mercredi 30 novembre 2011

Toilettes sèches

Ça y est, j'ai terminé mes toilettes sèches... Euh ! Vous allez me dire : "c'est ta vie privée ça mon gars"...C'est vrai que jusqu'à présent, je veux pas dire, mais vous ne trouviez rien dans mon blog, ou pas grand-chose, qui racontait les petits détails salaces de ma vie privée, mes fêtes de famille, l'anniversaire de mon phacochère, les photos de mes femmes en vacances sur la Côte d'Azur, etc... Plus sérieusement, le "petit coin" c'est à la fois l'endroit intime par excellence, mais c'est aussi le lieu où on pratique le geste le plus démentiel qui soit sur cette planète, faire caca dans de l'eau potable. J'avais toujours un pincement au coeur, jusqu'à présent, quand je faisais caca dans de l'eau potable eu égard à ces millions de gens qui souffrent de la soif. J'ai exactement le même sentiment lorsque je nettoie ma bagnole. J'attends qu'on invente le nettoyage à sec pour les bagnoles, ça existe bien pour les vêtements !
Au final, je suis drôlement content de ces toilettes. Nous avions quelques appréhensions... L'odeur notamment. Quelle galère sera-ce que de jeter régulièrement la bassine dans l'espace prévu ?
Et bien au final, il y a moins d'odeur que dans les toilettes classiques, c'est plus propre, j'ai l'impression, plus économique évidemment.
Est-ce qu'on peut généraliser ce système ? je ne sais pas. Par contre, on peut diversifier. Dans notre système économique, on a oublié qu'il était dangereux d'être enfermé dans un système, qu'il soit culturel, économique. La diversité est le cheval de bataille des écolos. Si on les avait écouté, on ne serait pas prisonnier du travail, de la bagnole, du pétrole, du nucléaire, du bipartisme, et donc également, des toilettes avec chasse d'eau.

QUELQUES LIENS

vendredi 25 novembre 2011

Viva Eva !

Si je ne suis plus membre d'EELV, ça n'a rien à voir avec un dégoût quelconque de ce parti, ni avec un écoeurement de ce qu'il se passe actuellement. Je sais bien que tous les partis sont confrontés aux mêmes soucis, notamment, pour EELV, trouver un équilibre entre real-politique, ligne d'horizon et gestion des individualités. Et sur ce dernier point, je pense que si ça a toujours été un peu le bordel chez les écolos, c'est que l'une des sources de l'énergie qui les habite est une énergie libertaire. Il faut se satisfaire lorsque des signes de la vie politique rappellent le fait que le système pyramidal est nuisible pour la société. Chez EELV, on a parfois du mal à se rallier aux chefs et suivre la ligne du mouvement. Je trouve ça assez sain. Et de voir Daniel Cohn Bendit faire la leçon à Eva Joly sur ce point, c'est assez comique, vu les libertés qu'il prend avec sa pensée d'électron libre.
Mais je voudrais afficher mon soutien à Eva Joly à cette heure où elle se trouve sommée de policer son discours, car je partage son sentiment actuel. S' il est évident que je voterai pour Eva au 1er tour, il sera très dur pour moi de Voter Hollande au second des élections présidentielles.
Pourquoi ?
Parce que je pense que le PS devrait comprendre aujourd'hui, que les grosses et nouvelles infrastructures, autoroutes, centrales nucléaires, LGV, aéroport sont à proscrire. 
Que la question sociale ne peut plus rien sans la pensée écolo.
Qu'il est inadmissible que Hollande cède de cette manière aux pressions d'Areva et qu'il ait voulu entourlouper le contrat avec les écolos.
Que j'en ai un peu assez qu'on présente Hollande (c'était flagrant surtout pendant les primaires) comme déjà au second tour, comme si le 1er tour était déjà fait, comme si nous n'avions pas retenu la leçon du 21 avril.
Que j'ai trouvé EELV un peu minable lorsqu'ils ont annoncé devant la France entière qu'il n'y aurait pas d'accord si le PS n'abandonnait pas l'EPR de Flamanville et l'Aéroport de Notre Dame des Landes (au risque de n'avoir aucun député aux prochaines élections législatives) et entendre le lendemain que finalement ils avaient signé l'accord qui ne contenait pas l'abandon de l'EPR et de l'aéroport. Faut pas nous prendre pour des cons ! Mais en attendant Viva Eva !

mardi 22 novembre 2011

Instruments d'aliénation ?


