samedi 1 novembre 2008

Entre les murs

Je suis allée voir "Entre les murs"au cinéma (dernier film de Laurent Cantet), car à force d'en entendre parler je voulais me rendre compte par moi même si c'était vraiment bien. Et en fait, j'ai trouvé ce film tout simplement génial !!! Pas un de ces films qui s'extasie sur le super prof aimé par ses élèves ...non, un film vrai, frais, sincère. Ce prof qui est face à des élèves très très "rudes" pour la plupart fait ce qu'il peut avec sa pédagogie et sa personnalité pour gérer sa classe. C'est un prof avec ses qualités et ses défauts, tour à tour courageux ou lâche, pas Mr Parfait qui enseignerait le Savoir à une classe...
En tant que prof, ce qu'on ressent terriblement bien dans ce film, c'est ce rapport de force continuel, cette tension ininterrompue, tous ces moments où les élèves attendent un faux pas, un moment d'inattention pour se faufiler dans la brèche et en profiter pour faire dévier le cours ...
Bref ce film me semble très important car on se rend compte que ce métier n'est pas qu'une partie de plaisir. Evidemment (et heureusement) les conditions ne sont pas si "extrêmes" partout mais j'en ai tellement marre de ces gens qui prennent les profs pour des nantis qui ont choisi ce métier pour les vacances, ces fainéants !!!!
2-3 petites précisions me semblent importantes : quand on choisit d'être prof il faut (bien sûr) faire des études puis passer ce fichu concours : le CAPES. Quand tu l'as tu te dis "ouaih genial maintenant j'ai un boulot et un salaire assurés !" Mais à ce moment là, il faut partir et (pour la plupart) en banlieue parisienne où à 22 ans tout juste tu peux te faire "manger tout cru " si t'as pas un peu de caractère. En clair, tu te retrouves souvent face à des classes qui ressemblent à celles d"entre les murs" et là t'as plusieurs options : soit tu pars en courant (moi je n'ai pas été face à des classes si difficiles et je tire mon chapeau à ceux qui s'en sortent et qui arrivent à enseigner dans ces conditions) (n'est ce pas Valou?), ou t'essaies de mettre en oeuvre une pédagogie commune avec tes collegues (bien sûr à l'IUFM on apprend rien qui puisse nous sortir d'affaire dans ces cas là). Le prof d'"entre les murs" a choisi d'être assez "cool", d'autres tentent d'autres choses et sont plus sévères (moi je serai plutôt de ceux là), car quand tu "montes à Paris" ou ailleurs qu' en plus t'es une nana et que, par dessus le marché, t'as pas dépassé la trentaine, t'as intérêt de partir bien armée !!! Et bien sûr, pendant les vacances on prepare les cours et le soir on corrige les copies... Et ceux qui croient que l'on passe 2 mois de vacances payées, ils se trompent : notre salaire est versé sur 12 mois mais est calculé sur 10 !
Tout ça pour dire une chose : Mr Sarkozy a décidé de supprimer des postes d'enseignants (notamment) alors que comme ça c'est déjà difficile. La solution pour surmonter les problèmes de l'école est à mon avis très simple : réduire les effectifs (des élèves évidemment !!!). Par exemple, des classes de 20-25 élèves maxi et dans les zones très difficiles 15-20. Et là, j'attends de voir le résultat !!! Il faut arrêter de croire que (en ce qui me concerne) on peut enseigner correctement l'espagnol à des débutants à 28 par classe. Comment enseigner une langue vivante si tous n'ont pas le temps de s'exprimer??? Et vous m'en direz tant quand on prépare les Terminales ES à l'oral du BAC à 36 par classe ! L'autre jour, notre cher ministre disait dans une émission de télévision que baisser les effectifs ne resoudrait rien, que de passer de 36 à 32 ça ne changerait pas grand chose. Mais c'est pas de 36 à 32 qu'il faut passer c'est de 36 à 25 minimum !!!!
Pour terminer, il suffirait de peu de choses pour faire de l'école ce qu'elle devrait être : un lieu où on a du temps à consacrer à chaque élève non seulement pour lui expliquer des notions du cours mais aussi pour s'intéresser à lui, à ses passions, à ce qu'il est reellement. Personnellement, j'adore mon métier mais j'ai l'impression de faire du "zapping" et je n'ai pas réellement de temps à consacrer à mes élèves et c'est ce côté d'échange et de discussion qui me manque réellement.

