dimanche 4 novembre 2012

Ces chanceux que la France refuse d’extrader


La récente arrestation et extradition vers l’Espagne de la militante indépendantiste Basque de nationalité française Aurore Martin a déclenché une vague de protestation. Soudés autour de Manuel Valls, les socialistes, dont le breton Jean-Jacques Urvoas, redoublent de zèle pour soutenir la décision du ministre de l’Intérieur d’arrêter et d’extrader Aurore Martin en soulignant « l’impartialité de la justice française ». Or cette même justice est parfois beaucoup plus mesurée quand le profil des expulsables est un peu différent.

Florence Hartmann est un exemple de cette largesse d’esprit. Cette journaliste qui avait critiqué le TPI de La Haye jugeant les crimes de l’ex-Yougoslavie, était réclamée par le tribunal international. Or celle-ci a été défendue bec et ongles et gardée au chaud par Paris qui continue à refuser son extradition vers les Pays-Bas, alors même qu’elle y risque une peine ridicule.
Même mansuétude envers l’ingénieur iranien Majid Kakavand. Celui-ci était sous le coup d’un mandat d’arrêt international.  Son forfait: il aurait fait parvenir des composants électroniques produits par des sociétés américaines à l’armée iranienne entre décembre 2006 et avril 2008. Les Etats-Unis réclamaient son extradition pour le juger. En 2010, la France l’a remis à…. l’Iran qui l’a accueilli en héros.
Concernant les milieux islamistes, le jeu difficile des services de renseignements français donne parfois lieu à de biens curieuses situations :
Celle de Yashar Ali en est un exemple parfait. Prédicateur salafiste irakien, cet ancien imam de la mosquée d’Argenteuil bénéficie de l’asile politique et est « inexpulsable » vers son pays d’origine : l’Irak. Par contre, vu son degré d’apparente “dangerosité” il est constamment surveillé par la DCRI et est logé aux frais du contribuable à l’hôtel Henri IV de Rostrenen (22). Coût du gîte et du couvert : 1500 euros par mois depuis 8 ans.
Mais rassurons nous, il n’y a pas qu’en Bretagne que de tels citoyens sont assignés à résidence. Le fameux « imam extrémiste de Stains » est toujours assigné à résidence quelque part en France. Même chose pour un imam bengladais, des islamistes algériens (la dernière affaire date de juillet dernier), des génocidaires rwandais, des entrepreneurs russes en délicatesse avec l’administration Poutine, des escrocs, etc… Ces citoyens sont réclamés par leur pays respectifs mais, du fait de leur statut de réfugiés politiques, ils ne sont pas expulsés.
Dans cette galerie des horreurs, il convient de mentionner Jean-Claude « Baby Doc » Duvallier, fils du dictateur haïtien Papa Doc, ayant repris l’affaire paternelle après la mort de papounet. Baby Doc fut hébergé pendant 25 ans sur la côte d’Azur aux frais du la princesse. Bizarrement en 2011, le farceur a eu le mal du pays et ambitionna bêtement de se présenter à l’élection présidentielle haïtienne. Arrivé au pays, il fut arrêté à la sortie de son hôtel et est depuis assigné à résidence en Haïti.
Les anciens caciques du régime dictatorial de Ben Ali en Tunisie ont également su bénéficier de l’hospitalité du gouvernement français. Ainsi Saida Agrebi, une ancienne collaboratrice de l’épouse de Zine Ben Ali. Cette ancienne femme d’influence a été arrêtée à Paris en mars dernier. Mais désormais Paris refuse son extradition vers Tunis. Saida Agrebi a, depuis, été placée sous simple contrôle judiciaire et profite tranquillement du magot patiemment amassé dans l’ombre de « l’ancien grand ami de la France ».
Parfois l’Etat français sait également « externaliser » ses hôtes : le dictateur d’Anjouan (île séparatiste des Comores) a été accueilli pendant un moment par Paris avant d’être envoyé au Bénin mais… sous étroite protection de l’Etat Français.
Et que dire de Roman Polanski, inculpé pour pédophilie aux USA et soutenu par toute l’Intelligentsia française. Celui ci se vantait récemment de naviguer entre la Suisse et la France sachant pertinemment qu’aucun de ces deux pays ne l’expulseraient vers les Etats-Unis.
Et cette même étrange mansuétude empoisonne les relations entre Israël et la France depuis que le 4×4 de deux ressortissants français a écrasé une jeune israélienne dans une rue de Tel-Aviv en 2011. Malgré les demandes répétées de l’Etat Hébreu de les extrader pour être jugés de l’autre côté de la Méditerranée, les deux français sont maintenus en France, et ce même après l’intervention de.. Carla Bruni.
Aurore Martin sait désormais ce qui lui reste à faire : écrire à Valérie Trierweiler.

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