5 fondamentaux pour être un vrai écolo
Par Yves Paccaletphilosophe écologiste
Eva Joly stagne. Créditée d'un petit pourcentage dans les sondages, la chef de file d'Europe-Écologie semble s’essouffler. Yves Paccalet, fervent écologiste et auteur de plusieurs essais à ce sujet, prône un retour aux basiques écologiques, trop souvent éludés du débat politique.
La plupart des observateurs politiques, certains journalistes et nombre de leurs ennemis raillent la façon dont les écolos conduisent leur campagne.
Il est temps pour les Verts de faire ce que l’entraîneur recommande au
joueur de football à gros mollets et cerveau mince : "revenir aux
fondamentaux" et selon un autre cliché sportif, "rester bien en place"
(locution spécialement idiote puisqu’il s’agit de courir derrière un
ballon).
Voici donc quelques "fondamentaux" écolos, sans le respect desquels point de "verditude" possible.
Eva Joly, candidate Europe Écologie-Les Verts (EELV) en visite de campagne à Rully, le 24 novembre 2011 (CHESNOT/SIPA).
1. L’humanité ruine la biosphère.
Elle saccage et pollue la planète en imaginant ainsi faire progresser
le plus grand nombre. Les milieux naturels disparaissent à une vitesse
effarante. Nous détruisons la biodiversité en oubliant un détail : il
s'agit de notre mère. Nous sommes le fœtus, et nous donnons de grands
coups de couteau dans l’utérus qui nous nourrit. Nous prouvons ainsi que
nous incarnons l’espèce la plus intelligente du règne animal.
2. Il n’y aura jamais de croissance matérielle indéfinie sur une planète finie. Les ressources terrestres sont limitées et la démographie mondiale explose.
La majeure partie de notre espèce vit et meurt dans la misère. Les plus
riches ne pourront s’enrichir davantage qu’au risque d’un conflit
d'ampleur mondiale.
3. La seule bonne méthode pour résoudre la crise énergétique consiste
à économiser les réserves qui sont encore à notre disposition. Nous ne
pouvons pas choisir entre la catastrophe nucléaire et le désastre
climatique. Nous devons nous lancer dans la domestication des énergies
renouvelables, mais nous n’en aurons jamais assez, surtout si nous
voulons (conformément à nos idéaux religieux, philosophiques et moraux)
améliorer les conditions de vie des plus démunis.
4. Il y a urgence à protéger les forêts tropicales,
les marais, les mangroves, les montagnes, les côtes, les récifs de
coraux, les glaces polaires, la richesse biologique de nos campagnes et
de nos villes, bref, notre biodiversité. Les baleines, les dauphins, les
requins, les éléphants, les tigres, les lions, les ours, les loups ou
les aigles, c’est-à-dire la quasi-totalité des bêtes sauvages qui
enchantent nos légendes, nos contes pour enfants ou nos récits
mythologiques, risquent de disparaître d'ici vingt ans.
Si nous touchons cette extrémité, nous anéantirons non seulement des
espèces indispensables à l’équilibre des écosystèmes qui nous font
vivre, mais également des pans entiers de notre culture, de notre
littérature, de nos arts, de nos plus beaux poèmes et de nos rêves de
gosses, bref de ce qui a fait de nous des hommes avant le smart-phone et
la téléréalité.
5. Nous devons nous mobiliser pour nos frères humains. Pour
la justice et la paix, pour les droits et la liberté des peuples, pour
l’égalité des sexes, des langues et des religions. Mais nous devons
aussi nous battre contre la cruauté perpétrée à l’encontre des espèces
abusivement considérées comme "inférieures". La lutte contre les élevages concentrationnaires et les abattoirs de l’angoisse fait partie des impératifs écologiques.
Tout comme l’idée selon laquelle les combats de coqs, la chasse et
plus particulièrement la chasse à courre, constituent des activités
indignes de notre époque. La corrida, l’effroyable corrida, la
terrifiante course de taureaux, ce spectacle de la torture, les
hectolitres de sang et le matador aux "cojones" coincées dans son "habit
de lumière", ne sont pas des cérémonies métaphysiques, mais des
épisodes de sadisme caractérisé, de la part de leurs auteurs, de ceux
qui les applaudissent et de ceux qui ramassent l’argent.
Lorsqu’une tradition évoque une pure saloperie, il faut l’abolir et non pas en faire un patrimoine immatériel de l’Unesco !
Être moins pressés, moins avides, moins cruels : tel est le but qui
nous est assigné pour avoir une chance de devenir, un jour, de vrais
Homo sapiens. Si nous approchions de cet idéal, nous aurions accompli un
progrès digne de ce nom. Pour cela, nous devons respecter les
"fondamentaux" !