25 commentaires:

Anonyme a dit…

Bon, moi, comme dab, je n'irai pas voir le film, mais comme dab, j'ai lu le livre puisque livre il y avait eu avant le film. J'ai vraiment beaucoup aimé.
Par contre, depuis, j'ai entendu plusieurs fois Bégaudeau et je me demande s'il n'est pas un peu en train de se prendre le melon.Il ne lui aura pas fallu longtemps.Dommage aussi sa démission de l'Education Nationale.
Pour le reste, c'est certain, Darcos et Sarko sont en train de tout brader et c'est gravissime.
Pour les écolos, l'éducation, la culture, la transmission, l'éveil des esprits sont les choses les plus importantes qui existent.
Tiens, l'autre nuit, j'ai vu "L'école buissonnière" de Jean Paul le Chanois, un film de 49, avec Bernard Blier. L'histoire est librement inspirée de la vie d'Augustin Freinet. Oui, je sais que je suis hyper sensible, mais j'ai pleuré tout le long. Pas sur le mélo, mais sur ces valeurs libératrices qui sont en train d'être foulées au pied.

Lurbeltz a dit…

Oui c'est possible que Bégaudeau se prenne le melon. Ecrire un bouquin qui devient un best seller et le film tiré du livre dont il est l'acteur principal qui obtient la palme d'or et qui concourt pour les Césars... Moi à sa place il me faut que le best seller pour me prendre pour dieu le père.

LA PROFE a dit…

Pour une fois, je trouve que le film est aussi réussi que le livre !

Anonyme a dit…

Oui, Lurbeltz, déjà, depuis Pensements, je trouve que tu as bien changé, tu parles plus pointu---
Un film qui m'a émue autant que le livre, ça m'est arrivé une fois "Les enfants du marais", que j'avais lu et relu.

Anonyme a dit…

moi c etait star wars...
faut vraiment etre instit ou prof pour s emouvoir devant des sales gosses qui foutent le bordel.
mais bon, c est ces mémes personnes qui gueuler contre nous quand on fesait du bruit en cours...
en fait etre instit ou prof c est pas une vocation c est un desir de se venger de ce que l on a subit plus jeune.

Anonyme a dit…

Ca, pelotari, en + d'être pas très malin, c'est pas très original, comme réflexion. C'est pas nouveau et ça vient pas de sortir.

LA PROFE a dit…

Dans ce cas Pelotari, je peux te conseiller le dernier livre de Fajardie "Bleu de Méthyléne" où un prof assassine et decoupe à la tronçonneuse ses anciens cancres...
Ferme bien ta porte à clé, on ne sait jamais !!!

Anonyme a dit…

Justement, j'ai regardé le film avec une copine de Gilda et sa mère. La cop de Gilda, justement, elle est prof à Damary les Lys. C'est-à-dire, les mêmes gosses que le film, la même ambiance. Pendant le film elle se marrait comme une bossue. Mais surtout, je sentais qu'elle avait une affection sans bornes pour ces gosses. Quelque chose que nous, on ne peut pas comprendre Pelotari. C'est plus qu'une vocation,c'est un amour pour son métier et pour ces jeunes qui sont souvent raillés notamment par un certain Sarko le petit.
Non quand on voit ces profs, on ne peut être qu'admiratif quand on voit leur regard, leur patience et leur attention on ne peut qu'être plein de révolte contre les réformes du gouvernement actuel.
On doit être plein d'admiration car l'outil "éducation nationale" qui est proposé aux profs est loin de faire face aux enjeux de l'éducation.

Anonyme a dit…

Ah au fait Jenofa... Oui c'est vrai, mon "Pensements" est un best-seller à Mauléon. J'ai un début d'excroissance de ma cheville gauche.

