on en veut plus ! ( ;) au papa noël). Aussi, il peut être intéressant d'en acheter d'occasion car au fond ce qui lui importe est d'avoir un nouveau joujou et pas forcément un jouet neuf. Pour terminer, je précise que je ne suis pas extrémiste au point de dire : non je n'achèterai pas de joujous à mes fils pour noël . Cette année (vu que c'est encore nous qui choisissons ;) on va commander au papa noël un joujou en bois pour chacun de nos fils !

Plus d'infos sur la ludothèque : cliquez ici

mardi 18 novembre 2008

Encore le Wimax

Je passe à la vitesse supérieure. D'ailleurs, j'ai trop attendu avec cette histoire. Ci-joint le courrier que je viens d'envoyer à mon Maire et à mon conseiller général.

Lire cet article du Journal du Pays-Basque:
Soule : le Wimax réduira-t-il la fracture numérique et à quel prix ?

***

Mr le Conseiller Général Jean-Pierre Mirande,
Mr le Maire de Moncayolle

Il y a deux ans environ, je réclamais le haut débit internet et m’étonnais de la lenteur des pouvoirs publics. Voilà en effet plusieurs années que des communes proches comme celle de Mauléon ou de Navarrenx sont dotées de cette technologie par la fibre optique. On peut dire aujourd’hui qu’il y a une vraie « fracture numérique » dans la population des PA. Je suis artisan et l’internet haut débit serait pour moi une excellente chose qui me permettrait de consolider les atouts de mon entreprise… Mais pas au prix de ma santé ni de celle de ma famille.
Pourquoi sommes nous si nombreux à ne pas pouvoir bénéficier du réseau débit par la fibre optique ? France Telecom répond que cette solution serait trop coûteuse. Pour répondre à cette question le mieux est de citer l’association Priartem dans son communiqué du 24 juin 2008 intitulé : « Saint-Auvent (87) : quand les industriels choisissent le court-terme » : « La meilleure solution - celle de l’avenir - est la fibre optique, mais le coût de raccordement est jugé trop élevé. Dans une logique de service public il est habituel de compenser le surcoût de quelques connexions difficiles par les marges réalisées sur les raccordements faciles, dans les grandes villes par exemple. »
J’ai appris, il y a quelques mois, qu’une solution par les ondes hertziennes était à l’étude. Il s’agit du Wimax. Comme tous les souletins, je n’avais aucune information sur cette technologie. Or, le mois dernier, je me suis rendu à une réunion d’information à Pau (lire ici) à laquelle était invité un physicien, Mr Oberhausen, membre de l’association Priartem qui nous a mis en garde contre les dangers des ondes électromagnétiques avérés par de nombreuses études. Il nous a expliqué que le Wimax était une très mauvaise solution qui serait dénoncée et remise en cause tôt ou tard.
Aujourd’hui, après m’être informé, j’ai décidé de m’opposer au wimax.
Je demande donc à la mairie de Moncayolle et au conseil général d’organiser une réunion d’information à Moncayolle le plus rapidement possible afin de mettre la population au courant des risques.
Je précise que personnellement, je m’opposerai vivement à l’installation d’une antenne relais près de chez moi et je me mettrai à la disposition de ceux qui sentiront concernés par le danger que représente cette technologie.
Je précise aussi que je viens d’adhérer à l’association Priartem pour défendre ma santé, celle de mes voisins, mais aussi défendre la qualité des services internet.
J’ai accepté d’être un correspondant local de cette association.

J’espère que vous porterez une attention toute particulière à ce courrier.
En l’attente d’une réponse rapide je vous prie de recevoir , l’expression de mes sentiments distingués
Lien
Cordialement

Laurent AYERDI - - CAUDINE

dimanche 16 novembre 2008

Vie, ombres, lumière...

Quelques photographies de mon fils.

ivresse 1

Attente en gare

L'oeil de dieu

Le penseur numérique

Lumière

Ivresse 2

jeudi 13 novembre 2008

Grave remise en cause de la liberté d’association

Euskal Herriko Laborantza Ganbara (= « Chambre d’Agriculture du Pays Basque » en langue basque) est une association loi 1901 qui a pour objet le développement d’une agriculture paysanne et durable en Pays Basque. Elle compte aujourd’hui 10 salariés et est forte du soutien de 1200 membres-donateurs.

