jeudi 29 avril 2010

Manifestation du 1er mai...

pour l'emploi et l'écologie changeons de logiciel !

Voilà trente ans qu'on nous promet le retour de la croissance comme solution au chômage. Mais elle ne reviendra pas, du moins pas comme avant. Il y a des solutions pour créer des emplois durables et non délocalisables par la transformation écologique de l'économie.

A l'occasion du 1er mai, les Verts et Europe Ecologie manifesteront partout en France pour proposer à tous les citoyens de participer à la construction d'un nouveau pacte social et pour proposer des Etats généraux de l'emploi et de l'écologie.

On peut créer des millions d'emplois par la relocalisation de l'économie, l'investissement dans l'économie verte, l'économie sociale et solidaire et la partage du travail :

en investissant massivement : dans le logement, en particulier dans les économies d'énergie (ce qui ferait baisser les dépenses de chauffage) ; dans les transports en commun et les modes de circulation douce ; dans l’aide aux entreprises de l'économie solidaire, les TPE, l’artisanat et les réseaux de PME ;
en favorisant une agriculture paysanne de circuits courts, moins polluante, et pourvoyeuse et d'une alimentation de qualité et créatrice d'emplois et de revenus décents pour nos paysans ;
en formant des employé-e-s et technicien-ne-s aux nouvelles technologies et activités non-polluantes ;
en développant les services publics utiles à la petite enfance et aux personnes âgées ;
en mettant en oeuvre un partage du travail négocié stable et sécurisé.

Anne Souyris, membre du collège exécutif, représentera les Verts le samedi 1er lors de la manifestation nationale du 1er mai à Paris au point fixe situé porte Saint Denis dans le 2e arrondissement.

Le tract des Verts-Europe-Ecologie est disponible ici.

Jean louis Roumégas
Djamila Sonzogni
Porte-paroles des Verts

dimanche 25 avril 2010

Le clan de l'ours des caverne

Je suis en train de lire un livre de Jean M. Auel "Les enfants de la terre", qui m'a été conseillé par Dupdup. D'ailleurs, il y a un rendez-vous pour parler de ce livre dans quelques jours sur son blog. Quelle excellente idée ! (Eh ! Dupdup ! C'est quand déjà que tu passes ça ? C'était pas prévu pour hier?)
Je joins un extrait du livre qui m'a bien interpelé. Vous pouvez le lire ci-dessous en italique. C'est Creb un personnage qui explique à la jeune fille Ayla, les croyances du clan.
Ce livre a été préfacé par Jean-Philippe Rigaud qui est Conservateur général du Patrimoine et Directeur du Centre national de préhistoire. Il en dresse un satisfécit très élogieux et loue notamment sa précision et sa rigueur.

Comment peut-on savoir quand un totem vous dit quelque chose ? - Tu ne peux pas voir l'esprit de ton totem parce qu'il fait partie de toi, qu'il est en toi. Mais il peut te parler si tu sais l'écouter. Si tu dois prendre une décision, il est là pour t'aider. Il te fera savoir à sa manière si tu as fait le bon choix. - Mais par quel signe il me fera savoir ? - C'est difficile à dire. En général, il te le signifie par quelque chose d'inhabituel ou d'étrange. ce peut être une pierre que tu n'as jamais vue auparavant ou bien une racine à la forme bizarre qui prendra un sens pour toi. Tu dois réussir à le comprendre avec ton coeur et ton esprit, non avec tes yeux et tes oreilles. c'est ainsi que tu sauras ce qu'il faut faire. Toi seule es capable de comprendre ton totem, personne ne peut le faire à ta place. Mais à chaque fois que tu trouveras un signe de lui, ajoute-le à ton amulette, cela te portera bonheur.

