jeudi 11 octobre 2007

Là où ça discute, c’est là où il faut être.

J’étais donc présent, ce samedi 6 octobre au matin, au débat au sujet de l’immobilier, l’urbanisme, l’habitat en Soule.

A part deux couacs, la discussion était très enrichissante et j’ai beaucoup appris.

(Les deux couacs, c’est d’abord une dame propriétaire qui est venue régler ses comptes avec ses locataires « qui ont tous les droits » (sic). Et ensuite Fantxoa Dascon qui a été bon, mais trop long, ce qui a bouffé du temps sur le débat.)

Mais pour revenir à cette discussion sur l‘habitat, ce que je mesure, c’est la complexité du problème. Pour tout dire, si j’ai toujours eu conscience de l’urgence et de l’importance de ce sujet, je n’ai jamais eu de convictions péremptoires quant aux réponses, tout en m’affichant et luttant, il y a peu, avec ceux qui luttent clairement depuis de nombreuses années, contre ce fléau (la spéculation immobilière)…et qui n’étaient malheureusement pas présents au débat. Oui j’avoue, je le confesse, je me suis très souvent laissé guidé par mes émotions et mon instinct en matière politique. Mais je sais que la pratique de la politique est un savant mélange entre l’émotionnel et le rationnel. Ce débat du 6 octobre a nourri mon raisonnement, ma soif de connaissance et mon désir de mieux comprendre et d’agir dans la réalité.

Il faut reconnaître, le plan concocté par l’équipe était simple : placer les données du problème tel que ceux qui n’ont pas d’a-priori, qui ne connaissent pas le sujet, soient amenés à le comprendre par une analyse concrète de la situation. Avec des chiffres, des données, des statistiques et des opinions contradictoires. L’ émotion est une puissance qui permet d’avancer. La révolte et la rage sont la conséquence logique chez ceux qui n’admettent pas de voir une situation pourrir. La révolte est le tisonnier qui réveille les braises. Disons-le clairement, il a fallu des flammes pour réveiller les ardeurs et les volontés… Mais cela aussi, c’est la réalité. Les flammes de cet été sont les conséquences d’un pourrissement de la situation et quelque part, on doit tous, de manière collective, en partager la responsabilité.

Oui je n’ai pas de convictions péremptoires car je ne suis pas un expert, car je sais qu’elles ne peuvent provenir que du collectif, de l ‘échange, du dialogue, du rapport de force et du débat, notamment avec des gens avec qui on n’est pas d’accord. Je repense au débat sur les OGM qui a eu lieu vendredi 5 octobre et qui réunissait des pros et des anti-OGM autour d’une table, à l’initiative du collectif anti-OGM du Béarn.

Evidemment, ce débat ne pourra être véritablement utile que s’il y a une suite, car pour l’instant, les problèmes ont juste été posés et les solutions à peine esquissées.

J’habite à Moncayolle. Autour de chez moi, il y a cinq exploitations agricoles. Deux s’agrandissent et les trois autres sont en voie de disparition à plus ou moins brève échéance. Je ne causerai pas ici des raisons multiples qui engendrent ce désastre. Je causerai juste de mon sentiment d’impuissance, de mon écœurement et de ma crainte. Le monde des petits paysans est en danger comme celui des petits artisans d’art, contrariés par des intérêts individuels et égoïstes et d’autres intérêts venant de très haut, de très loin, qui pénètrent de manière insidieuse dans nos villages et nos maisons. Et au milieu une inertie évidente et une aspiration du vide qui profitent à ces intérêts funestes.

Là où ça discute, c’est là où il faut être. Tiens ! Là, c’est mon instinct qui me parle et je l’écoute, ma petite voix qui me murmure à mon oreille. Là où ça discute c’est là où il faut être ! Je vais mettre ça en titre de ce papier. Ça me fait penser à cette phrase de Victor-Hugo qui disait : « ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent »… Les deux ne sont pas contradictoires non ?

