jeudi 28 avril 2011

Rassemblement contre le nucléaire !



SAMEDI 30 AVRIL

au marché de Mauléon 10h à 12h


RASSEMBLEMENT


On fera le

démantèlement de la centrale de TCHERNOSHIMA

Et on fera connaître la lettre d’une lycéenne japonaise


Venez avec ou sans combinaisons ou masques,

preparez des panneaux et documents informatifs

Apportez des boîtes de conserve vides et des vieilles balles de tennis pour le grand


« CHAMBOULE TOUT »


mardi 26 avril 2011

La corrida patrimoine immatériel !!!

Je discutais de ça avec un copain hier. De toutes façons, cela fait longtemps que je conchie le mot de patrie, littéralement "héritage du père". C'est pas parce que nous n'avons pas d'autres mots ou que nous ne sommes pas capables d'en trouver d'autres, qu'il faut nous laisser glouglouter par les tenants du patriarcat qui ont modelé le monde d'aujourd'hui. Je pense par exemple à cet abruti de Picasso, grand artiste mais grand con aussi qui a utilisé les symboles de "la deuxième culture", le patriarcat - notamment en faisant référence à Mithra le dieu-soleil patriarcal - pour justifier son amour de la torture. Dans la première culture matriarcale le taureau est le géniteur, "consort symbolique de la grande déesse". La vache aussi est sacré. Mais Picasso et tous les amoureux de la corrida font référence à cette deuxième culture. Le toréador, vertical, phallus lumineux, allégorie de la divination du viril. Connaissant Picasso et son rapport avec les femmes et son amour de la corrida, il ne faut pas s'étonner. Je vous dis tout cela, car je suis en train de lire un livre qui s'appelle : "Avant les dieux, la mère universelle" et qui consacre justement un petit paragraphe à la corrida. Ouvrage très intéressant qui démontre, à la lecture de textes anciens, comment nous sommes passés d'une culture à l'autre.
Il faut continuer à chercher le sens qu'il y a en toutes choses et ne pas nous laisser déposséder de notre pouvoir de regarder le monde et de l'analyser à notre manière.

Je vous propose, pour commémorer ce retour en arrière dans l'inhumanité, un texte tout frais de babel

Puisque l'héritage de la France contient la corrida…
Je demande à l’État français de constater ma déshérence. Je refuse l’héritage. Je renonce aux châteaux de la Loire, aux traditions et arts populaires, aux Tontons Flingueurs et aux mille fromages : il y a trop de cadavres dans le placard. Cadavres de Toros : regardez les deux cornes de ce T fièrement dépassant des herbes noires de la ligne… Vraiment, l’odeur de la charogne couvre même celle de l’andouillette. Cadavres de toréros, même s’ils savaient ce qu’ils mettaient en jeu. Les paillettes dansent comme des phosphènes devant les yeux, comme un générique de LSD pour oublier dans l’arène comment notre vie a été réglée sur la mise à mort de l’autre. Cadavres de rêves d’un monde où le sable n’aurait pas à boire du sang, rêves d’un sable s’abreuvant aux marées et aux étangs.
Donc, c’est dit :
Je renonce à mon héritage.
Je voulais la Douce France
Le cher pays de nos enfances
Les châteaux, les ermitages
Je ne veux pas de corrida

Je renonce
Je renonce à être de ce sang-là
Qui se verse dans les vivats
Entre deux vins et deux javas
Pour oublier que rien ne va
Je ne veux pas de corrida

Je renonce
Aux grès roses des cathédrales
Aux blancs des stations thermales
Aux ombres des forêts royales
À l’or des tours médiévales
Je ne veux pas de corrida

Je renonce
À un drapeau muleta blanc bleu
À hériter d’un pique-bœuf
Au refus des cessez-le-feu
À tous les jeux trop dangereux
Je ne veux pas de corrida

France, je renonce à mon héritage…

dimanche 24 avril 2011

Viva Villa !