Anonyme a dit…

otxanda ton film que tu me conseilles je vais le mater avec e.b je suis sur que sa va nous plaire ++

Anonyme a dit…

Il faut aller voir entre les murs. En effet, on y verra un très mauvais modèle d’enseignant, au service de la pire école qui soit, celle que tu appelles pourtant de tes vœux en conclusion de ton article. Il faut de plus toute la naïveté de Jenofa pour voir des valeurs libératrices dans la pédagogie Freinet. Freinet, Dolto, Bégaudeau, c’est l’école de l’ultralibéralisme, du chacun pour sa gueule, du capitalisme total !
sophie, enseignante

Lurbeltz a dit…

Aaaargh ! On dit pas de mal de Dolto et de Freinet sur ce blog, c'est interdit ! Il y aura des représailles et j'envoie immédiatement ma garde mobile.
Non bon, sans dec, encore un message de Mme Sophie, mais là je comprends vraiment rien avec ces termes de "ultralibéralisme" sortis du contexte, et celui de "capitalisme" que je n'arrive pas à raccrocher à l'idée du sujet. Il y a-t-il un décodeur de Mme Sophie dans le coin ?

Anonyme a dit…

Là, je commence à donner raison à Pelotari----
Si Sophie est véritablement enseignante, ce qui n'est pas prouvé, ça ne donne pas envie d'aimer l'école!
Jenof@ la naïve, fière de l'être et décidée à le rester.

Anonyme a dit…

Je voudrais bien voir Madame Sophie face à ce type d'élèves. Donner des leçons c'est très facile quand on a pas à faire à ce public. La pédagogie de Bégaudeau est, certes, criticable mais tout à fait respectable. Ce prof fait ce qu'il peut et ce qu'il croit juste dans la mesure de ses moyens.

Anonyme a dit…

je travaille a pau avec des enfants pauvres pour l'écrasante majorité et issus de l'immigration pour bon nombre d'entre eux.
sophie

Anonyme a dit…

Notre système a besoin pour fonctionner d’une minorité de gens formés aux techniques utiles. C’est le travail que le marché confie à allègre. Tous les autres confinés dans l’ignorance et l’absence d’esprit critique ont besoin de divertissement niais. C’est le rôle que le marché confie à Jack Lang. Pour faire accepter cette école, il suffit de la recouvrir d’un vernis pseudo révolutionnaire. C’est le rôle que le marché confie aux idiots utiles : tous les pédagogues modernes, de freinet à meirieu, les syndicats enseignants snuipp en tête (a-t-on déjà vu ailleurs un syndicat reclamer l’abaissement moral des gens qu’il est censé défendre), les psyco a la con comme Dolto etc…

Tous ces gens là confortent l’enfant (ce monstre initial d’égocentrisme) dans sa bassesse, sa médiocrité son narcissisme. Et lui refusent le savoir qui est devenu la bête noire du système éducatif. L’opinion remplace la pensée. C’est la guerre de tous contre tous.
sophie

Anonyme a dit…

Vous semblez partager la vision simpliste de la gloire locale Bourdieu - ce con. Selon lui si les enfants pauvres réussissent moins bien à l’école que les riches c’est parce que l’école enseigne les savoirs de la bourgeoisie. Donc pour une école égalitaire, supprimons ces savoirs qui ne sont que les oripeaux de la bourgeoisie et faisons du « vivre ensemble », du « hip-hop », de l’expression personnelle, j’en passe et des meilleures, bientôt du yoga et du spiritisme. Le résultat catastrophique, on le connait, on l’a sous nos yeux avec entre les murs. C’est pire qu’avant. Amis de la reproduction sociale, allez vite voir ces enfants pauvres qui le resteront grâce à vous.
sophie

Anonyme a dit…

Dammarie-lès-Lys....y en a qui ont besoin de cours d' orthographe ;)

Etienne H. BOYER a dit…

Moi, je suis fils de profs... C'est pas un métier facile, je vous le dis!
;-D

Etienne H. BOYER a dit…

Euh... Mais le pire, c'est que j'ai été flic... Alors fils de prof qui fait flic, je vous dis pas le bordel!
Sinon, j'ai aussi vidé les poubelles à Oloron, et congelé de la bouffe à clébards à Mauléon.
Et fait des jambons de Bayonne (si, si...) à Sauveterre.

Mais si je vous dis que j'ai écrasé des poussins (en dansant la gigue) à Navarrenx, vous me croyez?

Prof, c'est un sale boulot, il faut l'avouer. Maintenant, c'est aussi une vocation.
Un choix, en somme. A moins d'avoir un bac + 7, et de pas savoir quoi faire de sa peau...

C'est vrai que faire prof, c'est un sacerdoce. Il faut supporter les gamins des autres, supporter les crises d'ados... Mais quand on fait prof, c'est parce qu'on l'a voulu.