Intéressant reportage qui montre comment la société technologique divise les habitants. Aujourd'hui, je suis convaincu que le portable est un instrument d'aliénation et de division. Tout ce qui finit par devenir obligatoire, pour les bienfaits d'un système qui est aujourd'hui à bout de souffle, devrait être regardé sous un oeil critique. Le travail, l'ordinateur, la voiture sont des "valeurs" aliénantes, surtout lorsque celles-ci commandent nos vies et les transforment pour le plus pur bonheur d'un système qui est à bout de souffle. D'ailleurs, il est assez curieux qu'on ne précise pas plus souvent que le travail, l'ordinateur, la voiture et pour un certain nombre d'entre nous, le téléphone portable sont ou deviennent obligatoires.  Si on parlait de travail obligatoire, si on précisait bien que l'achat d'une voiture était obligatoire, peut-être regarderions différemment le monde qui nous entoure non ?
Personnellement, aujourd'hui je suis opposé à toutes implantations nouvelles d'antennes de téléphonie mobile et de WIMAX parce-que je crois qu'on nous a rendu assez prisonnier au nom d'un "intérêt public" qui reste largement à prouver et au nom d'un projet de société auquel je n'adhère pas.
Le travail, l'ordinateur, la voiture, le portable sont-ils d'intérêt public ? Je conteste cette affirmation. Et je revendique le choix de décider de ce qui est une valeur d'intérêt public ou pas, dans un monde qui fait la preuve, quotidiennement, que certains choix de société nous emmènent tout droit à la catastrophe.

dimanche 20 novembre 2011

Négawatt !

En matière d’énergie, toutes les prévisions restent fondées sur l’hypothèse que la croissance économique des années passées va continuer au cours du 21e siècle.
Comme si...
Comme si cette croissance pouvait perdurer à jamais dans le cadre limité de notre biosphère.
Comme si notre consommation d’énergie devait croitre indéfiniment, et la production correspondante indéfiniment suivre !
Pourtant, à l’évidence, ce n’est pas possible :
  • les réserves d’énergies fossiles sont dérisoires : quelques décennies de pétrole et de gaz au rythme de consommation actuel, un peu plus pour le charbon. C’est très peu au regard du temps nécessaire à la transformation de nos systèmes énergétiques ;
  • même les prévisions les plus “optimistes” du Conseil Mondial de l’Énergie évaluent au maximum à 8 % la part du nucléaire dans le bilan mondial en 2050. L’énergie nucléaire n’est donc une solution ni au problème de l’effet de serre, ni à l’épuisement des énergies fossiles. Quelle que soit sa contribution future, le problème des déchets et le risque d’un accident majeur constitueront toujours une menace considérable, et la prolifération des matières radioactives une entrave à la paix ;
  • la plupart des technologies promettant l’abondance énergétique (fusion, centrales solaires sur orbite, surgénérateurs...) ne verront au mieux le jour que dans un demi-siècle. Si tant est qu’elles puissent tenir leurs promesses, elles seront de toutes façons très coûteuses. L’humanité ne peut faire le pari d’attendre les bras croisés : nous devons agir dès aujourd’hui ;
  • le spectre de la pénurie dans les pays riches conduira de plus en plus à la guerre pour le contrôle des ressources d’énergie. Si rien ne change, toutes les stratégies énergétiques mondiales mèneront à la marginalisation définitive des pays les plus pauvres.
Mais sans énergie, pas de vie, pas de développement !
Or, aujourd'hui, sur notre planète, la surconsommation la plus débridée côtoie des pénuries criantes : un citoyen américain consomme à lui seul 8 tonnes d’équivalent-pétrole par an, alors qu’un habitant du Bangladesh doit vivre avec 40 fois moins.
La consommation d'électricité est encore plus inégale : 7800 kWh par an et par personne en France(1), contre … 42 kWh seulement en Ethiopie(2), soit 185 fois moins !
Et un tiers de la population mondiale reste tout simplement privée d’électricité.
Comment en est-on arrivé là ?