J'adore les révolutions mexicaines. D'ailleurs, le Mexique m'attire. J'aime bien les peintures murales qui sont une spécialité mexicaine. J'ai aimé il y a quelques années de cela, suivre les péripéties des indigènes du Chiappas, les néozapatistes. Je vous conseille les deux volumes des communiqués du sous-commandant Marcos de l'EZLN, "Ya basta" 1 et 2 : deux pépites de littérature, de philosophie, d'humour et de poésie disponibles aux éditions Dagorno.
Je viens de finir la lecture d'un roman que j'avais dans ma bibliothèque depuis de nombreuses années. Là aussi, c'est chez Dagorno que ce livre a été publié. "Viva Villa" de Gérard Delteil. Il s'agit de l'histoire de Pancho Villa qui mena une révolution au Mexique pour libérer les peones (Valet, en Espagnol)de la main de fer des Terratenientes (les grands propriétaires terriens).
Dans ce roman on découvre les conditions de vie des paysans mexicains qui vivent comme des cerfs au Moyen-âge sous le régime autoritaire de Porfirio Diaz. En 200 pages, l'auteur brosse la révolution mexicaine, et parfois, justement, ça va un peu trop vite et on se dit que cela aurait mérité une grande saga romanesque avec plus de détails.
J'ai pensé en lisant ce livre aux révolutions arabes. J'ai pensé aussi aux Mexicains d'aujourd'hui qui continuent la lutte, et se débattent plus ou moins contre les mêmes tortionnaires. On a toujours raison de se battre pour la liberté, l'égalité, non ?


vendredi 22 avril 2011

Catastrophe nucléaire : on vous l’avait bien dit

« L’apocalypse » en cours au Japon est tout sauf inattendue et imprévue. On peut en dire comme de bien d’autres malheurs : vous en savez déjà suffisamment, nous aussi. Ce ne sont pas les informations qui nous font défaut, ce qui nous manque, c’est le courage d’admettre ce qui nous arrive et d’en tirer enfin les conséquences. Voici cinquante ans que nous vous mettons en garde, nous, prophètes de malheur, oiseaux de mauvais augure, cassandres, obscurantistes, rabat-joie, écolos rétrogrades, punitifs, intégristes, ayatollah verts, anarchistes irresponsables, baba cool… Cinquante ans que vous nous invitez à retourner vivre dans une caverne d’Ardèche, vêtus de peaux de bêtes, éclairés à la bougie et nourris de lait de chèvre.

...

Lire la suite ici

site internet : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/

jeudi 14 avril 2011

Traité d'athéologie

Je vous conseille la lecture du "traité d'athéologie" de Michel Onfray. Pourtant, je ne suis pas à proprement parler "athée", mais plutôt agnostique. Quelle est la différence entre athée et agnostique ? La personne athée est habitée par un genre de foi inversée. C'est-à-dire que l’athée est certain que dieu n'existe pas. Curieusement donc, il y a un point commun entre l’athée et le religieux, c’est la certitude. L'agnostique d'après le petit Robert est une doctrine d'après laquelle tout ce qui est au-delà du donné expérimental (tout ce qui est métaphysique) est inconnaissable. L'agnostique (enfin c'est du moins la définition que je lui donne) ne s'interdit donc aucun réflexion, aucune question aucune supputation, mais il ne formule rien en terme de réponses péremptoires. Quoi qu'on en dise, on ne peut pas prouver, ni l'existence de dieu ni son inexistence, on ne peut pas matérialiser l’inconnaissable. Idée très bien exprimée dans cette phrase de Rûmi inspirateur du soufisme dans le Masnavi. « Il ne serait pas convenable que je t’en dise davantage, car le lit de la rivière ne peut contenir l’océan ». Les êtres finis que nous sommes ne peuvent pas contenir l’infini en quelques sortes. Etre agnostique, c’est n’avoir aucune certitude.

Le livre de Michel Onfray est truffé de certitudes, mais il est important de les connaître, ne serait-ce qu’afin de nettoyer nos oreilles de toutes ces réponses qui ont été empilées dans l'histoire et qui ont encombré cette histoire de persécutions, d'autodafés, de tortures, d'élimination physique, d’évangélisations forcées.

