mercredi 25 juin 2008

Immobilier rural : les Anglais font une razzia

Près d’une maison sur deux achetée par un étranger entre 2000 et 2002 l’a été par un Anglais ! Comme l’a montré la réunion du 30 janvier autour du ministère du Tourisme, les Anglais sont les plus offensifs sur le marché immobilier français et cette tendance s’est encore accentuée depuis 2000.
Est-ce le charme de la vie à la française, le goût pour les campagnes rurales traditionnelles rendues accessibles par les compagnies aériennes low cost ou plus prosaïquement par souci de réaliser un placement confortable grâce à un taux de change avantageux ? Les raisons qui poussent de plus en plus d’Anglais à acheter en nombre - et souvent cash - les vieilles pierres de nos campagnes sont probablement un mix de tout cela.
Le fait est que ce phénomène a pris une ampleur inouïe en milieu rural : d’après le ministère des Finances , 45% des maisons achetées dans l’Hexagone par des non-résidents l’ont été par des Britanniques en 2002. Les Italiens (11,7%) et les Pays-Bas (7,3%) sont loin derrière. Qui plus est, avec 13 500 transactions en 2002, le nombre de ventes a augmenté de 142% en deux ans, alors que dans le même laps, le marché n’a connu une croissance « que » de 23%.
Cet engouement des Anglais se porte quasiment sur toutes les régions : sur le littoral Atlantique, en Méditerranée, en Manche, dans les Alpes du Nord, près des trois achats étrangers sur quatre sont réglés en Livres Sterling. Et même en Creuse, 80% des acheteurs sont Anglais ou Irlandais. Cette nouvelle donne rééquilibre la géographie des acquisitions étrangères en France : depuis 2002, les Alpes-Maritimes et le Var ne représentent plus que 30% des montants totaux, alors que ces départements en ont longtemps totalisé à eux seuls 60%.
Un apport réel, mais peu optimisé
Un tel phénomène n’est pas sans effet sur la campagne. Par un effet mécanique, les prix ont augmenté de 5% , voire même de 30% comme dans le Gers ou de près de 50% dans la Drôme ! De telles inflations rendent complètement inaccessible le foncier pour les populations locales. Une telle situation n’est pas complètement nouvelle et ne résulte pas, bien évidemment, des seuls achats étrangers : ceux-ci ne font que l’accentuer. En réaction, les habitants et leurs élus s’organisent pour résister : les premiers pour rendre opaques les ventes et successions ; les seconds en adoptant des règlements d’urbanisme empêchant les « volets clos » ou en opérant des préemptions en prévision de projets souvent incertains…
Pour ce qui est des effets sur le tourisme, les choses sont plus nuancées. Aux dires d’Alain Monferrand, de l’Observatoire national du tourisme, les résidents étrangers occupent leurs résidences secondaires « de l’ordre de 20 à 25 semaines à l’année, ce qui est supérieur à celui des résidents secondaires français » . Pourtant, Paul Constable (Université de Savoie), estime que « la France n’optimise pas cet apport initial : l’essentiel des acquisitions, puis la mise en marché locatif de ces résidences secondaires se fait depuis l’Angleterre. Des agences spécialisées et des salons d’affaires se montent partout… ».
Tandis que selon Laurent Davezies (Paris - Val de Marne) beaucoup d’élus estiment que « la résidence secondaire rapporte moins que les retraités », d’autres n’ont pas attendu pour chiffrer le poids économique de ces nouveaux venus en milieu rural. Ainsi, les low cost savent qu’une maison achetée par un Anglais génèrera en moyenne 18 allers-retours en avion à l’année de la part de la famille et des amis.
Autre interrogation suscitée par ce phénomène : quelle part de ce parc immobilier se transformera en chambre d’hôtes ou en gîte dans 2, 5 ou 10 ans ? Un suivi de ces transactions sur les années à venir a été suggéré à Bercy : il serait intéressant à plusieurs titres.

A lire :

« Mes nouveaux voisins européens », in Village magazine, janvier 2004, www.village.tm.fr

Les études « Les investissements étrangers réalisés sur le territoire national en matière d’immobilier de loisirs » (L. Davezies, A. Goujard, B. Vayssière, Universités de Paris XII et Savoie, déc. 2003) et « Résidences secondaires des étrangers en territoire français » (A. Goujard, déc. 2003) sont sur www.tourisme.gouv.fr (rubrique Etudes et rapports en ligne’ puis ’Attractivité’).

La revue Source, n°70, mars 2004

10 commentaires:

Anonyme a dit…

oui, mais c'est kikivent???????????

Anonyme a dit…

Moi les rosbeefs je les kiffe. Tous ceux que je connais sont super sympas. Je préfères avoir comme voisin un Benny Hill plutôt qu'un Roger Hanin.

Etienne H. BOYER a dit…

http://lesbinuchards.free.fr
Ecoutez le morceau qui s'appelle "les anglais"... ça se passe aussi en Charente!

Mais qu'est-ce qu'il vaut mieux? Une ruineuse "ruine" laissée à l'abandon par des ayant-droit négligeants, ou la même ruine retapée et habitée par des anglais? Ne sommes nous pas tous des citoyens de la terre? Et puis les anglais, il faut bien qu'ils mangent! Ils vont pas faire leurs courses en Angleterre!

Qui sommes-nous pour prétendre être les propriétaires de la région du monde où nous vivons?
Je ne le suis même pas encore de la maison que j'habite!

Dans le processus de la spéculation foncière et immobilière, les anglais ne sont que les coupables idéaux. Or, les vrais responsables de la crise, comme le suggère Jenofa, ce ne sont pas les anglais, mais bel et bien les vendeurs (propriétaires, et officines immobilières) qui voient dans cette manne originaire d'Albion des profits juteux, et font donc monter les enchères.

