jeudi 2 avril 2009

Daniel Cohn Bendit : Que faire ?





Sacré Dany... Je lis de temps en temps le journal "La décroissance" où il en prend plein la gueule. Pourtant, il y a quelque chose de sincère chez lui et la voie qu'il propose ne me paraît pas dénuée de bon sens. Pour les élections européenne qui approchent, il est intéressant de se pencher sur les idées de celui qui est le porte-parole des listes écologistes européennes aux élections du Parlement européen et tête de liste Europe Ecologie en île-de-France.
Daniel Cohn Bendit, on le voit à la lecture de ce livre qui vient de sortir, n'est pas un vrai théoricien. Il est un pragmatique, il vit la théorie. Et surtout, il a fait le choix de sortir de l'idée de révolution pour être dans la réalité politique. Mais une réalité qu'il veut mouvoir, assez "à l'arrache" en suivant son propre instinct, sans se départir de l'utopie comme ligne d'horizon. Mais il ne vit pas dans l'utopie, ce qui dérange probablement tous les purs et durs autoproclamés qui détestent ceux qui s'engagent dans le combat électoral et qui ne restent pas dans le cocon douillet de leur caste. L’utopie est une ligne d’horizon pas un mode de vie. Ce qui dérange aussi, c'est que, tout en étant membre des Verts, il reste un franc-tireur.
Je comprends que pour les décroissants, l'attitude de Dany puisse agacer. Je ne dis pas qu'il ne m'inquiète pas parfois. Mais je sais qu'il y a des endroits où il faut être, où c'est difficile d'être, ou souvent personne ne veut aller. Le jour où le mouvement de la décroissance sera organisé, que ce mouvement se présentera à des élections partout en France, qu'il choisira entre l'associatif et le parti politique, le jour où il saura où il se est, à ce moment-là on jugera d'eux, on jaugera d'eux. En attendant, le seul mouvement d'écologie politique véritable, celui pour qui il faudra voter en juin - si on veut que les écologistes pèsent vraiment - s'appelle Europe Ecologie.
La réalité, c'est que parfois, même souvent, les choix que nous avons à faire dans la vie ne se situent pas entre le noir et le blanc, mais entre le gris clair et le gris foncé. Je laisse aux religieux, aux anarchistes, aux décroissants - que j'aime bien finalement - l'apanage du manichéisme et de la croyance en marbre. Je laisse aux artistes et aux poètes le bonheur d'être archi-propres sur eux, intègres et flottants dans les limbes. Je laisse aussi aux chiens et aux chats le bonheur de se foutre complètement de tout en matière de politique, c’est tellement confortable. Moi aussi "je voudrais être arbre" comme dit Renaud dans sa chanson, je voudrais "lâcher mon humanité et m'enfuir à quatre pattes", comme disait Léo ferré.
Quant à moi, je voterai pour Europe Ecologie, dans le Sud-Ouest, pour José Bové et sa suppléante Catherine Grèze et j'appelle tout le monde à en faire autant.

12 commentaires:

Enzo a dit…

N'imagine pas que je n'aie aucun respect pour Cohn-Bendit ou José Bové, ou pour les écologistes en général. Je suis, sur bien des points, d'accord avec vous.

Non, la politique, ce n'est pas blanc ou noir. Sauf qu'en l'occurence, il y a eu le traité dit "simplifié", ou traité de Lisbonne, qui est peu ou prou une reprise de feu le traité constitutionnel de 2005. Or, si je ne me trompe pas, il est question d'Europe dans ce traité. A l'approche des élections européennes, je suis un peu gêné de voir dans la liste Europe Ecologie Daniel Cohn-Bendit, pertisan du traité de Lisbonne, et José Bové, qui en est un farouche opposant. Je ne vois pas bien la cohérence entre les deux, et toi-même tu indiques dans ton post que Cohn-Bendit est relativement tiède sur la "décroissance"...

Tu vas me répondre que d'autres listes de ces élections ont aussi leur quota d'incohérences, et tu n'auras pas tort. Mais cette incohérence sur le traité de Lisbonne, elle est (selon moi) de nature à réduire en poussière la pertinence-même d'une alliance entre Cohn-Bendit et Bové...