Euskal Herriko Laborantza Ganbara, qu’est ce que c’est ?

Les paysans basques membres de la Confédération Paysanne, majoritaires en Pays Basque mais minoritaires dans le département -particulièrement bicéphale et artificiel- des Pyrénées-Atlantiques demandaient en effet depuis 10 ans une chambre d’agriculture spécifique du Pays Basque pour mener une politique favorable aux petites exploitations (majoritaires en Pays Basque) et promouvoir une agriculture paysanne et écologiquement responsable.

La Chambre d’Agriculture officielle des Pyrénées-Atlantiques est en effet tenue par le lobby FNSEA-grands maïsculteurs, favorable à une agriculture industrielle, favorisant la concentration en grandes exploitations, l’irrigation intensive, l’usage toujours plus poussé des pesticides et ayant lancé le projet aberrant d’une usine de bio-éthanol fabriqué à base de maïs à Lacq.

Malgré le caractère largement majoritaire de cette demande (appuyée par 110 maires -toutes tendances confondues- sur les 159 que compte le Pays Basque) et 10 ans de mobilisation ininterrompue, le gouvernement va camper sur un refus intransigeant.

En janvier 2004, la branche locale de la Confédération Paysanne (qui s’appelle ici ELB) avertit le gouvernement que s’il ne créée pas cette Chambre d’Agriculture du Pays Basque d’ici un an, c’est elle qui le fera. ELB mobilise alors l’ensemble de la société civile du Pays Basque et le pari est tenu : Euskal Herriko Laborantza Ganbara (EHLG) est créée le 15 janvier 2005, installée dans des locaux situés dans le petit village d’Ainhice-Mongelos (64 220).

L’association se met à travailler et à faire ce qu’aurait dû faire la Chambre d’Agriculture du Pays Basque si le gouvernement l’avait créée : développement de systèmes autonomes et économes, développement de circuits courts de commercialisation, promotion de pratiques culturales moins consommatrices en engrais et en pesticides, politique visant à favoriser la transmission des fermes à des jeunes (et non leur concentration progressive), organisation d’un salon annuel de l’agriculture paysanne et durable intitulé Lurrama-La Ferme Pays Basque (30 000 visiteurs en 2006 dans une édition parrainée par Edgar Pisani, 36 000 visiteurs en 2007 dans une édition parrainée par Jacques Testart, édition 2008 les 31 octobre, 1er et 2 novembre)

Le succès est impressionnant. Paysans et population locale adhèrent massivement à la démarche.

L’Etat veut interdire l’association !


Mais l’Etat ne l’entend pas de cette oreille. Pour lui, cette association fait de l’ombre à la Chambre d’Agriculture officielle et au projet planifié pour l’agriculture en Pays Basque, à savoir réduire et concentrer considérablement le nombre d’exploitations (« Il faut choisir entre être nombreux ou heureux » dixit un Président de la Chambre d’Agriculture officielle). De plus, cette revendication d’une Chambre spécifique au Pays Basque est vécue comme une grave atteinte au centralisme jacobin. Pourtant, EHLG est composée de gens de toutes tendances politiques : des militants basques mais également des socialistes, des Verts, des centristes etc... Et ceux et celles qui animent EHLG ont un point commun fondamental : ils sont absolument non-violents et farouchement opposés à toute forme d’action violente ou clandestine, ce qui en Pays Basque n’est pas toujours un choix facile à défendre et à assumer.

Malgré tout cela, ce jeudi 18 septembre à Bayonne, à la suite d’une plainte officielle du Préfet, l’association et son Président, Michel Berhocoirigoin seront traînés devant le tribunal correctionnel : au delà de la peine risquée (un an de prison ferme et 15 000 euros d’amende), c’est carrément l’interdiction et la dissolution de l’association qui sont en jeu.
Un précédent gravissime :

La plainte du préfet et la citation à comparaître délivrée par le Procureur de Bayonne arguent du fait que le nom (c’est-à-dire la traduction en français d’Euskal Herriko Laborantza Ganbara) et les missions d’EHLG « sont de nature à créer dans l’esprit du public une confusion avec l’exercice d’une fonction publique ou d’une activité réservée aux officiers publics ou ministériels, et en l’espèce une confusion avec la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques ».

