mercredi 7 mars 2012

L'essence ciel


Déjà, ils sont combien à rentrer du boulot à pas d’heures ? A ne pas voir grandir leurs enfants ? Ils sont combien qui sacrifient leur jeunesse, à un boulot souvent mal payé, souvent pas très épanouissant. Ils sont combien ceux qui bouffent à toute vitesse parce qu’ils n’ont plus le temps de faire la cuisine, de s’arrêter dans un marché pour acheter quelques légumes et quelques fruits qui ne seraient pas pourris par les pesticides ? Ils sont combien ceux à qui il ne reste rien lorsqu’ils ont payé le carburant de leur voiture, leur voiture, leur loyer…
Ils sont combien ceux qui cherchent un boulot, tout simplement, pour pouvoir manger, pour donner à manger à leurs enfants, pour avoir un toit. Pour survivre, au final et courir toujours derrière un système absurde.
Et l’autre, là, le petit roi voudrait encore nous faire travailler plus ! Excusez-moi je rêve ! Le petit roi de France qui protège les riches voudrait nous voir sacrifier un peu plus à notre temps libre, cette eau précieuse, cet air gratuit. Ce temps libre - qui devrait nous servir à réfléchir, à passer du temps avec les autres, avec les amis, les proches - nous devrions l’offrir à un système économique qui n’en finit plus de nier les hommes, les femmes et la nature. Toute cette vie qui sert le système, alors que c’est le système qui devrait la servir. Ce temps libre qu’on nous a volé depuis si longtemps à nous en faire oublier ce qu’il a de pulpe, de couleur, d’espoir et de vie.
Je n’attends pas grand-chose de ces élections présidentielles. Juste, je ne comprends pas pourquoi ces idées ont pu gagner et comment ceux qui les prônent ont pu arriver où ils sont pour les appliquer.
Je n’attends rien de ces élections présidentielles, mais j’aimerais assez qu’il se passe quelque chose. A l’heure où tout semble si programmé, si prévisible. J’aimerais une surprise.
Et qui gagnerait, au final, si ce n’est la vie. Et dans cette surprise on arriverait à discerner ici-bas, ce qui est véritablement important … Les marchandises, le système économique qui fonctionne pour sa propre gueule ou celle d’une minorité ? Ou alors, nous, la vie, le temps de vivre, de respirer, de mettre tranquillement un pied devant l’autre, d'admirer le monde, le temps de voir l’espoir au bout ? L’espoir des peuples qui  se battent, celui des animaux sauvages qui réclament une digne place sur la planète, celui des artistes, celui des hommes et des femmes qui rêvent jours après jour de vivre dans un monde libre, déchargé des minables obligations imposées par une économie qui voudrait s’affranchir des hommes, des femmes et de la nature pour atteindre à son néant.
Sans espoir il n’y a plus rien. Alors moi qui me souviens toujours de l’enfant que j’ai été, celui qui a défait le nœud d’un paquet, qui a déchiré le papier et qui a ouvert les yeux, émerveillé, Je suis convaincu qu’il ne faut jamais cesser de rêver et qu’il faut garder l’œil candide de l’enfant qui déchire le papier.
Le papier c’est l’économie libérale, le "travailler plus pour gagner plus". La surprise est dans le paquet, bien caché. Et l’essentiel est là.

5 commentaires:

Gilen a dit…

C'est beau tout ça !!! C'est vrai qu'on ne se rend pas compte du bonheur qu'on loupe... Rien ne vaut un bon voyage dépaysant pour voir combien nous sommes absurde, bloqué dans notre système...

Le changement de système, il n'aura malheureusement pas lieu je pense. S'il y avait du y avoir changement de système, il aurait dû avoir lieu l'année dernière, avec les printemps arabes, avec les indignés, avec cette vague de fond qui devait tout emporté et qui finalement n'a pas eu lieu...

Lurbeltz a dit…

Oui tu as raison. Mais il y a une chose qui m'a surpris dans la lutte des indignés, c'est son hyperréalisme, notamment par rapport au travail. C'est ça qui me choque dans le discours de Sarko. Il voudrait culpabiliser tout le monde, nous faire croire qu'on est fainéant, si on ne travaille pas, qu'on ne gagne pas assez d'argent parce qu'on ne travaille pas assez, que cette crise, ce serait notre crise ...
j'ai l'impression qu'on a un peu renoncé à une certaine remise en cause du travail, de sa finalité. Faut dire que j'écoutais Sarko il y a quelques jours dire un truc du genre "en 4 ans, je n'ai jamais cédé à la pression de la rue"...
Nom de Zeus, j'espère au moins qu'il cédera à la pression des urnes. Parce qu'avec cette histoire de "ce n'est pas la rue qui gouverne", j'ai l'impression que quelque chose a été cassé dans la population.
J'attends d'un personnage politique qu'il écoute le peuple dans la rue et dans les urnes. Sarko apparemment a une conception hyper minimale de la démocratie.

Dupdup a dit…

Ton texte, on dirait un discours inspiré de Mélenchon !

Lurbeltz a dit…

Mélenchon est à la mode et moi je me méfie des modes !
Pa ailleurs, je suis assez dérangé par cette campagne "L'humain d'abord"... (http://www.lhumaindabord2012.fr/)
A la limite je peux comprendre où ils veulent en venir. Mais je trouve hyper maladroit comme formule surtout quand on veut rallier les écologistes.
Pour moi ça dénote une carence dans le discours du Front de gauche. Ou alors c'est une antiphrase. Mais ce genre d'antiphrase, seul des naturaliste ou des écolos auraient pu la mettre en avant.

Anonyme a dit…

J'ai lu le bouquin de melechon; "qu'ils s'en aillent tous.." trés interessant...Reste que sa position sur le nucléaire n'est pas trés tranchée.Et qu'il est peu sensible au droits des peuples à disposer d'eux-même pur ce que j'ai pu lire par ailleurs...