Pour fêter le rallye des cimes 2009 je repasse le texte que j'avais écrit en 2001
“ La Soule c'est le paradis des chasseurs et des 4 x 4. La première fois qu'on est allé en Soule, c'est d'abord ce que l'on a vu : des 4x4 grondants d'où descendaient des hommes habillés à la Bigeard avec des gros fusils. Alors, on a dit que dans la montagne de Soule, en automne, quand elle est la plus belle, on se croirait à Verdun tellement ça tire." Extrait du guide du Routard.

Puis un mugissement faible venu de loin vient rompre l'équilibre fragile du moment. Rien de bien grave, rien d'anormal, mais ma crainte se confirme lorsque ce véhicule, un « tout et rien » moche comme ceux du Paris-Dakar me double en vrombissant tel un animal dressé pour tuer. Au passage, il semble me dire « poussez-vous j'arrive, tremblez braves gens ! » Il pue, il pète à mon passage et vomit sa vitesse juste sous mon nez. “C'est ça, barre-toi”, me dis-je ! Et puis c'est l'avalanche. Deux, quatre, dix, vingt, quarante motos, autos et autres engins excités me doublent en gueulant, en puant, en poussièrant et le paysage jusqu’alors sensible se métamorphose ; les feuilles se retournent, les herbes se couchent, les oiseaux se terrent, l'air s'abat et s'affaisse dans le fossé, le nez en sang, la gueule ouverte.
C'est le week-end du rallye des cimes.
Je devrais plus souvent me tenir au courant de l'actualité sportive cela me tiendrait à l'écart de ce genre de désagrément. Mais il m'est aussi difficile d'ouvrir la page des sports qu'écouter radio Mendililia plus de trois minutes.
À Sauguis, la dernière voiture se détache ; allez va donc, eh ! Automobile ! À Trois-Villes, je reprends mon souffle, je déconnecte mon apnée, mes oreilles se débouchent, mes yeux caressent paisiblement le décor, ma bouche embrasse les premières collines, et les voitures normales me paraissent presque sympathiques. Je recompose le paysage en même temps que mes sens, je reprends ma route sous mon coude, je m'approprie le bitume en zigzaguant entre les lignes blanches, je joue du pied avec les longues herbes qui bordent la route et qui me fouettent les mollets. Ouf ! Ils sont partis. À moi Atarratze, à moi Basabürüa, à moi Santa-Grazi !
Le 7 septembre 2001
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