L’affaire est gravissime : il s’agit en effet d’un grave précédent où l’Etat français demande l’interdiction d’une association absolument non-violente, démocratique et transparente, qui n’ a commis aucun délit. On ne reproche à cette association aucun acte délictueux, juste son objet et son existence même.

En outre, il nous semble aberrant -en ces temps de crise majeure aux niveaux écologique, agricole, social- de tenter de faire disparaître une association unanimement appréciée pour son travail remarquable et novateur en faveur d’une agriculture paysanne, écologiquement responsable, socialement équitable.

Christian Berdot
le procés est renvoyé au 29 janvier afin de mieux préparer la défense

lundi 10 novembre 2008

"Dune" de Frank Herbert

Boudiou... Voilà un roman. 700 pages de mots serrés comme les pommes dans le pommier. C'est quand même génial que, dans la vie, il y ait des gens pour faire ce genre de boulot, c'est-à-dire créer et imaginer des mondes et des histoires. Quand on lit Dune, on se dit que c'est du travail d'artisan d'art, de l'orfèvrerie à l'état pur, ciselé au millimètre. Dune n'est pas un petit roman de science fiction du genre Werber ou Chattam avec des ingrédients formatés afin ne pas lasser le lecteur de peur qu'il ne se barre chercher un autre livre. Apparemment, Frank Herbert, c'est pas qu'il se foutait du lecteur, mais il n'a pas écrit son livre en fonction d'un lectorat, ça c'est certain. Il avait un truc dans les tripes, point. Et il a écrit, il a écrit, il a écrit.
Le lecteur pressé doit s'abstenir de lire Dune. Foin du suspense, foin de l'action à couper le souffle pour accrocher le lecteur à chaque page. C'est par des mots et des phrases - qui ont pour objectif de construire une histoire et de plaquer les paysages et les sentiments - que ce livre est marqué au fer rouge pour la postérité. Dune ne s'avale pas, il se gagne de par sa méticulosité et sa précision. Dans ce certain sens, il me fait penser à "Le rouge et le noir" de Stendhal. Rien à voir du point de vue du sujet mais il y a la même préciosité et il doit se gagner pour être aimé. Mais il se trouve que j'avais pas trop aimé Le rouge et le noir.
Est-que j'ai aimé Dune ? Oui. Mais je n'ai pas été entièrement soulevé tout de même. J'ai aimé, point.
A noter qu'il ne faut pas se fier à la couverture ci-dessus. Le Dune que j'ai lu est un livre emprunté à un copain qui comprend "Dune" et "le messie de Dune" en un même volume. Le cycle comprend encore un paquet de pages.
Au fait Dune, qu'est-ce donc ? Je vous propose la présentation de l'éditeur.

Voici ici la présentation de l'éditeur :

Il n'y a pas, dans tout l'Empire, de planète plus inhospitalière que Dune. Partout des sables à perte de vue. Une seule richesse : l'épice de longue vie, née du désert, et que tout l'univers achète à n'importe quel prix. Richesse très convoitée : quand Leto Atréides reçoit Dune en fief, il flaire le piège. Il aura besoin des guerriers Fremen qui, réfugiés au fond du désert, se sont adaptés à une vie très dure en préservant leur liberté, leurs coutumes et leur foi mystique. Ils rêvent du prophète qui proclamera la guerre sainte et qui, à la tête des commandos de la mort, changera le cours de l'histoire. Cependant les Révérendes Mères du Bene Gesserit poursuivent leur programme millénaire de sélection génétique ; elles veulent créer un homme qui concrétisera tous les dons latents de l'espèce. Tout est fécond dans ce programme, y compris ses défaillances. Le Messie des Fremen est-il déjà né dans l'Empire ?

dimanche 9 novembre 2008

"Nos enfants nous accuseront"


"Nos enfants nous accuseront" : Un film de JP Jaud

Pour que ce film remarquable qui dénonce les méfaits de la mauvaise alimentation et des pesticides, réalisé par un français, soit visible le plus longtemps possible lors de sa sortie en salle, il faut qu'un maximum de personnes regarde la bande-annonce dans les 3 jours à venir.


