mercredi 8 juillet 2009

Le fauteuil moelleux du radicalisme

Ce qui est confortable c'est de se situer dans le radicalisme. On se situe dans ce cas-là à l'extérieur du monde (ou bien l'on croit se situer à l'extérieur du monde) et on tire à boulets rouges sur tout ce qui s'agite. Alors qu'il n'y a pas d'extérieur à notre société, mais bon, en s'en fout. Personnellement, je critique beaucoup, mais sur le point que je vais évoquer, je serai très à l'aise car je pense me situer dans le monde.
Par exemple, Manu Chao dont j'adore la musique, dédicace une chanson ( politik kills), lors du concert d'EHZ à Helette "aux politiciens qui nous mentent". . Je suis nul en anglais, mais si Manu Chao était persuadé habiter notre monde, il aurait intitulé sa chanson "THIS politik kills" . Parce que si Manu Chao se promène à travers le monde, et gagne sa vie pas trop mal, c'est bien parce que des politiques et la politique construisent le monde dans lequel il vit quotidiennement. Et même si un jour nous arrivons enfin à une démocratie directe, il y aura toujours des porte-paroles et de la politique.
Un autre exemple, le journal "La décroissance" et ses chroniqueurs croient eux aussi se situer à l'extérieur du monde .
Le journal la décroissance n'en finit pas de juger tout ce qu'il se passe autour d'eux. Il s'agit d'un groupe d'intellos qui vit sur la bonne planète et qui donne les bons points et les mauvais points du haut de leur piédestal. C'est tellement facile de regarder les autres se démerder. Dernièrement José Bové et tous les responsables d'Europe Ecologie sont passés sous les Fourches Caudines de La décroissance jusqu'à être traité de traitres. Vincent Cheynet intègre jusqu'à l'intégrisme n'ose quand même pas parler d'Eva Joly. Ce que déteste Vincent Cheynet, en fait, c'est les élections, l'engagement politique.
J'ai aussi un copain qui est comme ça. Cyclotor, si tu m'entends. Il est symptomatique de beaucoup de gens qui n'ont pas envie de faire de la politique parce que effectivement, je le confirme, c'est chiant, c'est pas toujours facile ni amusant.
Le regard, qu'il soit celui du journal de La décroissance, de Cyclotor ou de Manu Chao, c'est un regard tout d'un bloc, à l'emporte pièce. Soit on a fait son analyse, brute de décoffrage, soit on a pas d'analyse, mais le résultat est toujours le même ; on tape sur la politique et les politiciens avec une masse de maçon et on se casse très vite faire ses petites affaires parce qu'on va pas quand même pas s'emmerder, mettre les mains dans le cambouis. Qu'ils aillent au charbon, disent-ils en somme, nous on va regarder, juger, donner les bons et les mauvais points.
Le jour où Manu Chao, Cyclotor et Vincent Cheynet se présenteront à une élection et participeront à une élection, à ce moment là je prêterai une oreille attentive à leur sermon.

19 commentaires:

Etienne H. BOYER a dit…

Ah, on dirait bien que les vacances t'ont fait du bien... ;-)

Kolova a dit…

"mettre les mains dans le cambouis" ... je rajouterai "remuer la "merde" ... au risque de s'intoxiquer aux vapeurs nauséeuses et de perdre son âme ... oui, c'est aussi ça, être partie prenante de la société, de son fonctionnement, de la défense de nos idéaux en les confrontant à ceux des autres ...
c'est tellement facile, effectivement, de regarder passer les trains en ruminant de sombres critiques et, en restant, apparemment, bien propre sur soi...
mais si loin des autres que l'on veut "défendre" (parait-il)

pelotari celui qui politi a dit…

endisant sa ne devient tu pas radicaliste? juge de tout?
et tomber dans tout se que n aimes pas?
je comprend des personnes qui se foutent de la politique, des fois j ai l impresion de regarder "un jour sans fin" la preuve que penser de rocard revenu aidé sarko?
que penser de mitterrand a la culture ?
rama yade qui na jamais couru aux sport?
c est tout simplement un délire énorme, éva joly qui ne se sent pas étre porte parole des verts mais qui quand même est 2 ème du parti (ah les thunes) .
c est plus facile de dire tous pourris mais la politique c est quand même un vivier énorme non?

