J’ai lu que l’UMP, suite aux positions autonomistes d’Eva Joly, craint de voir le territoire français disloqué. L’UMP dénonce les propos de la candidate écolo à la présidentielle qui dévoilerait, je cite : « une vision dans laquelle la France disparaîtrait dans un conglomérat de régions européennes semi-autonomes, inégales en taille et en richesses, peuplées d'habitants séparés par d'innombrables barrières linguistiques". Ah ! Je la vois là, la France avec son grand F majuscule, sa soif de puissance et de grandeur ! Ah ! Qu’il était doux le temps des colonies, le temps où la France était la fille ainée de l’église, jusqu’au bout de ses ongles incarnés, où elle faisait ses essais nucléaires loin, loin de la France, chez les indigènes…Mais toujours en France, quand même ! Ce temps béni où on luttait sans arrières pensées contre l’ennemi intérieur et extérieur.
Eh bien moi, je suis favorable à un conglomérat de régions européennes autonomes, inégales en taille mais égales en droits, peuplé d'habitants reliés par d'innombrables fenêtres linguistiques et unis pas la même envie d’être humain. Car une langue n’est jamais une barrière et c’est une infamie que de proclamer cela. La France ne perdrait rien à devenir une belle région. Elle ravalerait toutes les valeurs déliquescentes qui ont entaché son histoire : la soif de puissance et la grandeur qui ne sont au final que des facteurs de guerre, de destruction, d’ethnocide, d’écocide et de génocide. Cette soif de puissance et de grandeur qui continue à suer dans les propos de l’UMP.
Je lisais dans le journal Sud-Ouest qu’abertzale et écolos partiraient ensemble pour un siège au sénat. Non pas tous les abertzale. Car le parti Batasuna ne veut pas - je cite Sud-Ouest - « nouer des alliances avec d’autres formations politiques qui, à ses yeux, n’auraient pas forcément les mêmes priorités ». En admettant que ce n’est pas le journaliste qui a mal retranscrit les propos de Batasuna. Alors ce serait une totale négation des différences que de prétendre qu’il puisse y avoir des priorités en politique. C’est une question que je me pose depuis très longtemps. Faut-il avoir des priorités en politique ? Je suis écolo, est-ce que je considère que le sort des prisonniers politiques basques, celui de l’euskara, celui des chômeurs en fin de droit, celui des ouvriers n’est pas prioritaire ? Non ! Je pense qu’il n’y a pas de priorité en politique. La politique n’est pas une entreprise ou un commerce où il faut veiller aux priorités pour la bonne marche de l’établissement. A mon avis, ce qui manque en politique ce sont les militants pour lutter partout et en nombre dans les syndicats, les associations, les partis politiques, les mouvements, les comités de quartier. Que Batasuna dise clairement qu’il n’a pas envie de se fourvoyer avec des écolos qui ont pris la décision de coopérer avec d’autres partis. Qu’il dise surtout qu’on est bien, tout seul, pour mettre ses idées en carré et se flagorner tranquillement en famille, ce serait plus juste. Batasuna ne veut pas nouer d’alliance avec d’autres formations politiques, point. C’est suffisant. Pas à se justifier.
Mais qu’on ne me dise pas que le sort de l’ours et du gypaète, que le combat contre la corrida, les problèmes liés au nucléaire civil et militaire, le cancer, le dérèglement climatique, le sort du loup, du lynx ne sont pas des priorités. Il n’y a pas de priorités en politique, par contre il y a des nœuds qui sont dans la chair et qui font que l’individu est habité et il ne pourra en être autrement. Jean Ferrat a onze ans lorsque son père, juif non pratiquant, est enlevé aux siens, séquestré au camp de Drancy puis déporté à Auschwitz. Il sera communiste. Raoni du peuple kayapo voit sa terre envahie et détruite par les blancs, il sera écologiste. Et on sait ici que la torture, la répression, la négation d’une culture font qu’il y aura toujours des abertzale. Et c’est heureux. Chacun son nœud.
Mais personnellement mon nœud écolo m’interdit de dire que la survie de l’ours dans les Pyrénées est plus importante que le sort des prisonniers politiques basques, que le sort des prisonniers est moins important que le problème des retraites, que celui des retraites est plus important que celui des paysans… etc Je ne veux pas participer à une hiérarchisation des luttes qui nous pousse tous à la division.
5 commentaires:
Oui, il ne faut surtout pas hiérarchiser les luttes, il faut juste que toutes se rejoignent dans une vague immense.
Mutualisons, bordel, mutualisons !
Oui, sauf que dans la pratique, c'est moins évident de "mutualiser", dans la mesure où mon combat ne sera pas forcément le vôtre (et vice versa).
Voir pour exemple les 24 commentaires sous l'article du Rallye des cimes.
Chacun a l'impression de faire quelque chose pour la Soule :
- nous en tirant à boulets rouges sur le rallye des cimes pollueur, mauvais exemple pour les pays en voie de développement que "ce loisir pétaradant et prétentieux", etc.
- Les tenants du Rallye parce qu'ils font vivre les commerçants pendant 3 jours, et distillent "du rêve" dans les vies des toujours nombreux spectateurs...
Pourtant, si le but final de chacun est de "faire du bien à la Soule", les moyens sont diamétralement opposés. De notre point de vue, nous réfléchissons sur le long terme, et eux sur le court terme. De leur point de vue, ils réfléchissent sur le long terme, et c'est nous qui avons les idées courtes...
Mutualiser les combats ne sera JAMAIS possible dans ce cas là, car... Nous n'avons pas les mêmes priorités, pas les mêmes valeurs.
En même temps, je trouve bien qu'on soit différents et qu'on l'assume, au risque de déplaire. La vie serait chiante à mourir, sinon!
Pour résumer, c'est l'éternel seuil de tolérance entre compromis et compromission, que chacun d'entre nous a placé différemment des autres, en fonction de son éducation, de ses goûts et opinions, et de son expérience de la vie.
Tu as raison Etienne.
Il y a les bonnes luttes et les autres.
Ne mutualisons que les premières, évidemment.
C'est effectivement une question de valeurs, comme tu le dis.
c'est bien dommage Laurent que tu fasses l'analyse politique du pays basque en lisant Sud ouest, sache cependant que c'est pas à cause de la peur des écolos que Batasuna ne les a pas soutenu aux sénatoriales, enfin tu le sais aussi bien que moi
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