A l'époque du traité constitutionnel, je me demandais comment le PS pouvait continuer à exister en l'état, en étant divisé sur une question aussi cruciale. Même si Europe Ecologie est une liste, et non un parti, je ne vois pas comment ils pourront échapper à cette contradiction fondamentale.

A+
Enzo

Lurbeltz a dit…

Eh oui, la contradiction ! Mais on vit dans la contradiction parce qu'on vit dans le monde. C'est un peu ce que je dis dans mon papier. Les sectes, les fanatiques de tous poils n'ont pas de contradictions mais ils veulent rester en dehors de la société. Ce qui est compromis pour les uns est compromission pour d'autres, c'est clair.
Moi j'ai trouvé Bové ridicule aux élections présidentielles. Je ne comprenais pas ce qu'il foutait là, ce n'était pas sa place parce que c'était avant tout un syndicaliste. Je me disais, s'il rentre en politique, ça devrait être par un mandat modeste. Je pensais à des élections locales. Mais pourquoi pas européenne, je le trouve là mieux à sa place.
Pour le traité de Lisbonne, c'est clair que le peuple l'a eu dans le baba. En même temps, quand je dis "Le peuple", une fois de plus, je ricane... Je ne crois pas plus en lui, que je ne crois en dieu tel que l'imagine les catho. Il l'a dans le baba tout au long de l'année, sans qu'il ait eu besoin d'attendre le traité de Lisbonne.
Cohn Bendit considère que le traité de Lisbonne, c'est pas terrible, mais que c'est déjà mieux que le traité de Nice.
Ici une vidéo que je ne peux pas regarder quand je suis un badébiste : http://www.cohn-bendit.de/dcb2006/fe/pub/fr/dany/blog

Enzo a dit…

Je peux comprendre que José Bové se soit présenté à la Présidentielle, s'il estimait avoir suffisamment de différences programmatiques avec les Verts ou avec les autres candidats "altermondialistes". Je ne vois pas bien ce que sa candidature avait d'unitaire, mais sa position était au moins défendable. La Présidentielle en France permet à beaucoup de gens de présenter leur mouvance, leurs idées. José Bové, après tout, n'a rien fait d'autre que cela.

Les élections européennes, c'est autre chose. Le traité de Lisbonne fixe un certain nombre de règles de fonctionnement, et est d'orientation clairement libérale. Quelle sera la position des députés européens sur la PAC, ou sur les orientations écologiques, sachant que derrière les mots il y a beaucoup de bureaucratie et de technique ?

Le PS va payer lors de ces élections de juin son absence totale de vision de l'avenir. Non que les dirigeants du PS soient totalement dépourvus d'idées, mais ils sont en désaccord permanent entre eux sur une série de sujets fondamentaux. Dès lors, le PS n'est plus qu'une guilde d'élus dont l'unique intérêt est d'être réélus. Ca leur a coûté cher, et ça continuera.

Que les diverses mouvances écologistes aient toujours été frileuses sur leur éventuelle alliance avec le PS, c'est bien normal. Mais si c'est pour reproduire la même chose à côté, je ne vois pas l'utilité.

Il y a, à mon avis, deux listes cohérentes dans ces élections européennes : le front de gauche et le Modem (tu vas me dire qu'elles ne se préoccupent pas de l'écologie politique, et tu te tromperas lourdement). Ces deux listes n'ont pas la même vision de l'Europe, il est donc normal qu'elles n'aient pas fusionné. Mais au moins, en votant pour l'une ou l'autre de ces deux listes, je saurai à l'avance comment voteront les députés que j'aurai envoyés à Strasbourg (car c'est bien de cela qu'il s'agit). C'est, pour moi, le minimum syndical.

jenofa a dit…

Ouaih, ben moi, je ne laisse rien du tout aux anarchistes parce que je suis anarchiste.
Comme dit Christian Laborde " Ecologiste, moi? Non, je suis un ours."
Voilà, moi, je suis une ourse anarchiste.

Kolova a dit…

Enzo, José Bové te répond... et je te prie de croire que Dany et lui sont tout à fait sur la même longueur d'onde quant à la Constituante.