Enzo a dit…

Sur le fond, je suis d'accord avec toi. En pratique, les francs-tireurs ne sont pas forcément des lâches. Faire de la politique, dès lors que l'on a des idées, c'est accepter bien des compromissions, voire des reniements ; c'est, lorsqu'on est élu, endosser toutes les responsabilités, y compris pour des actions dont on n'est, en réalité, pas responsable (à moins que tout passe par le fait du prince, mais alors c'est la dictature).

Bien des citoyens, dans ces conditions, refusent d'"entrer" en politique. Pour autant, doivent-ils s'abstenir de tout commentaire ? Je ne crois pas au "fauteuil moelleux du radicalisme" ; plus précisément, ça existe, mais pour moi ça n'est pas la règle générale.

J'ai en tête une conversation en 2001 avec le maire de mon village d'origine (une petite ville de 3500 habitants), qui venait d'être élu et qui était compétent, motivé et soutenu et respecté par une large majorité de ses administrés. Il m'avait dit "si je réalisais 10% de ce que j'ai prévu de faire, ce serait une grande victoire personnelle".

A+
Enzo

jenofa a dit…

Perdre son âme, Kolova, mieux vaut éviter, toudmeme----, se casser avant.
Pelotari, tu mélanges tout.
Eva Joly n'est pas numéro deux des Verts, puisque Eva Joly n'est pas chez les Verts. Elle était deuxième sur la liste Ile de France d'Europe Ecologie, ce qui est totalement différent.
Sur Rama Yade et le neveu de tonton, tu veux nous faire dire quoi? Et sur Rocard aussi?
En tous cas, tu ne m'entendras pas, moi, dire que je suis d'accord avec eux.
La politique n'est pas plus un vivier de pourriture que le reste de l'humanité, vu que c'est l'Homme qui a inventé la politique.

Brigitte la Marguerite a dit…

Manu Chao, il fait danser les foules, il met le satori dans l' âme des gens. Il donne plus de bonheur que de leçons mais il est vrai qu'il aime aussi dire ce qu'il pense.

D'autres aiment plus dire ce qu'ils pensent et donner des leçons que donner du bonheur mais est-ce vraiment leur faute ?

La vida es una tombola
Y arriba y arriba...

Il faut des politiques, je suis entièrement d'accord avec ce que dit Enzo ( d'où ma prise de position pour défendre Martine Bisauta, il y a quelques temps, sur le blog d'Etienne ). Mais il faut aussi des troubadours non ?

P.S.: Je signe Brigitte la Marguerite, Cyclotor a subit une petite nymphose.

Lurbeltz a dit…

Jenofa, oui c'est l'homme qui a inventé la politique, mais comme il a inventé l'art, la science et la philosophie.
Pour moi, la politique, c'est un outil indispensable, à partir du moment où nous sommes passés de l'homme instinctif à l'homme contructeur.

Brigitte la Marguerite a dit…

"Enfin seul, enfin seul, les politiques dégueulent et je me casse..." - Laurent Caudine.

Merde ! Et si c'était toi qui avait inspiré Manu Chao ?!?

Lurbeltz a dit…

Oui tu as raison, j'ai changé. Tu remarqueras que déjà, je nuance plus que Manu Chao. Je ne sais pas si tu as écouté la chanson "Politik kills". Il dit carrément quelque chose comme la politique a besoin de la guerre. Oui une certaine politique, la politique américaine jusqu'à Obama, c'est clair. Mais ce n'est pas la politique. C'est une politique.
C'est le défaut des chanteurs de variété que d'envoyer des conneries du genre mort à la guerre ou je ne sais quoi. Je ne sais plus quel humoriste qui disait, le cancer, moi je suis contre. Ah ah !
Il parait que Julien Clerc est un chanteur engagé !!!!! Re Ah Ah !

