mardi 8 février 2011

Hartz xiberotarra ! L'ours souletin !

La photographie provient du site internet de Christian Laborde

Je prends ma plume pour dire combien je trouve pitoyable les positions de la Fédération Nationale des Syndicats d’Exploitants Agricoles (FNSEA), mais plus encore celles Euskal Herriko Laborarien Batasuna (ELB). Selon les dernières nouvelles, il paraîtrait que les deux syndicats auraient manifesté ensemble contre la réintroduction d’ours dans les Pyrénées. Je n’ose même pas imaginer la photo ! La honte, ELB et la FNSEA ! Attendez, j’ai un doute ! Ils n’ont pas manifesté à Pau, quand même, auprès de Jean Lassalle, le destructeur de la vallée d’Aspe et de Philippe Lacube responsable de l’Addip, éleveur ariégeois habité par la haine de l’ours, qui menace de partir en guerre et de réveiller les milices rurales ?
Pour la FNSEA. Je ferai court. Ils sont fidèles à eux-mêmes, c’est-à-dire de bons petits soldats de la destruction de l’agriculture, de la culture et de la nature. La totale en fait. Des militaires n’auraient pas fait mieux en matière de transformation radicale de l’espace, de notre conscience de la terre et de nos têtes. Ils sont fidèles à eux-mêmes, je ne suis pas surpris.

Je suis largement plus désolé du discours d’ELB, qui se range aujourd’hui assez clairement du côté de ces anti-ours primaires.

ELB déclare qu’ « avant d’introduire de nouveaux ours il y a beaucoup à faire ». Bien sur, c’est ce qu’on dit quand un sujet ne nous intéresse pas. En langage rugbystique ça veut dire : « botter en touche ». C’est comme ça d’ailleurs qu’à Mauléon-Licharre, pendant des décennies, les chiens errants étaient enfermés dans des cages dans lesquelles ils pouvaient à peine bouger et qu’au bout de quelques jours, si personne ne les réclamait, ils prenaient tout bonnement une balle dans le crâne. Jusqu’au jour où une emmerdeuse (en l’occurrence c’est « une » désolé) arrive et commence à mettre son nez dans ce genre d’affaire… « Mais vous ne trouvez pas qu’avant de s’occuper des chiens, il y a beaucoup à faire ? ». Sans blague ! Nous devrions nous justifier constamment de penser que « humanisme », ça ne veut pas dire « aimer que des humains ».

Avant ! Avant ! Avant ! Tout ça sonne bon le corporatisme. Et ça sent l’homme devant, l’anthropocentrisme toujours, jusqu’au néant total. Allons jusqu’au bout de la logique. Et pourquoi pas la disparition de toutes les espèces qui gênent ? Quel beau signal nous donnons à tous ces peuples, notamment nos ami(e)s africain(e)s dont les difficultés économiques, politiques, sociales et autres dépassent largement les nôtres. « Avant de vous occuper de vos tigres, vos gorilles, vos girafes, vos lions, il y a beaucoup à faire ! » Qu’en dites vous ? Voilà un magnifique boulevard pour un écocide mondialisé et légitimé par la belle Europe donneuse de leçons. Quelle honte mais quelle honte !

« Avant de s’attaquer à la problématique de l’ours, il y a bien des chantiers à mener » nous explique ELB. Avant, avant, avant. Cela fait combien de décennies que l’on entend cela, alors que la dernière ourse de souche pyrénéenne, Camille a disparu, alors que la population des ours continue à décliner et serait réduite à néant dans les Pyrénées si les renforcements n’avaient pas eu lieu, alors que l’occupation humaine n’en finit pas de grignoter l’espace depuis des décennies … ELB pousse le cynisme jusqu’à décréter que « l’ours n’est plus en danger ! ». Est-ce du cynisme, de l’indifférence, du mépris ? Ou carrément tout ensemble !

Quand je pense qu’il y a encore peu de temps, hartza était considéré comme notre ancêtre. Quand je pense que pendant des siècles nous avons fêté la sortie de sa tanière avec la Chandelours et qu’il était considéré comme le roi des animaux ! Notre mémoire est-elle si courte ? Sa disparition nous fait-elle si peu frémir ?

Le 4 février à Saint Jean de Luz, il paraît que nous fêtions Hartzaren eguna. A Mauléon le 18 juin nous fêterons Eüskaren egüna. Espérons que, si certains admettent facilement une journée de l’ours sans ours, il n’y ait pas une journée de l’euskara, sans euskara… La honte ! Ça la foutrait sérieusement mal non ?

Laurent CAUDINE
alias Lurbeltz

Cet article est passé ce matin dans la rubrique opinion du Journal du Pays-Basque


20 commentaires:

Etienne H. BOYER a dit…

Je partage ce très beau parallèle entre la sauvegarde de l'ours et celle de l'Euskara sur Twitter...

Lurbeltz a dit…

Super... Bon sinon, je crois que je vais changer le titre de mon blog et l'appeler Hartz xiberotarra ! 3 ème post à la suite consacré à cet animal. Je ne suis plus que souletin, à partir d'aujourd'hui et eu égard à tout ce que j'entends et lis en ce moment, je suis à présent ours souletin et j'entre en résistance animale.
effectivement je fais souvent ce parallèle avec l'euskara, car je crois qu'ici beaucoup ont une conscience de la lutte hémiplégique. Mais bon, ça fera l'objet d'un nouveau post !

Etienne H. BOYER a dit…

Ben disons que je ne concevrais pas qu'on puisse vouloir sauver l'Euskara et lutter activement contre le réchauffement climatique, et que dans le même temps l'on adhère publiquement aux revendications iniques et intolérables des anti-ours... (Mais l'inverse serait aussi vraie!)
ça me paraitrait totalement illogique.