dimanche 13 novembre 2011

Pour quel soleil

D
Du
Du fond
Du fond d'où
De quel néant, dans quel vertige
A quelle heure, dans quel temps
Pour quel Dieu, pour quelle heure
Après quelle guerre, à quelle gare
Dans quel  trou noir, dans quel monde

Que faites-vous dans votre immensité
Dans quelle âme vous flottez
Pour quelle pluie vous vous mouillez
Pour quel soleil vous souriez

Pensez vous à moi, pensez-vous, déjà
Parlez-vous à qui, parlez vous tout court
Avez-vous pieds et mains
Avez-vous idées, croyez-vous
Sentez-vous, avez-vous, trouvez-vous

Dans un an dans une seconde
Dans un rien de temps
Je saurai tout, je saurai rien
Je serai là, où nulle part
Je serai bien
Je serai
Je
J



vendredi 11 novembre 2011

Titulurik gabe 2011


Je me rends compte que je ne vous ai jamais parlé de Gonzalo Etxebarria. Gonzalo est un grand peintre Basque. L'un des plus grands peintres basques contemporains, j'en suis sûr. Pour moi, c'est en tout cas le plus grand. Un artiste exceptionnel que j'ai la chance de connaître et dont l'oeuvre me fascine. J'ai la chance, également, d'avoir travaillé en sa compagnie et je peux dire qu'en plus de l'artiste exceptionnel, c'est un homme formidable.

Par conséquent, je vous invite à découvrir son blog. Ne manquez pas sa prochaine exposition et si allez faire un tour à Menditte vous pouvez visiter son atelier.

jeudi 10 novembre 2011

11/11/11 : La Nuit de l'Art Mystique à Ance !


Le Collectif du 11/11/11 présente
La Nuit de l'Art'Mystique
Cabaret(ous) Musiko'ThéraPoétique improvisé...


Le 11 Novembre à 21h11 à Ance en Barétous
Salle des fêtes : en face de l'église

Avec :

-Nicolas Loustalot [Mot'gicien[

-Sébastien Tillous [Moi'sonneur Batteur[
(http://www.myspace.com/lapagedesebti)

-Pascal Girardin [Harmonie'K et Flûte Libre[

-David Rojas [Lou Guit'artiste[

-Claudine Vidou [Mot'diseuse[

-Stéphane Bouillet [DJridoo...[
(http://www.biolodidje.com/a-propos/bouddidje.)

-Séb Vaucel [Slameur à l'âme son[

et d'autres invités surprises...

AUX ARMES PSYTOYENS !

Ici pas de hasart...Juste une évid'Ance...
En ce jour d'Armistice,
En ce jour rempli de 1...Repartir à 0...
Initier un nouveau cycle...
Déposer les (l)armes
Livrer pour mieux les délivrer quelques bouts de vie...
Debout farce à vous...
En quelques tours de Mot'gie...
Mot à Maux...
Ici pas de mise en scène
Juste des mots et des muses sans chaînes...
Tout s'impro-vise sans cible.

Avec au menu...
Des coups de coeur, Des coups de blues,
Des coups de gueule, des coups d'éclat,
Des coups de théâtre,
Des coups durs en coulisse,
Des coups de marteaux syllabiques pour enfoncer des portes
et les ouvrir sur d'autres ports...

De conflits denses en confid'ance...
Tout ça un peu décousu,
Des échos aux chaos...
Des "on est tous égo" aux aguets,
Des maux de l'âme aux mots d'amour...

Le tout autour d'une phrase Clef qui sera à la base du rituel ...
"les écrits brulent et les paroles s'enflamment"...

NB : La seconde partie de soirée sera l'occasion de joutes Motsicales boeuffées au feu du moment présent...

La soirée est en entrée et sortie libre et elle est ouverte à tous,

NB : il n'y aura pas de bar, donc n'hésitez pas à amener de quoi vous désaltérer si besoin.