Brigitte la Marguerite a dit…

Bah la France aussi a "besoin" de la guerre... A qui tu crois que Dassault vend ses Rafales ? A des pacifistes ? La vente d'arme représente moins qu'avant mais représente toujours un bon petit plus pour notre économie. Comme pas mal d'autres choses assez scandaleuses d'ailleurs...

Et puis, franchement, sans vouloir te fâcher, je suis pas sûr depuis que je te lis que j'ai une meilleure opinion des politiques... Loin s'en faut ! Que de querelles, que de fiel, que de rancoeurs... Franchement, je te laisse tout ça et je continue à m'occuper des gamins en écoutant Manu Chao ;-)

Lurbeltz a dit…

Oui mais la France c'est pareil. Au pire il faut une armée européenne. Une armée dans chaque pays, c'est de la connerie et du pognon foutu en l'air.
Le fiel, les rancoeurs et les querelles... C'est facile de ne pas avoir tout ça quand on reste en dehors des évènements. C'est ce que je dis dans mon texte.
Mais après, faut pas venir se plaindre.

Dupdup a dit…

Petite précision sur la citation que tu donnes, Lurbeltz : c'est Pierre Desproges qui a dit qu'il était contre le cancer, il a dit exactement : "Moi, j’ai pas de cancer, j’en n’aurai jamais, je suis contre."

Lurbeltz a dit…

Oui merci ! A part que Desproges est plus qu'un humoriste.

Etienne H. BOYER a dit…

Petite précision, que je me suis permis d'aller vérifier sur Wikipedia : "Pierre Desproges est mort d'un cancer le 18 avril 1988 et est enterré au cimetière du Père-Lachaise à Paris, juste en face de Michel Petrucciani et non loin de Frédéric Chopin. Sa maladie n'avait pas été rendue publique et malgré ses textes contenant des références répétées au cancer, lui-même n'a jamais su que sa maladie était un cancer."

Il était contre, mais il s'est quand même fait baiser par lui!
Un peu comme nous et Sarkozy...
Va t-on y laisser notre peau, nous aussi?

Lurbeltz a dit…

Le chomage, je suis contre aussi, et je suis contre le rhume, les élus bidons genre Dominique Bosq et éventuellement, je suis contre toutes les tempêtes surtout celles qui font des dégats, et puis je suis contre les morsures de chiens. Ouaih, je sais, je suis contre tout.

Benjamin Hicaubert a dit…

Salut Laurent,
Je ne suis pas du tout d'accord, si je peux me permettre, avec ce que tu dis sur le journal La décroissance.
D’abord, je pense qu’il faut prendre ce journal comme un journal satirique. Il est basé sur la critique et la remise en question qui, malheureusement, font bien défaut dans les médias que nous avons a disposition. Depuis quelques mois je me lis un à un, tous les anciens numéros et j’y trouve des critiques constructives sur des faits concrets que je n’ai jamais vu ailleurs. J’y ai lu des citations de « grands élus verts » qui m’ont fait bondir et il me semble que peu de médias osent porter la critique à ce point. Quand je lis ce journal je me dis « ils te présentent le côté sombre des choses dont personne ne parle » et cela permet donc d’avoir tous les angles de vu pour construire son opinion. Mais ce n’est pas que ça, car ils ont des propositions concrètes et même, (si si c’est vrai) des propositions politiques. J’y ai lu notamment des témoignages d’élus mettant en place des politiques de décroissance.
Pour moi ils ne donnent pas des bons et mauvais points, ils donnent leur avis et je t’avoue que la plupart du temps, je le partage. Il ne faut donc pas à mon sens confondre juger et critiquer.
Je suis aussi très étonné que tu dises qu’ils détestent les élections et l’engagement politique car justement ils ont participé (et c’est leur choix) à la création du parti pour la décroissance. Ils en ont pas mal parlé dans leur journal. Ils prônent (Ariès et Latouche y compris) l’implication politique comme troisième pilier inéluctable pour sortir de notre société de croissance (avec la simplicité volontaire et les expérimentations sociales). Donc dire que Cheynet n’aime pas les élections, et l’engagement politique, ça me semble être réellement infondé.
Après un journal comme la décroissance n’est pas incritiquable, ils peuvent des fois aller un peu loin, en mettant par exemple dans la rubrique « La saloperie que nous n’achèterons pas ce mois-ci », … le vélo. Mais quand on lit le contenu, il y a toujours une grande part de vérité qui est parfois difficile à accepter…