Je pense qu'on aurait beaucoup à apprendre des croyances de nos ancêtres, si j'en crois ces quelques lignes. Et finalement je ne trouve pas qu'elles étaient plus stupides que les "nôtres". En tous les cas si l'on en croit ce dialogue, il s'agit plus d'une proposition d'introspection qu'une croyance en des êtres désincarnés. Aussi c'est un exercice de recherche du mystère. Il y a du Socrate là-dedans, qui disait "Connais-toi toi même".
Dans le livre, les personnages vivent dans et avec la nature et ils se posent les bonnes questions. Comme d'habitude les réponses ne sont que des réponses. Mais je trouve là que ce sont les questions qui sont importantes et qu'elles nous interpellent. Les hommes et les femmes d'aujourd'hui ne vivant plus dans la nature (vivons-nous même entre nous ?) n'expriment-ils pas des réponses trop rapides à de mauvaises questions ? Je ramasse les copies dans deux heures !

mardi 20 avril 2010

Wimax : le combat s'accélère !

Au cas où vous croiriez que nous aurions succombé dans notre combat pour obtenir la fibre optique et notre résistance au Wimax, sachez qu'une réunion publique à laquelle nous sommes tous conviés se tiendra jeudi 22 avril à 21 heures, au Centre Multiservices à Tardets, l'ordre du jour étant la constitution d'un collectif xiberoa.
Nous en profiterons pour vous rendre compte de la situation, de la naissance récente de l'intercollectif 64 et des actions prévues.
A retenir entre autres, une semaine de marche (à pied, vélo et auto en 6 étapes) à travers villes et villages du pays basque et du béarn qui ont opposé de la résistance au Wimax et aux antennes en général, et où des réunions publiques seront tenues selon la volonté des collectifs locaux. Départ le samedi 19 juin, et arrivée le vendredi 25 pour un grand pique nique à Pau ; nous serons plus particulièrement concernés nous par l'étape Ibarolle-Moncayolle le dimanche 20 et l'étape du 21 entre Larraine, Lakarri, Atharratze et Lanne! A retenir donc et parlez-en autour de vous, vérifiez l'état de vos crampons, pression des pneus etc..., il faudra du monde. En attendant, à jeudi soir.

Des habitants de Larrau, Lacarry, Montory, Moncayolle...

Volcan islandais : la nature impose sa loi au capitalisme

C'est un phénomène similaire qui fit disparaître les dinosaures de la surface de la Terre (s'ils avaient survécu, l'homme aurait-il pu se développer ?). Cette fois-ci, le phénomène naturel va peut-être sauver -malgré lui !- l'Homme de sa folie suicidaire .

Déjà le MEDEF installe des « cellules de crise ». Crise ? Peut-on parler de crise face à un phénomène naturel ? N’est-ce pas plutôt le mode de vie capitaliste qui est en crise ? A Rungis, on se demande déjà ce que vont devenir les fraises de Carpentras qui devaient partir à l’autre bout du monde… sachant, déjà, qu’en temps normal 40% de la nourriture produite filent à la poubelle ! Et de quelles fraises s’agit-il, à mi-avril ? Des fraises congelées l’an passé, sans doute, car ce fruit arrive en mai seulement.

La nature effectue ce que l’Homme refuse de faire

Mettons fin aux aberrations qui font parcourir des milliers de kilomètres à une vache, à un yaourt ou à une bouteille dont le plastique contamine l'eau qu'elle contient.

Jacques Nikonoff, porte-parole du Mouvement politique d’éducation populaire (M'PEP) au journal La Terre, soulevait récemment un paradoxe : le sommet de Copenhague était en contradiction avec celui de Genève, d’où son échec prévisible. Le président de la République ne manifestait-il pas son ras-le-bol de l’écologie au récent salon de l’Agriculture ? L’Organisation mondiale du commerce (OMC) va à l’encontre de tout ce qui peut sortir de bon de tout sommet à but écologique.

Pas d’espoir climatique sans remise en cause du libre-échange

La libéralisation du commerce international et le libre-échange sont des causes majeures des dérèglements climatiques et de la dégradation de l’environnement. Croire que les questions climatiques sont indépendantes du commerce international libéralisé est une hérésie : «Nombre d’organisations de gauche, partis, syndicats, associations... se sont malheureusement laissées entraîner dans cette diversion et ne parlent plus que de Copenhague en oubliant Genève. Pourtant, si on veut vraiment s’attaquer aux problèmes de l’environnement, il faut organiser la décroissance du commerce mondial», expliquait Jacques Nikonoff avant la réunion du sommet. Cette décroissance nous est, pour la première fois, imposée par la nature, via l’éruption d’un volcan islandais.