Je crois que chez nous ici, il serait bon que nous regardions notre religion chrétienne avec un autre oeil. Michel Onfray avec son traité d'athéologie nous y aide bien. Ce livre ne m'a pas converti à l'athéisme, mais il m'a conforté dans la volonté de poser librement des questions, de rester ouvert au monde et d'être un éternel cherchant comme disait Théodore Monod. Je suis toujours étonné de voir comment ici au Pays-Basque le christianisme - qui a mis beaucoup plus de temps qu’ailleurs à s’installer - est aujourd’hui enraciné plus profondément qu’ailleurs.

Sur ce sujet et pour tenter de décliner localement cette réflexion sur les dangers des religions, je peux vous donner un exemple concret et local. Je suis resté totalement interdit en lisant un papier du journal Autour du clocher, N° 3 de mars 2011. Ce journal propose une lettre écrite en 1909 par le père Charles de Foucault. Cette lettre serait - je cite le commentaire d’Autour du clocher : "troublante et ahurissante"… Là, je serai plutôt d'accord, mais le journal continue son commentaire en disant … "plus de 100 ans avant, une telle clairvoyance". Une clairvoyance quelle clairvoyance ? Celle qui exprime dans ce texte le fait que les musulmans ne peuvent pas être français ? Que tant qu’ils ne se convertiront pas au christianisme ils resteront des barbares ? Je cite encore : "Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D'une manière générale, non." Autre citation " tant qu'ils seront musulmans, ils ne seront pas français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du Medhi (Medhi, le Bien Aimé : le Sauveur de l'Islam), en lequel ils soumettront la France." On dirait un machin écrit par le FN ou l’UMP. Mais faut-il s’en étonner ?

Et quand je pense que nos ecclésiastiques locaux d’Autour du clocher considèrent tout ce salmigondis qui surfe sur les thèses de la droite et de l’extrême droite, qui est empêtré dans le racisme le plus laid, qui fait l’éloge du colonialisme contre les barbares à évangéliser, qui se positionne comme au bon vieux des missions en Amérique du sud, dans les pays africains et arabes, comme de la clairvoyance ? Je me dis que vraiment les chrétiens n'ont absolument pas retenu les leçons de leur histoire, qui est quand même une suite tragique de catastrophes en chaines, d’ethnocide et de lavage de cerveau.

Alors en conclusion, je dis athée par forcément. Mais si ce livre peut nous permettre d’être lucide devant ces 2000 ans d’histoires du christianisme pas très glorieux, je pense que ça vaut le coût de se plonger dans cet ouvrage.


Charles de Foucault sur Wikipédia


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Dernière minute :


Après avoir écrit le texte ci-dessous, il y a quelques semaines, je fais des recherches sur internet. Qui est ce Charles de Foucault ? Beaucoup de choses sur cet homme d'église qui est apparemment un personnage important dans l'histoire de la colonisation en Afrique du nord. Une longue page dans Wikipédia, pas mal de bouquins sur lui. Un homme de son époque, en somme, avec ses délires de missionnaire apparemment, mais aussi une certaine "humanité" de son époque aussi. D'un côté il semble avoir joué un rôle contre l'esclavage, d'un autre on l'accuse de choses assez terrible "Ce prêtre soldat a endossé ainsi un double statut difficilement conciliable. Celui de l’humaniste qui soignaient les "pauvres" nomades, du scientifique qui faisait un travail de recueil admirable et enfin celui moins glorieux d’espion, de manipulateur, de prosélyte, d’agent de la colonisation" (source ici).
Il faut rappeler qu'à l'époque la colonisation est un phénomène banal qui est porté par des laïcs, notamment Léon Gambetta ou Jules Ferry.
Le plus grave dans cette histoire c'est qu'aujourd'hui, des hommes d'église (et notamment ce HJ dans Autour du clocher, ici en Soule), voient de la clairvoyance à cette lettre de Charles de Foucault, à l'aune de ce qu'il se passe aujourd'hui. Et quand on lit cette lettre et les commentaires de ce HJ, nous sommes en droit de frémir et de penser que globalement, l'église n'a pas changé et que sous son inertie apparente une braise brulante continue de chauffer tranquillement.
Autre chose importante (et c'est ce qui m'a poussé à écrire ce rajout), c'est que le rédacteur HJ, dans Autour du clocher, n'a pas mis la lettre en intégralité. Ils ont notamment fait sauter le dernier paragraphe qui commençait comme ça : "Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que notre race reste pure".
Ça se passe de commentaires non ?