Le traité de Lisbonne est dépassé... Dépassons le traité de Lisbonne et allons à la constituante !!!

Ce que dit José dans les pages d'Europe Ecologie:
"Aujourd'hui, l'Union européenne créée à l'origine par la volonté de
personnalités politiques et par l'engagement des états et des gouvernements successifs des pays qui la constituent, a besoin de cette légitimité démocratique, de cette implication directe des femmes et des hommes. Le débat autour du TCE dans un grand nombre de pays de l'Union, et en France en
particulier, a montré l'envie et le désir de tous de participer à ce débat fondamental. Il a souligné la maturité de la société civile et sa volonté d'être impliquée dans la conception d'une Constitution Européenne ambitieuse qui ne fige pas des politiques néolibérales dans le marbre. Le Traité de
Lisbonne n'a pas pris en compte cette crispation et cette aspiration de nos concitoyens. Il propose ni plus ni moins de faire avancer les choses entre "gens qui savent" entre "gens sensés", de prendre les décisions en haut. Je pense que ce n'est pas la bonne solution et je ne suis pas d'accord.

Il est temps de nous engager résolument dans cette lutte pour la démocratie européenne. Nous devons mettre en marche une dynamique pour l'élection d'une Assemblée Constituante Européenne. Cette assemblée aura pour mission de
définir les règles de gouvernance pour notre Union, entre nos pays et pour nos concitoyens. Elle s'attachera à garantir les libertés fondamentales qui sont le socle de nos sociétés. Cette assemblée sera élue explicitement pour cette mission ambitieuse. La Constitution qu'elle proposera devra être
débattue au niveau européen et votée par les habitants de
l'Union. Elle devra être validée par une majorité européenne et non par des majorités nationales.

Je n'ai pas l'ambition d'aller plus loin dans la définition et dans les
détails de cette proposition politique. Mon seul désir aujourd'hui est de participer à l'émergence d'une dynamique européenne qui aboutira à une
Assemblée constituante, portée par un débat populaire. C'est aussi pour cela que j'ai décidé de me présenter aux élections européennes qui se dérouleront le 7 juin 2009."

Lurbeltz a dit…

Merci Kolova pour ces précisions.

Jenofa, anarchiste ? Tu ne vas pas voter pour Europe Ecologie alors ? Ben zut !

Kolova a dit…

Comment ça, elle ne va pas voter pour EE ???

Mais il y a un libertaire et un altermondialiste qui font front commun pour l'Ecologie politique !!!

Y'a pas d'autre choix pour qui veut bousculer les tabous et changer la donne... et nous redonner de l'espoir... La tête dans les étoiles et les pieds bien sur terre, vous vous souvenez ???;o)

les trotzkistes, c'est nouveau ça ???
le centre, c'est des combattants pour le futur ça ???

Et la mère Aubry avec son discours de "croissance, croissance, croissance et pouvoir d'achat", elle a tout compris c'est sûr!!! pfff...

Non, non, nous on veut autre chose. Nous on veut une Europe écologique, solidaire, accueillante, novatrice, inventive, donc porteuse de futur pour TOUS les êtres vivants de cette Terre... nous on veut une Europe que l'on pourra construire ensemble... Et pour que cette Europe se fasse, il faut que nous y envoyons des gens qui ont su bousculer les interdits, qui ont su mener la lutte sur le terrain, qui ont su marcher avec d'autres sur des programmes bien définis, qui se sont trompés parfois, et peut-être même plus souvent qu'à leur tour, mais qui n'ont jamais oublié la ligne de leur idéal... qui sont resté des Humains, quoi !

L'Ecologie politique est la seule pensée révolutionnaire du XXIe siècle.

jenofa a dit…

J'ai pas dit ça.
Les arbres sont anarchistes mais s'ils avaient le droit de vote, je suis certaine qu'ils voteraient, comme les ours, par défaut, pour les écolos.

pelotari a dit…

si les ours votent sa va pas faire lourd
ptdr..
bref le 1er avril sur la république y avé un article sur l insertion des ours blanc en pyrenees, ct un poisson ki ma laissé sur une tristesse .
en tant que chasseur je trouvé que un ours blanc etait plus facile a trouver et donc a tuer. ce qui m a valu une grnde reflexion si la chasse ne pourrait pas etre un sport avec tir a la tete 4 points etc

Enzo a dit…

@ Kolova (et à José Bové)

Une assemblée constituante ? Pourquoi pas ? Mais en attendant ces agapes, c'est bien le traité de Lisbonne qui s'imposera à tous les députés européens, ceux d'Europe Ecologie et les autres.

