jeudi 13 décembre 2007

Colline

C'est curieux, j'ai mis du temps à rentrer dans ce livre. Comme si je n'arrivais pas à trouver mes marques. Disons le, je ne connais pas Giono. C'est le premier que je lis (et chaque fois que je dis que j'ai jamais lu Giono, je me fais engueuler par Jenofa qui est une fan absolu de cet auteur.)
Il y a des bouquins, il me faut une plombe pour rentrer dedans parce que je les trouve nul ou parce que l'écriture est trop tordue. Là je ne dirais pas que l'écriture est tordue, mais elle est très dense. Tout est dans l'écriture d'ailleurs, dans les mots et dans le style qui est très lyrique et imagé. L'histoire en elle même, est très simple. Dans ce livre, on n' attend pas une page, un chapitre, les choses se passent aussitôt, dès les premiers mots. Si on loupe les mots on passe à côté de l'histoire. Je ne crois qu'on puisse lire Colline dans le brouhaha d'un bistrot, dans le métro ou dans la rue. Pour rentrer dans le livre, il faut rentrer dans les mots et dans les phrases comme on plonge dans la mer et il faut s'abstraire de tout ce qu'il y a autour. L'idéal, c'est de livre ce livre au printemps, sous un grand figuier, dans un grand parc paisible avec plein d'arbres autour.
Il faut dire, je ne suis pas habitué à lire de la poésie et Giono, c'est de la poésie. Je lis de temps en temps quelques poèmes mais c'est plus du picorage qu'autre chose.
En fait ce qui m'a donné envie de continuer à lire Giono dans l'avenir, c'est le dossier et la préface. Parce qu'ils donnent des explications et aident le lecteur à comprendre en profondeur le message un peu ésotérique de ce livre. Notamment, le fait que l'auteur fasse référence à la mythologie grecque et en particulier au dieu Grec Pan. cela m'a un peu obligé à ouvrir mon dictionnaire de mythologie.
Ça me fait penser à Brassens. Pendant longtemps, j'ai trouvé que Brassens, c'était pas audible, que c'était toujours pareil, qu'il avait une voix de chiotte. Et puis un jour ; paf ! le déclic, comme une claque dans la gueule.
En fait, j'ai hâte de relire un bouquin de Giono, la suite "Un de Baumugne", car j'ai l'impression que j'ai maintenant la clé qu'il me manquait pour bien comprendre ses romans.

Quelques liens pour aller plus loin :
http://www.ratsdebiblio.net/gionojeancolline.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Giono
http://www.aplettres.org/jean_giono1.htm
http://www.alalettre.com/Giono-bio.htm

14 commentaires:

Anonyme a dit…

Moi, c'est le premier livre de Giono que j'ai lu. J'avais 15 ans.
Coup de foudre absolu.
La sensualité à l'état pur. Donc, forcément, la spiritualité.Et puis, c'était sa "première période", celle que méprisent les intellos la bouche en cul de poule, ne trouvant d'intérêt qu'à la seconde.
Tu sais ce que je leur dis, moi, aux intellos la bouche en cul de poule?
Pierre Citron a écrit une énorme bio de Giono. Je n'ai jamais pu me l'offrir.
Mais Pierre Magnan a publié un "Pour saluer Giono" merveilleux et qui existe en format poche.

Etienne H. BOYER a dit…

Bon bin moi, j'ai toujours pas compris Brassens... J'arrive pas...
Je vois bien que c'est de l'art, qu'il a des choses à dire, qui restent d'actualité et tout, mais... J'y arrive pas!
Mais bon... Que penser d'un gars qui écoute Strapping Young Lad et qui trouve que c'est de la musique et de la poésie???
Je vous le demande...

Anonyme a dit…

"Le juge au moment suprême criait maman, pleurait beaucoup, comme l'homme à qui le jour même il avait fait trancher le cou".C'est pas de l'art, Etienne.
Il serait très en colère d'entendre ça, tonton Georges.
C'est du vécu, du charnu, de la tendresse, de l'émerveillement, de la révolte, de l'amour.C'est le vrai monde libertaire, celui qui veut que chacun fasse ce qu'il veut, même se marier à l'église pourvu qu'il ne fasse pas de mal à son voisin. C'est la rébellion, c'est la liberté des trompettes de la renommée.
C'est de la poésie, c'est de la Vie.
C'est comme Giono où les tableaux que sont les chansons de Luc Romann, y'a rien à comprendre, c'est à sentir et à vivre.
Dis, tu ne nous avais pas dit que t'es un littéraire, toi?
J'ai été vidée d'une école maternelle à l'âge de 4 ans (je te jure) parce que je chantais du Brassens à tue-tête ("Je me suis fait tout p'tit devant une poupée----").Et c'était une école laïque! On n'en est plus là, mais je me demande si maintenant qu'il est programmé dans les écoles, ce n'est pas tout simplement parce que le système a réussi à le récupérer. En partie seulement, heureusement.