Lurbeltz le 16/4/2010


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DÉFINITION DU PETIT ROBERT POUR LE MOT "CLAIRVOYANT"


clairvoyant, ante [klDYvwajS, St] adj. et n.
• clerveant 1265; de clair et voyant
1¨ Vx Qui voit clair (opposé à aveugle). fi voyant. – N. « l'aveugle saisit le bras du clairvoyant » (Jules Verne).
2¨ Mod. Qui a de la clairvoyance. Esprit clairvoyant. fi 2. fin, intelligent, lucide, pénétrant, perspicace, sagace. D'un œil clairvoyant.
3¨ N. Parapsychol. Personne qui pratique la clairvoyance.
Ä CONTR. Aveugle.


dimanche 10 avril 2011

Viva Zapata !

Dans quelques jours, je vous parlerai d'un livre que je viens de lire, à propos de Pancho Villa. En attendant, un extrait du film "Viva Zapata".
Il y a une résonance certaine dans cet extrait, avec ce qu'il se passe dans les pays arabes en ce moment non ? Le paternalisme sirupeux, la longévité de la présidence de Porfirio Diaz ( + de 35 ans), le même acharnement à exploiter les plus pauvres ...
Et aujourd'hui, dans ce pays, qu'en est-il de la révolte ? En France, au Mexique. Qu'en est-il de l'indignation ici en France contre ce gouvernement stupide qui tombe dans l'extrême droite ? Sauf qu'aujourd'hui 100 ans après la révolution mexicaine, à l'heure des révolutions arabes, il y a un problème supplémentaire... La finitude de la planète, la mise à sac de la nature. Décidément, il ne va pas être simple ce 21 ème siècle !


samedi 9 avril 2011

Changeons d'ère, sortons du nucléaire !


Agenda Aquitaine

16 avril 2011 - Agen (47) : Changeons d'ère, sortons du nucléaire

9h à 12h : place des Laitiers, près marché bio

Stand information et appel pour le 24 avril à Golfech (cf Midi-Pyrénées)

Contact : Monique Guittenit - VSDNG-Stop Golfech
moniqueguittenit47 (a) orange.fr
Tel : 05 53 95 02 92

25 avril 2011 - Braud-et-Saint-Louis (33) : Pique-nique Anti-Nucléaire

12h : Centrale nucléaire du Blayais

Pique-nique et manifestation devant la centrale du Blayais (Gironde)

Contact : Stéphane - Tchernoblaye
tchernoblaye (a) free.fr
--
Laura Hameaux
Coordination Nationale des groupes et actions

Réseau Sortir du nucléaire
Maison de l'Economie Sociale et Solidaire
81 bis, rue Gantois
59000 LILLE

Mobile: +33 (0)685230511
Tel: +33 (0)320179491
Mail: laura.hameaux@sortirdunucleaire.fr
Web: http://www.sortirdunucleaire.org/

mardi 5 avril 2011

L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie

Je vous propose une chronique que j'avais écrite le mois dernier pour l'émission radio Blo bloga à Xiberoko Botza

Je viens de lire le dernier livre d’Hervé Kempf qui s’appelle « L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie ». Peut-être quelques uns d’entre vous ont déjà lu les deux précédents opus de cet auteur : « Comment les riches détruisent la planète » et « Pour sauver la planète sortez du capitalisme ». De ce que je me souviens, il disait qu’il y avait deux crises, une crise sociale et une crise écologique et qu’il fallait s’occuper des deux en même temps et qu’il était urgent de sortir du capitalisme.

Dans ce nouveau livre, Hervé Kempf nous parle de démocratie et pose la question de savoir si nous sommes vraiment aujourd’hui dans un régime démocratique et si nous ne sommes pas entrés dans un régime oligarchique.

