Je discutais de ça avec un copain hier. De toutes façons, cela fait longtemps que je conchie le mot de patrie, littéralement "héritage du père". C'est pas parce que nous n'avons pas d'autres mots ou que nous ne sommes pas capables d'en trouver d'autres, qu'il faut nous laisser glouglouter par les tenants du patriarcat qui ont modelé le monde d'aujourd'hui. Je pense par exemple à cet abruti de Picasso, grand artiste mais grand con aussi qui a utilisé les symboles de "la deuxième culture", le patriarcat - notamment en faisant référence à Mithra le dieu-soleil patriarcal - pour justifier son amour de la torture. Dans la première culture matriarcale le taureau est le géniteur, "consort symbolique de la grande déesse". La vache aussi est sacré. Mais Picasso et tous les amoureux de la corrida font référence à cette deuxième culture. Le toréador, vertical, phallus lumineux, allégorie de la divination du viril. Connaissant Picasso et son rapport avec les femmes et son amour de la corrida, il ne faut pas s'étonner. Je vous dis tout cela, car je suis en train de lire un livre qui s'appelle : "Avant les dieux, la mère universelle" et qui consacre justement un petit paragraphe à la corrida. Ouvrage très intéressant qui démontre, à la lecture de textes anciens, comment nous sommes passés d'une culture à l'autre.
Il faut continuer à chercher le sens qu'il y a en toutes choses et ne pas nous laisser déposséder de notre pouvoir de regarder le monde et de l'analyser à notre manière.
Je vous propose, pour commémorer ce retour en arrière dans l'inhumanité, un texte tout frais de babel
Il faut continuer à chercher le sens qu'il y a en toutes choses et ne pas nous laisser déposséder de notre pouvoir de regarder le monde et de l'analyser à notre manière.
Je vous propose, pour commémorer ce retour en arrière dans l'inhumanité, un texte tout frais de babel
Puisque l'héritage de la France contient la corrida…
Je demande à l’État français de constater ma déshérence. Je refuse l’héritage. Je renonce aux châteaux de la Loire, aux traditions et arts populaires, aux Tontons Flingueurs et aux mille fromages : il y a trop de cadavres dans le placard. Cadavres de Toros : regardez les deux cornes de ce T fièrement dépassant des herbes noires de la ligne… Vraiment, l’odeur de la charogne couvre même celle de l’andouillette. Cadavres de toréros, même s’ils savaient ce qu’ils mettaient en jeu. Les paillettes dansent comme des phosphènes devant les yeux, comme un générique de LSD pour oublier dans l’arène comment notre vie a été réglée sur la mise à mort de l’autre. Cadavres de rêves d’un monde où le sable n’aurait pas à boire du sang, rêves d’un sable s’abreuvant aux marées et aux étangs.
Donc, c’est dit :
Je renonce à mon héritage.
Je voulais la Douce France
Le cher pays de nos enfances
Les châteaux, les ermitages
Je ne veux pas de corrida
Je renonce
Je renonce à être de ce sang-là
Qui se verse dans les vivats
Entre deux vins et deux javas
Pour oublier que rien ne va
Je ne veux pas de corrida
Je renonce
Aux grès roses des cathédrales
Aux blancs des stations thermales
Aux ombres des forêts royales
À l’or des tours médiévales
Je ne veux pas de corrida
Je renonce
À un drapeau muleta blanc bleu
À hériter d’un pique-bœuf
Au refus des cessez-le-feu
À tous les jeux trop dangereux
Je ne veux pas de corrida
France, je renonce à mon héritage…
4 commentaires:
Magnifique texte également de Jean Ortiz reçu aussi aujourd'hui. Je vais le mettre sur mon blog.
Il faut aussi écrire à Sarko et Fillon, téléphoner également.
Le Patrimoine Mondial de la Barbarie et des abrutis!
Pas besoin d'un musée pour conserver cet art subtil autant qu'ancestral : un pays tout entier ne suffirait pas pour contenir pareille splendeur décadente...
La planète elle-même est peuplée de ses fiers représentants!
ils ne respectent pas les humains alors des taureaux....????
Merci pour cette belle tirade sur la conner*e humaine!
Les torophiles jubilent sous cape, les taureaux vont tomber de plus belles, et mon sang n'a fait qu'un tour en apprenant cette nouvelle vicieuse à souhait.
Du coup je deviens militante, j'écris, j'appelle, je peste, je ronge mon frein et j'ai cette souffrance innutile qui me pese sur l'estomac.
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