lundi 13 mai 2013

Pensées sauvages


C'est couillon... J'étais en train de faire de l'ordre dans le bureau de mon ordi et je tombe sur ce texte. Mais impossible de me rappeler qui me l'a envoyé, ni quand ! Bon c'est pas grave, je vous en fait profiter ! Lurbeltz

En tant que sanglier à poil dur des Pyrénées et porte parole des «nuisibles», nos services de renseignement nous ont signalé qu'il y avait, aux pieds de nos montagnes, un paquet de plantes non-identifiées au répertoire naturel des espèces à croquer. Il paraît que certains zumains ont semés dans la nature des plantes masquées qui fichent la schkoumoun aux insectes croqueurs et peut-être même aux zanimaux à sang chaud comme nous. Est-vrai ?

Car si nous, sangliers de père en fils, espèce non protégé, avec l'ensemble des croqueurs de graines, des suceurs de sucs et de pollen, nous ne pouvons plus circuler librement sans tomber dans vos champs de mines anti-animal non balisés , que va-t-il advenir ?
C'est non seulement nous et nos familles qui risquons d'être contaminés, mais aussi bien d'autres encore !
Y avez-vous pensé ?

Vous les zumains, vous avez tellement proliféré et envahi nos espaces naturels qu'il est devenu difficile pour nous de circuler d'une région à l'autre et même d'aller à la plage avec les enfants sans tomber sur vos fichues constructions, vos déchets en tous genres et vos champs cultivés que nous croquons parfois car nous ne trouvons rien d'autre à nous mettre sous la dent pour tenir la route. Et après, vous nous traitez de «nuisibles»!
Ne trouvez-vous pas que c'est un peu facile ?

Nous faisons partie des minorités chahutées. Par la force, vous avez colonisé des territoires entiers sans nous concerter, nous, zanimaux et plantes sauvages.
Nous, nous vivons à poil depuis des lustres sans complications . Nos corps nus sont soumis aux rythmes de la nature et des saisons. Si nous avons suffisamment d'espace vital, chaque période de l'année nous apportent l'essentiel pour vivre.
Oui, comment vous faire sentir nos vies en relation avec les éléments entre terre et ciel, dans l'herbe et la broussaille tous les sens en éveil ; vous faire percevoir combien nous avons besoin d'espaces naturels vierges ?

Mais pour revenir à nos propos du début. Par précaution, demandez encore et encore à vos chamans s'il est nécessaire de compliquer ce lien qui nous relie tous à la nature, d'asservir encore et encore plantes zé animaux, pour quels besoins ? Sincèrement, nous avons du mal à vous suivre dans votre évolution, dans votre recherche d'un «bien être».
Nous constatons que nous ne partageons pas tout à fait la même conscience de la nature.
Votre sensibilité naturel perdu, nous craignons qu'après avoir inventé autant de paradis artificiels et de solutions délirantes pour vivre, vous ayez aussi perdu ce qui vous reste de raison.

Après ces quelques pluies d'orages, c'est le moment pour nous d'aller comme des petits fous nous vautrer dans la boue et, au passage, chasser quelques (pensées sauvages) parasites !

Ensuite - foi d'animal ! - nous irons soutenir ceux des zoms qui prennent soin de leur nature, qui cultivent avec tendresse pour le bien de tous.

Car nous tous dans la broussaille nous nous sentons concernés.

Animalement et végétalement votre.

dimanche 12 mai 2013

En terre aborigène


Je viens de terminer la lecture de : "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien" de François Giner.  A l'époque, j'avais écrit une note sur le livre (Mangareva) qui racontait comment des moines picpussiens s'y étaient pris pour dévaster en moins d'une cinquantaine d'année, une île paradisiaque de l'archipel des Gambier.
Ce livre-ci nous raconte comment en deux décennies seulement, les blancs ont réussi à détruire ce qui n'avait pas changé depuis 60 000 ans…  Oui vous avez bien lu, 60 000 ans, ce qui est l'échelle moyenne et 40 000 ans l'échelle basse selon les estimations.
Il y a quelque chose de commun à l'ensemble des anciennes civilisations de la planète qui vivaient en harmonie avec la nature. Elles avaient toutes une vision cyclique et non linéaire de l'existence, "leur circuit toujours recommencé s'organisait selon un calendrier des saisons basé sur la floraison .../ … leur seul modèle était la nature qui a toujours été généreuse envers eux."
Mais ce livre est d'une tristesse incomparable, car il raconte comment meurent un à un les vieux aborigènes qui connaissaient les lois anciennes, les secrets de leur vieilles cultures et comment les jeunes, intoxiqués par la société occidentale, la Munanga wei, se détournent de ce monde ancien pour sombrer, la plupart du temps dans la drogue, l'alcool, la télévision…
C'est triste, mais si on ne lit pas ce livre, on ne peut pas comprendre tout ce que notre modèle de société a de pourri dans ses entrailles. 
S'enfuir à quatre pattes de ce monde de fous, accepter tout ce qu'il y a de libre et de sauvage en soi, refuser les idées toutes faites, refuser la société de consommation, de compétition, s'éloigner du culte du travail, du toujours plus vite et du toujours plus compliqué, chercher à être soi-même... Telle est ma quête !