NB : la salle des fêtes intimiste d'Ance possède une petite cheminée...qui réchauffera l'ambiance...(ça va envoyer du bois ! et n'hésitez pas à amener une petite buche si possible !)

A Vendredi !!!

Le Collectif du 11/11/11

mardi 8 novembre 2011

Les ikastola, écoles de riches ?

Je cède le clavier à une parente d'élève de l'Ikastola de Soule. Je suis d'accord à 100 % avec ce qui est écrit la-dessous. J'aurais l'occasion d'y revenir.

Par Marie Fleury
Je ne crois pas me tromper en affirmant que lorsque les premières ikastola furent créées, il y a plus de 40 ans maintenant, il était clair qu'elles devaient être accessibles à tous. C'est donc dans cet esprit que chaque ikastola avait mis en place une grille de cotisations mensuelles pour les parents, qui prenait en compte leurs revenus, tout en sachant que l'essentiel des ressources, à une époque où les ikastola devaient entièrement s'autofinancer provenait des manifestations organisées (repas, fêtes diverses, ventes de talo...). "Les ikastola ont assuré leur autofinancement en prenant garde à ne pas alourdir les charges des parents d'élèves, afin que les ikastola demeurent à la portée des classes populaires", peut-on d'ailleurs lire dans l'ouvrage collectif de Pierre Bidart et J.C Anscombre intitulé La nouvelle société basque, ruptures et changements.

La prise en charge du salaire de la plupart des enseignants par l'Education Nationale depuis une quinzaine d'années a donné un second souffle aux ikastola en permettant d'alléger considérablement les budgets. Pourtant, la philosophie selon laquelle chacun payait en fonction de ses moyens est fortement menacée de disparition voire a tout à fait disparu dans bon nombre d'ikastola. Et  l'ex grille de cotisations se voit remplacée par une cotisation unique, multipliée par le nombre d'enfants scolarisés, pesant ainsi de façon très inégale sur les différents budgets familiaux.

Mais quels sont les arguments des parents pour remettre en cause ce système de cotisations dégressif tenant compte des ressources des familles ?

"C'est plus simple ainsi", s'entend-on dire. Mais au nom de la simplicité, on pourrait aussi décider que les parents ne vendent plus de talo, n'organisent plus de repas car il suffirait après tout de financer toutes les charges des ikastola avec des cotisations mensuelles de 200 € ou plus par enfant, comme c'est souvent le cas dans les écoles alternatives non reconnues par l'Education Nationale.

Autre argument récurrent lancé par ceux qui ne veulent pas revenir sur un système de cotisations en fonction des salaires : sur quels revenus se base-t-on pour les paysans ? Car c'est bien connu, l'agriculture est un domaine où l'on peut s'enrichir considérablement, surtout au Pays Basque, tout en se soustrayant au système d'imposition. Même question pour ceux qui travaillent au noir, et ceux qui ont ..., qui font..., etc... car notre fiche d'imposition ne reflèterait pas nos réels revenus. Mais où est passée la confiance ? Comment travailler ensemble si on se pose des questions comme celles-ci, si on a peur d'être lésé ou floué par les autres ?

Et je ne parle pas des appels aux sacrifices, entendus ça et là : mettre ses enfants à l'ikastola est un choix, on n'a qu'à se priver d'autres choses. 

Enfin, d'autres ont trouvé la solution : ceux qui ne peuvent pas payer n'ont qu'à rien payer du tout, on ne les oblige pas. Merci pour la charité chrétienne. Ils se sentiront juste un peu coupables et redevables aux yeux des autres parents, mais pour ça, qu'ils se débrouillent avec leur conscience. Quant à ceux qui n'oseraient pas parler de leurs difficultés à payer, tant pis pour eux.

Il y a quand même un point où tout le monde s'accorde : l'ikastola devrait être gratuite pour tous. D'accord, mais en attendant ?

dimanche 6 novembre 2011

17 octobre 1961, il y a 50 ans...