Ce livre est pour moi très intéressant car il fait sa démonstration de manière précise et globale en nous expliquant de quelle manière les puissances de l’argent, les grands médias, les lobbies décident pour nous dans les hautes strates et de quelles manières finalement nous sommes dépossédés de notre pouvoir de citoyen.

Déjà j’avais fait le constat personnel de l’échec de la démocratie locale. Quelques exemples. Je me souviens il y a quelques années, une bataille était engagée en Soule autour du gazoduc et je m’étais moi-même impliqué, notamment en m’opposant physiquement aux travaux. J’ai même été mis en garde-à-vue et cela m’a valu quelques jours de prison avec sursis. Je me souviens, d’une élection à ce moment-là. J’habitais alors à la Haute-Ville de Mauléon. Je vais voter. Devant le bureau de vote, je croise Socodoybéhere, membre ou proche du PS et conseiller municipal. Il avait eu vent de mes aventures probablement, et il me dit d’un ton moraliste : « voilà, c’est comme ça qu’il faut s’exprimer »… Sous entendu, tes frasques en haut de Bosmendieta sont ridicules. La démocratie, c’est les élections et rien que ça. C’est-à-dire, il faut faire confiance aux oligarques qui dirigent le monde. Quelques années plus tard, j’étais conseiller municipal à Mauléon et j’ai pu me conforter dans ce constat et voir comment localement, une oligarchie pouvait fonctionner même dans notre microcosme souletin. Dans les communes, d’abord on peut observer les dysfonctionnements notamment en regardant comment une minorité décide souvent de façon arbitraire de notre avenir sans jamais pratiquement nous consulter et ensuite comment cette démocratie est définitivement diluée et décrédibilisé dans un grand tout qui s’appelle communauté des communes.

Le livre d’Hervé Kempf explique à un niveau macro-démocratique le glissement vers l’oligarchie qui est accompagné localement ici par les édiles locaux qui ont peu de marge de manœuvre mais qui continuent de nous faire croire qu’ils maitrisent quelque chose. Dernièrement, l’épisode WIMAX a bien démontré comment nos édiles étaient inféodés au pouvoir, aux grands groupes industriels privés et comment, de toutes manières, globalement, ils étaient colonisés par le système.

Pour moi démocratie représentative + participative = démocratie directe. La démocratie directe étant la vraie démocratie comme le démontre l’étymologie qui me sert de gouvernail : « souveraineté qui appartient au peuple ». Certains me disent, si on donne la parole à tout le monde ce serait le bordel… Je réponds… « Mais c’est le bordel ».

Un livre à lire de toute urgence

Blog de l'auteur : http://www.reporterre.net

Emission radio "Là-bas si j'y suis et entretien avec l'auteur

dimanche 3 avril 2011

Oligarchie et démocratie

Hervé Kempf : « Il est vital pour l’oligarchie de maintenir la fiction d’une démocratie »

Par Linda Maziz (10 mars 2011) Un article de http://www.bastamag.net/

Les puissances d’argent ont acquis une influence démesurée, les grands médias sont contrôlés par les intérêts capitalistes, les lobbies décident des lois en coulisses, les libertés sont jour après jour entravées. Pour Hervé Kempf, journaliste et essayiste, si nous voulons répondre aux défis du 21e siècle, il est impératif de revenir en démocratie. Et mettre fin à l’oligarchie, régime actuel qui maintient les privilèges des riches au mépris des urgences sociales et écologiques.

Basta ! : Pourquoi affirmez-vous que nous ne sommes plus en démocratie, et pas encore en dictature, mais dans une « oligarchie » ?

Hervé Kempf : Dans les pays occidentaux, l’évolution du capitalisme ces 30 dernières années a provoqué une considérable augmentation des inégalités. Elle a conduit à détacher encore plus le groupe des très riches du reste de la société. Ce groupe a acquis un pouvoir énorme, qui lui permet de contrôler les grands choix collectifs. Derrière l’apparence d’une démocratie représentative, le destin de la collectivité est déterminé par un petit groupe de gens, la classe oligarchique.

