vendredi 24 juin 2011

La vallée des chevaux


Il y a quelques mois je vous ai parlé de la saga de Jean Auel « Les enfants de la Terre ». Je viens de finir le second volume qui a pour titre « La vallée des chevaux ». J’accroche de plus en plus à cette série de romans qui décrit la vie de nos ancêtres il y a 15 000 ans. Ce qui m’intéresse particulièrement, c’est de voir comment l’auteure essaie de raconter, d’imaginer, les mœurs, la culture de ces hommes et femmes qui vivaient il y a si longtemps. Cette saga est très intéressante car elle est très détaillée, documentée et semble avoir une bonne réputation dans le milieu des archéologues. (Lire " Le roman préhistorique " du Dr J.-G. Rozoy). Elle est détaillée notamment en ce qui concerne la vie des personnages au quotidien racontée dans le moindre détail avec beaucoup de simplicité du point de vue du style. Je poserai la loupe sur deux sujets en particulier. Les relations que nos ancêtres avaient avec la nature et la manière avec laquelle ils percevaient et vivaient leur sexualité.

Pour le premier point l’auteur décrit des personnages qui chassent et qui pêchent mais qui ne sont pas immergés dans un délire de supériorité comme nos chasseurs d’aujourd’hui. On peut imaginer que les relations qu’ils avaient avec la nature avaient quelque chose à voir avec les amérindiens, les aborigènes et autres ethnies, avant que notre superbe civilisation occidentale ne se décide à tout détruire. Ils se sentaient liés à la terre et croyaient en la déesse Mère. Ces derniers temps, je me suis pas mal penché sur le passage du matriarcat au patriarcat. J’avais découvert cet article ici, ce qui m’a amené à lire le livre de Françoise Gange « Avant les Dieux, la Mère universelle ». Un livre pas forcément agréable à lire mais une mine d’informations pour comprendre ce qui fait que nous vivons aujourd’hui dans une société de compétition, anti-nature, guerrière, phallocrate etc… Elle explique dans ce livre comment, jusqu’à environ 3000 ans avant Jésus-Christ, partout dans le monde, régnait un culte de la féminité. Je vous en conseille la lecture.

Pour la sexualité, c’est très intéressant de voir comment Jean M. Auel, dans sa saga des « Enfants de la Terre », et plus précisément dans ce volume, décrit l’apprentissage des « premiers rites », chez les filles et les garçons. Surtout il n’y a pas de tabous hypocrites comme c’est le cas aujourd’hui. Ici en Soule, j’ai l’impression que le sexe est plus tabou que la mort. Un couple homosexuel, par exemple, jusqu’à nouvel ordre, ne pourra pas vivre tranquillement ici et on peut tout à fait s’interroger sur ce point et même s’en indigner. Imaginer un autre rapport sentimental avec autrui, cela signifierait inventer de nouveau rites, braver des interdits, se dépouiller des oripeaux que la société, la religion et leur carcan nous imposent. C’est presque inimaginable. Disons qu’aujourd’hui il y a d’un côté une espèce de pudibonderie liée à la religion qui nous laisserait croire que le sexe, c’est mal, que le plaisir, c’est pas bien et d’un autre côté, il y a la pornographie qui, dans toutes les maisons, étale le sexe comme une vulgaire marchandise et qui plaque au vu et au su de tout le monde (notamment les enfants) une vision de la sexualité totalement dénuée de magie, de respect et d’amour. Entre les deux, il y a un vide. C’est d’ailleurs le cas de la société dans son ensemble. Entre religion et athéisme il y a souvent un vide mortifère que le capitalisme remplit sans scrupules. Ce n’est plus la nature qui a horreur du vide !