Il y a quelques jours, une amie a pris ces 2 photos ci-dessous, à Paris. 
Mais que c'est-il donc passé le 17 octobre 1961, il y a 50 ans.

 
Photos : Sarah Brown-Anson
Cliquez sur les photos pour les agrandir

Il y a 20 ans, en 1991, Là-bas si j’y suis consacrait une série de reportages à cette "Journée portée disparue", le massacre des Franco-Algériens de Paris manifestant pacifiquement par la police du Préfet Maurice Papon.

Depuis 20 ans, débats, études, films, chansons, actions militantes, ont remis cette date dans l’histoire commune et entraîné l’exigence d’une reconnaissance de ce crime d’État. 

 Ecoutez ici la série d'émission que "Là-bas si j'y suis" a consacrée à cette histoire.

vendredi 4 novembre 2011

Charlie-Hebdo

 Pour pouvoir continuer de se foutre de la gueule des juifs, des islamistes et des chrétiens intégristes ...

Allez sur :


 ***

Faute de parvenir à remettre en ligne son site Internet à cause d'attaques pirates, l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, déjà privé de locaux depuis l'incendie criminel survenu mercredi, a décidé de lancer un blog.

"Les locaux de Charlie ont brûlé. Le site de Charlie, harcelé par les hackers, est hors service", est-il écrit sur la page d'accueil. "Et voilà que le compte Facebook de Charlie, dont la page officielle est inondée de menaces islamistes, est bloqué par le site, sous prétexte, ô découverte, que Charlie Hebdo n'est pas une 'vraie' personne".

"Facebook trouve également que la 'une' publiée par Charlie contrevient aux règles d'utilisation du site qui, précise-t-on dans un message surréaliste, interdisent 'les publications avec des contenus graphiques, sexuellement explicites ou avec des corps trop dénudés'", est-il également souligné.
La page officielle du journal sur Facebook demeure accessible aux internautes – les messages continuaient à être postés en masse jeudi soir – mais son responsable et modérateur, suspendu, ne peut plus y accéder. Un blocage qui empêche la fermeture de la page aux contributions extérieures comme le souhaitait l'équipe de Charlie Hebdo.
Depuis mercredi, des milliers de commentaires, parfois très hostiles, en français ou en arabe, ont été postés par des internautes se disant indignés par le journal, rebaptisé "Charia Hebdo" avec le prophète Mahomet en "une". "Charlie renaît de ses cendres grâce à Libération (qui nous héberge pour la version papier) et WordPress (système de gestion de contenu libre) : sur ce blog et sur le compte Twitter de Charlie, suivez-nous, soutenez-nous, battons-nous !", conclut le message d'accueil du blog.
"LE REFAIRE N'IMPORTE QUAND"
Des groupes de djihadistes célébraient jeudi via Internet l'attentat commis la veille contre l'hebdomadaire français, a rapporté le service de surveillance des forums islamistes SITE. Sur l'un de ces forums, "un djihadiste explique que l'attentat démontre l'attachement des musulmans à leur foi", a indiqué SITE. "Ils peuvent le refaire n'importe quand, particulièrement en cette période où le chômage s'étend et que rien ne préoccupe les jeunes musulmans", ajoute ce djihadiste, selon une traduction de l'arabe effectuée en anglais par SITE.
D'autres mouvements islamistes appellent les musulmans en Egypte, en Libye et en Tunisie à "protester et à exiger que leurs dirigeants menacent de rompre les liens avec la France" si Paris n'interdit pas Charlie Hebdo de publication et "ne pénalise pas" les atteintes à l'islam. Le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, a indiqué mercredi que les autorités françaises ne négligeaient pas la piste des intégristes musulmans après le jet d'un cocktail Molotov qui a détruit le siège parisien du journal.

mardi 1 novembre 2011

« Nous allons perdre la moitié du patrimoine culturel de l’humanité »

Par Agnès Rousseaux (27 octobre 2011)

 
Des 7 000 langues parlées dans le monde, la moitié vont disparaître d’ici une ou deux générations. Emportés par le paradigme de « développement », nous perdons une grande partie de notre patrimoine culturel, affirme Wade Davis, anthropologue canadien. Au nom de la modernité, des populations sont assujetties, les ressources pillées et les cultures anéanties. La diversité de notre patrimoine culturel est pourtant indispensable pour répondre aux défis auxquels nous serons confrontés, en tant qu’espèce, dans les siècles à venir.