Bosser à l'usine, c'est pas un choix. C'est justement parce qu'on a pas le choix qu'on doit se taper le boulot à la con, avec le petit chef qui va bien, et le(s) grand chef(s) qui va (vont) encore mieux... Tripoter la merde, choper le cancer à 40 ans, ou une infection du sang à 23...

C'est vrai que prof, c'est dur. Y'en a un bon paquet qui finissent à Arkham, après 20 ans de boite... Mais quand je vois le salaire, puis la retraite de mes vieux, je relativise...

Après, on pourra toujours dire : "ouiiiii, t'avais qu'à écouter tes profs à l'écooOooole! T'as rien foutuuUUuu... C'est bien fait pour ta gueuuUuule!"

Gilda, peut-être (sans doute) que tu es un bon prof. Je n'ai pas eu la chance d'apprendre l'espagnol avec toi (j'ai eu que des ganaches), mais regarde à côté de toi : je connais un gars qui a presque le même langage que moi à ce sujet (sauf qu'il écrit mieux).
C'est le père de tes enfants...
;-)

A mon avis, c'est pas l'éducation nationale qu'il faut faire évoluer, mais la société qu'il faut changer! De A à Z...

Etienne H. BOYER a dit…

Tout ça pour dire qu'il n'y a pas besoin d'être en banlieue parisienne (et je n'irais pas plus loin dans le cliché) pour être en échec scolaire...
Il y a des cas en zone rurale. Où il y a largement moins de 36 élèves par classes...

Il y a deux ans, j'ai assisté au départ d'un pote prof de philo. Il y avait 80% de profs à ce pot. Le discours général, c'était : "les élèves qui rentrent pas dans le moule sont foutus." Le moule de quoi?

Le moule à gaufres? Si c'est ça, être prof, chuis désolé, mais ça me fout hors de moi...
Surtout quand ces profs disent ensuite être "de gauche"!

Etienne H. BOYER a dit…

L'usine à bons petits citoyens qui votent Sarko ou Ségo...

Voilà comment je vois l'école aujourd'hui. Une grosse machine à "couille-molliser".

Tu me connais, Gilda, ma réflexion n'a rien de personnel. C'est juste que je pense que l'école est un carcan (social), et que les prof sont les liens qui maintiennent inconsciemment le pilori.

Anonyme a dit…

Oui Etienne, le prof, il fait se qu'il peut dans le cadre dans lequel il travaille et les outils qu'on lui donne.Un peu comme nous dans la société et dans ce cadre on est tous des citoyens qui "maintiennent inconsciemment le pilori" comme tu dis. Peut-être que ce film m'a fait rendre plus tolérant envers les enseignants. Et dans la société, comme à l'éducation nationale, on voit bien les lourdeur, la difficulté de changer les choses au travers des syndicats, des partis politiques et des assocs. On sait de quoi on parle n'est-ce pas Etienne ?
Il y a peu de militants pour changer le système, il y a une grande majorité silencieuse qui ne connait rien à rien mais qui vote in fine, et puis il y a le pouvoir qui se balade et nous balade.
Concernant Sophie, j'ai l'impression que tu n'as pas vu le film. Begaudeau n'est pas le symbole d'une certaine manière d'enseigner, d'une pégagogie ou une idéologie. Il est un prof humain qui travaille d'instinct en s'appuyant sur sa formation initiale. Mais il ne peut rien si le système ne change pas.
Par ailleurs, j'avais dit qu'il était interdit de dire du mal de Dolto et de Freinet sur ce blog !
Concernant Dolto, tu te plantes royalement... Dolto n'a jamais été cette "permissive". Seulement il faut remettre son travail en lien avec son époque.
Juste un mot pour finir. Sophie (allez je te tutoies), ton discours ne sonne pas vrai. Je dis ça sur l'ensemble de tes messages depuis le début. Et ce qui est dommage, c'est que cela fausse les échanges. Ou alors c'est moi qui n'arrive pas à cerner le discours et sa cohérence. Ce n'est pas attitude normale que de chercher systématiquement la contradiction sans jamais chercher une convergence.
Ba après, chacun est libre. Pelotari par exemple est lui même dans ces messages... Toi, je ne sais pas !