Etienne H. BOYER a dit…

En fait, chuis pas un littéraire...
Je suis un pauvre petit rien du tout qui se la pète...
Et de cette époque, je préfère Brel, Gainsbourg, Nino Ferrer, Dutronc, ou Polnareff (oui oui) même si ça n'a rien à voir!
Et Brassens n'a pas été récupéré que par l'éducation nationale : un gros méchant borgne va chaque année se recueillir sur sa tombe!
Belle référence, hein?

Lurbeltz a dit…

Je faisais référence à Brassens, parce qu'il y a une coquille qui entoure ses chansons. Parce qu'il y a les chansons qu'on connait ; et puis il y a le reste de sa discographie.... Et là y a des trucs à tomber par terre, dans la beauté de l'écriture, de merveilleuses histoires. C'est comme Victor-Hugo, il y a l'art de raconter le style et il y a l'histoire en +.
De toutes façons, il y a Brel, Ferre Brassens. Les autres, c'est en dessous. Même Strapping Young Lad, Etienne ! Non je déconne je connais pas ces poètes.
Oui et pour en revenir à Giono, c'est cette même impression que j'ai pour Giono, sauf que je n'ai pas encore perçé la coquille pour l'écrivain.

Anonyme a dit…

Laurent, vu comment le show-biz fonctionne de nos jours, j'ai bien peur qu'il ne puisse plus y avoir que des gens "dessous". Tu as vu ce que Renaud est devenu, même s'il bataille bien contre la corrida et autres sujets?
Tu parles de Brassens et Hugo, mais Brassens a chanté beaucoup de Hugo. Perso, ma petite enfance a été bercée par "Gatibeltza". Ce n'est pas rien!
J'aimerais vraiment que vous puissiez entendre Romann sur ces sujets. C'est vraiment super éclairant.
Etienne, bienvenue au club des rien du tout qui se la pètent!
Je crois que nous en sommes tous là.
L'amour des textes, la communion avec eux, pour employer un terme religieux, ça ne passe pas par leur étude et leur découpage, leur dissection, même.
Il y a quelques années de ça, Peio Serbielle m'avait dit "Si tu aimes tant lire, c'est parce que tu n'as pas fait d'études littéraires, que tu n'as pas appris à disséquer un texte comme une grenouille ou une souris blanche, que tu es dans l'instinctif et la jouissance pure". Là, je crois vraiment qu'il a raison. Et je crois aussi que si je n'ai pas fait d'études littéraires alors que c'était la seule chose qui me branchait, avec la nature, of course, mais c'est la même chose ("Quand on coupe un arbre, j'ai mal à la jambe et à la culture". Léo Ferré.), c'est parce que j'en avais obscurément conscience.Et ma fille a réagi exactement de la même manière. Elle préfère se vautrer dans Maupassant que voir son oeuvre comme un objet d'étude.
Laurent, sur la poésie chez Giono, je viens de retrouver quelques pages d'un entretien paru en 68, deux ans avant sa mort qui fut une déflagration dans ma vie et que j'ai apprise en lisant le journal par dessus une épaule----- dans le métro parisien. Si tu veux, je te ferai des photocopies.
Je t'en livre ici quelques lignes " : "Orion fleur de carotte", c'est une simple métaphore plutôt que de la poésie.La poésie est plus difficile. La poésie est parfois dans les mots les plus gris du monde. Ce sont des mots comme "peut-être", comme "cependant" ou comme "et" ou "alors" ou peut-être une simple virgule et la poésie éclate brusquement. Si la virgule n'y était pas, ce n'était peut-être pas la poésie.C'était la phrase la plus terne, mais la virgule, ayant donné un temps, a obligé à une sorte de rythme et c'est une vraie poésie."Orion fleur de carotte est une poésie plus simple peut-être. La poésie est une chose qui circule plus subtilement à l'intérieur et beaucoup lus grises que les choses ordinaires".
iens, dans le même entretien, quelque chose qui nous ramène aux commentaires et à la discussion avec Vivi dans un autre article :
"Je déteste les humbles, je déteste le peuple. Mon père était cordonnier, c'était un aristocrate et je suis un aristocrate et Panturle était un aristocrate et il n'y a pas de peuple et il n'y a pas d'humbles parce que personne n'est humble. On peut être un imbécile mais tout le monde doit avoir son orgueil. Ma mère étazit une aristocrate et c'était une repasseuse. C'était la plus grande aristocrate que j'aie jamais vue. Quand j'étais tout petit enfant et qu'on me lisait des textes de la Révolution Française et qu'on parlait des aristocrates, je voyais ma mère".