Vous avez créé le terme « ethnosphère ». Que recouvre cette notion ? En quoi l’ethnosphère est-elle aujourd’hui menacée, comme la biosphère ?
Wade Davis [1] : L’ethnosphère, c’est la somme des pensées et des intuitions, des mythes, des croyances, des idées auxquelles l’homme a donné vie depuis qu’il est doué de conscience. J’ai créé ce mot pour avoir un principe organisateur de ma pensée. Les mots ont parfois du pouvoir : il y a trente-cinq ans, personne ne parlait de la biosphère, et maintenant cela fait partie du vocabulaire des écoliers. Comme la biosphère, l’ethnosphère est aujourd’hui sérieusement mise à mal. Sur les 7 000 langues actuellement parlées dans le monde, la moitié ne sont pas enseignées à des enfants : dans une ou deux générations, nous perdrons la moitié du patrimoine culturel de l’humanité ! Tous les 15 jours, le dernier locuteur d’une langue meurt.
Les mêmes forces qui menacent la biodiversité compromettent la diversité culturelle. La perte de langages est un indicateur d’un processus beaucoup plus important : l’érosion de la culture. L’anthropologue Margaret Mead s’inquiétait du fait que nous soyons en train de construire une culture moderne informe, sans concurrente. Elle craignait que l’humanité se réveille un jour sans souvenir de tout ce qu’elle a perdu. Que l’imagination humaine soit alors contenue à l’intérieur des limites d’une modalité intellectuelle et spirituelle unique. L’ethnosphère est pourtant le plus beau patrimoine de l’humanité.

Un des plus grands défis de notre civilisation est de comprendre qu’il existe d’autres options culturelles que les nôtres, écrivez-vous. Sommes-nous frappés de « myopie culturelle » ?
Les généticiens ont montré que nous sommes tous frères et sœurs, issus du même ancêtre africain. En 2 500 générations, nous avons conquis l’ensemble du globe. Et nous exprimons le même « génie humain », selon des voies culturelles différentes. Chacun cherche à répondre à la question fondamentale : qu’est-ce qu’être humain ? Les cultures du monde y répondent avec 7 000 voix différentes. Et ces réponses, collectivement, deviennent une sorte de répertoire de l’humanité : des milliers de façons différentes de répondre aux questions essentielles et de faire face aux défis auxquels nous serons confrontés, en tant qu’espèce, dans les siècles à venir.
L’univers social dans lequel nous existons est un modèle parmi d’autres, conséquence de choix effectués par notre lignée culturelle, depuis de nombreuses générations. Notre espèce existe depuis environ 200 000 ans. La révolution néolithique, qui a apporté l’agriculture et la sédentarité, date de 10 000 à 12 000 ans. On prend pour acquis le paradigme de la modernité technologique, alors qu’il a à peine 300 ans. Il ne représente pas la « vague suprême » de l’histoire, mais seulement une vision du monde. Occidentalisation, mondialisation, démocratie ou capitalisme, quelle que soit la dénomination de cette « modernité », elle n’est que l’expression d’une culture singulière, à un moment donné de l’histoire. Ce paradigme nous a amené plein de choses formidables, mais aussi beaucoup de précarité. Sans lui, on n’aurait pas envoyé d’hommes sur la Lune, mais on ne parlerait pas non plus aujourd’hui de changement climatique.
La façon dont on traite la Terre découle par définition de la façon dont nous pensons la Terre. Dans notre tradition culturelle, la Terre n’est pas vivante, l’homme est un esprit rationnel, et la science est un nettoyage de la « maison des croyances ». Quand nous avons embrassé la tradition rationaliste, nous avons rejeté la plupart des mythes, de la magie, du mysticisme. Quand vous voyez une montagne, vous pensez « mine de charbon » et non « divinité ». C’est une question d’éducation, et cela change votre vision du monde. Mais il n’y a pas de vision fausse ou vraie. L’important est de voir comment notre système de croyances change notre relation à l’environnement naturel. La culture est ce qui donne sens à la vie, ce qui permet de tirer une logique et de mettre de l’ordre dans un monde qui en manque.

