dimanche 29 juillet 2007

La loi dont je ne connais pas le nom

La vie est bien faite tout de même. Depuis quelques années, je suis bon pour une prothèse de genou, pour mon genou gauche. J’ai un genou à peu près comme celui de mon aitani, à part que ce dernier a 90 ans et que moi j’en ai 37. Oui, ça commence mal pour vous convaincre que la vie est bien faite, mais attendez un peu la suite.

Comme disait aussi Wang Ji Fu Zen, un copain à mon père qui est professeur de Tai Chi Chuan dans le sud du Henan : « dans le bien, il y a du mal, dans le mal il y a du bien », comme on peut dire aussi que « dans la pomme, il y a un vers et dans le vers, il y a de la pomme », ce qui pourrait être une version maraîchère qu’un Basque où un Breton pourrait très bien s’attribuer. En effet depuis quelques jours, j’ai mal au genou droit. Je me demande si je ne me suis pas pété un peu le ménisque, sur les bords ou un peu la rotule, qui serait - je me demande - carrément fendue sur son milieu ou déboîtée ou carrément que je me demande si je ne l’aurais pas égarée dans quelques endroits interlopes.

Et en vertu de cette fameuse loi dont je ne connais pas le nom et bien maintenant, j’ai moins mal au genou gauche, du coup. Voilà où la vie est bien faite.

Mais vous connaissez sûrement cette loi dont je ne connais pas le nom pour l’avoir expérimenté non ? Un exemple, vous avez très mal dans le coude, qui est ce fameux endroit où ça pivote pour pouvoir faire un bras d’honneur aux cons ou lever le verre au-dessus du zinc, lorsqu’il faut fêter leur décès. Et un jour que vous avez comme d’habitude très mal à ce coude, vous avez un ami super sympa qui vous envoie une grosse mandale dans le nez, qui est ce fameux appendice constitué de deux trous et des poils (pour les hommes murs). Et bien instantanément, vous remarquerez que la douleur s’est déplacée, vous allez aussitôt vous occuper avec beaucoup d’amour et de sollicitude de votre nez et vous oublierez votre misérable arthrose du coude. C’est pas beau la vie ?

Il y a d’autres variantes de cette loi formidable dont je ne connais pas le nom. On reprend l’exemple du coude, parce que c’est un bon exemple tout de même. Quelqu’un, on l’appellera Robert, apprend par nuages de fumée qu’un couple ami vient de se séparer, que le gars vient de perdre son travail, que leur chien a mangé leur petit enfant, Kevin, qui n’avait que six mois. Mince, le coude… J’allais oublier. Oui et le gars, il a hyper mal au coude.

Et ben tout à coup, Robert, il se dit qu’il a eu raison de noyer son chien à lui, de prendre préventivement des gélules de cassis et de frêne pour ses articulations, de profiter de la construction de sa nouvelle maison pour enterrer le cadavre de sa femme et de son enfant sous les fondations, après les avoir préalablement assassinés (parce que les enfants et les femmes sont sources de complications) et de trouver une combine pour racketter les vieilles dames afin de ne plus avoir à travailler.

Là, Robert, il se dit quelque part :

- « ces cons, ils ont fait les mauvais choix dans la vie, c'est tout ! »

Et disons-le tout net, Robert, s’il n’avait pas vécu la déconfiture de ses amis, il faut le dire, il n’aurait jamais été aussi bien dans son corps, il n’aurait pas eu cette satisfaction intérieure et cette placidité. Oui, regardez-le, ce salaud, boire un panaché sous le soleil en pensant « je suis bien, je suis bien ! ».

Conclusion : dans la vie, si vous avez mal quelque part, ayez mal ailleurs et si possible ayez mal chez les amis, c’est encore là que ç'est le moins douloureux.


2 commentaires:

Etienne H. BOYER a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Etienne H. BOYER a dit…

ça me rappelle (je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs) une fausse pub de "Les Nuls", dans laquelle Dominique Farrugia vantait LA solution miracle pour que ses toilettes sentent toujours bon!
Il allait chier chez ses voisins!