En résumé je pense qu’il y a dans ces deux livres un autre paradigme, une autre manière de penser l’autre, de penser la terre. Si on a perdu beaucoup en passant du matriarcat au patriarcat, en passant d’une société en harmonie avec la nature, à une autre où la guerre la compétition règnent en Maitre, personnellement ces lectures me laissent le goût de la liberté. J’ai la conviction que le modèle de société que nous vivons est mauvais et que cela doit changer. Il y a un individualisme libertaire que je revendique, c’est celui qui fait qu’on essaie de devenir soi-même, qu’on essaie de se chercher en dehors de la pensée unique qu’on essaye de nous faire avaler. C’est aussi l’évidence qu’il faut se tenir prêt à remettre en cause de nombreux dogmes obsolètes, de nombreuses pratiques néfaste pour les humains et le restant de la nature. De ce fait, je pense qu’il faut ouvrir sa gueule le plus souvent possible, rejoindre des associations qui dénoncent les dérives de cette société, manifester, pétitionner, créer, imaginer, rejoindre un mouvement politique, un syndicat, une association, pour que ce monde ne soit pas à l’imagine des marchands de foutaises.


Ci-dessous, un extrait du livre où l’auteure imagine la nature des croyances de nos ancêtres.


Le Shamud se retourna pour leur faire face et, levant les bras, il se mit à prononcer les formules rituelles.

- Tout cercle commence et se termine au même endroit, dit-il. La vie est un cercle qui commence avec la Mère et finit avec elle. (La voix vibrante du shamud couvrait sans mal les crépitement du feu et chacun se taisait pour l’écouter.) La bienheureuse Mudo, créatrice de toute vie, se trouve au commencement et à la fin. D’Elle nous venons, et vers Elle nous retournons. C’est Elle qui subvient à tous nos besoins. Nous sommes Ses Enfants et Elle nous octroie sans compter tout ce qu’Elle possède. Son corps nous fournit ce qui nécessaire à notre subsistance : l’au, la nourriture et les abris. Son esprit nous offre sagesse et chaleur : le talent et l’habileté, le feu et l’amitié. Mais le plus grand de Ses Dons, c’est l’amour qu’Elle porte à tous les êtres.

« La Grande Mère de la Terre se réjouit de voir Ses enfants heureux. C’est pourquoi Elle nous a offert Son merveilleux Don du Plaisir. Partager ce Don, c’est l’honorer et faire preuve de respect à Son égard. Mais, parmi nous, les Bénies de Mudo ont reçu un Don plus grand encore : la Mère les a dotées de Son merveilleux pouvoir de donner la vie.


mardi 21 juin 2011

Présentation du livre Lantare Sendagailü


Junes Casenave-Harigile-ren « Lantare Sendagailü » libürüaren presentatzealako kümitüa helarazten deizügü gogo honez. « Lantare Sendagailü » libürüa Eüskaraz idatzirik da eta basa lantareak aurkezten dütü, bereziki zertan baliagarri diren gizon, emazte eta haurren osagarriaren zaintzeko baita gure üngürüko kabaleen artatzeko.

"Xiberoan Euskaraz Bai" besta Maulen igaranen da arramaiatzaren 25an eta gure bide honetik sartü gira xede hortan eta gure ekoizpenekin erakus mahain bat etxekiko dügü egün osoan.

"Xiberoan Euskaraz Bai" besta hortan lantare biltze bat proposatzen dügü Johaine Etxemendi Iruritarrarekin Mauleko bazter hüilan batetan. Eüskaraz izanen da biltzea eta Plazako gure erakus mahainetik abiatüko gira 15 :30tan.

Züen irakurle eta behazaleen jakinean ezarteaz eskertzen zütüegü.

Junes Casenave-Harigile-ren « Lantare Sendagailü » libürüa Ügatz sailean argitaratzen dügü 90 orritan eta 3 eurotan.

Orai danik eskerrik beroenak igorten deitzügü.

Nous avons le plaisir de vous inviter à la présentation du livre "Lantare Sendagailü" de Junes Casenave - Harigile. "Lantare Sendagailü" est un livre en basque souletin qui parle des plantes sauvages qui peuvent être utilisées pour préserver la santé des hommes des femmes et des enfants ainsi que des animaux qui nous accompagnent.

Nous présenterons ce livre le 25 juin, toute la journée, dans le cadre de "Xiberoan Euskaraz Bai" la journée de la langue basque, qui aura lieu à Mauléon et nous tiendrons un stand durant cette évènement auquel nous nous sommes naturellement associés.

Dans le cadre de "Xiberoan Euskaraz Bai", nous proposerons, à 15 h 30, une balade de découverte des plantes sauvages prés de Mauléon et pas loin de la place des Allées, en présence de Johane Etxemendy. Cette balade se déroulera en langue basque. Le départ se fera à notre stand de la place des Allées.

