La nuit se souvient de nos ombres.
Un bec de gaz guette, tragique,
De nouveaux amants épiques.
Les absences du soir le délavent.
Depuis ce temps qu'on n'y vient plus
Sur lui, les oiseaux ne se posent plus.
La lune fait un signe de reflet :
"Regarde s'éteindre... Regarde donc,
Ce témoin de tes folles passions"...
Pas loin, en surplomb du gave,
Le lampadaire triste se ravale,
Le corps penché, la lueur pâle.
ô, mon copain, ta lumière des soirs,
Les ombres bleues que tu créais
Lorsqu'elle et moi on s'encriait !
Mon poteau tu nous supportais,
Alors, on effrayait tes astres volants
En guise de remerciements.
Souviens-toi, souviens-toi, mon compère,
Souviens-toi le toucher de ses pétales
Sur nos vieux boulons de métal.
Souviens-toi, souviens-toi, mon petit père,
De sa bouche, comme un fruit
Faisant se déplier nos nuits !
Souviens-toi de ses mains écloses,
ce féminin, ce fait minant
Qui me revient maintenant.
Un jour, les vagues ont trahi la mer,
La mer était noire de pétrole
Et le pétrole bouffa mon rossignol.
Un jour, un matin, un journal
Conta l'étrange mystère,
D'une ombre et d'un réverbère
Mauléon 1994
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