Un petit texte que j'ai écrit pour l'émission radio Bloga-bloga de ce mois-ci consacrée à l'éducation. Ecoutez la dernière émission ici : http://blogaemankizuna.blogspot.com/
Petit gredin, petit vaurien ! Tes désirs sont désordre.
Pour la société, aimer la liberté, la vie, chercher à embrasser son désir à pleine bouche, lui rouler des pelles, ça s’appelle forcément le désordre, la subversion. Alors ! Soyez désordre, vie, liberté et subversion.
Aux enfants qui nous écoutent. Montez sur les tables comme le prof dans le cercle des poètes disparus. Et de là-haut regardez comme il fait bon, comme c’est beau, et comme c’est différent tout à coup. On voit le pic d’Orhy, on aperçoit l’étoile du berger la nuit, une lueur, un vieillard, un chêne qui à tracé ses branches depuis des lustres autour de cet espace inconnu où l’on voit en général tout ce que nous ne voulons pas voir, parce que nous avons peur de nous même. On peut aussi monter sur une téloche. Même branchée pendant qu’elle jacte, on s’en fout. L’important, c’est être debout sur quelque chose de dur, de froid et d’immobile. Là on est bien.
Aux enfants qui nous écoutent. N’obéissez jamais. Le mot obéir n’a aucun sens. De deux choses l’une. L’autre c’est le soleil. Soit tu fais quelque chose qui te plait alors tu n’obéis pas, tu écoutes ton cœur, ton désir, la vie dedans toi. Pour savoir ça les enfants n’ont pas besoin de méditation ni de fermer les yeux. Les enfants sont désir et puissance d’exister en entier de la plante des pieds au bout des cheveux. Le cœur et le corps des enfants sont inaliénables c’est eux les maîtres. Adultes, enseignants, parents, à genou. Souriez à dieu il est là. Faites pénitence pardonnez à ceux qui nous ont offensé. Notre Père, qui êtes aux cieux reste-z-y. Et nous nous resterons sur la terre Qui est quelquefois si jolie.
Donc de deux choses soleil, l’autre c’est la lune : soit tu fais ce que tu comprends, alors tu n’obéis pas, tu t’obéis à toi au final. Et si les adultes dans ce final pensent que tu leur obéis, tant mieux. Petits, soyez patient avec les adultes, soyez indulgent avec leur rudesse légendaire de trouillards. Laissez les se berner un temps. Ils ont du mal à devenir eux-mêmes, ils mettent un masque et ne savent plus à qui ils parlent. Soyez indulgent, faites le tri dans leurs embrouillaminis, faites votre marché et n’oubliez pas que oui et non ont un sens comme ombre et lumière, yin et yang.
Aux enfants qui nous écoutent. Si on vous dit quelque chose que votre cœur ou votre corps ne comprend pas, refusez. Surtout ne pas obéir. A ce moment-là est venu le temps de la révolte. Ne vous laissez pas influencer par les discours lénifiants des adultes, mordez, crachez, vitupérez, montez sur la table ou autre objet dur, froid et immobile. Vos désirs sont désordre.
Prenez le mot obéir, tendez-le au dessus de la foule, sans l’humilier et criez bien à la cantonade que ce mot n’est là que pour le regarder avec bienveillance comme on regarde une antiquité délicatement posée dans les lignes d’un vieux dictionnaire de 1932. Un poète le retrouvera dans 10000 ans et lui donnera une nouvelle signification. Attention ce mot s’autodétruira dans 20 secondes.
Je suis un échec scolaire. C’est mon étoile jaune, mon stigmate, ma plaie, mon eczéma. Depuis je me gratte, ça me gratte. Je suis « échec scolaire » comme on est PD, homotextuel comme dirait mon copain Nicolas, écolo-pink-floyd, poète, gitan, Bicot, negro, youpin, ours dans les Pyrénées, indien en Amérique, républicain en Espagne, basque au Pays-Basque, au mauvais moment, au mauvais endroit et ça me gratte où je suis moi. Coupable d’être moi.
C’est lui, l’échec scolaire. Il doit se remettre en question. Il doit plier et renoncer à son désir d’être lui-même et de boire à la source de la liberté et de grandir au pied de la fontaine magique de la vie.
L’école, fichée au cou de la société. Celle là même, pliée au pied de la nécronomie libérale, glissant le long des autoroutes de la pensée et du bitume, finissant en cavale dans les petites boites que chantaient Graeme Allwright. Il convient d’accroitre sa compétitivité. Tu pèses combien de notes, tu as combien de kilos de connaissances dans ta caboche, petit gredin, petit vaurien.