Il y a une prétention des Occidentaux à penser qu’ils sont les seuls à accepter ou à créer le changement, et que les peuples qui disparaissent sont ceux qui sont restés immobiles...
Le changement est une constante de l’histoire. Ce n’est pas le changement qui menace l’intégrité des cultures, c’est le pouvoir. Nous considérons que les peuples indigènes ont vocation à disparaître, comme si c’était une loi de la nature, comme s’ils avaient échoué à être modernes. C’est faux. Ce sont des peuples dynamiques, poussés vers l’extinction par des forces extérieures, contre lesquelles ils ne peuvent lutter.
Le premier mensonge du paradigme culturel de « développement », c’est de considérer que tout le monde a envie de vivre de cette manière. Qui ne voudrait pas être américain, se dit-on ? Mais, dans ce pays, les habitants consomment deux tiers de la production mondiale d’antidépresseurs, et versent 400 millions de tonnes de déchets toxiques dans l’environnement. La Californie dépense plus pour ses prisons que pour ses universités. Et les jeunes Américains de 18 ans ont passé en moyenne l’équivalent de deux années devant la télévision ! Comment peut-on affirmer qu’une civilisation si « extrême » soit la meilleure ? Le second mensonge du paradigme de développement est de faire croire que si les gens abandonnent leurs traditions, ils seront – comme par magie – capables d’acquérir notre niveau d’aisance matérielle. Ce n’est pas vrai, ou alors il faut vraiment craindre pour la planète. Cela ne provoque souvent que désorientation, déception, aliénation. Ce que l’anthropologie montre, c’est que lorsque des gens subissent cette transition, une des conséquences est le chaos.

Pourquoi les peuples sont-ils poussés au changement ?
La « modernité » fournit une justification à l’assujettissement, avec souvent en arrière-fond l’extraction des ressources naturelles. Les nomades Penan, par exemple, ont une extraordinaire culture et une connaissance inouïe de la forêt. L’État de Malaisie a voulu leur donner des ordinateurs, leur apporter des médicaments, en suivant ce mythe de la modernité. C’est-à-dire nier aux Penan ce qu’ils sont. On leur a dit : « Pour devenir de vrais Malaisiens, vous devez sortir de la forêt. » Et pendant ce temps, on a détruit leur forêt… En 1993, quand je suis revenu chez les Penan, le gouvernement avait autorisé l’abattage des arbres sur 70 % de leurs terres. Et le reste était menacé par les activités illégales. En une génération, le monde des Penan a basculé. Et une des cultures nomades les plus extraordinaires au monde a été détruite. La plupart du temps, l’argument de la modernité est utilisé pour faire bouger les gens de leur terre et exploiter leurs ressources. Les génocides sont universellement condamnés, mais les ethnocides, cette destruction du mode de vie d’un peuple, sont appelées « politiques de développement » !

Une prise de recul, grâce à l’anthropologie, peut-elle permettre de changer cette situation ?
Nous devons commencer par repenser fondamentalement notre manière de générer de la richesse à partir des ressources du monde. Au Canada, pour créer une mine de charbon, il suffit de réunir quelques amis, de créer une entreprise, et tant qu’on garantit au gouvernement une source de revenus, des taxes ou royalties, on obtient le droit de transformer pour toujours une vallée sauvage. Dans notre système de pensée, il n’y a aucun moyen de mesurer l’industrialisation de la nature ou la valeur d’une terre préservée. Un exemple : vous vendez des roses, je viens chez vous et j’achète toutes vos roses, mais en partant je détruis votre maison. Vous vous plaignez que je n’ai pas payé pour la maison ou donné de compensation. Et je vous réponds : « La transaction concernait les roses, et non votre maison. » Elle concerne le charbon et non la vallée. Voyez comme c’est fou ! Qu’en tant qu’individu, si je verse de l’argent au gouvernement, j’obtienne le droit de détruire un endroit… C’est le modèle culturel que nous utilisons pour générer des richesses. Beaucoup disent que c’est la seule manière de faire. L’intérêt de la perspective anthropologique est de suggérer que notre manière de vivre n’est pas la seule possible et qu’il existe de nombreuses alternatives, d’autres manières de penser et d’agir, à ce moment particulier de l’histoire.