Merci de bien vouloir en informer vos lecteurs ou auditeurs.

"Lantare Sendagailü" de Junes Casenave-Harigile, 3 euros, 90 pages dans la collection Ügatz.

lundi 20 juin 2011

Besson quitte le plateau de Capital

J'ai regardé cette émission hier et je n'ai pas eu le bonheur de voir Besson se barrer. Courageux le type. Comme disait un gars sur le répondeur de l'émission radio de Daniel Mermet "Là-bas si j'y suis" sur France Inter, cette après-midi, j'espère que le jour où il y aura un accident nucléaire, il aura le courage de ses opinions et restera devant les médias pour répondre aux journalistes. C'est tout de même incroyable de voir un ministre ne pas être capable d'écouter jusqu'au bout un ancien sous-traitant chargé de déceler les défaillances dans les installations nucléaires, durant une émission télé ! On voit bien là comment les laudateurs du nucléaire et du capitalisme ne supporte pas la contradiction ayant réussi si facilement jusqu'à présent à faire avaler leur camelote sans rendre des comptes à la population.
Dommage qu'on ne puisse pas revoir les reportages, notamment celui du sous-traitant en question dont les propos étaient tout de même très inquiétants.

Jondane Johaneko süak / Feux de la St Jean

Dagün ostegünean, arramaiatzaren 23an, süak piztüko dira xiberoko 10 menditan gaüko 10 orenetan, eta Jondane johaneko dantza emanik izanen da lekü zonbaitetan.
Nahi düzüen menditara joaiten ahal zidee .
Kaxü, kaxü ! ebili behar bada, arajiteko argi bat beharko düzüe !

Maulen Hitabordan : gaüko 7etarik aitzina pikenikarekin, hitzordüa han berean
Maidalenan : hitzordüa gainen gaüko 8etan, pikenikarekin.
Sohütan Gaztelaian : Hitzordüa gaüko 8etan gainen, pikenikarekin, 10 minuta ebiltez (ebia ari bada, besta izanen da Elixaltenean, Hokin.
Irabarnen Xardeka : hitzordüa Gotaineko salan 7 orenetan hoinez joaiteko, 8 ak laurden gütitan otoz joaiteko, pikenikarekin (gero 10 minuta ebiltez)
Eskiulan Mandelü: Hitzordüa herriko plazan 8 orenetan, pikenikarekin
Barkoxen Ahargo : Pikenikarekin jin nahidirenentako hitzordüa süa pizten den leküan 20etan.
Ondotik jinen direnentako, hitzordüa 21etan Hamekako hegian, Mauleko bidean.
San Antoni : gaüko 9etarik gainen, han berean erosten ahalko düzüe zer jan eta zer edan
San Gregori : gainen pikenikarekin
Ainharben Lapitzaga : hitzordüa gaüko 8etan, pikenikarekin
Zalhagaine puntan: hitzordia 8 orenetan Bosmendietako bidean pikenikarekin. (10-15 minuta ebiltez)
***
L'allumage des feux de la St Jean sur plusieurs collines est désormais devenu une tradition souletine. Grâce à quelques associations locales, cette fête qui existe depuis 9 ans sera organisée cette année le jeudi 23 juin. Toujours la même mais avec cette année un lieu supplémentaire à Salhagagne, ce qui porte à 10 les lieux de fête. Pour ceux qui n'y ont jamais participé, rappelons qu'il s'agit d'une manifestation très conviviale, et que le moment ou tous les feux s'illuminent en même temps est un véritable plaisir des yeux et du coeur ! On y danse, on y chante, on observe les étoiles... et on se donne rendez-vous pour l'année d'après! Attention, pour tous ceux qui montent à pied, Il faut prévoir des lampes torches pour le retour !
N'hésitez pas à grimper sur le sommet de votre choix.

