"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent" . Ainsi commence ce poème de Victor Hugo dans "les châtiments". Quand on connait un peu Hugo, on comprend le sens profond de cette phrase qu'un marxiste léniniste pur jus ne pourrait pas comprendre. Pour l'illustrer je peux vous proposer une histoire. Celle d'un chêne qui partit de traviole dès sa naissance. Au dessus d'une petite mare, il poussa pendant des décennies, se penchant, peut-être, pour regarder de plus près tritons alpestres et grenouilles vertes. Un beau jour, c'était en hiver, il ne résista pas à son propre poids, fut retenu quelques jours par quelques copains érables et buissons d'aubépines, puis il se coucha silencieusement. Sa tignasse s'affaissa sur l'autre rive de la mare. Pour cela, penser à un mort de la guerre de 14-18 froudroyé par une balle et accompagné jusqu'au sol par un camarade. La solidarité, comme la lutte est un truc de vivant.
Ici, le propriétaire des lieux trouva que tout cela faisait désordre. Il héla un professionnel du tronçonnage qui coupa les bras de l'arbre mort au combat de la vie. Il commença même à tronçonner la base avec la bonne intention de débiter l'horizontal vénérable, lorsque le propriétaire trouva que cet arbre ressemblait à un pont junglesque qui pourrait faire rêver n'importe quel enfant, n'importe quelle grenouille, n'importe quelle lierre commun. Il donna ordre au professionnel du tronçonnage d'arrêter là la besogne.
Le tronc qui n'avait plus rien d'un arbre gisait de tout son long. Sa base était coupée au trois quart. Il était mort... Ou presque.
Lorsque le printemps arriva, on put voir deci delà quelques bourgeons. La sève tremblait encore dans les fibres, l'arbre luttait encore pour la vie.
Il suffit de voir certains arbres qui se penchent pour chercher la lumière, comme une bouche qui cherche de l'air en sortant la tête de l'eau, pour comprendre ce qui relie un homme à un arbre, un arbre à la vie, la vie à la vie. La lutte est un truc de vivant
"Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !"
Ainsi finit le poème de Victor-Hugo, quand on connait un peu Victor Hugo, assurément on comprend toute la profondeur de cette phrase : "Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent"
3 commentaires:
On n'est pas propriétaire, Lurbeltz, on est dépositaire. Et toc!
Moi, j'aime bien cette phrase de Jean l'Anselme : "Je ne suis jamais du côté du manche mais toujours du côté des cognés".
Bo moi je reprends les classiques :
"On n'hérite pas de la terre de nos ancêtres, on l'emprunte à nos enfants."
Hêtre ou ne pas être...
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