- "Pffffff ! C'était loooooonnnng ! C'était péeeeeeniiiiiible !"
- Quoi, ce chef d'oeuvre de la littérature, tu n'as pas aimé ?
- Eh! Attends, je l'ai lu jusqu'au bout, c'est déjà un exploit, me demande pas d'aimer en plus !
- Mais enfin, tu n'as pas vu cette critique sévère de la société française sous la restauration, cette dénonciation, déjà, de la lutte des classes ? Ce romantisme triomphant? Ça devrait te plaire non ?
- Ouah ! Arrête, j'ai voulu lire un roman et je l'ai trouvé chiant, point. Je suppose que le Capital de Marx est aussi chiant à lire mais au moins Marx n'avait pas l'ambition d'écrire un roman. Je pense à tous ces pauvres jeunes qui ont dû lire ce bouquin en terminale, alors qu'ils n'avaient peut-être rien lu de leur vie... Quelle horreur ! Franchement on peut dire, si on veut, comme disait péjorativement un certain Kléber Haedens que : "Les misérables" est un chef d'oeuvre de roman-feuilleton" ; si on veut. En attendant, "Les misérables", c'est génial à lire, ça dénonce kif-kif, c'est superbement écrit et ça se lit comme du petit lait. Pourtant Les misérables, c'est quand même dans les 1500 pages !
Quoi de plus ennuyeux que les relations amoureuses entre la Mme de Renal et Julien, puis Julien et Mlle de la Mole ! Au moins, s'il y avait eu une idylle entre Julien Sorel et le curé Chélan !... Et puis quoi de plus chiant que toutes les explications de textes qu'il peut y avoir autour de ce livre. Livre de 500 pages en plus, mon vieux ! Il aurait mérité tout au plus 200 pages. Une bonne coupe claire pour enlever tout ce qui est parfaitement inutile aurait été de mise.
- Mon pauvre Lurbeltz, tu es complètement conditionné par ta culture des années 80. Il te faut des scénarios à la "Plus belle la vie", ou alors des images rapides, du sexe, du sang et de la violence, oui, du ro-man-feui-lle-ton !
- Du sexe du sang et de la violence ? Pas avec "Plus belle la vie" en tous les cas. Non, là, tu confonds avec mon pote Cyclotor qui aime bien Maxime Chattam par exemple. Ce gars qui écrit ses romans avec du teasing en veux-tu en voilà, comme s'il n'avait pas confiance en son histoire, de la violence à en revendre à des intégristes et du sexe parce qu'il en faut pour un produit vendeur ; c'est d'un convenu. Mais bien sur je sens cet héritage merdique (années 80, années coin-coin) qui coule dans mes veines. Bien sur je sais ce qui m'a formaté culturellement ; l'industrie de la télé, du cinéma et de la chanson. Bien sur, je vois bien dans quoi j'ai baigné et combien cette génération des années 80 fut une génération molle et endormie. D'ailleurs, mon autre pote, Pelotari me reproche toujours d'avoir voulu lever en eux le vent de la révolte, l'haize beltza, (aujourd'hui l'haize berdea). Notamment la haine de la compétition, quand on jouait au flip, quand on disait des conneries autour de la sangria fraîche alors que le monde avait besoin de nous pour une révolution juste et légitime.
Oui j'ai conscience du passif que je traîne, mais je lutte pour me libérer de cette culture light et insipide des années 80... J'ai conscience que la fabrication du cerveau disponible pour Coca-Cola était déjà en marche et que cela ne date pas d'aujourd'hui. J'ai conscience, mais pas au point de dire aujourd'hui, " Le rouge et le noir", ouah ! cest chouette ! Quel bon livre ! non merci !
Allez, je me casse !
- Eh ! Lurbeltz, attends, tu as oublié ça, j'avais un cadeau pour toi !
- Ah ! Un cadeau, Merci, c'est quoi ?
- "La chartreuse de Parme" !!!!
- Connard !
