jeudi 13 janvier 2011

Dans le monde

Eh, vous voyez, ça m'en fiche une passion. C'est un instant d'éternité. Je suis assis sur le canapé et je regarde par la fenêtre. Un tesson de nuage heurte le ciel. Le ciel recule. Au loin, la montagne du mois janvier enfile ses perles de neiges. Je vois la vallée d'Aspe, je vois le pic d'Anie. Encore une seconde de vie, j'en profite pour regarder un peu plus avant, le néflier à quelques mètres devant moi et son postérieur nappé de ventricule. C'est encore un sommet, c'est encore quelque chose accroché à la terre comme tous ces insectes conditionnés à la plus pure vigilance.
Ce matin je fais le guet, histoire qu'aucun extraterrestre n'ose voler un de ces chefs-d'oeuvres pour les emmener du côté de Mercure ou de Pluton et en faire un parc d'astraction. Ce matin, reste inutile. L'inutilité de l'être. Je reste assis, juste, je prends la précaution de ne pas trop m'enfoncer. Juste trouver l'équilibre entre vigilance et néantisation du soi.
Je m'encourage à ne laisser échapper aucune pensée impure. J'en chasse un paquet à coup de vide de principe. Un bordel de clichés d'émissions de télé-réalité, le courrier à envoyer à la chambre des métiers, une jeune femme aux seins souples comme le lait qui déborde… Je chasse, je chasse ! Le monde fait concurrence à cet instant. Cet instant reste penché comme un vieux corbeau sur une vieille branche. Le corbeau croasse pour me rappeler à moi-même.
Je suis vivant. C'est certain. A cette heure, à cette minute, j'ai eu la conviction - en dépit des seins, du corbeau et du courrier - que je suis dans le monde comme une feuille morte qui décroche de l'arbre.

2 commentaires:

Gild@ a dit…

c bien joli tout ça mais n'oublie pas d'étendre le linge ;)))))))))))

Lurbeltz a dit…

Bien bien... au fait, n'oublie pas de ramener du pain, et de demander à tonton gégé s'il a bien fait la commission à Bernard comme quoi j'ai retrouvé le double des clés dans la boîte à gants de la 205.
Merci par avance.
Décidemment, c'est bien pratique les blogs !