Le régime oligarchique actuel se caractérise par une extension du pouvoir des acteurs économiques, bancaires et financiers. Et par un affaiblissement du pouvoir relatif de l’État. L’histoire récente l’illustre clairement, avec les exemples de la Grèce, du Portugal, de l’Irlande : ce sont désormais les spéculateurs, les banques, les fonds de pension qui décident des politiques économiques de ces pays. Le dénouement de la crise financière montre également la disproportion entre le pouvoir des États et celui des agents privés. Le système financier est sauvé fin 2008 par l’engagement des crédits et de l’épargne publics. Éviter l’effondrement du système était nécessaire. Mais on est en droit d’attendre que la puissance publique reprenne le contrôle des agents financiers qui avaient conduit à la crise par leur comportement irresponsable. Cela n’a absolument pas été le cas. L’autonomie de décision du secteur bancaire a été largement préservée. Les tentatives de régulation ne corrigent qu’à la marge les dysfonctionnements et les comportements spéculatifs.

L’oligarchie désigne à la fois une réalité sociologique et un système politique. Comment fonctionne cette élite puissante et fortunée ?

Une des caractéristiques du régime oligarchique est l’imbrication étroite entre les cercles dirigeants politiques et économiques. Alors que l’un des principes fondamental de la démocratie est la séparation : d’un côté les élus, les hauts-fonctionnaires, les membres des cabinets ministériels et de l’autre les dirigeants des banques et des grandes entreprises. Ils ne doivent pas être adversaires, au contraire, c’est important qu’une société démocratique ait une activité économique prospère. Mais en démocratie, les affaires privées relèvent d’une autre logique que les affaires publiques. Or on observe aujourd’hui une fusion des deux systèmes de gestion. Ceux qui sont en charge des affaires publiques ont beaucoup moins le souci de l’intérêt public. Ou plutôt, ils ont le souci que la gestion des intérêts publics n’entre pas en contradiction avec la préservation des grands intérêts privés. On observe aussi un constant va-et-vient, du point de vue des acteurs, entre les milieux de la haute décision publique et ceux des grandes entreprises ou de la banque.

Le glissement de la démocratie vers l’oligarchie ne s’est pas fait brutalement, mais plutôt de manière insidieuse...

Cela s’est opéré avec le creusement progressif des inégalités – dont on a véritablement pris la mesure ces dernières années. Tout le discours de l’oligarchie consiste à préserver la fiction de la démocratie. Il est vital pour le maintien d’un système inégalitaire que le peuple continue à croire qu’il est en démocratie, que c’est lui qui décide. Aujourd’hui, une partie de la classe dirigeante est cependant en train d’abandonner l’idéal démocratique et aspire plus ou moins ouvertement à un régime totalitaire. Il n’y a qu’à voir le nombre de capitalistes en admiration devant le régime chinois, parce qu’il atteint des taux de croissance économique records grâce à un gouvernement autoritaire.

L’oligarchie témoigne d’une conscience de classe aiguisée, d’une communauté sociologique solidaire. Mais, face à l’oligarchie, pourquoi une telle passivité, une telle apathie collective ? Pourquoi ne se rebelle-t-on pas ?

L’évolution du capitalisme s’est accompagnée d’une transformation majeure de la culture collective. L’individualisme s’est exacerbé à un point sans doute jamais vu. Il forme aujourd’hui le fond de notre culture, de notre conscience collective, de notre façon d’être. C’est ce qui cause notre faiblesse et notre incapacité à nous rebeller. L’individualisme fragmente la société. Il nous paralyse et nous handicape face à des gens qui, même s’ils sont peu nombreux, « jouent collectif » et sont très cohérents.

Pour dépasser cela, il faut nous affranchir d’un conditionnement extrêmement fort des médias, et particulièrement de la télévision. Elle est devenue si quotidienne et banale, on ne se rend même plus compte à quel point elle modèle et diffuse la culture collective. Le système de valeurs qu’elle projette, avec la publicité, est individualiste, axé sur la consommation, et n’invite pas à intervenir dans la sphère publique.

Sommes-nous indifférents à ce qui est en train de se passer ?