Le document de présentation de cette réunion, je ne peux pas vous le proposer par mon intermédiaire à cause que du fait que j’ai pas le haut débit et que ça mettrait des plombes à télécharger. Demandez le doc à f.hastaran@neuf.fr. 6 mo, faudra faire un effort sur le compactage à l’avenir et pourquoi pas un blog. Ça en ferait deux avec celui-ci : http://ezpekulaziorikez.hautetfort.com

Oui vous voyez, j’aime bien avoir des sources d’informations diverses et je n’ai pas l’impression de trahir quiconque si je dis qu’elles sont toutes précieuses.
Il y a aussi le site : http://www.etxalde.org/ "une démarche solidaire et non spéculative pour un parc locatif durables" et aussi dans la branche agricole, le GFAM Lurra http://www.gfam-lurra.org/ qui a pour objectif aujourd'hui d'acheter la ferme Kako à Ainharp.

Au passage, ça fait beaucoup pour un seul message, mais je ne résiste pas au plaisir de porter à votre connaissance le poème de Victor Hugo duquel est extrait la phrase susdite.

Victor HUGO (1802-1885)

(Recueil : Les châtiments)

Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le coeur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans noeud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.

Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, coeurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !


Sources : http://poesie.webnet.fr/poemes/France/hugo/123.html

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Les oiseaux de passage
Jean Richepin


C'est une cour carrée et qui n'a rien d'étrange :
Sur les flancs, l'écurie et l'étable au toit bas ;
Ici près, la maison; là-bas, au fond, la grange
Sous son chapeau de chaume et sa jupe en plâtras.

Le bac, où les chevaux au retour viendront boire,
Dans sa berge de bois est immobile et dort.
Tout plaqué de soleil, le purin à l'eau noire
Luit le long du fumier gras et pailleté d'or.

Loin de l'endroit humide où gît la couche grasse,
Au milieu de la cour, où le crottin plus sec
Riche de grains d'avoine en poussière s'entasse,
La poule l'éparpille à coup d'ongle et de bec.

Plus haut, entre les deux brancards d'une charette,
Un coq satisfait, gavé d'aise, assoupi,
Hérissé, l'oeil mi-clos recouvert par la crête,
Ainsi qu'une couveuse en boule est accroupi.

Des canards hébétés voguent, l'oeil en extase.
On dirait des rêveurs, quand soudain, s'arrêtant,
Pour chercher leur pâture au plus vert de la vase
Ils crèvent d'un plongeon les moires de l'étang.

Sur le faîte du toit, dont les grises ardoises
Montrent dans le soleil leurs écailles d'argent,
Des pigeons violets aux reflets de turquoises
De roucoulements sourds gonflent leur col changeant

Leur ventre bien lustré, dont la plume est plus sombre
Fait tantôt de l'ébène et tantôt de l'émail,
Et leurs pattes, qui sont rouges parmi cette ombre
Semblent sur du velours des branches de corail.

Au bout du clos, bien loin, on voit paître les oies,
Et vaguer les dindons noirs comme des huissiers.
Oh ! qui pourra chanter vos bonheurs et vos joies,
Rentiers, faiseurs de lard, philistins, épiciers ?

Oh! vie heureuse des bourgeois ! Qu'avril bourgeonne
Ou que décembre gèle, ils sont fiers et contents.
Ce pigeon est aimé trois jours par sa pigeonne
Ça lui suffit, il sait que l'amour n'a qu'un temps.

Ce dindon a toujours béni sa destinée.
Et quand vient le moment de mourir, il faut voir
Cette jeune oie en pleurs : "C'est là que je suis née ;
Je meurs près de ma mère et j'ai fait mon devoir."

Son devoir ! C'est à dire elle blâmait les choses
Inutiles, car elle était d'esprit zélé ;
Et, quand des papillons s'attardaient sur des roses,
Elle cassait la fleur et mangeait l'être ailé.