Mauleon Hitaborda : à partir de 19 h là haut avec votre pique-nique
Tardets La Madeleine : rendez-vous à 20 heures sur place avec votre pique-nique
Chéraute Gaztelaia : à partir de 20h, pique nique partagé sur place. Le parcours sera fléché (prendre direction Arambeaux). Montée de 10 minutes à pied. En cas de pluie, pique nique à l’auberge de Marie Jo Elichalt.
Libarrenx Xardeka : rendez-vous à la salle de Gotein à 19h pour les marcheurs, et à 19h45 pour ceux qui monteront en voiture (prévoir un pique-nique) et 10mn de marche pour arriver au sommet.
Esquiule Mandelü : Rendez-vous sur la place du village à 20 heures avec votre pique-nique
Barcus Ahargo : les gens peuvent venir avec leur pique-nique au sommet à partir de 20 heures. Ceux qui veulent monter plus tard ont rendez vous à 21 heures sur la route de Mauléon, au lieu dit Hamekako hegia.
Musculdy Saint Antoine : rendez-vous en haut à 21 heures, possibilité d’acheter des sandwiches et boissons sur place
Ordiarp Saint Grégoire : rendez-vous en haut avec votre pique-nique à partager
Ainharp Lapitzaga : rendez-vous à 20 heures, chacun apportant son repas
Salhagagne : rendez vous à 20 h sur la route de Bosmendieta avec le pique nique (10 à 15 mn de marche)

vendredi 10 juin 2011

Éclipse totale de Lune du mercredi 15 juin 2011

Le mercredi 15 juin prochain, notre satellite sera totalement éclipsé par la Terre. Spectacle à ne pas manquer, elle sera visible dans une grande partie de la France à un horaire pour une fois assez raisonnable !

Quand la Lune devient rousse

Au coucher de Soleil du 15 juin prochain vers 22h, c’est une Lune rouge qui émergera au-dessus de l’horizon. Pendant 1H40, elle sera entièrement cachée par la Terre. Autrement dit, elle sera pendant tout ce temps privée de la lumière provenant du Soleil. Cependant, elle sera quand même visible grâce à la réfraction de l’atmosphère terrestre, qui renvoie les rayons du Soleil sur le satellite. Celui-ci se teinte alors d’une couleur cuivrée, caractéristique des crépuscules terriens.Contrairement aux éclipses solaires, les éclipses de Lune ne posent pas de danger pour les yeux. Aucune protection particulière n’est nécessaire.

Pourquoi l’observer ?

L’intérêt de l’observation est de suivre le levé de Lune, sa progression de sortie de l’ombre, la voir passer de l’orangé vers le gris et regagner sa couleur. L’évènement peut être suivi dans tout le pays. Seule difficulté : choisir un horizon sud-est bien dégagé pour profiter du spectacle.

Comment l’observer ?

Au coucher du Soleil, la Lune se lèvera au-dessus de l’horizon sud-est, vers 22h, partiellement ou totalement éclipsée en fonction du lieu. Les conditions d’observations ne sont pas les mêmes selon l’endroit où vous vous trouvez. Au Sud, vous pourrez voir le disque lunaire achever son entrée dans l’ombre de la Terre alors que si vous êtes au Nord, la Lune se lèvera totalement éclipsée. Toutefois, toute la phase de centralité jusqu’aux alentours de 23h et la sortie de l’ombre peu après minuit seront observables. L’observation, par ailleurs, sera plus visible dans le sud car la Lune apparaîtra plus haut dans le ciel qu’ailleurs.

L’éclipse de Lune est visible à l’œil nu, mais si vous avez des jumelles servez-vous en pour plus de confort et voir reculer l’ombre de la Terre sur la surface lunaire. Vous pouvez également utiliser une lunette ou un télescope.

http://www.cafe-sciences.org/?p=4014

mardi 7 juin 2011

Ours, rapaces, loups, lynx : les chasseurs font la loi

Par Claude-Marie Vadrot

Sources : Politis

Avec l’annulation, le 31 mai, de la réintroduction dans le Béarn d’une femelle ours promise depuis des années, la faune sauvage vient de payer un nouveau tribut à la démagogie électorale. Tour d’horizon.