Il y a, dans une large part des classes moyennes, un conservatisme fondé sur la crainte. Elles savent que les mécanismes de la démocratie sont très affaiblis, que la situation générale se délite, que les institutions de solidarité collective sont mises à mal. Mais elles estiment que le capitalisme finissant et l’oligarchie leur garantissent une certaine sécurité face à l’ébranlement du monde. Après tout, cet ordre existant, bien que très critiquable, nous assure un confort qui pourrait être perdu en cas de changement majeur. Mais la situation ne peut pas rester stable. La sécurité actuelle est une fausse sécurité. Si l’on n’agit pas, si le sentiment d’indignation exprimé par les lecteurs de Stéphane Hessel ne se transforme pas en engagement, les oligarques, face à la montée de la crise sociale et écologique, nous entraîneront dans un régime de plus en plus autoritaire. Un régime qui affaiblira le confort, mais aussi la liberté et la dignité de chacun.

L’enjeu politique le plus immédiat est-il de « dé-financiariser » l’économie et de reprendre le contrôle du système bancaire ?

Oui. L’un des leviers essentiels pour revenir en démocratie – et pour donner des capacités d’action au politique – est d’affaiblir cette puissance financière. Il faut reprendre le contrôle, par des règles que les spécialistes de la finance connaissent bien : séparation des activités spéculatives et des activités de dépôt, gestion collective du crédit, taux de réserve obligatoire pour les banques… On peut aussi envisager la socialisation d’une partie du secteur bancaire.

Autre enjeu crucial : réduire drastiquement les inégalités. Cela est indispensable pour que notre société ait les moyens de se transformer, de s’orienter vers une politique écologique de la ville, de l’énergie, des transports. Il faut développer des activités moins destructrices de l’environnement, et moins tournées vers la production matérielle, comme l’éducation, la santé, la culture. Des activités qui ont un impact écologique plus faible, mais qui sont beaucoup plus riches en termes de lien social et de création d’emplois. Et la démocratie est fondée sur un principe d’égalité. Or aujourd’hui, certains sont dans une telle position de richesse qu’ils peuvent influencer très largement la décision collective. Par des activités de lobbying, par le financement des campagnes des candidats, par le contrôle des médias, autant d’actions qui conditionnent les esprits.

Comment réagit l’oligarchie face à la crise écologique ?

La crise écologique crée une contrainte historique tout à fait nouvelle et impose une véritable transformation de nos sociétés occidentales, de nos modes de vies. Notre économie repose sur un accroissement continu de la consommation, et nous savons pertinemment que cette course à l’enrichissement matériel ne peut se poursuivre indéfiniment. En termes de prélèvement des matières premières ou de recyclage, nous avons atteint les limites de la biosphère. Et les pays émergents revendiquent légitimement d’être traités sur un pied d’égalité avec les pays occidentaux, en terme d’accès aux ressources et de consommation. Historiquement, nous allons vers une convergence des niveaux de vie. La situation écologique ne permet pas que cette convergence se fasse par un alignement sur le niveau de vie occidental. Celui-ci doit changer, ce qui se traduira par une baisse du niveau de vie matériel. C’est le défi majeur de nos sociétés. L’oligarchie ne peut pas le relever.

Pourquoi en est-elle incapable ?

Pour l’oligarchie, il est vital que croissance économique et promesse d’augmentation de la consommation matérielle soient considérées comme un objectif absolu. C’est la condition pour que les inégalités actuelles restent acceptables : la croissance du PIB est censée permettre l’élévation du niveau de vie de tous. La question écologique est donc toujours minorée et la critique de la croissance considérée comme absurde. Il est essentiel que la délibération collective porte sur ces questions, qui sont la clé d’un avenir pacifique. La démocratie est le seul moyen de parvenir à cette transition, qui doit être réfléchie et choisie collectivement, dans une logique de réduction des inégalités.

Propos recueillis par Linda Maziz

À lire : Hervé Kempf, Comment les riches détruisent la planète, Éditions du Seuil, 2007 et Pour sauver la planète, sortez du capitaliste, Éditions du Seuil, 2009.

Hervé Kempf, L’oligarchie ça suffit, vive la démocratie, Éditions du Seuil, 14 euros.

Site d’Hervé Kempf : www.reporterre.net