Faites passer

C'est en effet le nombre de visites dans les 3 jours qui fera son poids...et aussi, d'allez le voir nombreux dès la première semaine car la vie d'un film se joue dans les premiers jours de son existence.

Sortie le 5 novembre du film 'Nos enfants nous accuseront'

Ce film est soutenu par le MDRGF, Mouvement pour le droit et le respect des générations futures.

«Dans un petit village français au pied des Cévennes, le maire a décidé de faire face et de réagir en faisant passer la cantine scolaire en bio. Ici comme ailleurs, la population est confrontée aux angoisses contre la pollution industrielle, aux dangers de la pollution agro chimique. Ici commence un combat contre une logique qui pourrait devenir irréversible, un combat pour que demain nos enfants ne nous accusent pas. »

vendredi 7 novembre 2008

Merci Madame Dolto !

Françoise Dolto aurait eu 100 ans aujourd'hui. Et s'il y a une personne pour qui j'ai un respect énorme, c'est bien elle.
Depuis que je suis sorti de l'école, j'ai lu une dizaine de livres de cette grande dame de la psychanalyse. Avant que je ne découvre ses écrits, j'avais un poids énorme sur le dos, celui de la culpabilité, du manque de confiance en moi. J'étais ce qu'on appelle un "échec scolaire". Dolto, entre autres, m'a permis de me révéler à moi-même, de m'affirmer et depuis, je partage cet échec avec l'école. Et j'ose même dire aujourd'hui que c'est surtout elle, l'école, qui était en échec.
Quand j'entends les accusations qu'on jette à la figure de M'dame Dolto, j'éclate de rire. Françoise Dolto aurait participé " à la génération des enfants rois." (...) "elle était contre l'éducation" et autres propos délirants d'un certain Didier Pleux, probablement en manque de reconnaissance professionnelle.
Je conseille particulièrement "L'école avec Françoise Dolto" de Fabienne d'Ortoli et Michèle Amram. Il s'agit d'un livre qui retrace l'aventure d'un projet éducatif hors du commun, les écoles de la Neuvilles, parrainées par Françoise Dolto .
Et puis, il faut lire les trois volumes de "Lorsque l'enfant parait", "la cause des enfants" et "Tout est langage"...
Dans mes Pensements, j'ai cité Dolto sur un texte où je raconte justement mon parcours scolaire. Voilà ce qu’elle disait dans son livre : « La cause des enfants »
-"Les adultes résistent. Ils ont peur, peur de la vie qui est imprévisible. Ils pensent que tout doit être "programmé". Justement je crois que cet immobilisme vient de ce que l'humanité enfantine apporte la certitude de la mort pour les adultes, encore que ceux-ci peuvent refuser la mort en faisant confiance et en s'identifiant à cette vie qui monte. Au lieu de tout miser sur cette pépinière qui assure leur survie sur terre, ils l'empêchent de croître, sous prétexte que si on veut continuer à vivre comme nous vivons, on ne peut pas laisser les plus jeunes libres d'imaginer, libres de leurs initiatives."

Je n'ai qu'un mot, merci Madame.

Ce blog passe en mode modération !

Oyez ! Oyez !
Et voilà, tout arrive, je décide de jouer l'option "modérateur".

De deux choses, l'une :
- J'en ai un peu assez des "anonymes". Dorénavant, je ne laisserai plus passer les commentaires qui ne sont signés par leur auteur ou qui seraient sans pseudo. C'est le minimum.
- La deuxième chose, c'est que je vais filtrer les commentaires. Pas évident, me direz-vous. Mais j'en ai un peu assez des messages qui ne sont là que pour troubler la conversation ou ceux qui sont perfides ou captieux à seule fin de pourrir la conversation.
A vos commentaires...

mardi 4 novembre 2008

Petite étude du fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain

Conférence donnée le 4 octobre 2008 à l'université de Moncayolle par le docteur Lurbeltz Arrambide membre de l’académie basque.