J'aime beaucoup la "maturité de la société civile" : évidemment qu'en France la société civile est mature, puisque les Français ont voté non en 2005... José Bové a fort bien assimilé la phraséologie politique, il est mûr pour pénétrer ce monde pour de vrai. Ah oui, au fait, j'ai voté non au TCE ; simplement, j'ai un minimum de respect pour ceux qui ont voté oui. La politique, ce n'est pas le noir et le blanc, c'est Lurbeltz qui le dit. Et si José Bové veut faire liste commune avec Daniel Cohn-Bendit, il sera avisé de gommer ce genre d'expression...

Reste la "majorité européenne", qui serait plus légitime que les majorités nationales sur l'adhésion des européens à cette constituante. Personnellement je me fiche éperdument de ma nation, mais le terrain me semble dangereux. Quelle serait l'attitude des élus d'Europe Ecologie si le non l'emportait alors que la France aurait voté oui ?

vert chez moi a dit…

@Enzo

je rappele quand même à Enzo que ce que nous critiquons tous (anciens oui comme anciens non) on le retrouve déjà dans les traités actuels

d'ailleurs les traités actuels c'est ni le TCE ni Lisbonne (pas encore en application : d'ailleurs est ce que ça sera le cas ?)
Les traités actuels c'est : Maastricht Nice
(et des nonistes tels que Fabius, mais aussi Mélenchon... certains cocos ne s'y trompent pas... étaient pour Maastricht et même pour Nice)

Ensuite il ne faut pas confondre le "cadre" (traités ou constitutions) et les politiques (meme si dans un traité on peut retrouver des "orientations)

en effet ce qui compte c'est pas un texte symbole (bien pratique à critiquer à montrer du doigt : pour se faire élire...)
MAIS
Les politiques !!
or ces politiques ce sont les gouvernements des Etats qui les décident (traités ou pas)
ce sont aussi quelquepart les votes des parlementaires européens (et leur couleur politique qui détermine la composition de la commission européenne)

je crois qu'il faut faire très attention de ne pas tomber dans les pièges de l'aveuglement sur les traités
en réalité ce qui cloche ce sont les politiques menées
(et elles sont menés par des élus que chaque citoyen dans chaque état élit : que ça soit gouvernements nationaux ou parlementaires européens...)

(et si les traités sont ce qu'ils sont c'est aussi parce que ces gouvernements les gardent comme ça...)
(on peut très bien passer d'un traité à un autre comme on veut quand il y a volonté de le faire !)

Bref pas tomber dans la facilité
(je rappele qu'en plus de Bové tu as des gars comme François Dufour de Attac et de la Conf paysanne ou bien d'autres qui ont été contre le TCE et qui sont pas pour le traité de Lisbonne)

On devrait plutôt dire : au boulot !

note au passage : malheureusement nous n'avons eu que 2 référendums
l'un sur maastricht l'autre sur le tce
mais il me semble qu'on a inversé les débats qu'il y avait à avoir

lors du traité de maastricht on nous a pris en otage avec la monnaie et le débat a essentiellement été autour de "la politique" (europe nations ou fédéralisme... frontières... abandon de la souveraineté... les institutions...)

Je crois (c'est surtout la droite qui s'est divisé la dessus) qu'on s'est trompé de débat à l'époque : car nous pouvions déjà critiquer tout ce qui concerné "l'économie"

Le TCE rajoutait peu de chose de ce côté là (au contraire les "simplifier" voir yavait du mieux)
par contre il y a eu peu de débats "sur les institutions"

dommage...

Lurbeltz a dit…

Merci de ces précisions. j'avoue être trop faible sur ces questions pour répondre. C'est ce que je voulais dire, sans pouvoir le dire précisément !