Joli conte artistique pour petits et grands
Il était une fois une jolie fille. Son prénom était Argitxu. Elle habitait le petit village de Lacarry en Haute-Soule.
Argitxu avait les plus jolies seffes du coin. Même Fontanelle, sa grande sœur qui en avait de très belles aussi, n’arrivait pas à la cheville de ces seffes. Argitxu était également pourvue de magnifiques chinons suspendus par des tontés au large panache auréolé. Ses parents les lui avaient offerts à sa naissance, mais ce n’est qu’à l’adolescence qu’ils prirent une dimension importante voire exagérée et qu’elle s’en soucia.
Comment se put-il, se dit-elle, que je ne vis point ce que j’avais sous le nez, ces derniers mois ? Comment ces deux berges rondes et flottantes sont-elles sorties de nulle part comme les bourgeons au printemps, les brebis hors de la bergerie, les nuages d’un ciel d’octobre ? Comment se sont-elles posées là, apparemment pendant que je révisais ma géographie et mes mathématiques, ou alors pendant la sieste, que sais-je ? Il n’y avait rien … et là, paf !
Qu’elle était fière, Argitxu de ses seffes, et de ses chinons au large panache auréolé ! Elle les amenait partout où elle pouvait, les cachant de manière ostensible sous de la toile accommodée avec précision, qui serrait ici, lâchait là ces rondeurs sublimes, collines éclatantes, comme celles hallucinées de Burkegi du côté de Larrau ou le joli col de Lichans. Il ne fait aucun doute qu’entre collines et dolines les zones sombres qui pénétraient le ventre de sa terre commençaient à fumer et les parois suintaient et tout devenait vibrant comme un volcan prêt à se réveiller. Autant le dire, il commençait à faire chaud.
Mais vous aussi, un jour, qui que vous soyez, vous avez dû faire l’expérience de quelque chose que vous eûtes sous le nez et dont vous ne vous souciâtes guère jusqu’au jour où il prit dans votre vie une dimension importante. Hier il n’y avait rien … et là, paf !
Argitxu, en fouillant un peu, découvrit très vite sous le drap son noc qui pleurait depuis tant d’années, ses cascatelles d’eau chaude. Exprimant sa tristesse de n’être qu’un pauvre noc esseulé - réduit à une fonction malgré tout indispensable, pleurer, pleurer, pleurer ; vexé qu’on ne fit pas attention à lui – il décida de rougir le drap blanc de Mademoiselle. Tiens donc ! Noc s’ennuie, noc se regimbe, met le drap dans de beaux embarras !
Et les doigts de la jeune fille s’occupèrent durant des mois, écrasant dans ses paumes ses chinons au large panache auréolé sous l’œil et les mains cadenassés du drap, explorant son noc jusqu’au nectar, accrochant les seffes de ses doigts d’elfe, y plantant ses ongles en pensant à d’autres mains beaucoup moins siennes. Qu’elle était heureuse, Argitxu de ses seffes, de son noc et de ses chinons avec qui elle s’amusait tant. Tellement qu’elle en oublia Pottolo le gros nounours que lui offrit l’oncle Pettan à son sixième anniversaire.
Mais il lui manquait quelque chose. Une onde - comme celle d’une vague têtue s’approchant d’une plage impatiente - lui parcourait le sang de son corps et ne lui laissait nul répit. Des frissons comme des insectes microscopiques parcouraient ses os à en faire pulser la moelle. Quelque chose à n’en pas douter devait s’accomplir qui est de l’ordre de cette torpeur magique qui prend les hommes et les femmes, subito presto, à cette époque où le printemps se jette sur tout ce qui bouge d’un bout à l’autre de la planète. Assez de succédané, se dit-elle, je veux me damner, avec succès, je veux succès et succès encore.
Il était une fois une jolie fille. Son prénom était Argitxu. Elle habitait le petit village de Lacarry en Haute-Soule.