Faire la fête » est une expression aussi triviale que « faire la Floride » ou « faire l’Egypte » pour les gens chez qui c'est une passion que de voyager. Le fêteux à poils durs est à la jouissance et à la jubilation ce que le collectionneur est à la beauté. Il n'a qu'un but, la distraction tous azimuts et la décompression rapide et désordonnée. Qu'importe les flaques de cons pourvu qu'on ait l'ivresse, en quelques sortes. Il est intéressant de s'arrêter sur le mot « distraire » qui veut dire littéralement, « séparer d'un ensemble ». Pour « faire la fête » il faut se laisser à la maison, en d’autres termes. L'encyclopédie Cosmiqualis précise que cette pratique consiste à « (…) ne pas abîmer le cerveau qui, chez le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain, est une partie très sensible qui souffre d’un déficit de résilience en milieu social(…) ». Donc en général, le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain, lors d’une fiesta, doit laisser cette partie de son anatomie en lieu sur. Notons ici que l’idée n’est plus « de vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible », mais « de laisser pour Kronembourg le cerveau à la maison », ce qui est nettement plus radical.
« J'adore faire la fête » disait un lambda java. Ne cherchez pas une raison, ne lui demandez pas pourquoi il a fait la fête, car tout est prétexte : J'ai changé de dentifrice ! Ma femme a une nouvelle coupe de cheveux ! Ma coupe de cheveux a une nouvelle femme ! J'ai acheté de nouveaux lacets pour mon dentifrice ! J'ai le dos qui gratte en bas du tibia de ma femme… Tout vous dis-je !
Le Sud-Ouest Aquitain est spécialiste de la fiesta grâce à nos amis Espagnols et c'est une des raisons qui pourrait nous donner envie d'émigrer sur Betelgeuse ou du côté d'Uranus, assez loin, juste pour être certain de ne jamais tomber sur un fêteux à poil dur rouge et blanc.
Dans la panoplie du parfait fêteux à poil dur dans le Sud-Ouest Aquitain (que l’on appelle aussi festayre), je l'ai dit à l’instant, il y a la tenu rouge et blanche. Il y a aussi le foulard pour faire le sémaphore sur cette mer d'huile et de Benzène. Si pas de foulard, une vieille serviette élimée peut très bien faire l'affaire. Car, qu'importe le flafla concon pourvu qu’on ait lili vrevresse.
Dans cette encyclopédie de la bringue bringuebalante il y a « les fêtes de Bayonne ». « Quoi, t'as pas fait les fêtes de Bayonne » me disait un zigue, les yeux estourbis comme si je venais de perdre un bras arraché par un phacochère habillé en Prada . « Même pas celles de Pampelune », lui répondis-je. Sachant par avance tout ce qu'il y a de prévisible dans le festayre, je continue avec promptitude :
-« Et il faut avoir fait ça une fois dans sa vie n'est-ce pas ?
- Ah ! Oui comment vous savez ?
- Eh ! Je suis docteur, quand même ! »
Le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain, un peu comme le touriste, est persuadé qu'il y a des trucs qu'il faut-faire-une fois-dans-sa-vie. Pas deux. Une fois, avant de mourir. Sauf que, quand ils reviennent de leur truc qu'il faut-faire-une-fois-dans-sa-vie, les mecs, ils sont toujours bien vivants. Car le touriste et le festayre, ça va rarement au bout des choses.