7 commentaires:
Tu sais que j'ai jamais réussi à lire plus de 15 pages de ce livre?
Mais j'étais jeune aussi... Pareil ça me plairait aujourd'hui?
Par contre, depuis quelques jours, quand je me connecte sur ton blog, il y a une horrible fenêtre de pub "Carrefour" qui s'ouvre... Et ça, c'est pas terrible, si tu vois ce que je veux dire...
Encore un coup fumeux de Pelotari?
Ben non, moi, je suis persuadée qu'il faut être jeune pour lire Stendhal et bien d'autres, d'ailleurs. J'ai lu le rouge et le noir à 13 ans, l'année où j'ai dévoré tous les Gide, je n'en avais jamais assez.
Ma fille, avait quinze ans et elle ne pouvait pas lêcher ce bouquin.
Maintenant, je m'ennuierais à mourir parce que je suis devenue une vieille conne qui ratiocine.
Mon père relisait jusqu'à la fin les grands livres de ces jeunes années parce que mon père n'est jamais devenu un vieux con qui ratiocine.
Oui mais alors jeune et avec l'envie de lire. Jeune et avec l'ouverture d'esprit pour cela et aussi l'éducation et la culture qu'il y a dans l'environnement. En l'occurence, pour toi ton père. Et pour ta fille, toi même et ton père.
Comme je le dis dans le post, ma culture, massivement, tu vois ce que c'est ! "Années 80, années coin-coin". Moi comme Etienne il y a longtemps, on a lu 2 chapitres de ce Stendhal et on a fermé le livre.
Mais je crois que toi et ta fille, vous êtes une exception dans notre société. Trouve m'en beaucoup des jeunes qui lisent avec plaisir Le rouge et le noir à 15 ans !
Après, effectivement, il y a l'effet "années 80, années coin-coin", chez moi. Mais pas seulement ; il y a aussi que ça m'a fait chier, point. Parce que les bouquin de 500 pages, ça me fait pas peur, faut-il encore que ça m'accroche. Et moi, ce bouquin, je pouvais facilement le "lacher".
Mais Etienne, peut-être ça te plairait maintenant, à toi.
lolo, tu sait c est quand tu veut pour une sangria, y en a tjs de pret mais bon en a tu tjs le courage?
la sangria est peut etre amere maintenant?
as tu oublié les autres moments?
tu n as jamais rien révolutionné que je le sache a par peut etre nos parties de ping pong au fandango....
les journées pétetin nous aussi avec cyclotor on y était.
pelotari celui qui veillit
C'est ce que je dis, Lurbeltz, question de sensibilité.
Tu adores Hugo qui m'a toujours été un peu repoussoir, sauf sur quelques textes très courts, les derniers jours d'un condamné ou deux trois poèmes et quelques prises de position.Giono, qui m'a permis de survivre, était fou de Stendhal.
Moi,j'ai une énorme tendresse pour Balzac, depuis toujours. Stendhal ne me parle pas au coeur, loin de là, et j'en veux un peu à Giono de l'aimer tant, mais grogneugneu, s'ennuyer en lisant "Le Rouge et le Noir"!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
"Années 80". Faut rentrer dans le vif du sujet , avant même avant d'avoir défini le vif du sujet, hein---- Et on passe à autre chose---
Ouaih; c'est certain, plus on avance, moins la littérature tient son pourcentage dans la vie quotidienne, vu la profusion toujours croissante de produits marchands, en particulier de livres . Mais bon, j'avais treize ans en 66 et je peux te dire qu'autour de moi, des amateurs de littérature, y'en avait pas des milliers, et qu'il n'y en avait pas plus quand mon papa avait le même âge. La lecture, pour nos copains, c'était souvent une purge.
La littérature est une sensibilité, comme la peinture ou la musique. Perso, musicalement, je suis au dessous du niveau de la mer et lorsque l'on me dit que la musique est un langage, je ne comprends pas et je regrette de ne pas comprendre.