Kyoto contraint par les exigences du commerce mondial ?

Selon Jacques Nikonoff, le protocole de Kyoto était «plombé dès le départ par l’exigence, posée d’entrée par les classes dirigeantes, de ne pas toucher à la façon dont le capitalisme génère actuellement des profits». Il est d’ailleurs paradoxal que les Verts aient approuvé le principe d’un marché des «droits à polluer».

Il est indispensable de poser en priorité le vrai problème, celui du mode de production capitaliste : le libre-échange et le productivisme.

Comment le commerce international nuit-il au climat ?

«Il y a un exemple évident, celui des échanges agricoles. Quand l’Union européenne et les Etats-Unis subventionnent l’agro-industrie pour favoriser les exportations vers les pays du Sud, cela entraîne des transports extrêmement nuisibles à l’environnement et empêche le développement de l’agriculture vivrière locale. En plus, cela multiplie les problèmes d’eau, de déforestation... Et cela marche aussi dans l’autre sens puisque pour récupérer des devises, afin de rembourser leur dette voire payer leurs importations alimentaires, ces pays sont conduits à orienter leur agriculture vers l’export. Il est impératif de briser ce cycle infernal par une politique qui permette de viser la souveraineté et la sécurité alimentaires pour chacun". La pseudo-crise du riz qui conduisit aux émeutes de la faim de 2008 illustre parfaitement ces propos.

Avions "cloués" au sol = moins de pollution

Dans les jours à venir, nous saurons si les millions de tonnes de produits importés manquent vraiment sur nos étals. La crise, grave pour les tour operators, va peut-être sauver des dizaines d'exploitations agricoles, toutes heureuses de voir leurs produits remplacer, dans les grandes surfaces, les pommes et les fraises venues d'Amérique du sud et d'Afrique du sud. Après la prise de conscience du commerce de détail, il faudra aller plus loin :

"C’est valable aussi dans l’industrie, où les délocalisations entraînent des va-et-vient inutiles de marchandises. Il faut rapprocher les lieux de production des lieux de consommation. Et pour cela il faut s’attaquer au capitalisme et au profit, affronter les logiques du capitalisme» (extrait de l’interview de Jacques Nikonoff réalisée par Olivier Chartrain).

Le bon sens et le protectionnisme réfléchi

Le bon sens, c’est de limiter les déplacements polluants, notamment en mettant fin aux aberrations qui font parcourir des milliers de kilomètres à une vache ou à un yaourt. Le vrai progrès consiste à tourner un robinet plutôt que de transporter l'eau dans des camions polluants qui encombrent nos routes et dans des bouteilles dont le plastique contamine l'eau qu'elle contient.

Des mesures protectionnistes réfléchies permettraient de ralentir le commerce international nuisible à l’environnement dans les domaines agricole et industriel en particulier. Jacques Nikonoff propose de relocaliser les activités productives et d'interdire la réimportation de pièces produites à l’étranger.

Critique de la croissance

L’éruption du (petit) volcan islandais provoquera très certainement beaucoup moins de dégâts sur l’ensemble de la planète que ceux occasionnés par la croissance, comme l’explique Clément Wittmann:

«Nos paysages, nos zones commerciales, nos villes, nos vies ne sont plus que le reflet de normes comptables préméditées. C'est bien notre rapport au temps qui est aussi à l’origine du saccage de la planète. Tous nos objets (et dieu sait s’il y en a !) doivent être rapidement produits, bien au-delà de nos besoins et au mépris de ceux qui les fabriquent et ne pourront jamais s'offrir le minimum: ils ne disposent pour leur part que de leur force physique accaparée au même titre que les ressources naturelles de leurs pays. Et tout cela au profit de «démocraties» dominées par l'argent à tous les niveaux de la société. Or l'argent sous-entend et sous-tend le court terme permanent, donc cette vitesse qui annihile toute réflexion véritable, commune et désintéressée, qui constitue à mon sens le corolaire obligatoire d'une démocratie. A défaut de quoi celle-ci devient un système monstrueux qui mange ses enfants, tel Saturne... N'en est-on pas là à présent ?» CONT 9