Anonyme a dit…

C'est encore la même, même pas en couleurs car elle a trop de peine d'avoir eu à décider l'euthanasie aujourd'hui du chat Tigrou.
Je voulais tenter de penser à autre chose. J'ai visité rapidos les liens que tu donnes, Laurent. Quelle misère!
A commencer par le rat de biblio qui n'arrête pas de coller Pagnol à Giono! C'est un peu comme si tu collais Paulo Coelho à Ernest Renan---
Quelle tristesse!
Mais bon faut dire que Giono a pas mal prêté le flanc à cette embrouille en laissant Pagnol s'emparer de certains de ses livres pour adapatation au cinéma. L'aurait mieux fait de dire qu'il était aux abonnés absents.
Je n'ai rien contre Pagnol mais faut pas brouiller les pistes.
Autre chose : quand Giono a commencé la rédaction de Colline, il pensait écrire un roman. Une fois l'oeuvre terminée, il s'est aperçu qu'il s'agissait d'un poème en prose.
Instinct de survie, sans doute. Comment survivre, à l'époque de Colline comme à la nôtre (à mon avis, c'est la même mais la société s'est voilé la face quant aux discours des visionnaires), écrire autre chose que de la métaphore poétique?
Je vous le demande----

Lurbeltz a dit…

Voilà exactement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre : "un poème en prose", comme tu dis. C'est sans doute pour ça que j'ai achoppé quelque peu. Je ne m'attendais pas à ça. Les poèmes, comme je disais, j'adore les picorer. Lire un poème de temps en temps, dehors "dans les frais bocages". Mais lire tout un livre ! Par exemple, j'ai jamais lu "une saison en enfer" en entier, alors que je lis de temps en temps ses poèmes du sieur Rimbaud. Le truc le plus chiant c'est un bouquin dada de Tristan Tzara que j'ai jamais pu finir.
Le dadaisme, un poème ça va ! C'est étonnant. En roman, ça doit être marrant à écrire, à lire c'est l'horreur.Tiens ! c'est comme les toilettes publiques à Mauléon... T'y vas avec envie d'uriner tu ressors avec envie de vomir... Et ça c'est pas un poème.
Pour l'instant, comme poète dans les romans, il n'y a que Hugo que j'apprécie.

Anonyme a dit…

Toi,Laurent, il est grand temps que je te fasse connaître Martine Caplanne un peu mieux!
Au fait, Etienne, dans ce que tu dis, y'a un truc bizarre et même carrément stupéfiant: tu dis que tu aimes Ferré et ne comprends pas Brassens. J'aime énormément Ferré mais il me semble évident qu'il est souvent hyper hermétique, même quand il chante les textes d'autres poètes, Aollinaire, par exemple.
Alors que Brassens c'est comme une conversation dans la rue.
En def, tu dois être un mec hyper compliqué qui vit dans l'intellualité pure, comme "Le loup des steppes" de Hermann Hesse (comment, vous n'avez pas lu "Le loup des steppes"?. Mais Laurent, si tu veux approcher 68, c'est ça qu'il faut lire en urgence, avant Katmandou de Barjavel). Ca y est ! J'ai percé la carapace d'Etienne! Intellectualité pure, je vous dis!

Lurbeltz a dit…

Non il disait Brel, Etienne, pas Ferré, il me semble.
Brassens, "conversation dans la rue" ? pas toujours, quand même. Il y a des chansons qui sont très travaillées comme du travail d'orfèvre, du travail d'artisan d'art. Par exemple "Vénus Callipyse", c'est pas une chanson d'un accés des plus facile. Ou "Sale petit bonhomme", et "La religieuse". Mais il y en a des tas comme cela.

Etienne H. BOYER a dit…

Ah non Jeno! J'aime pas Ferré justement, mais "Nino Ferrer", ce qui n'est pas la même chose! C'est moins hermétique, plus léger, et beaucoup plus rigolo à mon goût...

Etienne H. BOYER a dit…

Oui, c'est certainement cela, l'intellectualité pure! Aimer Nino Ferrer, "le téléfon", "les cornichons", "Alexandre", "Z'avez pas vu Mirza", ou la magnifique "la rua Madureira".
J'aime bien aussi Hugues Auffray... Comme quoi...

Anonyme a dit…

Moi aussi, j'aimais beaucoup Nino Ferrer, d'autant qu'il éprouvait une sainte haine pour les chasseurs et qu'il était loin, très loin, d'être le cornichon qu'il voulait nous faire croire dans beaucoup de ses chansons.
La nuit précédant le jour où il s'est donné la mort, je l'ai vu en rêve. Il était étendu mort dans un chant de blé, un fusil à la main, comme Van Gogh. Tu ne me crois pas? Pourtant c'est vrai. Et ce n'est pas la seule fois qu'il m'est arrivé ce genre de choses.
Hugues Auffray, j'aime bien. Il ne ferait pas de mal à une mouche, il est de plus en plus beau et sans lui, on n'aurait peut être jamais entendu parler de Bob Dylan en France et c'aurait été bien dommage. Enfin, je parle du Dylan de l'époque, pas de celui qui est allé chanter à la gloire de Jean-Paul 2 et j'en retiens 1?
Ouaf, ouaf! Et Polnareff, le 14 Juillet dernier, qui servait la soupe à Sarko! Là, je me suis dit qu'il ne nous avait jamais autant montré son cul et que c'est un cul bien grimaçant.
Bon, on parlait de Colline et de Giono. Non?
Jenof@

Lurbeltz a dit…

J'ai commandé "Un de Baumugne". Et puis j'ai commandé "l'élégance du hérisson" et le Pennac au sujet des cancres dont j'ai fait partie et que je revendique.