Anonyme a dit…

C'est sûr, je suis d'accord pr dire qu'il faudrait changer tout le système mais je suis un peu moins réveuse (hélàs ?) que mes 2 accolytes donc je propose de commencer par réduire les effectifs ce qui permettrait, mon cher Etienne, d'être + à l'écoute des différentes personnalités et "d'assouplir ce moule". Je ne pense pas non + que les élèves sages qui écoutent le prof bouche bée soient les + épanouis. Cependant, si on va par là, il faudrait inventer une école par élève! Je crois donc qu'ils ont besoin d'un minimum de cadre (peut être est-il trop rigide?). Il y en a qui ont une certaine facilité pr s'adapter au "moule" et d'autres non. Pour terminer, je pense qu'un cadre est nécessaire pr les élèves et les profs mais que le prof devrait avoir + de liberté concrètement dans son quotidien qd il fait ses cours face à ses élèves(et je ne parle pas, bien sûr de faire du hip hop ou du slam comme le dirait une certaine Sophie). Quoique je pense qu'on pourrait, ponctuellement, tirer partie de leurs goûts mais nous sommes évidemment là pr leur enseigner d'autres choses qu'ils ne conaitraient pas sans ces fichus profs ! Par exemple, faire du slam (si ça les intéresse) peut avoir (à mon avis) un objectif pédagogique mais surtout social ! C'est important de ne pas négliger ce côté là. Ca crée une ambiance de classe, ça tisse d'autres liens entre eux et le prof.

Anonyme a dit…

Dac avec toi, Gilda.
Le discours de Sophie, ça fait vraiment canular,---, blague de potache. Tiens, on retourne à l'école----
Etienne, ce que tu dis me fait un peu penser (tu vas dire que je suis polarisée et tu n'auras pas tort) aux gens qui votent à droite parce qu'ils ont cru à la gauche et qu'ils ont été déçus. Ou à ceux qui n'achètent pas bio parce que de toutes façons, les cultures des producteurs bios sont contaminées par les intrants et les pesticides de celles des agriculteurs chimiques.
Bien sur, l'école est un carcan, qu'elle sert bien souvent et depuis bien longtemps à mouler des citoyens dociles et aujourd'hui surtout des consommateurs dociles. Là, en ce qui me concerne, tu prêches une convertie. D'ailleurs, si l'ikastola n'avait pas existé, ma fille ne serait pas allée à l'école avant six ans et même peut-être pas avant l'entrée en 6ème. Je lui aurais fait l'école moi-même et aurais mis beaucoup de volonté et d'énergie à lui faire passer du temps avec d'autres enfants à d'autres occasions.
Et mon ami Romann, né dans une famille de Roms en 1937, n'a que des souvenirs horrifiés des "maîtres" qui l'ont torturé physiquement et moralement jusqu'à l'âge de 12 ans.
Pour moi, ce fut moins dur, mais je passais les trois quarts de mon temps scolaire, l'oeil rivé à la fenêtre, à rêver de grands espaces, de forêts, d'oiseaux, de loups et d'ours.Mon esprit revenait dans la classe quand il s'agissait de littérature, puis de philo, ce qui était encore pour moi une manière de m'évader. C'est même pour ça que j'ai eu le bac à 16 ans, malgré l'ennui qui m'étouffait, c'est pour que l'on me foute la paix plus vite.
"Une société sans école", c'est même le titre d'un livre que j'aime énormément, de Ivan Ilich, qui est tout de même l'un des grands "historiques " de la pensée écolo.
Bon, ok. Et après? L'école, c'est caca? Et après, on fait quoi? Vous gardez vos enfants à la maison? Vous allez les éduquer, les enseigner vous-mêmes? Mais leur enseigner quoi? Des matières libératrices, artistiques, des métiers manuels dont vous ne connaissez rien?? Mais bon, je pense quand-même que vous voulez qu'ils aient un métier, qu'ils s'en sortent dans la vie? Donc, vous allez devoir leur enseigner les matières dites "utiles", les sciences dites "dures", dont vous ignorez peut-être tout, d'ailleurs. Quoiqu'il en soit, vous retomberez dans ce que vous dénoncez, puisque vous retomberez dans le moule, que vous ferez suivre à vos enfants la même voie du fleuve enserré dans un carcan de béton, la voie que tu dénonces. Bon--- ou alors, ils n'apprennent rien, ils restent à la maison avec Game Boy en attendant le retour de papa maman. Ou encore, papa et maman restent à la maison et montrent à leurs enfants comment fabriquer une brosse à dents avec une aubergine qu'ils auront cultivée eux-mêmes, à filer la laine de leurs vêtements avec le rouet fabriqué par papa pendant que maman faisait la lessive au ruisseau avec du savon de saponaire qu'elle avait cueillie la veille? (Hi, hi!Je sais de quoi je parle, j'ai fait tout ça à une certaine période)
Parce que tu crois que la famille est libératrice? Mais la famille, ça peut être un carcan de béton dès fois bien pire que celui de l'école,une prison inhibitrice,même quand elle a un visage souriant. Et bien des enfants, inhibés dans leur famille ou leur milieu social, se sont révélés et épanouis grâce à un prof ou à un groupe de profs qui leur a ou leur ont ouvert les fenêtres.