Sources : ici

vendredi 16 avril 2010

Rimbaud : la photo retrouvée

Rimbaud adulte, à Aden

Comment ça vous émotionne pas de voir une photographie inédite d'Arthur Rimbaud ? Moi si ! C'est comme si on me montrait une photo de mon arrière grand-père. Parce que Rimbaud, Hugo, Baudelaire etc... c'est quand même des gens de notre famille humaine qui ont murmuré des poèmes à nos oreilles. C'est notre héritage culturel.
Il s'agit là d'une des cinq photographies récemment découverte par deux libraires parisiens, au fond d'une caisse contenant un lot de clichés ayant appartenu à un commerçant d'Aden qui finança les ventes d'armes de Rimbaud.

mardi 13 avril 2010

La Route

Je n'ai qu'un mot, lisez ce livre. Pas d'effets de style inutiles, pas de style pour le le style, juste l'histoire racontée simplement. Pas de suspense à la noix de coco à la fin des chapitres, d'ailleurs, pas de chapitre, juste l'histoire d'un bout à l'autre.
Il s'agit d'un père et de son fils qui marche sur une terre dévastée. Que s'est-il passé ? L'auteur n'en parle pas. on se trouve juste dans le sillage de ces deux personnes qui cherchent à survivre dans un monde où il n'y a plus rien. Il faut manger, dormir survivre au jour le jour. Cela fait un peu penser au Roman de René Barjavel Ravage, où l'on voit une société subitement paralysée par la disparition de l'électricité.
Après la lecture de ce livre, on se dit que, tout de même on a la chance de vivre dans une super planète sur laquelle des hommes et des femmes essaient de rendre un peu de justice, protègent ce qui reste de nature libre et sauvage.

La Route de Cormac Mc Carthy - prix Pulitzer 2007

jeudi 8 avril 2010

Sorcellerie

J’ai lu deux livres coup sur coup sur l’histoire des procès en sorcellerie en 1609 dans le Labourd. Celui de Claude Labat « Sorcellerie ? Ce que cache la fumée des bûchers de 1609 » et « Le solstice des sorcières » de Gratianne Hastoy. Pour ce dernier, je passe rapidement sur la forme. Ce livre ce veut être un roman historique. J’ai trouvé l’écriture une peu ampoulé par moment et le roman un peu fade.
Celui de Claude Labat est un essai. Comme le titre l’indique, il met en doute l’idée qu’il y ait eu des sorcières et de la sorcellerie en Pays-Basque, tel qu’on l’entend dans l’imagerie populaire. Surtout il exprime le fait que cette chasse aux sorcières a été mise en place sur l’ordre d’Henri IV pour des raisons religieuses et politiques. « Henri IV veut asseoir son pouvoir de ce côté de la frontière en faisant un coup d'éclat, pour impressionner la puissance espagnole et ramener un «ordre» qu'il juge défaillant dans notre province en confortant par la même occasion la place de certains parlementaires. » (Sources : Anna Carrillo sur le JPB)
Ce que me marque profondément dans cette histoire, c’est que Pierre de Lancre, nommé par le roi à la tête d’une commission d’enquête, tout en n’étant pas de l’église utilise une rhétorique qui est de la même facture. Aucune différence entre la morale de l’agent de l’Etat et celui de l’église. De Lancre parle du diable, stygmatise tout ce qui n’est pas dans la droite ligne de la culture et des valeurs dominantes. Même s’il semblerait que dans ce cas présent, de Lancre soit allé plus loin que l’inquisition elle même, en matière de terreur et de répression. de Lancre me fait fortement penser à Javert, l'inspecteur de police dans les misérables de Victor Hugo. Les deux croient dur comme fer à une réalité et ils sont à côté de la plaque.
J'en tire une conclusion. On a beau se dire non pratiquant, peut-être même athée, cela ne nous empêche aucunement d’être conditionné par une culture religieuse qui nous a modelé pendant des siècles et qui continue de le faire. Cela conditionne toute notre vision du monde et je ne crois pas que nous puissions échapper totalement à une culture de masse.
Il faut en profiter pour regarder comment nous fonctionnons aujourd’hui. J’ai en tête la chanson de Renaud « Société, tu m’auras pas ». Ben si elle t'a eu, elle nous a tous. Et malgré tous les radicalismes qu’on veut je pense qu’il est très difficile aujourd’hui d’avoir du recul sur notre culture, notamment celle liée à la technologie, aux images, au sacro-saint « progrès » au culte de la valeur travail, aux croyances. De la même manière, les basques du 17 ème siècle pouvaient difficilement sortir de cette vision hyper moraliste et manichéenne du monde.
Au moins, que l’exercice de replonger dans ces vieilles histoires puisse nous servir aujourd’hui à être un peu plus vigilant, résistant sur tout ce qu’on nous fait gober quotidiennement et qui nous paraît pourtant tellement évident. Quelle est la réalité, vers qu'elle réalité allons nous ? Qu'est-ce qui est utopie aujourd'hui et sera réalité demain ? Qu'allons décider de laisser à nos enfants, qu'allons nous garder, qu'allons nous jeter ?
Il faut faire des paris sur l’avenir, sinon l’histoire recommencera avec ses légions de moralistes et d’aménageurs de vie qui savent parfaitement ce qui est bon et mauvais pour vous.

