Sources : Politis
Avec l’annulation, le 31 mai, de la réintroduction dans le Béarn d’une femelle ours promise depuis des années, la faune sauvage vient de payer un nouveau tribut à la démagogie électorale. Tour d’horizon.
Dans le Béarn, cette zone des Pyrénées où ne survivent que deux mâles, l’ours est promis à une disparition très rapide. Piteuse explication de la ministre de l’Écologie : il s’agit de ne pas accroître les difficultés des éleveurs touchés par la sécheresse. Sauf que l’examen des cartes pluviométriques et de l’état des pâturages de montagne dans cette région montre que la situation des herbages est pratiquement normale. Une nouvelle fois, il s’agit de complaire au lobby des chasseurs et aux braillards de la FNSEA qui rêvent d’éliminer les quelques prédateurs survivant sur le territoire français. En oubliant qu’en 2010, d’après les chiffres du ministère de l’Écologie, 167 brebis ont été tuées - et remboursées aux bergers - par l’ours dans tout l’arc pyrénéen. Chiffre à rapprocher de deux autres : 600 000 brebis passent l’été dans les alpages des Pyrénées et près de 30 000 sont tuées par des chiens ou dans des accidents.
Il ne reste plus dans toutes les Pyrénées qu’une vingtaine d’ours discrètement pourchassés par les chasseurs qui ignorent volontairement la loi alors qu’il y a cinquante ans, il en restait environ 150. Empoisonnés, tués à coups de fusil ou chassés de leurs territoires par les équipements de sport d’hiver ou par l’ouverture de nouvelles pistes destinées à la sylviculture, ils ont peu à peu disparu. Aucun ministre de l’Écologie, depuis les années 1980, n’a réussi à obtenir quelques dizaines de milliers d’hectares réservés pour leur permettre de vivre en paix.
De la même façon, à la fin des années 1960, lorsque le parc national des Pyrénées fut créé, les aménageurs de la montagne et les associations de chasseurs avaient fait pression pour que les limites du parc n’englobent pas les espaces où vivaient encore de nombreux ours. Conséquence du manque de courage du législateur, le dernier ours brun aura disparu de France d’ici une vingtaine d’années, alors qu’il en subsiste plus d’une centaine en Italie dans les Abruzzes ou en Espagne. Là-bas, ces animaux sont protégés à la fois par le pouvoir politique et l’opinion publique. On peut aussi citer les 700 loups italiens et les 2 100 loups espagnols, à comparer aux 180 à 200 dénombrés en France.
Avec les autorisations données aux préfets de permettre aux bergers et aux chasseurs de tuer six loups en 2011, le pouvoir a également cédé à la tentation électorale alors que cet animal, venu d’Italie, n’a tué l’année dernier qu’environ 2 800 brebis (également remboursées). Par contre, selon les spécialistes et les associations d’éleveurs, le nombre des moutons tués par les chiens, errants ou fugitifs, dépasse 130 000 pour toute la France. Ce chiffre, même si l’on comprend que la vie des bergers ne soit pas facile et si l’on sait qu’ils sont en général sous-payés, relativise l’importance des dégâts commis par ce prédateur. Même remarque pour le lynx qui tente de survivre, malgré les tirs clandestins et les empoisonnements, dans le Jura et les Vosges où il a été réintroduit en 1983.
La France a de toute évidence des relations difficiles avec la nature sauvage, comme l’a montré l’échec de l’année de la biodiversité et les récents tirs contre de grands rapaces dans les Alpes et le Sud de la France. La proportion d’oiseaux, les petits comme les grands, menacés de disparition sur le territoire métropolitain est de 26 % des 568 espèces répertoriées. Les chiffres viennent d’être communiqués par la Ligue pour la protection des oiseaux et le Muséum national d’Histoire naturelle. Ces deux organismes rappellent dans le rapport publié que le chiffre mondial moyen est de 12 %. Des espèces emblématiques comme le milan royal sont systématiquement victimes d’appâts empoisonnés. En cause également : la poursuite d’un usage intensif des pesticides malgré les promesses du Grenelle de l’environnement et les drainages des zones humides pour y semer du maïs... qu’il faut arroser pour lutter contre la sécheresse. Ce qui a pour conséquence, dans de nombreuses régions, de diminuer le niveau des rivières où les céréaliers pompent souvent clandestinement de l’eau. Un ralentissement ou un tarissement du débit qui entraîne une forte mortalité des loutres, des castors et de tous les mammifères ou oiseaux inféodés à l’eau.
Pas une voix ne s’est élevée au parlement - sauf chez les Verts - pour protester contre les mesures anti-ours, anti-loups ou préjudiciables à l’avifaune. Le lobby des chasseurs fait la loi électorale. Dernière preuve : les 5 et 17 mai, à la demande de la Fédération des chasseurs, le Sénat et les députés, alors que le calendrier parlementaire est parait-il chargé, ont trouvé le temps de voter discrètement une proposition de loi sur « la modernisation du droit de chasse » qui revient à donner encore plus de droits aux chasseurs sur le milieu naturel et contre les autres usagers de la nature. Le score du scrutin laisse rêveur : 534 voix « pour » et 4 « contre » des dispositions qui mettent la vie sauvage en danger. Les animaux ne votent pas...