Vous dites que la disparition de langues est un des symptômes de cette souffrance, de cette érosion culturelle. Mais des langues disparaissent à toutes les époques : en quoi est-ce si important ?
Quand les gens me disent : « Ce serait plus simple si on avait tous la même culture et si on parlait tous la même langue », je réponds : « C’est une très bonne idée, à condition de choisir le yoruba, le lakota ou l’inuktitut ! » Une seule langue, c’est le fascisme. J’aime cette phrase d’Octavio Paz : « L’idéal d’une unique civilisation, qui sous-tend le culte du progrès et de la technique, nous mutile et nous appauvrit. Chaque vision du monde qui s’éteint, chaque culture qui disparaît réduit les possibilités de vie. » Quel problème cela me pose-t-il, ici à Paris, que certaines tribus en Amazonie disparaissent, par la violence ou par l’assimilation ? Sans doute aucun. Et quel problème cela pose-t-il à ces tribus amazoniennes que Paris disparaisse ? Probablement aucun. Mais le monde sera appauvri si l’un ou l’autre de ces événements arrive. La plupart des gens ne verront jamais une peinture de Monet ou n’entendront jamais une symphonie de Mozart, mais le monde serait affaibli si Monet ou Mozart n’avaient pas existé. Et nous ne parlons pas en ce moment de la perte d’une seule forme culturelle, mais d’une destruction en cascade sans précédent dans l’histoire de l’humanité.
Ces voix sont précieuses car elles nous rappellent qu’il est possible de s’orienter autrement dans le monde. Ce n’est pas seulement une question de nostalgie ou d’exotisme, mais une question de stabilité et de survie géopolitique. Nous traitons, par exemple, le réchauffement climatique comme un problème technique ou scientifique. Nous oublions que pour une grande partie de la population, le changement climatique est vécu au quotidien. On estime que 60 % des glaciers chinois disparaîtront d’ici à la fin du siècle. La moitié de l’humanité dépend de ces fleuves [2]. Le Gange fournit de l’eau à 500 millions de personnes. Il deviendra sans doute, de notre vivant, un fleuve saisonnier. Les impacts économiques et humains seront immenses.

Est-il possible de mettre un frein à cette disparition, à cette mise en péril de l’ethnosphère ?
En 1975, quand je suis allé vivre pour la première fois avec les Indiens de Colombie, mes amis à Bogota me disaient : « Pourquoi vas-tu vivre avec ces gens sales ? » Un des premiers gestes des derniers présidents de Colombie a été de rencontrer les Indiens et de leur rendre hommage. La Colombie leur a rendu des terres. Le Canada a aussi redonné aux 26 000 Inuit le territoire du Nunavut, presque aussi grand que l’Europe occidentale. C’est une prise de conscience que les peuples autochtones, les Premières Nations, ne sont pas des peuples attardés, mais qu’ils nous montrent qu’il existe d’autres façons d’exister, d’autres visions de la vie, de la naissance ou de la mort. Je crois que cette attention envers les cultures et les langues est aujourd’hui plus forte dans le monde.

Propos recueillis par Agnès Rousseaux

Photo : © DR / © Ryan Hill
Wade Davis, Pour ne pas disparaitre : Pourquoi nous avons besoin de la sagesse ancestrale, éditions Albin Michel, 2011, 229 pages.

Notes

[1] Anthropologue et ethnobotaniste, spécialisé dans les cultures indigènes, il a été désigné par la National Geographic Society comme un des « Explorateurs du millénaire »
[2] Pendant la saison sèche, 70 % des eaux du Gange proviennent du glacier de Gangotri, qui recule de presque 40 mètres par an.