Je cède le clavier à une parente d'élève de l'Ikastola de Soule. Je suis d'accord à 100 % avec ce qui est écrit la-dessous. J'aurais l'occasion d'y revenir.
Par Marie Fleury
Je ne crois pas me tromper en affirmant que lorsque les premières ikastola
furent créées, il y a plus de 40 ans maintenant, il était clair qu'elles
devaient être accessibles à tous. C'est donc dans cet esprit que chaque ikastola
avait mis en place une grille de cotisations mensuelles pour les parents, qui
prenait en compte leurs revenus, tout en sachant que l'essentiel des
ressources, à une époque où les ikastola devaient entièrement s'autofinancer
provenait des manifestations organisées (repas, fêtes diverses, ventes de
talo...). "Les ikastola ont assuré leur autofinancement en prenant garde à
ne pas alourdir les charges des parents d'élèves, afin que les ikastola
demeurent à la portée des classes populaires", peut-on d'ailleurs lire
dans l'ouvrage collectif de Pierre Bidart et J.C Anscombre intitulé La nouvelle société basque, ruptures et
changements.
La prise en charge du salaire de la plupart des enseignants par l'Education
Nationale depuis une quinzaine d'années a donné un second souffle aux ikastola
en permettant d'alléger considérablement les budgets. Pourtant, la philosophie
selon laquelle chacun payait en fonction de ses moyens est fortement menacée de
disparition voire a tout à fait disparu dans bon nombre d'ikastola. Et l'ex grille de cotisations se voit
remplacée par une cotisation unique, multipliée par le nombre d'enfants
scolarisés, pesant ainsi de façon très inégale sur les différents budgets
familiaux.
Mais quels sont les arguments des parents pour remettre en cause ce système
de cotisations dégressif tenant compte des ressources des familles ?
"C'est plus simple ainsi", s'entend-on dire. Mais au nom de la
simplicité, on pourrait aussi décider que les parents ne vendent plus de talo,
n'organisent plus de repas car il suffirait après tout de financer toutes les
charges des ikastola avec des cotisations mensuelles de 200 € ou plus par
enfant, comme c'est souvent le cas dans les écoles alternatives non reconnues
par l'Education Nationale.
Autre argument récurrent lancé par ceux qui ne veulent pas revenir sur un
système de cotisations en fonction des salaires : sur quels revenus se
base-t-on pour les paysans ? Car c'est bien connu, l'agriculture est un domaine
où l'on peut s'enrichir considérablement, surtout au Pays Basque, tout en se
soustrayant au système d'imposition. Même question pour ceux qui travaillent au
noir, et ceux qui ont ..., qui font..., etc... car notre fiche d'imposition ne
reflèterait pas nos réels revenus. Mais où est passée la confiance ? Comment
travailler ensemble si on se pose des questions comme celles-ci, si on a peur
d'être lésé ou floué par les autres ?
Et je ne parle pas des appels aux sacrifices, entendus ça et là : mettre
ses enfants à l'ikastola est un choix, on n'a qu'à se priver d'autres
choses.
Enfin, d'autres ont trouvé la solution : ceux qui ne peuvent pas payer
n'ont qu'à rien payer du tout, on ne les oblige pas. Merci pour la charité
chrétienne. Ils se sentiront juste un peu coupables et redevables aux yeux des
autres parents, mais pour ça, qu'ils se débrouillent avec leur conscience.
Quant à ceux qui n'oseraient pas parler de leurs difficultés à payer, tant pis
pour eux.
Il y a
quand même un point où tout le monde s'accorde : l'ikastola devrait être
gratuite pour tous. D'accord, mais en attendant ?
1 commentaire:
Merci Marie pour ce texte clair qui résume bien la réalité actuelle de l'ikastola.
Ce qui me pèse le plus c'est qu'apparemment on ne peut pas avoir de débat sans jugement. Ne pas être d'accord et débattre devrait être une richesse or, dans ce cas, cela divise les parents, c'est vraiment triste.
Il faudrait un fonctionnement commun et précis établi par Seaska pour ôter toutes ces "crispations".
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