Elle a fait son devoir, c'est à dire que oncque
Elle n'eut de souhait impossible, elle n'eut
Aucun rêve de lune, aucun désir de jonque
L'emportant sans rameur sur un fleuve inconnu.

Elle ne sentit pas lui courir sous la plume
De ces grands souffles fous qu'on a dans le sommeil,
Pour aller voir la nuit comment le ciel s'allume
Et mourir au matin sur le coeur du soleil.

Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie
Toujours, pour ces gens là ce n'est point hideux.
Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie
Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux.

Aussi, comme leur vie est douce, bonne et grasse !
Qu'ils sont patriarcaux, béats, vermillonnés,
Cinq pour cent ! Quelle joie de dormir dans sa crasse
De ne pas voir plus loin que le bout de son nez !

N'avoir aucun besoin de baiser sur les lèvres,
Et, loin des songes vains, loins des soucis cuisants,
Possèder pour tout coeur un viscère sans fièvres,
Un coucou régulier et garanti dix ans !

Les gens bienheureux ! ... Tout à coup, dans l'espace,
Si haut qu'il semble aller lentement, un grand vol
En forme de triangle arrive, plane et passe.
Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !

Les pigeons, le bec droits, poussent un cri de flûte
Qui brise les soupirs de leur col redressé,
Et sautent dans le vide avec une culbute.
Les dindons d'une voix tremblotante ont gloussé.

Les poules picorant ont relevé la tête.
Le coq, droit sur l'ergot, les deux ailes pendant,
Clignant de l'oeil en l'air et secouant sa crête,
Vers les hauts pèlerins pousse un appel strident.

Qu'avez-vous, bourgeois ? Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez-les passer. Eux, ce sont les sauvages.
Ils vont où leur désir le veut, par dessus monts,
Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.
L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons.

Regardez les ! Avant d'atteindre sa chimère,
Plus d'un, l'aile rompue et du sang plein les yeux,
Mourra. Ces pauvres gens ont aussi femme et mère,
Et savent les aimer aussi bien que vous, mieux.

Pour choyer cette femme et nourrir cette mère,
Ils pouvaient devenir volaille comme vous.
Mais ils sont avant tout des fils de la chimère,
Des assoiffés d'azur, des poètes, des fous.

Ils sont maigres, meurtris, las, harassés. Qu'importe !
Là-haut chante pour eux un mystère profond.
A l'haleine du vent inconnu qui les porte
Ils ont ouvert sans peur leurs deux ailes. Ils vont.

La bise contre leur poitrail siffle avec rage.
L'averse les inonde et pèse sur leur dos.
Eux, dévorent l'abîme et chevauchent l'orage.
Ils vont, loin de la terre au-dessus des badauds.

Ils vont par l'étendue ample, rois de l'espace.
Là-bas ils trouveront de l'amour, du nouveau.
Là-bas un bon soleil chauffera leur carcasse
Et fera se gonfler leur coeur et leur cerveau.

Là-bas, c'est le pays de l'étrange et du rêve,
C'est l'horizon perdu par delà les sommets,
C'est le bleu paradis, c'est la lointaine grève
Où votre espoir banal n'abordera jamais.

Regardez les, vieux coqs, jeunes oies édifiantes
Rien de vous ne pourra monter aussi haut qu'eux
Et le peu qui viendra d'eux à vous c'est leur fiente
Les bourgeois sont troublés de voir passer les gueux.

Etienne H. BOYER a dit…

Eh! A propos d'oiseaux : la chasse à la palombe bat son plein! C'est sympa comme nouvelle, non?
;-)

Anonyme a dit…

Hé! Etienne! si tu disais plutôt: à propos d'oiseaux, y'a des beaux vols de palombes qui passent en ce moment! la chasse on s'en fout! c'est la Beauté de la nature qui compte....mais je me doute que tu plaisantais!