mercredi 11 novembre 2009

La chanson de Craonne


Paroles anonymes, recueillies par Paul Vaillant-Couturier.

Quand au bout d'huit jours, le r'pos terminé,
On va r'prendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile.
Mais c'est bien fini, on en a assez,
Personn' ne veut plus marcher,
Et le coeur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots.
Même sans tambour, même sans trompette,
On s'en va là haut en baissant la tête.

{Refrain:}
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes.
C'est bien fini, c'est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C'est à Craonne, sur le plateau,
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C'est nous les sacrifiés !

Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance,
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve.
Soudain, dans la nuit et dans le silence,
On voit quelqu'un qui s'avance,
C'est un officier de chasseurs à pied,
Qui vient pour nous remplacer.
Doucement dans l'ombre, sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes.

{au Refrain}

C'est malheureux d'voir sur les grands boul'vards
Tous ces gros qui font leur foire ;
Si pour eux la vie est rose,
Pour nous c'est pas la mêm' chose.
Au lieu de s'cacher, tous ces embusqués,
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendr' leurs biens, car nous n'avons rien,
Nous autr's, les pauvr's purotins.
Tous les camarades sont enterrés là,
Pour défendr' les biens de ces messieurs-là.

{au Refrain}

Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront,
Car c'est pour eux qu'on crève.
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève.
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros,
De monter sur l'plateau,
Car si vous voulez la guerre,
Payez-la de votre peau !

5 commentaires:

Anonyme a dit…

remettras tu cette chanson le 8 mai, ami liberal ?

Anonyme a dit…

pourquoi ne l'as tu pas mise pour evoquer d'autres guerres comme la guerre d'Espagne ? (au hasard)
animilitarisme a geometrie variable? pacifisme a la Giono ("il vaut mieux etre un allemand vivant qu'un francais mort")?

Lurbeltz a dit…

Ce qui est certain, c'est qu'on ne sait pas, comme dit la chanson de Goldman, ce qu'on aurait fait à leur place. Que ce soit en Espagne, ou pendant la seconde guerre mondiale. A titre personnel, je ne crois pas être taillé pour la guerre et la résistance en tant de guerre.
Je préfère la résistance en tant de paix en espérant juste que s'il y a une nouvelle guerre, j'ai le courage et la sagacité nécessaire pour tenir un rôle correct à titre individuel. Malheureusement, j'ai l'impression qu'en temps de guerre, on n'est plus trop maître des éléments, et que c'est la guerre qui décide de tout.
Après, il n'y a aucune guerre comparable.

jenofa a dit…

Je dénie à quiconque et de salir Giono ( surtout un anonyme), et de salir mon grand-père qui s'est battu dans les tranchées avec la honte au ventre de tirer sur des frères, et de gloser sur la chanson de Raboliot.
Pauvre tache, Giono y était, lui,comme Genevoix et mon pépé, dans les tranchées! Il savait de quoi il parlait!
Et Craonne, c'est 14-18. L'Espagne, c'était plus tard!
Y'en a des qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir!

jenofa a dit…

Eh, anonyme planqué(e) à l'arrière,
t'as le bonjour de Roland Dorgelès!