Le manuel du bon usage de la lenteur propose d'échapper à la pression ambiante où action rime avec vitesse.
Que cela fait du bien d'entendre un autre son de cloche, de s'éloigner de la pression ambiante. Dans un bref essai chez Payot en 1998, Pierre Sansot, l'auteur des fameux " Gens de peu " nous offrait un manuel " Du bon usage de la lenteur ". Le propos en est tout simple, modeste et ambitieux à la fois : " ne pas nous oublier en chemin ". Il nous l'offre à une époque où, " ce qui est nouveau, c'est que l'agir apparaît aujourd'hui comme une valeur supérieure, comme si faute d'agir un individu s'exténuait et disparaissait. De ce fait, les rêveurs, ceux qui contemplent ou qui prient, qui aiment silencieusement ou qui se contentent du plaisir d'exister, dérangent et sont stigmatisés. "
De quel côté vous situez-vous ? Du côté des acteurs ou des rêveurs__, ou mieux encore, au bon milieu entre les deux ? Pour faire un pas de plus vers le vagabondage heureux, les pistes lancées sont évidentes…
- " Ecrire ou peindre ou danser ou produire des œuvres musicales - non point d'abord pour éprouver ses talents ou pour dire le monde ou pour aider ses semblables à donner un sens à leur vie, mais pour chercher à s'approcher de soi et ne pas " se louper " durant toute une existence ".
- S'adonner à l'art du peu. Et ce " n'est pas peu de chose. Il nécessite de l'ingéniosité, on n'a pas le droit à l'erreur, aux chutes, car le projet et les moyens préexistent à l'individu qui doit s'en satisfaire. Il manifeste une manière de vivre, de la sagesse, ne pas récriminer, ne pas demander la lune, tirer parti de ce que les circonstances nous offrent, ne pas regarder amèrement ceux qui se situent en haut de l'échelle sociale, mais procéder selon ses goûts et sa fortune avant d'éprouver la fierté d'avoir tenté. "
- Faire " le serment d'effleurer et non d'empoigner - et alors les êtres nous livreront ce qu'ils sont, ce qu'ils consentent à être, progressant vers nous à l'allure qui est la leur, parfois sur un mode vivace, parfois sur un mode lent ".
-" La lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide. Elle se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. "
-" l’envie de flâner sur des terres indécises que lenteur et célérité se disputent
-un procès instruit à l’encontre des infatigables qui accélèrent un processus déjà à l’œuvre et l’emballent. »
- " L’effleurement plutôt que l’affairement »
-" J’estime que vivre constitue, en ce qui me concerne, une chance, qui ne me sera pas accordée une seconde fois, dit-il : une chance non point parce que la vie nous fait des cadeaux et que sur une balance idéale la somme des plaisirs excéderait celle des peines, mais parce que je mesure à chaque instant la chance que j’ai d’être un vivant, d’accéder chaque matin à la lumière et chaque soir aux ombres, que les choses n’aient pas perdu leur éclat naissant et que j’aperçoive aussitôt l’esquisse d’un sourire, ou le début d’une contrariété sur un visage, bref que le monde me parle. "
Les penseurs, les idéologues reconnus ont opéré un glissement considérable. D’un exercice nécessaire à la constitution de notre personne, ils sont passés à un éloge de l’action, quelle qu’en soit la nature.
Son bonheur à lui qui se délecte de ces conseils ? " Me présenter comme un vivant face à la mort, ce serait la plus belle des fins ". Rien à ajouter.
Que cela fait du bien d'entendre un autre son de cloche, de s'éloigner de la pression ambiante. Dans un bref essai chez Payot en 1998, Pierre Sansot, l'auteur des fameux " Gens de peu " nous offrait un manuel " Du bon usage de la lenteur ". Le propos en est tout simple, modeste et ambitieux à la fois : " ne pas nous oublier en chemin ". Il nous l'offre à une époque où, " ce qui est nouveau, c'est que l'agir apparaît aujourd'hui comme une valeur supérieure, comme si faute d'agir un individu s'exténuait et disparaissait. De ce fait, les rêveurs, ceux qui contemplent ou qui prient, qui aiment silencieusement ou qui se contentent du plaisir d'exister, dérangent et sont stigmatisés. "
De quel côté vous situez-vous ? Du côté des acteurs ou des rêveurs__, ou mieux encore, au bon milieu entre les deux ? Pour faire un pas de plus vers le vagabondage heureux, les pistes lancées sont évidentes…
- " Ecrire ou peindre ou danser ou produire des œuvres musicales - non point d'abord pour éprouver ses talents ou pour dire le monde ou pour aider ses semblables à donner un sens à leur vie, mais pour chercher à s'approcher de soi et ne pas " se louper " durant toute une existence ".
- S'adonner à l'art du peu. Et ce " n'est pas peu de chose. Il nécessite de l'ingéniosité, on n'a pas le droit à l'erreur, aux chutes, car le projet et les moyens préexistent à l'individu qui doit s'en satisfaire. Il manifeste une manière de vivre, de la sagesse, ne pas récriminer, ne pas demander la lune, tirer parti de ce que les circonstances nous offrent, ne pas regarder amèrement ceux qui se situent en haut de l'échelle sociale, mais procéder selon ses goûts et sa fortune avant d'éprouver la fierté d'avoir tenté. "
- Faire " le serment d'effleurer et non d'empoigner - et alors les êtres nous livreront ce qu'ils sont, ce qu'ils consentent à être, progressant vers nous à l'allure qui est la leur, parfois sur un mode vivace, parfois sur un mode lent ".
-" La lenteur ne signifie pas l’incapacité d’adopter une cadence plus rapide. Elle se reconnaît à la volonté de ne pas brusquer le temps, de ne pas se laisser bousculer par lui, mais aussi d’augmenter notre capacité d’accueillir le monde et de ne pas nous oublier en chemin. "
-" l’envie de flâner sur des terres indécises que lenteur et célérité se disputent
-un procès instruit à l’encontre des infatigables qui accélèrent un processus déjà à l’œuvre et l’emballent. »
- " L’effleurement plutôt que l’affairement »
-" J’estime que vivre constitue, en ce qui me concerne, une chance, qui ne me sera pas accordée une seconde fois, dit-il : une chance non point parce que la vie nous fait des cadeaux et que sur une balance idéale la somme des plaisirs excéderait celle des peines, mais parce que je mesure à chaque instant la chance que j’ai d’être un vivant, d’accéder chaque matin à la lumière et chaque soir aux ombres, que les choses n’aient pas perdu leur éclat naissant et que j’aperçoive aussitôt l’esquisse d’un sourire, ou le début d’une contrariété sur un visage, bref que le monde me parle. "
Les penseurs, les idéologues reconnus ont opéré un glissement considérable. D’un exercice nécessaire à la constitution de notre personne, ils sont passés à un éloge de l’action, quelle qu’en soit la nature.
Son bonheur à lui qui se délecte de ces conseils ? " Me présenter comme un vivant face à la mort, ce serait la plus belle des fins ". Rien à ajouter.
Pierre Sansot, Du bon usage de la lenteur, Payot, 1998.
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