mardi 17 novembre 2009

Allende


Figurez-vous, je me sens vieilli. J'ai ressorti mes vieilles K7 du grenier et je réécoute ce que j'écoutais quand j'étais ados. Surtout, il y a Ferré, Brassens et Brel. La trinité spirituelle de la chanson française, les indépassables, les indémodables. Les trois que je garde quand je fais les comptes. De Ferré en l'occurrence, il y a cette chanson "Allende". Bien sur, là, c'est en concert et Léo il n'a pas la voix de quand il l'a enregistré en album. Mais écoutez les mots, la musique des mots, l'interprétation toujours à fleur de peau du grand Léo.
Chez moi, Léo il est très attaché à une période personnelle, au début des années 90, où je me levais à 5 heures du matin pour aller bloquer les bulldozers du côté de Burkegi et Bosmendieta. J'écoutais Léo à fond les manettes dans la voiture. Alors que des cordes tombaient sur le capot, qu'il faisait nuit noire, j'entendais Léo Gueuler dans sa chanson "Le chien" ....
" Alors que ces enfants dans la rue s'aiment et s'aimeront
Alors que cela est indéniable
Alors que cela est de toute évidence et de toute éternité
JE PARLE POUR DANS DIX SIECLES et je prends date
On peut me mettre en cabane
On peut me rire au nez ça dépend de quel rire
JE PROVOQUE-À L'AMOUR ET À L'INSURRECTION
YES! I AM UN IMMENSE PROVOCATEUR"...
Ça le faisait ! Quand je réécoute certaines chansons, j'entends tout, je sens tout, je revois tout de cette période.
Je disais que dans cette chanson, "Allende", Léo, il n'a pas la voix de ses débuts... Pourtant, un de ses derniers albums est magnifique, peut-être à cause ou grâce à cette voix justement. "On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans". Il ne gueule plus, mais sa voix, fragile, fatiguée, embrumée, se pose sur les mots pour en faire décoller chaque syllabe et les faire trembler. Faut dire, quand c'est pas des mots de Ferré himself, c'est ceux de Rimbaud, Verlaine, Apolinaire ou Baudelaire.
Je peux le dire, ces trois là, Léo, Brel et Brassens, ils ont fait mon éducation. Ils m'ont appris à être debout, à être pas trop obéissant, à être vigilant, à aimer les mots, la liberté, la vie et à m'aimer moi même, ce qui n'est pas rien.

3 commentaires:

Anne a dit…

Je n'avais pas eu l'occasion de venir sur ton blog et, grâce à Marco, voilà une bonne surprise...

Lurbeltz a dit…

Salut Anne et bienvenue sur ce blog.

Dupdup a dit…

Je partage avec toi cet enracinement de ma culture et de mon éducation dans les chansons de ces trois piliers.
Brassens, je ne l'écoute plus. Pour la bonne raison que je le chante en permanence, presque tous les jours sur ma guitare (et de temps en temps en public d'ailleurs).
Ferré est celui que j'écoute le plus. Il ne se passe pas une semaine sans que je me fasse plaisir avec l'un de ses disques. J'aime ses différentes époques et comme toi je suis très sensible au disque "on n'est pas sérieux quand on a 17 ans".
Brel est celui a qui je fais maintenant le plus d'infidélités. Pour mieux le retrouver plus tard ?