Disons -pour être plus précis- que si jamais j'avais un copain qui faisait un truc pareil, et que par le plus grand des hasards il se présentait à des élections locales, je n'appellerai pas à voter pour lui. Ce serait totalement contre mes idées!

jenofa a dit…

Nous somme tous des Ours Slovènes et des Aurore Martin.

Lurbeltz a dit…

mmh ! Je crois que ce n'est pas évident pour tout le monde ça !

jenofa a dit…

Raison de + pour le marteler.

Lurbeltz a dit…

Tiens mon papier est aussi passé sur : http://www.paysbasqueinfo.com/
Lire aussi le com de Laborantza Ganbara et en intégralité celui d'ELB

Allande a dit…

N'en déplaise à Etienne, on peut être pour l'Eüskara, le réchauffement climatique et... contre la procédure actuelle de réintroduction de l'ours.
Quant à moi, je suis pour le rapprochement des ours des monts cantabriques avec les Pyrénees. Mais à la vitesse à laquelle dérivent les plaques, il va falloir que j'attende encore quelques millions d'années !

jenofa a dit…

On peut être pour le réchauffement climatique?

Lurbeltz a dit…

Ah Ah ! Allande, je pense que tu as écrit un peu vite, dans la colère non ? Pour un prochain bloga bloga, je vais annoncer que j'ai la preuve formelle que tu es pour le réchauffement climatique. Hi hi

jenofa a dit…

Ne sois pas trop dur quand-même. Nous avons tous nos faiblesses. Allande est peut-être tout simplement un grand frileux.

Etienne H. BOYER a dit…

Comme je te disais par mail, Allande, je suis d'accord, la procédure actuelle est probablement perfectible. Il n'empêche qu'elle a le mérite d'exister, et que c'est la seule! Les ours des Cantabriques seraient effectivement les plus proches de ceux des Pyrénées, seulement il n'y aurait qu'une population de 50 individus. Ce qui fait que les Espagnols ne souhaitent pas prélever dans leurs ours pour renflouer les nôtres.

Mais bon... La question n'est pas là. Les Anti-Ours primaires, ce qu'ils veulent, c'est PAS D'OURS DU TOUT dans LEURS Pyrénées, Qu'ils soient des Cantabriques, des rocheuses US, ou de Slovénie, point barre! Donc signer une pétition émanant d'un de ces groupuscules qui n'hésitent jamais à employer des méthodes illégales (fusillade contre le fauve, saccage de mairies contre les élus récalcitrants) pour arriver à leurs fins, c'est leur signer un chèque en blanc pour maintenant, et pour le futur...

Enfin c'est comme ça que je le vois.

jenofa a dit…

C'est plus que leur donner un chèque en blanc.
C'est leur donner une légitimité qu'ils n'ont pas.On n'a pas tous les droits parce que l'on est né quelque part. D'autant que certains, qui sont nés aussi quelque part, pensent différemment mais n'osent le dire, tant est forte la pression terroriste de ces brutes épaisses.

Lurbeltz a dit…

Ce qui me choque dans tout ça c'est le manque d'amour. Tout simplement. L'amnésie totale qui nous a fait oublier que l'ours autrefois était une partie de nous comme le restant de la nature sauvage, de la montagne, des forêts. J'ai l'impression qu'aujourd'hui les éleveurs ont la même maladie que partout, celle de la séparation d'avec la nature, celle de l'exploitation de la nature et uniquement ça. Peut-être que pour les urbains, l'ours est "bel animal", un nounours... Et ils en ricanent, ceux de l'ADEB. Mais pour ces éleveurs, ici, l'ours n'est plus rien, et ça c'est la fin de tout. Moi ça ne me fait pas rire.
Les mots employés, le vocabulaire, le manque de nuances, jusqu'à la haine pour certains... C'est bien triste. Parce que l'ours, là est le symbole de la nature sauvage et libre. Et ça, je sais qu'en ce moment ça fait chier certains qu'il ait ce statut-là et qu'il soit un symbole.
Autre truc qui me choque, c'est le sentiment chez les éleveurs que maintenant ils sont légitimes dans le désir de vivre sans nature sauvage, sans prédateur. Car au delà il y a le lynx, le renard, le loup...Autrefois on ne se posait pas la question, on vivait dedans. Maintenant qu'on a appris à vivre dehors on veut fermer la barrière et "nettoyer". On appelle ça une contrainte.

jenofa a dit…

Le Taureau injustement appelé de combat, demande à bénéficier du statut de réfugié dans la zone à Ours, au royaume du Dragon vert.
A charge de revanche.

Lurbeltz a dit…

Maiiis évidemment ! Tous les animaux qui sont harcelés sont les bienvenues ici.

Etienne H. BOYER a dit…

Même le frelon asiatique?

Lurbeltz a dit…

Non faut exagérer ! Les frelons asiatiques ils viennent manger le pain des abeilles françaises de souche.
N'empêche c'est un vrai problème et un sacré cas de conscience ce frelon asiatique non ? Bon en même temps, l'espèce n'est pas menacé, ce qui n'est pas le cas de l'abeille ou de l'ours, du loup ou du lynx.
Après question animal harcelé, euh ! Par exemple, je ne parle pas de MAM... Même s'il n'y a qu'un exemplaire sur terre. Mince, comment ça s'appelle ces animaux qui vivent aux crochets d'un autre ?

Etienne H. BOYER a dit…

Une sangsue? Un parasite? une mycose? J'y suis : on appelle ça un cancer!

jenofa a dit…

Un parasite. Ca existe aussi en politique. Tu veux des noms?