Benjamin Hicaubert a dit…

Laurent j'ai une très bonne nouvelle, tu vas pouvoir comme tu l'as promis "prêter une oreille attentive" à... ton ami Vincent Cheynet. Regarde ce lien il s'est présenté à une élection... Rooh le bougre, il a même un programme...
;)

http://www.objectifdecroissance.fr/profdefoi.pdf

"Vincent Cheynet, 40 ans, marié, journaliste
Candidat pour la décroissance aux élections législatives
de 2002 et 1997 dans le Rhône. Tête de liste
pour l’écologie politique aux élections municipales
de 2001 à Lyon 1er arrondissement."

Lurbeltz a dit…

On est tous des donneurs de leçons. Moi même ici,je suis un foutu donneur de leçons et on me le reproche parfois. Donc je vais un peu te donner raison et par ce texte "Le fauteuil moelleux du radicalisme" moi même je me suis insurgé contre ceux qui jugent ou critiquent. Ce que je fais régulièrement. Tel est pris qui croyait prendre.
il faut le dire, personnellement, en tant que Vert, écolo, c'est désespérant d'être constamment la cible de ce journal comme si c'était nous qui étions responsables des problèmes écologiques. Voilà pourquoi j'ai écrit ce papier.
Après je suis moi aussi assez d'accord en général avec ce qui est écrit dans ce journal.
Le problème c'est que je pense qu'il y a beaucoup de blabla et que pour l'instant ça manque beaucoup de pragmatisme et de réalisme en ce qui concerne la mise en pratique.
Dur dur la politique de terrain.

Linumbrs a dit…

Drôle de comparaison , Manu Chao et le journal La Décroissance.
S'il n'est pas irréprochable, ce journal reste relativement défendable.

Premièrement, Manu Chao critique le système pour se faire de l'argent, en vendant des concerts à plus de 20 euros. Il vit comme un nouveau riche, et profite bien du système capitaliste en touchant bien plus que les gens du peuple qu'il prétend défendre.
Tandis que les membres du journal La Décroissance, revendiquent ne pas toucher plus d'un SMIC (Il suffit de voir leur bilan comptable qu'ils publient)

Deuxièmement, leur critique est bien différente. Manu Chao critique sans agir. Les journalistes de la Décroissance se présentent aux élections (législatives, municipales...). Leur critique d'Europe écologie n'est pas celles de pseudos-anars qui critiquent sans agir et sans se présenter aux élections. Et d'ailleurs ce ne sont pas des anarchistes, puisqu'ils se veulent républicains et démocrates. A la grande limite, on peut leur reconnaître une attitude de mauvais perdant. Cependant, même si dans la forme elle est excessive, leur critique est dans le fond compréhensible : quand 95 % de la classe politique est unanimement pour la croissance économique, on comprend qu'un journal contre la croissance, soit un peu contre tout le monde.

Enfin, Manu Chao et La Décroissance ne jouent pas dans la même cour au niveau intellectuel. Manu Chao est un peu du genre "Rocker Analphabète" (comme l'aurait dit Desproges). Le journal la Décroissance reçoit des chroniques et de nombreuses contribution d'intellectuels et scientifiques divers : Albert Jacquard, Jacques Testart (père scientifique du bébé éprouvette), Serge Latouche, géologues de l'ASPO, Paul Ariès, Alain Gras...