mardi 6 avril 2010

J'arrive où je suis étranger

Rien n'est précaire comme vivre,
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger...

Un jour tu passes la frontière
D'où viens-tu mais où vas-tu donc
Demain qu'importe et qu'importe hier
Le coeur change avec le chardon
Tout est sans rime ni pardon...

Passe ton doigt là sur ta tempe
Touche l'enfance de tes yeux
Mieux vaut laisser basses les lampes
La nuit plus longtemps nous va mieux
C'est le grand jour qui se fait vieux...

Les arbres sont beaux en automne
Mais l'enfant qu'est-il devenu
Je me regarde et je m'étonne
De ce voyageur inconnu
De son visage et ses pieds nus...

Peu a peu tu te fais silence
Mais pas assez vite pourtant
Pour ne sentir ta dissemblance
Et sur le toi-même d'antan
Tomber la poussière du temps...

C'est long vieillir au bout du compte
Le sable enfui entre nos doigts
C'est comme une eau froide qui monte
C'est comme une honte qui croît
Un cuir à crier qu'on corroie...

C'est long d'être un homme une chose
C'est long de renoncer à tout
Et sens-tu les métamorphoses
Qui se font au-dedans de nous
Lentement plier nos genoux...

Ô mer amère ô mer profonde
Quelle est l'heure de tes marées
Combien faut-il d'années-secondes
À l'homme pour l'homme abjurer
Pourquoi pourquoi ces simagrées...

Rien n'est précaire comme vivre
Rien comme être n'est passager
C'est un peu fondre pour le givre
Et pour le vent être léger
J'arrive où je suis étranger

(Jean Ferrat, Louis Aragon)

samedi 3 avril 2010

Chose vue 14 janvier 1873

La nouvelle arrive que Louis Bonaparte est mort. C'eût été un bonheur il y a trois ans, ce n'est même plus un malheur aujourd'hui.
Il n'y a aucune haine dans le devoir. la colère publique est distincte de l'animosité privée. L'indignation est un fait vertueux de l'âme. Juvénal est indigné, non haineux. tacite est terrible, et reste bon. Ces hommes ne dépassent jamais leur droit de justicier. Rien de trop. Rien au-delà du châtiment. Rien d'inutile. Il est le rugissement , non l'écume.
L'ancien proscrit qui parle ici n'a jamais eu de haine contre Bonaparte. Il a combattu cet homme avec l'outrance nécessaire, mais avec cette fureur loyale que donne dans le combat l'oubli de soi-même ; il était peu irrité de son propre exil, et il ne songeait, cela du reste va sans dire, qu'à l'immense calamité publique. Il ne s'est jamais servi dans la lutte que d'armes véritables et de faits patents ; Bonaparte dans le tombeau lui rend cette justice que, jamais, par exemple, il n'a, lui le proscrit, usé contre le proscripteur de détails intimes ou de conversations privées, jugeant que ces choses avaient pu être dites avec une certaine bonne foi momentanée, et ne voulant pas trahir, même un traître.

Choses vues 14 janvier 1873 - Victor Hugo