Dans le Béarn, cette zone des Pyrénées où ne survivent que deux mâles, l’ours est promis à une disparition très rapide. Piteuse explication de la ministre de l’Écologie : il s’agit de ne pas accroître les difficultés des éleveurs touchés par la sécheresse. Sauf que l’examen des cartes pluviométriques et de l’état des pâturages de montagne dans cette région montre que la situation des herbages est pratiquement normale. Une nouvelle fois, il s’agit de complaire au lobby des chasseurs et aux braillards de la FNSEA qui rêvent d’éliminer les quelques prédateurs survivant sur le territoire français. En oubliant qu’en 2010, d’après les chiffres du ministère de l’Écologie, 167 brebis ont été tuées - et remboursées aux bergers - par l’ours dans tout l’arc pyrénéen. Chiffre à rapprocher de deux autres : 600 000 brebis passent l’été dans les alpages des Pyrénées et près de 30 000 sont tuées par des chiens ou dans des accidents.

Il ne reste plus dans toutes les Pyrénées qu’une vingtaine d’ours discrètement pourchassés par les chasseurs qui ignorent volontairement la loi alors qu’il y a cinquante ans, il en restait environ 150. Empoisonnés, tués à coups de fusil ou chassés de leurs territoires par les équipements de sport d’hiver ou par l’ouverture de nouvelles pistes destinées à la sylviculture, ils ont peu à peu disparu. Aucun ministre de l’Écologie, depuis les années 1980, n’a réussi à obtenir quelques dizaines de milliers d’hectares réservés pour leur permettre de vivre en paix.

De la même façon, à la fin des années 1960, lorsque le parc national des Pyrénées fut créé, les aménageurs de la montagne et les associations de chasseurs avaient fait pression pour que les limites du parc n’englobent pas les espaces où vivaient encore de nombreux ours. Conséquence du manque de courage du législateur, le dernier ours brun aura disparu de France d’ici une vingtaine d’années, alors qu’il en subsiste plus d’une centaine en Italie dans les Abruzzes ou en Espagne. Là-bas, ces animaux sont protégés à la fois par le pouvoir politique et l’opinion publique. On peut aussi citer les 700 loups italiens et les 2 100 loups espagnols, à comparer aux 180 à 200 dénombrés en France.

Avec les autorisations données aux préfets de permettre aux bergers et aux chasseurs de tuer six loups en 2011, le pouvoir a également cédé à la tentation électorale alors que cet animal, venu d’Italie, n’a tué l’année dernier qu’environ 2 800 brebis (également remboursées). Par contre, selon les spécialistes et les associations d’éleveurs, le nombre des moutons tués par les chiens, errants ou fugitifs, dépasse 130 000 pour toute la France. Ce chiffre, même si l’on comprend que la vie des bergers ne soit pas facile et si l’on sait qu’ils sont en général sous-payés, relativise l’importance des dégâts commis par ce prédateur. Même remarque pour le lynx qui tente de survivre, malgré les tirs clandestins et les empoisonnements, dans le Jura et les Vosges où il a été réintroduit en 1983.

La France a de toute évidence des relations difficiles avec la nature sauvage, comme l’a montré l’échec de l’année de la biodiversité et les récents tirs contre de grands rapaces dans les Alpes et le Sud de la France. La proportion d’oiseaux, les petits comme les grands, menacés de disparition sur le territoire métropolitain est de 26 % des 568 espèces répertoriées. Les chiffres viennent d’être communiqués par la Ligue pour la protection des oiseaux et le Muséum national d’Histoire naturelle. Ces deux organismes rappellent dans le rapport publié que le chiffre mondial moyen est de 12 %. Des espèces emblématiques comme le milan royal sont systématiquement victimes d’appâts empoisonnés. En cause également : la poursuite d’un usage intensif des pesticides malgré les promesses du Grenelle de l’environnement et les drainages des zones humides pour y semer du maïs... qu’il faut arroser pour lutter contre la sécheresse. Ce qui a pour conséquence, dans de nombreuses régions, de diminuer le niveau des rivières où les céréaliers pompent souvent clandestinement de l’eau. Un ralentissement ou un tarissement du débit qui entraîne une forte mortalité des loutres, des castors et de tous les mammifères ou oiseaux inféodés à l’eau.