Dans ce mauvais inventaire du parfait petit festayre que Jacques Prévert regarderait médusé par la gorgone, il y a la corrida. La corrida, ce joli spectacle plein de poésie que le Mont Dentier nous envie dans le Jura Suisse. Parce que la jouissance, c'est ce qu'il y a de plus beau dans la vie n'est-ce pas ? Parce que ce qu'il y a de plus beau dans la vie, c'est de prendre la vie à la goulée et s’en repaître comme sous une douchée de sang ? C'est aussi pour cela que parfois le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain, à Bayonne, il lui arrive de vouloir prendre la vie par le sexe d'une femme qui n'a rien demandé. Au bout de la teuf, il y a souvent la teubi en quelques sortes.
Dans la panoplie du parfait festayre il y a le fameux Paquito. Ne me demandez pas ce que c'est du point de vue de la signification. Les études demeurent très incomplètes sur ce cas précis. D'un point de vue purement morphologique, on s'assoit par terre, les jambes écartées et quelqu'un vient s'installer devant soi ou derrière dans la même position et ainsi de suite. Et tout le monde va d'avant en arrière dans cette imbrication qui rappelle le jeu Tetris, la partouze et les danses macabres des tribus népolaise (voir étude du professeur brésilien José Lopez Da Costa « vie et mort des tribus népolaises »). D'après l’étude du clinicien Allemand Von Az Heimer, publié en 1990 à Copenhague, l'objectif de ce rituel serait d'avoir le plus long Paquito avec le plus grand nombre de gens possible. Et je crois que c'est Bayonne qui a le plus grand et le plus gros Paquito au monde ! Mais attention, ils sont habillés quand même, car le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain va rarement au bout des choses. Il y a une variante de cette pratique quand il s'agit de pisser plus loin que son voisin et aussi quand il s'agit d'avoir la plus grosse teubi que le Mont Dentier nous envierait.
On notera, avant de clôturer cette étude, que la teubi tient une place prépondérante chez le fêteux à poils durs dans le Sud-Ouest Aquitain et que le cerveau tient une place inversement proportionnelle. On ne peut pas tout avoir.
Ils sont forts tout de même ces Bayonnais et on comprend facilement que cette ville soit la capitale du Pays-Basque nord.
Voyons est-ce que j'oublie quelque chose ? Ah ! Oui ! La musique. Pour une bonne fiesta, il faut la musique la plus simple possible. En Soule, on a de la chance d’avoir le groupe Elgorriaga qui répond à cette exigence. C'est un groupe qui pourrait être de Bayonne et ben non tant pis pour eux, c'est nous qui écopons le radeau de la méduse. Ils n'ont pas leur pareil pour entraîner la foule grâce au répertoire sublime et (a) varié de Patrick Sébastien. Ils sont spécialisés dans les chansons où il faut être distrait au préalable. Ci-dessous quelques refrains du catalogue musical du fêteux à poils durs ordinaire et distrait, dans le Sud-Ouest Aquitain :
1) - « Jacky - Jacky, ta 4l, ta 4 è-è-è-è-leuh, Jacky - Jacky, ta 4l, elle est pourrie ! »
2) - « Et on fait tourner les serviettes Comme des petites girouettes Ça nous fait du vent dans les couettes C'est bête, c'est bête Mais c'est bon pour la tête »
3) - « fais-moi une.....pipe-pipe-pipe-piperade ! ah, fais-là ! ah, fais-la !, si on est là c’est pour ça-a-a-a-a ! »
4) – « C'est à Ba-ba, aha aha C'est à Yo-yo, oho oho C'est à Neu-neu C'est à Bayoo-one Qu'on se bi-bi, ihi ihi Qu'on se Do-do, oho oho Q'on se bido, qu'on se bidoo-one ! »

Je vous remercie pour votre écoute. La prochaine étude aura pour thème : Les bals populaires dans le Sud-Ouest Aquitain de Cro-Magnon à Michel Etcheverry.


dimanche 2 novembre 2008

Nouvelle contributrice

J''ai l'honneur et l'avantage de vous présenter une nouvelle contributrice à ce blog...
Otxanda, alias Gilda ma chérie. Ci-dessous, première contribution, au sujet du fameux film primé au festival de Cannes "Entre les murs"