L'envie de lire, tu la transmettras à tes fils, comme mes parents "escolés" jusqu'à 13 ans, m'ont transmis le goût des "grands " auteurs tout en me fichant une paix royale quand je me jettais sur Pilote ou même Tom et Jerry ou les Pieds Nickelés.
Tu as lu "les Ritals" de Cavanna? J'adore ce passage où il raconte que, gamin d'immigré, il ne peut vivre dix minutes sans lire, et que, faute de matière première, il se jette sur l'étiquette du sel, à la table familiale. C'est même peut-être l'une des raisons pour lesquelles je suis si attachée à Charlie Hebdo.
Bon, tu es lourd, tout de même. J'ai toujours eu une antipathie pour Stendhal tout en prenant plaisir à le lire et à cause de toi, je suis là le défendre.
Pour la peine, tu me feras dix ans de présidence active--------
Tiens, à propos, Itziar me dit qu'en vérité, la prmière lecture de Stendahl, au Collège, obligatoire, lui a pesé. Et que la deuxième fois, quand ce n'était plus obligatoire, elle a adoré.
Quelque part, quand je parle de Stendhal eu égard à ma culture des années 80, c'est pour dire que je n'ai pas eu l'éducation pour comprendre ou m'attacher à une certaine littérature qui prend son temps de poser les choses. Aujourd'hui il est plus difficile de poser les choses comme le faisait Stendhal ou tous les auteurs du 19ème siécle et antérieur. Parce qu'aujourd'hui il faut vendre et pour vendre, il faut se coller à cette société qui va vite qui veut aller plus vite que la vie. Il faut fractionner, ne pas lasser le public qui est gavé de "culture" facile, rapide, dadencée, aguichante (télé, ciné, musique, radio). D'ailleurs, les romans contemporains ne dépassent pas les 200 pages aujourd'hui il me semble.
Tiens ! qu'est-ce que j'aime chez Hugo et qu'il n'y a pas chez Stendhal... La musique des mots en plus de l'histoire. La poésie même dans ses romans et chacun de ses romans sont des romans en prose. Je donne un exemple que j'ai mis dans le texte "enchantement" de mes "Pensements". Je trouve cet extrait des Misérables superbe et il me touche à l'intérieur de moi comme une vibration (voir ci-dessous). Il y a la spiritualité et aussi la politique chez Hugo et bien sur, l'amour de la nature.
Je me souviens dans "93" de Hugo de ce canon qui se détache dans ce bateau et fonce sur les marins... Je voyais réellement le canon foncer sur moi.
Comme Stendhal ne fait que raconter une histoire et comme elle ne m'a pas interessé, je passe.
“ Vie, sève, chaleur, effluves, débordaient ; on sentait sous la création l'énormité de la source ; dans tous ces souffles pénétrés d'amour, dans ce va-et-vient de réverbérations et de reflets, dans cette prodigieuse dépense de rayons, dans ce versement indéfini d'or fluide, on sentait la prodigalité de l'inépuisable ; et derrière cette splendeur comme derrière un rideau de flamme, on entrevoyait Dieu, ce millionnaire d'étoiles”
Victor Hugo - Les Misérables
Ouaih, bon, je pourrais t'en trouver chez Stendhal, des lignes de cet acabit. Mais bon, je n'en prendrai pas le temps parce que, je le répète, je n'ai aucune tendresse pour lui.
Quand je pense que c'est en lui que Giono a trouvé le souffle du Hussard!
Après, prendre le temps de poser les choses, cela n'est pas un retour en arrière, mais selon moa, la base absolue de toute démarche de révolution écologiste, intérieure ou extérieure. Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que l'on ne sauvera pas le monde ni soi-même si de temps à autres et de plus en plus souvent, on n'arrête pas de courir, si l'on n'est pas capable de regarder pousser un brin d'herbe. La lenteur est une vertu authentiquement révolutionnaire, en littérature comme ailleurs.
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