Argitxu avait les plus jolies seffes du coin. Même Fontanelle, sa grande sœur qui en avait de très belles aussi, n’arrivait pas à la cheville de ces seffes. Argitxu était également pourvue de magnifiques chinons suspendus par des tontés au large panache auréolé. Ses parents les lui avaient offerts à sa naissance, mais ce n’est qu’à l’adolescence qu’ils prirent une dimension importante voire exagérée et qu’elle s’en soucia.
Comment se put-il, se dit-elle, que je ne vis point ce que j’avais sous le nez, ces derniers mois ? Comment ces deux berges rondes et flottantes sont-elles sorties de nulle part comme les bourgeons au printemps, les brebis hors de la bergerie, les nuages d’un ciel d’octobre ? Comment se sont-elles posées là, apparemment pendant que je révisais ma géographie et mes mathématiques, ou alors pendant la sieste, que sais-je ? Il n’y avait rien … et là, paf !
Qu’elle était fière, Argitxu de ses seffes, et de ses chinons au large panache auréolé ! Elle les amenait partout où elle pouvait, les cachant de manière ostensible sous de la toile accommodée avec précision, qui serrait ici, lâchait là ces rondeurs sublimes, collines éclatantes, comme celles hallucinées de Burkegi du côté de Larrau ou le joli col de Lichans. Il ne fait aucun doute qu’entre collines et dolines les zones sombres qui pénétraient le ventre de sa terre commençaient à fumer et les parois suintaient et tout devenait vibrant comme un volcan prêt à se réveiller. Autant le dire, il commençait à faire chaud.
Mais vous aussi, un jour, qui que vous soyez, vous avez dû faire l’expérience de quelque chose que vous eûtes sous le nez et dont vous ne vous souciâtes guère jusqu’au jour où il prit dans votre vie une dimension importante. Hier il n’y avait rien … et là, paf !
Argitxu, en fouillant un peu, découvrit très vite sous le drap son noc qui pleurait depuis tant d’années, ses cascatelles d’eau chaude. Exprimant sa tristesse de n’être qu’un pauvre noc esseulé - réduit à une fonction malgré tout indispensable, pleurer, pleurer, pleurer ; vexé qu’on ne fit pas attention à lui – il décida de rougir le drap blanc de Mademoiselle. Tiens donc ! Noc s’ennuie, noc se regimbe, met le drap dans de beaux embarras !
Et les doigts de la jeune fille s’occupèrent durant des mois, écrasant dans ses paumes ses chinons au large panache auréolé sous l’œil et les mains cadenassés du drap, explorant son noc jusqu’au nectar, accrochant les seffes de ses doigts d’elfe, y plantant ses ongles en pensant à d’autres mains beaucoup moins siennes. Qu’elle était heureuse, Argitxu de ses seffes, de son noc et de ses chinons avec qui elle s’amusait tant. Tellement qu’elle en oublia Pottolo le gros nounours que lui offrit l’oncle Pettan à son sixième anniversaire.
Mais il lui manquait quelque chose. Une onde - comme celle d’une vague têtue s’approchant d’une plage impatiente - lui parcourait le sang de son corps et ne lui laissait nul répit. Des frissons comme des insectes microscopiques parcouraient ses os à en faire pulser la moelle. Quelque chose à n’en pas douter devait s’accomplir qui est de l’ordre de cette torpeur magique qui prend les hommes et les femmes, subito presto, à cette époque où le printemps se jette sur tout ce qui bouge d’un bout à l’autre de la planète. Assez de succédané, se dit-elle, je veux me damner, avec succès, je veux succès et succès encore.
5 commentaires:
LoL! joli!
Effectivement, je n'ai pas vu d'élu communautaire opportun dans ce texte...
Bravo encore! Si l'intention était de me filer la gaule, c'est réussi!
;-)
Ah Ben ! Tu comprends pourquoi je n'ai pas parlé d'élu de la Com-Com dans ce petit conte. C'était la débandade assurée.
C'est clair...
comme "tue l'amour", on fait pas mieux ;-)
N'empêche, je comprends mieux, maintenant, pourquoi tu as appelé ton blog "chibre de bois".
Oui le joyeux Pinocchio quoi !
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