vendredi 1 février 2008

Vieux mots tant que j'aimais

Tout à commencé lorsque la cousine de ma gonzesse est passée samedi. Elle nous a annoncé un heureux évènement. "Je suis enceinte", nous dit-elle le sourire jusqu'aux lèvres. Pour fêter ça nous avons préparé un thé "sans pesticide ajouté" conseillé par le magazine "Que choisir".
Ensuite nous avons parlé d'enseignement parce qu'il est connu que si les gendarmes ne parlent que d'histoires de gendarmes, les enseignantes entre elles ne parlent pas souvent des difficultés conjoncturelles de la maroufleurie, pas plus que des problèmes de Robert Boudard, Sellier Bourrelier depuis 5 générations.
Après, nous nous sommes demandés quel prénom elle allait donner à son futur rejeton. De Anne à Lise, je comptais avancer ma propre analyse, mes propres idées en suggestionnant par exemple qu'il vaudrait mieux qu'elle laisse Thomas dans ses talons, si c'était un garçon. C'est là que j'ai été envoyé sur les Roses et les Germaines. Soit disant que j'allais sortir des jeux de mots et que la future mère n'aurait pas supporté "l'engeance de mon humour égotique", comme m'a rétorqué ma conjointe. Incroyable...! Des jeux de mots, moi ? J'avais pourtant rien dit ! C'est fou l'intuition, fait minime peut-être, mais quelles emmerdeuses ! On peut même pas déconner !
Dépité comme une corneille en proie à une otite mal soignée, j'ai laissé ces deux intellos à leur discussion mondaine et je suis allé aux WC, avec ma tasse de thé, finir ma lecture des Pieds Nickelés en Auvergne et dérouler mon ruban de bitume.
En fait je l'ai su plus tard, j'étais gravement malade.
Mon cher père m'a toujours dit que "les jeux de mollets faisaient les jambettes". Mais je le confesse à présent, Quitte à tomber dans la délation la plus poisseuse, tout est de sa faute. C'est lui qui a introduit dans mon esprit cette "humeur maligne" qui me poursuit encore aujourd'hui. C'est lui qui m'a fait connaître le fameux "comment vas-tu....Yau de poèle - pas mal et toi....ture en zinc"....! C'est lorsque j'ai commencé à courir la gueuse et que j'ai subi du même coup mes premières rebuffades blafardes et vexantes que j'ai compris que les jeux de mots de mon père ne valaient rien, pas même un Peso perdu entre Hanoi et Osaka. Moi qui pensait détenir la formule magique qui les fait rire!.. tu parles, "l'effet rire" devint très vite l'éphéméride ou même l'effet merdique. Vu le visage impassible et médusé de mes muses, j'ai vite compris qu'il fallait trouver autre chose, pour emporter la faveur du sexe opposé (et pas ménopausé car n'étant pas gérontophile).
J'étais gravement malade mais je n'étais pas le seul. A ce jour mon père sans tête, s'entête et malgré lui avoir conseillé mon meilleur psychothérapeute, il s'enferre dans la logistique des logos mauvais, des légers jeux de mots à deux sous qui de dessous comme ces soucis sans sursis remontent sans se signaler sur lesquels je chute sans sourire.
Oui j'étais gravement malade mais du jour où j'en ai pris conscience, (sans conscience, c'était la ruine de mon âme) je me suis soigné. Cependant, Imaginez que vous essayez d'arrêter de fumer après avoir été accroc pendant des années, et qu'une personne de votre entourage vous crache - non incidemment qui plus est - la fumée dans vos narines, celles-ci épatées de tant de forfanterie... Vous ne tiendrez guère longtemps et vous vous précipiterez incontinent à Continent (non content de ne pas aller compter les cons encombrants), acheter un paquet de cigarettes. Voilà où j'en étais. Après une cure de deux mois dans un centre spécialisé, j'étais complètement libéré. Ce trois décembre, Plus un seul jeu de mots. Je pouvais causer comme je veux sans glisser sur une syllabe, sans chercher la petite bête sur le bout de la langue. Les jeudemothérapeutes m'avaient juste déconseillé Boby Lapointe, Raymond devos, Guy Desproges, Lionel Jospin, Bernard Henry Levy , Charles Pasqua et quelques autres malades chroniques du calembour et de l'absurde. Mais c'était sans compter mon papa, qui vint me voir au travail, et qui articula, le sourire jusqu'aux dents.... "ça va.... lise en carton ?"
Quelques jours après, c'est la rechute finale : jeux de mots jeux de vilains, L'Internationale n'en verra pas la fin. Finalement, fatalement, mon papa et moi, nous sommes malades chroniques comme ces asthmatiques ou ces diabétiques. C'est notre croix, Il nous faut soutenir une vigilance de tous les instants pour ne pas céder au tic en toc, ce tic antique qui faisait déjà dire à Simon Martin - forgeron de son état à clichy les Bretelles dans le Doubs, en 1632 - à sa femme Gilberte qui partait au lavoir - " tu vas lavoir, le linge !" *
Bon ! en tous les cas, c'est bien dommage car j'avais plein de jolis prénoms sympas à proposer au petit de la cousine de ma gonzesse. Mais pour son second enfant, qu'elle revienne boire un thé, un bon thé "sans pesticide ajouté", on pourra en reparler.