Parce que, depuis Jules Ferry, il y a les enseignants qui se laissent porter par le courant et sont de bons petits serviteurs du système du moment. Et puis il y a ceux qui savent que "derrière chaque visage il y a une âme", ceux qui veulent aider chacun et chacune à devenir lui-même ou elle-même, qui se battent entre cet idéal, ce but de leur vie, et le carcan qui leur est imposé mais qu'ils font tout pour faire craquer. L'oeuvre d'un Célestin Freinet par exemple (mais il y en a d'autres), en ce sens est une oeuvre totalement libératrice. Ces gens là, de leur vivant ont mené un vrai combat, ils ont été bafoués, ridiculisés, pourchassés par les pouvoirs en place. Pourtant, aujourd"hui, parmi les enseignants (même ceux qui lui crachent à la figure----), ne se rendent même pas compte que quotidiennement, ils mettent certains de ses principes en application.
Et ce qui est en train de se passer aujourd'hui, que l'on habite Mantes la Jolie ou Trifouillis les oies au fin fond de la cambrouse, c'est un énauuuuuuuuuureme retour en arrière, c'est la quête du petit citoyen bien dressé à faire ce que l'on lui dit, même si on lui dit blanc le mardi soir ou noir le mercredi matin. La casse que sont en train de faire Darcos et Sarko, c'est extrêmement grave.
C'est pour ça que le seul texte que j'ai signé cette année pour le Congrès des Verts concerne l'école et la culture. Et n'en déplaise à Madame Sophie, la très naïve Jenofa, en le lisant, y va à chaque fois de sa petite larme.
Je ne suis pas enseignante, je ne suis rien du tout, d'ailleurs. Mais je considère sincèrement que le métier d'enseignant es très certainement le plus beau du monde (avec celui de paysan mais en existe-t-il encore?)et que la responsabilité qui pèsent sur leurs épaules est telle que c'en est effrayant.
Alors, au lieu de tirer à boulets rouges sans nuance et sans distinction sur l'institution école, au lieu aussi de citer tel prof ou tel instit qui a dit quelque chose de déplaisant parce qu'il en avait ras la casquette un soir et qu'il avait besoin de décompresser comme chacun de nous, soutenons les enseignants qui se battent pour la personne de l'enfant et de l'adolescent et travaillons avec eux à construire l'école la meilleure possible au sein d'une société la meilleure possible.
Bon, j'arrête, mon truc à moi que j'ai écrit ci-dessus, ça fait un peu discours électoral. Veuillez m'en excuser, mais vraiment, là, vous m'avez révoltée.
Exact, Lurbeltz, Dolto n'est pas permissive. Que les gens qui la lisent en diagonales le soient en son nom parce que ça les arrange, c'est une autre histoire. N'empêche que c'est grâce à des gens comme elle, qui ont mené aussi de vrais combats, que l'on ne met plus au cachot de nos jours les petits garçons et les petites filles surpris à jouer à touche pipi. N'empêche aussi que voir le peu de parents qui ont bougé quand Sarko, même pas encore président, a parlé de fliquer les gamins dès la maternelle s'ils avaient des comportements hors du moule, ça donne plus envie de taper sur les parents que sur les instits de maternelle qui eux, étaient terrifiés dans leur très grande majorité.
Sans réaction, vous allez voir ce que l'on va se prendre sur la gueule! Il sera trop tard et à chipoter ainsi, certains l'auront bien cherché.