Pas une voix ne s’est élevée au parlement - sauf chez les Verts - pour protester contre les mesures anti-ours, anti-loups ou préjudiciables à l’avifaune. Le lobby des chasseurs fait la loi électorale. Dernière preuve : les 5 et 17 mai, à la demande de la Fédération des chasseurs, le Sénat et les députés, alors que le calendrier parlementaire est parait-il chargé, ont trouvé le temps de voter discrètement une proposition de loi sur « la modernisation du droit de chasse » qui revient à donner encore plus de droits aux chasseurs sur le milieu naturel et contre les autres usagers de la nature. Le score du scrutin laisse rêveur : 534 voix « pour » et 4 « contre » des dispositions qui mettent la vie sauvage en danger. Les animaux ne votent pas...

samedi 4 juin 2011

Eloge de la lenteur

texte reçu aujourd'hui dans ma boîte aux lettres.

Le manuel du bon usage de la lenteur propose d'échapper à la pression ambiante où action rime avec vitesse.

Que cela fait du bien d'entendre un autre son de cloche, de s'éloigner de la pression ambiante. Dans un bref essai chez Payot en 1998, Pierre Sansot, l'auteur des fameux " Gens de peu " nous offrait un manuel " Du bon usage de la lenteur ". Le propos en est tout simple, modeste et ambitieux à la fois : " ne pas nous oublier en chemin ". Il nous l'offre à une époque où, " ce qui est nouveau, c'est que l'agir apparaît aujourd'hui comme une valeur supérieure, comme si faute d'agir un individu s'exténuait et disparaissait. De ce fait, les rêveurs, ceux qui contemplent ou qui prient, qui aiment silencieusement ou qui se contentent du plaisir d'exister, dérangent et sont stigmatisés. "

De quel côté vous situez-vous ? Du côté des acteurs ou des rêveurs__, ou mieux encore, au bon milieu entre les deux ? Pour faire un pas de plus vers le vagabondage heureux, les pistes lancées sont évidentes…

- " Ecrire ou peindre ou danser ou produire des œuvres musicales - non point d'abord pour éprouver ses talents ou pour dire le monde ou pour aider ses semblables à donner un sens à leur vie, mais pour chercher à s'approcher de soi et ne pas " se louper " durant toute une existence ".

- S'adonner à l'art du peu. Et ce " n'est pas peu de chose. Il nécessite de l'ingéniosité, on n'a pas le droit à l'erreur, aux chutes, car le projet et les moyens préexistent à l'individu qui doit s'en satisfaire. Il manifeste une manière de vivre, de la sagesse, ne pas récriminer, ne pas demander la lune, tirer parti de ce que les circonstances nous offrent, ne pas regarder amèrement ceux qui se situent en haut de l'échelle sociale, mais procéder selon ses goûts et sa fortune avant d'éprouver la fierté d'avoir tenté. "

- Faire " le serment d'effleurer et non d'empoigner - et alors les êtres nous livreront ce qu'ils sont, ce qu'ils consentent à être, progressant vers nous à l'allure qui est la leur, parfois sur un mode vivace, parfois sur un mode lent ".

-" La lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide. Elle se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. "

-" l’envie de flâner sur des terres indécises que lenteur et célérité se disputent

-un procès instruit à l’encontre des infatigables qui accélèrent un processus déjà à l’œuvre et l’emballent. »

- " L’effleurement plutôt que l’affairement »

-" J’estime que vivre constitue, en ce qui me concerne, une chance, qui ne me sera pas accordée une seconde fois, dit-il : une chance non point parce que la vie nous fait des cadeaux et que sur une balance idéale la somme des plaisirs excéderait celle des peines, mais parce que je mesure à chaque instant la chance que j’ai d’être un vivant, d’accéder chaque matin à la lumière et chaque soir aux ombres, que les choses n’aient pas perdu leur éclat naissant et que j’aperçoive aussitôt l’esquisse d’un sourire, ou le début d’une contrariété sur un visage, bref que le monde me parle. "

Les penseurs, les idéologues reconnus ont opéré un glissement considérable. D’un exercice nécessaire à la constitution de notre personne, ils sont passés à un éloge de l’action, quelle qu’en soit la nature.

Son bonheur à lui qui se délecte de ces conseils ? " Me présenter comme un vivant face à la mort, ce serait la plus belle des fins ". Rien à ajouter.

Pierre Sansot, Du bon usage de la lenteur, Payot, 1998.