Mais le quidam moyen ne dit rien, parce que "c'est la loi de l'offre et de la demande! C'est normal!" Et puis peut-être qu'un jour, notre quidam moyen vendra la maison de ses parents... Qui sait s'il n'aura pas alors changé d'avis au sujet de ces anglais!

Lurbeltz a dit…

Le plus grave pour moi, c'est de voir la destructuration de la société rurale. Donc quelque part, quand une ferme devient une ruine, surtout en Pays-Basque, c'est pas seulement la maison qui est en ruine, c'est tout un rapport avec la terre, une tradition liée aux rapports à la transmission de la terre et à son exploitation. La ruine emporte dans ses gravats une certaine vision de la société. Donc que la ferme devienne une ruine, ce n'est que l'arbre qui cache la forêt ou le petit bout de l'iceberg qui dépasse.
Une ferme en ruine, récupérée par un anglais ou un bordelais ou un italien, c'est rageant, pas parce que c'est un anglais ou un italien, mais parce que c'est quelqu'un qui vient s'assoir sur une culture qui disparait, sur la justice sociale et qu'il surfe sur le libéralisme.
Etienne, je ne crois pas que quiconque vise les anglais comme responsables. Même les plus entiers parle de "bourgeois" ; et là tu reconnaitras bien que cela dépasse les frontières. Quant à ceux qui vendent, effectivement, ce qu'ils veulent c'est gagner le plus de thune possible, que ça soit à des anglais où des italiens. J'ai jamais entendu personne ici avoir des sorties xénophobes à propos des anglais. C'est mal positionner le débat. Mais par contre ils ne sont pas nombreux à avoir des principes.
Je parle là dans le secteur de l'agriculture.

Etienne H. BOYER a dit…

Je ne faisais pas de généralités, ni n'accusais personne de xénophobie, mais j'exorcisais à l'avance...
Juste au cas où...

Les bourgeois, certes, mais où se situe la frontière? Est-ce qu'un gars qui bosse à l'usine pour payer sa baraque à des banquiers pendant 25 ans est un bourgeois? Pourtant, il est considéré comme propriétaire... et il fait même des envieux!
Je pourrais te citer d'autres exemples de gens encore plus "privilégiés".

Je pense que les gens qu'ils soient anglais, français, italiens, ou américains (ah non, pas eux...) ont le droit de faire ce qu'ils veulent de l'argent qu'ils ont gagné honnêtement. Et s'ils sont assez idiots pour acheter une maison 5 fois son prix, c'est leur problème...
Tout est une question de choix, et aussi d'éthique, j'en conviens.

Alors, qui est classé dans "les bourgeois", et qui ne l'est pas? Tout est relatif, et surtout très subjectif, je pense...

Il y a "lutte de classes" en France, certes, mais pas à ce niveau de différence là. A mon avis...
Et puis rappelons nous qu'en 2007, le peuple a élu à la majorité un digne représentant de la mondialisation à outrance, un fan de l'Atlantisme, un ultralibéraliste effréné adepte de la "peopleisation" dont l'idéal est de "faire du fric", comme il l'a dit lui même.

Preuve que le peuple -dans sa majorité- n'est pas si malheureux de sa condition que ça...

Anonyme a dit…

Roger Hanin, il est Basque?

Lurbeltz a dit…

Oui je suis d'accord Etienne ; je prenais l'exemple des "bourgeois"(entre-guillemets) pour expliquer - et ce n'est pas moi qui le dit - que ce n'est pas les étrangers qu'ils visent. Après je te dirais qu'aujourd'hui, on ne peut plus faire n'importe quoi avec l'argent que l'on gagne car on est passé de la civilisation du consommateur à celui du consomm'acteur mais ça je pense que tu seras d'accord avec moi.
Quand Hervé Kempf écrivit un livre sur "ces riches qui détruisent la planète", il est évident qu'il visait certains dont nous ne faisons évidemment pas partie, ni toi ni moi, ni personne en Soule ou en Basse-Navarre.
Ceci dit, cela ne doit pas exempter le citoyen lambda, évidemment, de se poser des questions pour remettre en cause sa façon de consommer ; ce que j'essaie de faire tous les jours et c'est pas une mince affaire.

Lurbeltz a dit…

Je ne résiste pas au plaisir de vous transmettre cet extrait du livre que je lis (la théorie Gaia de Maxime Chattam) et qui parle des écrits d'Adam Smith,(http://fr.wikipedia.org/wiki/Adam_Smith) un célèbre économiste du XVIII siècle. "Il a décrit l'homme comme un calculateur rationnel. Adam Smith le nomme homo economicus. "Il ne poursuit que ses désirs, dépourvu d'épaisseur sociale ! Le "je pense donc je suis" devient "je désire, donc je suis". Adam Smith a décrit les consommateurs que nous allions devenir, ! Des individus cherchant sans cesse à calculer leur intérêt dans chaque situation : pourquoi vais-je acheter ce bien à telle personne plutôt qu'à telle autre, pourquoi donner ces informations, pourquoi faire plutôt ceci que cela, quel est mon intérêt avec telle ou telle personne ? Nous sommes des entités calculatrices ! A se replier sur nous-même, sur nos propres désirs, à chercher à payer le moins cher, à calculer pour gagner plus d'argent ? Un repli individuel accentué par le matérialisme où chacun dispose de ses propres biens, sa voiture pour satisfaire ses envies, ses disques, sa télé".

Anonyme a dit…

Il est Basque,Roger Hanin?

Anonyme a dit…

non mais pas écolo non plus il est gros c est tout