Dans le Béarn, cette zone des Pyrénées où ne survivent que deux mâles, l’ours est promis à une disparition très rapide. Piteuse explication de la ministre de l’Écologie : il s’agit de ne pas accroître les difficultés des éleveurs touchés par la sécheresse. Sauf que l’examen des cartes pluviométriques et de l’état des pâturages de montagne dans cette région montre que la situation des herbages est pratiquement normale. Une nouvelle fois, il s’agit de complaire au lobby des chasseurs et aux braillards de la FNSEA qui rêvent d’éliminer les quelques prédateurs survivant sur le territoire français. En oubliant qu’en 2010, d’après les chiffres du ministère de l’Écologie, 167 brebis ont été tuées - et remboursées aux bergers - par l’ours dans tout l’arc pyrénéen. Chiffre à rapprocher de deux autres : 600 000 brebis passent l’été dans les alpages des Pyrénées et près de 30 000 sont tuées par des chiens ou dans des accidents.
Il ne reste plus dans toutes les Pyrénées qu’une vingtaine d’ours discrètement pourchassés par les chasseurs qui ignorent volontairement la loi alors qu’il y a cinquante ans, il en restait environ 150. Empoisonnés, tués à coups de fusil ou chassés de leurs territoires par les équipements de sport d’hiver ou par l’ouverture de nouvelles pistes destinées à la sylviculture, ils ont peu à peu disparu. Aucun ministre de l’Écologie, depuis les années 1980, n’a réussi à obtenir quelques dizaines de milliers d’hectares réservés pour leur permettre de vivre en paix.
De la même façon, à la fin des années 1960, lorsque le parc national des Pyrénées fut créé, les aménageurs de la montagne et les associations de chasseurs avaient fait pression pour que les limites du parc n’englobent pas les espaces où vivaient encore de nombreux ours. Conséquence du manque de courage du législateur, le dernier ours brun aura disparu de France d’ici une vingtaine d’années, alors qu’il en subsiste plus d’une centaine en Italie dans les Abruzzes ou en Espagne. Là-bas, ces animaux sont protégés à la fois par le pouvoir politique et l’opinion publique. On peut aussi citer les 700 loups italiens et les 2 100 loups espagnols, à comparer aux 180 à 200 dénombrés en France.
Avec les autorisations données aux préfets de permettre aux bergers et aux chasseurs de tuer six loups en 2011, le pouvoir a également cédé à la tentation électorale alors que cet animal, venu d’Italie, n’a tué l’année dernier qu’environ 2 800 brebis (également remboursées). Par contre, selon les spécialistes et les associations d’éleveurs, le nombre des moutons tués par les chiens, errants ou fugitifs, dépasse 130 000 pour toute la France. Ce chiffre, même si l’on comprend que la vie des bergers ne soit pas facile et si l’on sait qu’ils sont en général sous-payés, relativise l’importance des dégâts commis par ce prédateur. Même remarque pour le lynx qui tente de survivre, malgré les tirs clandestins et les empoisonnements, dans le Jura et les Vosges où il a été réintroduit en 1983.
La France a de toute évidence des relations difficiles avec la nature sauvage, comme l’a montré l’échec de l’année de la biodiversité et les récents tirs contre de grands rapaces dans les Alpes et le Sud de la France. La proportion d’oiseaux, les petits comme les grands, menacés de disparition sur le territoire métropolitain est de 26 % des 568 espèces répertoriées. Les chiffres viennent d’être communiqués par la Ligue pour la protection des oiseaux et le Muséum national d’Histoire naturelle. Ces deux organismes rappellent dans le rapport publié que le chiffre mondial moyen est de 12 %. Des espèces emblématiques comme le milan royal sont systématiquement victimes d’appâts empoisonnés. En cause également : la poursuite d’un usage intensif des pesticides malgré les promesses du Grenelle de l’environnement et les drainages des zones humides pour y semer du maïs... qu’il faut arroser pour lutter contre la sécheresse. Ce qui a pour conséquence, dans de nombreuses régions, de diminuer le niveau des rivières où les céréaliers pompent souvent clandestinement de l’eau. Un ralentissement ou un tarissement du débit qui entraîne une forte mortalité des loutres, des castors et de tous les mammifères ou oiseaux inféodés à l’eau.
Pas une voix ne s’est élevée au parlement - sauf chez les Verts - pour protester contre les mesures anti-ours, anti-loups ou préjudiciables à l’avifaune. Le lobby des chasseurs fait la loi électorale. Dernière preuve : les 5 et 17 mai, à la demande de la Fédération des chasseurs, le Sénat et les députés, alors que le calendrier parlementaire est parait-il chargé, ont trouvé le temps de voter discrètement une proposition de loi sur « la modernisation du droit de chasse » qui revient à donner encore plus de droits aux chasseurs sur le milieu naturel et contre les autres usagers de la nature. Le score du scrutin laisse rêveur : 534 voix « pour » et 4 « contre » des dispositions qui mettent la vie sauvage en danger. Les animaux ne votent pas...
1 commentaire:
Claude-Marie, qui est allé voir comme moi ce qui se passe dans les monts Cantabriques, devrait sans doute venir en Ariège
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