* (mais pour comprendre ce jeu de mot, il faut savoir que les Martins habitaient dans les contreforts de l'escarpe de la butte des oliveraies, pas loin de la maison des Moliniers. Un endroit très exposé au vent et Mme Martin devait souvent courrir derrière les draps qui s'envolaient, compte tenu du fait que la pince à linge n'avait pas encore été inventé. Alors forcément, il faut entendre le jeu de mot dans le contexte et j'avoue que là ça peut-être un peu difficile. Mais avouez que Mr Martin était un précurseur, un grand malade).


Dommage... Je regrette vraiment que ce texte ne soit pas dans mon livre. Un jour j'ai fait ce texte, en 2002 et puis jamais je n'ai été satisfait de la fin. J'étais persuadé que j'allais trouver LA chute. Que dalle. Mais avec le recul, je le trouve assez sympa quand même.
Juste vous remarquerez l'annotation en fin de texte, absurde, ésotérique, délirante, incompréhensible. Elle devait faire partie du texte mais je l'ai enlevé et je l'ai mise comme annotation ; vous la lisez si vous voulez, elle n'est pas indispensable au texte.
Au fait comme d'hab, ça part d'une histoire vraie. Et ce texte je l'avais mis au rebut parce qu'il ne plaisait pas trop à gonzesse, notamment le début. Soit disant qu'elle n'aurait jamais qualifié mon humour "d'égotique", que ce texte n'était pas marrant (alors que moi j'étais mort de rire) qu'elles n'étaient pas "emmerdeuses" et que les profs ne parlaient pas que d'histoires de profs... Enfin C'était pour le fun, ce texte, comme disent les djeuns.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Ben moi, entre deux coups de faux dans les ronces, je me suis bien marrée et j'y reviendrai. Pour sur, comme disait Bourvil.
Au fait, Laurent, normal que tu te sois pris des rateaux. On ne dit pas "et toi, ture en zinx?", mais "toi-tuyau de poêle". Ca fait toute la différence, c'est ce que mon papa à moi m'avait expliqué. Et je ne me suis jamais pris de rateaux, moi, même si aujourd'hui, de temps à autres, j'aimerais bien que quelqu'un vienne prendre la fourche à ma place.
Si je t'avais connu à l'époque , je t'aurais mis au parfum.

Lurbeltz a dit…

Quoi ????
Ah non ! ça veut plus rien dire là!
Je préfère me prendre des râteaux et comprendre ce que je dis qu'emballer sans rien comprendre !

Etienne H. BOYER a dit…

Moi je connaissais "et toi-le à matelas..."
Mais va comprendre... Moi aussi j'avais une collec de rateaux! La connotation matelas/pieu, pieu/sexe devait sans doute refroidir ces prudes pucelles?