lundi 3 janvier 2011

La guerre des arbres

Au détour d'un virage, sur une prairie banale,
Plantées en rang, le col blanc et le port vertical,
Quelques rangées d'arbres en ligne droite ;
Voici la nature telle que l'homme l' exploite.

Arbres libres recouverts de lierre et de clématites,
Chênes penchés, hêtres errants, pins cosmopolites,
Regardez, ici vos pauvres frères ont le tronc raidi
Comme les croix d'un cimetière en Normandie.

La fin est déjà figurée dans cette nature rangée,
Bien en ligne ; l'homme a pour vous un projet.
Ne bougez-plus, soyez droits puisque tel est votre sort
Funeste. Cerclés d'une gangue vous êtes déjà morts.

Faut-il donc ainsi tout dresser dans ce monde,
Détester autant les branches qui vagabondent ?
Faut-il donc que nos forêts ressemblent autant
à des régiments tristes de soldats obéissants ?

Je sais, que de vos ramures ne poussent pas le fiel.
Quoi qu'il arrive, vous trouverez le chemin vers le ciel.
Je sais que dans vos fibres dort une patience d'ange.
La vie peut attendre longtemps que le monde change.

Je m'inquiète moins pour vous, mes frères les arbres,
Que pour nous, humains au coeur dur comme le marbre
Qui craignons tant la liberté, et qui ne voyons pour vous
Qu'un silence de mort et l'attente du garde-à-vous.

Lurbeltz le 30 décembre 2010

Aucun commentaire: