Pour fêter le rallye des cimes 2009 je repasse le texte que j'avais écrit en 2001
“ La Soule c'est le paradis des chasseurs et des 4 x 4. La première fois qu'on est allé en Soule, c'est d'abord ce que l'on a vu : des 4x4 grondants d'où descendaient des hommes habillés à la Bigeard avec des gros fusils. Alors, on a dit que dans la montagne de Soule, en automne, quand elle est la plus belle, on se croirait à Verdun tellement ça tire." Extrait du guide du Routard.
J'ai le front comme la proue du Titanic, sauf qu'il n'y a aucun iceberg en vue. Je prends les embruns agrestes dans les naseaux comme un cheval au galop sur une terre vierge, un océan de verdure, qui dure, qui dure. Sous mes bras, dans mon cou, sous mon maillot, l'immense ventilateur élimine la sueur au fur et à mesure, je n'ai pas froid, je n'ai pas faim, je suis bien. À Menditte, je sais que Basabürüa va bientôt montrer sa tête de femme secrète, et je pédale comme un champion pour la rattraper. Mon vélo, un Ocean-Express, VTT de son état, vert et jaune, gonflé à l'énergie musculaire, se grise et me sourit en me disant que la dernière montée de Sainte-Engrâce, on se la fera comme en 97, quand on avait des jambes de sanglier culturiste.
Puis un mugissement faible venu de loin vient rompre l'équilibre fragile du moment. Rien de bien grave, rien d'anormal, mais ma crainte se confirme lorsque ce véhicule, un « tout et rien » moche comme ceux du Paris-Dakar me double en vrombissant tel un animal dressé pour tuer. Au passage, il semble me dire « poussez-vous j'arrive, tremblez braves gens ! » Il pue, il pète à mon passage et vomit sa vitesse juste sous mon nez. “C'est ça, barre-toi”, me dis-je ! Et puis c'est l'avalanche. Deux, quatre, dix, vingt, quarante motos, autos et autres engins excités me doublent en gueulant, en puant, en poussièrant et le paysage jusqu’alors sensible se métamorphose ; les feuilles se retournent, les herbes se couchent, les oiseaux se terrent, l'air s'abat et s'affaisse dans le fossé, le nez en sang, la gueule ouverte.
C'est le week-end du rallye des cimes.
Je devrais plus souvent me tenir au courant de l'actualité sportive cela me tiendrait à l'écart de ce genre de désagrément. Mais il m'est aussi difficile d'ouvrir la page des sports qu'écouter radio Mendililia plus de trois minutes.
À Sauguis, la dernière voiture se détache ; allez va donc, eh ! Automobile ! À Trois-Villes, je reprends mon souffle, je déconnecte mon apnée, mes oreilles se débouchent, mes yeux caressent paisiblement le décor, ma bouche embrasse les premières collines, et les voitures normales me paraissent presque sympathiques. Je recompose le paysage en même temps que mes sens, je reprends ma route sous mon coude, je m'approprie le bitume en zigzaguant entre les lignes blanches, je joue du pied avec les longues herbes qui bordent la route et qui me fouettent les mollets. Ouf ! Ils sont partis. À moi Atarratze, à moi Basabürüa, à moi Santa-Grazi !
Le 7 septembre 2001
Puis un mugissement faible venu de loin vient rompre l'équilibre fragile du moment. Rien de bien grave, rien d'anormal, mais ma crainte se confirme lorsque ce véhicule, un « tout et rien » moche comme ceux du Paris-Dakar me double en vrombissant tel un animal dressé pour tuer. Au passage, il semble me dire « poussez-vous j'arrive, tremblez braves gens ! » Il pue, il pète à mon passage et vomit sa vitesse juste sous mon nez. “C'est ça, barre-toi”, me dis-je ! Et puis c'est l'avalanche. Deux, quatre, dix, vingt, quarante motos, autos et autres engins excités me doublent en gueulant, en puant, en poussièrant et le paysage jusqu’alors sensible se métamorphose ; les feuilles se retournent, les herbes se couchent, les oiseaux se terrent, l'air s'abat et s'affaisse dans le fossé, le nez en sang, la gueule ouverte.
C'est le week-end du rallye des cimes.
Je devrais plus souvent me tenir au courant de l'actualité sportive cela me tiendrait à l'écart de ce genre de désagrément. Mais il m'est aussi difficile d'ouvrir la page des sports qu'écouter radio Mendililia plus de trois minutes.
À Sauguis, la dernière voiture se détache ; allez va donc, eh ! Automobile ! À Trois-Villes, je reprends mon souffle, je déconnecte mon apnée, mes oreilles se débouchent, mes yeux caressent paisiblement le décor, ma bouche embrasse les premières collines, et les voitures normales me paraissent presque sympathiques. Je recompose le paysage en même temps que mes sens, je reprends ma route sous mon coude, je m'approprie le bitume en zigzaguant entre les lignes blanches, je joue du pied avec les longues herbes qui bordent la route et qui me fouettent les mollets. Ouf ! Ils sont partis. À moi Atarratze, à moi Basabürüa, à moi Santa-Grazi !
Le 7 septembre 2001
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