François Giner "En terre aborigène - rencontre avec un monde ancien". Latitudes Albin Michel

Description de l'ouvrage : 

Leur culture vieille d'au moins 40.000 ans est l'une des plus anciennes de l'humanité. Jusqu'à l'arrivée des Européens à la fin du XVIIIe siècle, les Aborigènes ont vécu de chasse, de pêche et de cueillette en harmonie avec une terre à laquelle ils appartenaient et qui nourrissait leur spiritualité, leurs coutumes et leur organisation sociale. Estimés à 350.000 en 1788, les Aborigènes n'étaient plus que 50.000 en 1966 et il ne reste aujourd'hui pas grand chose des 500 tribus d'origine. L'intrusion des Blancs dans leur univers traditionnel a été d'une incroyable brutalité : exterminés ou réduits en esclavage avant d'être brutalement assimilés, décimés par les maladies et l'alcoolisme. Aujourd'hui, la plupart ne survivent plus que dans une misère désespérante et les plus jeunes perdent souvent tout contact avec leur ancienne culture.
Originaire de l'Hérault, François Giner s'est immergé depuis 20 ans dans l'univers des Aborigènes. Il vit aujourd'hui dans une région reculée de la Terre d'Arnhem (à 700 km au sud de Darwin), au coeur de 400.000 hectares de bush. Un territoire appartenant au clan des Ngklabon. George Jangawanga, vieux sage aborigène, lui a accordé le premier son amitié, puis sa confiance, avant de lui donner un nom, Balang , et de le prendre pour frère. Avec les Ngklabon, François Giner va monter un projet de développement économique basé sur le tourisme culturel : l'établissement d'un camp qui accueille de petits groupes de voyageurs pendant la saison sèche. Son récit oscille sans cesse entre la beauté des paysages du bush, la richesse des traditions ancestrales, les récits de la création du monde, les rites complexes qui sont toujours respectés, mais aussi la lente dégradation des rapports humains, la désaffection des jeunes pour les coutumes, les ravages de l'alcool et de la drogue liés aux problèmes d'identité et de racisme, la colère et le désespoir des anciens, dépositaires de secrets qu'ils ne peuvent plus transmettre à quiconque.
Teinté de respect et d'affection, ce témoignage d'une rare authenticité restitue aux aborigènes d'Australie une humanité que deux siècles de colonisation leur a pour ainsi dire dénié.

mercredi 1 mai 2013

Gasodiari ez

C'était en 92-93... 1993 évidemment. Mais 1993 c'était un peu mon 1793 à moi... 1793 c'était la révolution française. 1993 c'est ma révolution à moi, mon Mai 68. J'étais anarchiste / libertaire, je ne sais trop quoi, jusqu'au bout des ongles. J'écoutais Leo Ferré à tue tête dans la bagnole quand je montais à 5 h du mat bloquer les machines du côté de Bosmendieta à Larrau. Je n'avais plus de famille, pas encore d'enfants, pas de boulot, pas de bagnole et je lisais Rimbaud et Verlaine dans un apart déglingué à la Haute ville (Mauléon). C'est aussi là que j'ai découvert que j'habitais dans un pays qui s'appelle Euskal Herri, qu'il y avait des collabos, des résistants et une majorité silencieuse. Et c'est là aussi que j'ai compris qu'il fallait lutter dans la vie. Respect donc, en ce 1er mai, pour tous les travailleurs et travailleuses qui partout dans le monde luttent pour des conditions de vie meilleures.