dimanche 9 janvier 2011

Dersou Ouzala

Je viens de lire un livre qui m’a été conseillé par un copain naturaliste, Stephan Carbonnaux. C’est d’ailleurs à lui que je l’ai acheté, sur son stand, durant le salon Asphodèle à Pau. Eric Pétetin qui était à mes côtés, m’a dit que lui même l’avait lu et qu’il l’avait trouvé formidable, ce qui a fini de me convaincre. Sur la table de Stephan, il y avait ses livres à lui (puisqu’il en a écrit de nombreux que je vous invite expressément à découvrir) mais aussi des livres écrits par d’autres dont il conseillait la lecture. Et comme je suis friand de conseils de lecture (notamment venant de quelqu’un que j’apprécie particulièrement) je lui ai acheté ce bouquin dont je vais vous parler maintenant, « Dersou Ouzala » de Vladimir Arseniev.

Dersou Ouzala est un chasseur Gold qui vit en Sibérie dans la taïga de l’Oussouri. Ce personnage va rencontrer Vladimir Arseniev qui est l’auteur du roman en personne. En fait, ce n’est pas un roman mais un récit, puisque l’auteur raconte une histoire vraie. Il a réellement rencontré le personnage de Dersou. Le livre raconte l’exploration d’Arseniev, dans ce pays où la nature sauvage est particulière riche et sauvage. C’est écrit magnifiquement, comme un roman. Ce qui fait que ce livre a l’avantage d’être un livre scientifique, ethnographique et en même temps, une histoire qu’on se plait à lire pour le plaisir de suivre les péripéties des personnages. Evidemment, ce qui m’a aussi plu dans ce livre c’est la réflexion philosophique qui en découle, c’est-à-dire, notre place dans la nature.

Dersou, est un indigène, il connaît la nature et sait la lire d’une prodigieuse façon. Il est en connexion directe avec elle car il vie en elle. Il n’y a pas d’amour de la terre au sens que moi je lui donne (vous me verriez enlacer un arbre et lui dire que je l’aime, vous comprendriez ce que je veux dire). Par ailleurs, je suis incapable de tuer une poule, un quelconque animal et quand je tue une mouche je m’excuse auprès de la mouche. Cependant, je trouve que c’est confortable d’aimer la nature de cette façon car il n’y a plus besoin de « craindre ». Dersou lui, craint la nature et la respecte. Il est intimement lié à elle et il sait qu’il dépend d’elle directement, par son propre effort de vie et son propre réflexe de survie. A la fin, la vieillesse arrive pour Dersou et c’est là que l’auteur va réellement expliquer jusqu’où et comment Dersou Ouzala est lié à tout ce qui l’entoure. Il n’y a pas d’amour de la terre non plus au sens que nos chasseurs d’ici lui donnent, car eux, comme moi, sommes complétement immergés dans la vie moderne. Les chasseurs ont besoin de temps en temps de tirer pour se défouler et soigner leurs névroses ; rien à voir avec le chasseur Dersou.

Dans le livre, il y a beaucoup d’animaux. Des loups, des tigres, des ours, des sangliers… La forêt elle même est décrite comme impénétrable sans compter les éléments météorologiques qui s’en donnent à cœur joie et qui semblent faire de ce pays un endroit particulièrement rude. Je me demande ce que devient aujourd’hui cet endroit, d’un point de vue écologique. Car la fin du roman indique que de profonds changements ont eu lieu. L’auteur raconte qu’il est retourné deux ans après sur la tombe de Dersou mais les lieux n’étaient plus reconnaissables : « une colonie entière s’était créée près de la gare, on avait commencé à exploiter des carrières de granit …/… à abattre la forêt et à fabriquer des traverses pour la voie ferrée…"

Il y a eu un film, réalisé par Akira Kurosawa tiré du livre et il paraît qu’il était excellent. C’est assez rare pour le souligner. D’ailleurs, quand on cherche « Derzou Ouzala » sur Google très peu de liens informent que c’est avant tout un roman et parlent plutôt du film. Je n'ai pas vu ce film mais l'extrait ci-dessous me donne envie de le découvrir.



Dersu Uzala - デルス·ウザーラ - L'Aigle de la Taïga
envoyé par brotherdavid. - Clip, interview et concert.

A propos de Stephan, à noter son nouveau site lié à ses nouvelles activités
http://www.artzamendi.fr

3 commentaires:

Anonyme a dit…

le mythe du bon sauvage
agnagna.

Stéphan Carbonnaux a dit…

Je n'étais pas étonné que tu achètes les premiers livres de notre collection "Les livres de nature", en grand lecteur et auteur que tu es.

Oui, "Dersou Ouzala", est un très grand livre, tout comme le film réalisé par A. Kurosawa est un très grand film.
Laurent, tu ne seras pas déçu, et j'encourage les lecteurs de ton blog à lire le récit d'Arséniev et à voir le film.

Rares sont les oeuvres qui mêlent aussi justement la grande nature sauvage, le rapport que les hommes tissent avec elle, sans compter ici l'extraordinaire amitié entre l'officier russe Arséniev et le chasseur gold Dersou.

C'est bouleversant et vraiment à des années lumières du "mythe du bon sauvage" évoqué dans le commentaire publié.

Merci pour tes encouragements à notre structure naissante, Artzamendi.

Stéphan

Lurbeltz a dit…

Oui je crois que je vais être un client régulier notamment de ta rubrique "les livres de nature".
Je me rends compte que ce type de livre me touche particulièrement. Et puis ces livres me permettent de aussi d'affiner ma réflexion, au sujet du thème des relations que les humains entretiennent avec la nature. A plus forte raison si on sait que ces idées sont justement au coeur de la ligne éditoriale des éditions associatives Astobelarra / Le Grand Chardon.