samedi 1 novembre 2008

Entre les murs

Je suis allée voir "Entre les murs"au cinéma (dernier film de Laurent Cantet), car à force d'en entendre parler je voulais me rendre compte par moi même si c'était vraiment bien. Et en fait, j'ai trouvé ce film tout simplement génial !!! Pas un de ces films qui s'extasie sur le super prof aimé par ses élèves ...non, un film vrai, frais, sincère. Ce prof qui est face à des élèves très très "rudes" pour la plupart fait ce qu'il peut avec sa pédagogie et sa personnalité pour gérer sa classe. C'est un prof avec ses qualités et ses défauts, tour à tour courageux ou lâche, pas Mr Parfait qui enseignerait le Savoir à une classe...
En tant que prof, ce qu'on ressent terriblement bien dans ce film, c'est ce rapport de force continuel, cette tension ininterrompue, tous ces moments où les élèves attendent un faux pas, un moment d'inattention pour se faufiler dans la brèche et en profiter pour faire dévier le cours ...
Bref ce film me semble très important car on se rend compte que ce métier n'est pas qu'une partie de plaisir. Evidemment (et heureusement) les conditions ne sont pas si "extrêmes" partout mais j'en ai tellement marre de ces gens qui prennent les profs pour des nantis qui ont choisi ce métier pour les vacances, ces fainéants !!!!
2-3 petites précisions me semblent importantes : quand on choisit d'être prof il faut (bien sûr) faire des études puis passer ce fichu concours : le CAPES. Quand tu l'as tu te dis "ouaih genial maintenant j'ai un boulot et un salaire assurés !" Mais à ce moment là, il faut partir et (pour la plupart) en banlieue parisienne où à 22 ans tout juste tu peux te faire "manger tout cru " si t'as pas un peu de caractère. En clair, tu te retrouves souvent face à des classes qui ressemblent à celles d"entre les murs" et là t'as plusieurs options : soit tu pars en courant (moi je n'ai pas été face à des classes si difficiles et je tire mon chapeau à ceux qui s'en sortent et qui arrivent à enseigner dans ces conditions) (n'est ce pas Valou?), ou t'essaies de mettre en oeuvre une pédagogie commune avec tes collegues (bien sûr à l'IUFM on apprend rien qui puisse nous sortir d'affaire dans ces cas là). Le prof d'"entre les murs" a choisi d'être assez "cool", d'autres tentent d'autres choses et sont plus sévères (moi je serai plutôt de ceux là), car quand tu "montes à Paris" ou ailleurs qu' en plus t'es une nana et que, par dessus le marché, t'as pas dépassé la trentaine, t'as intérêt de partir bien armée !!! Et bien sûr, pendant les vacances on prepare les cours et le soir on corrige les copies... Et ceux qui croient que l'on passe 2 mois de vacances payées, ils se trompent : notre salaire est versé sur 12 mois mais est calculé sur 10 !
Tout ça pour dire une chose : Mr Sarkozy a décidé de supprimer des postes d'enseignants (notamment) alors que comme ça c'est déjà difficile. La solution pour surmonter les problèmes de l'école est à mon avis très simple : réduire les effectifs (des élèves évidemment !!!). Par exemple, des classes de 20-25 élèves maxi et dans les zones très difficiles 15-20. Et là, j'attends de voir le résultat !!! Il faut arrêter de croire que (en ce qui me concerne) on peut enseigner correctement l'espagnol à des débutants à 28 par classe. Comment enseigner une langue vivante si tous n'ont pas le temps de s'exprimer??? Et vous m'en direz tant quand on prépare les Terminales ES à l'oral du BAC à 36 par classe ! L'autre jour, notre cher ministre disait dans une émission de télévision que baisser les effectifs ne resoudrait rien, que de passer de 36 à 32 ça ne changerait pas grand chose. Mais c'est pas de 36 à 32 qu'il faut passer c'est de 36 à 25 minimum !!!!
Pour terminer, il suffirait de peu de choses pour faire de l'école ce qu'elle devrait être : un lieu où on a du temps à consacrer à chaque élève non seulement pour lui expliquer des notions du cours mais aussi pour s'intéresser à lui, à ses passions, à ce qu'il est reellement. Personnellement, j'adore mon métier mais j'ai l'impression de faire du "zapping" et je n'ai pas réellement de temps à consacrer à mes élèves et c'est ce côté d'échange et de discussion qui me manque réellement.