En maternelle, déjà, on apprend aux enfants ce qui est vrai et ce qui est faux, ce qu’ils doivent aimer, suivre un programme taillé aux quatre côtés et puis corriger les désirs sauvages qui vont dans tous les sens que diable ! Tu vas me ranger ce désir, petit gredin, petit vaurien.
En maternelle, déjà les adultes montés sur leur estrade, courroucés de certitudes lancent des ordres, petits soldats cachés derrière leurs créneaux. Tiens un boulet dans la gueule, tiens de l’huile bouillante. Tiens une flèche dans le cœur de ce désir mutin !
Aux enfants qui nous écoutent. N’obéissez jamais ! Soyez désordre.
J’en appelle aux artistes, j’en appelle aux poètes, j’en appelle à la nature, aux ours et aux loups, aux sauvages qui ensemencent la plaine, aux nuisibles qui ne répondent pas au questionnaire de l’éducation nationale.
« Les adultes résistent. Ils ont peur, peur de la vie qui est imprévisible. Ils pensent que tout doit être "programmé". Justement je crois que cet immobilisme vient de ce que l'humanité enfantine apporte la certitude de la mort pour les adultes, encore que ceux-ci peuvent refuser la mort en faisant confiance et en s'identifiant à cette vie qui monte. Au lieu de tout miser sur cette pépinière qui assure leur survie sur terre, ils l'empêchent de croître, sous prétexte que si on veut continuer à vivre comme nous vivons, on ne peut pas laisser les plus jeunes libres d'imaginer, libres de leurs initiatives." Françoise Dolto - La cause des enfants.
8 commentaires:
Je suis allé écouter ton texte sur Radio Bloga-bloga. Le même texte que ce qui est écrit ici mis à part trois mots. En effet, en lisant ce texte à la radio, tu n'as pas dit "Basque au pays basque". Il y a une raison ?
Ah ah ! Aujourd'hui rien n'échappe aux férus de la technologie.
Non, en relisant le texte plus tard, j'ai voulu rajouter ça. Car je suis tout le temps en train d'essayer de convaincre mes ami(e)s basque que la lutte pour la survie de l'ours est la même que la lutte pour la survie du peuple basque et de sa culture. La même aussi que celle des homosexuels, des petits paysans, des artisans d'art ou autres minorités culturelles ou naturelles. C'est mon avis au moins. Il y a une lutte en général, des aménageurs de la vie qui est menée contre la diversité dans le monde, et ce depuis toujours.
A noter que j'apprends beaucoup en faisant de la radio. cette fois-ci, j'ai voulu donner un rythme à mes mots... Et connement j'ai lu plus vite. C'est idiot, a postériori le texte avait son propre rythme et j'aurais du articuler en me concentrant sur le texte... J'apprends, j'apprends ! Passionnant !
Oui, toutes ces luttes se rejoignent mais beaucoup de militants "d'une seule cause" ne se rendent pas compte de la globalité du combat. Toutes les minorités devraient lutter ensemble. A quand des ours qui descendront de la montagne pour manifester avec les petits paysans dans les rues de Bayonne ?
Malheureusement, Dupdup, c'est le contraire qui est en train de se passer...
lire ici : http://www.sudouest.com/bearn/actualite/oloronnais/article/888594/mil/5793315.html
Oui je me disais qu'il faudrait que nous répondions au nom d'Astobelarra. Si je trouve un moment, je ponds une petite diatribe en réponse à ce tissu d'ineptie, de xénophobie et d'homocentrisme.
Je viens de tirer une salve sur Xiberoland...
voilà un vrai petit texte qui favorise à 100% la constitution de parfaits petits indivicualistes, juste comme la société sarkozyste le veut. Bravo.
Ecoute TON petit coeur, TES désirs, TA vie, TA puissance, TOn existence,, fais TON marché (si tu en as le pouvoir d'achat), va prendre TA douche, cherche TON doudou ;.. et les vaches seront bien gardées (celles des patrons)
MORT AUX VACHES ! et aux EGO (logistes) et quand on cite Monsieur Prévert, on met des guillements, c'est la moindre des choses.
Chantal
Bien vu anonyme !'Sophie ?) Il y a du Prévert ! Mais il y a un autre poète à trouver ! Lequel ?
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