vendredi 31 juillet 2009

"Mangez-le si vous voulez !"





Aih ! C'est une histoire vraie ! Franchement, ça met mal à l'aise. Beaucoup plus mal à l'aise que les autres livres de Jean Teulé. Je pense que c'est l'ombre de la foule, raide, noire et macabre qui fait ça. Je dirais même que là, le problème, c'est qu'il ne reste que les ombres et qu'elles sont tellement noires qu'elles occultent carrément leur propriétaire. Un peu comme des taches d'encre. Les types et les typettes, dans le livre, ils se font bouffer, couvrir, dévorer , défoncer par leur propre ombre qui se marchent les unes sur les autres, se salissent d'encre noire et rouge sang. Welcome, Bienvenue, Ongi jin à madame la foule décérébrée et connasse. Pouah !
Quand même bon ! En principe, c'est mes frères et soeurs humains ! En principe ! Et ça intrigue encore plus, pour cette raison, bien que là, le mot « intrigue », euh, c'est pas tout à fait ça ! J'en cherche un autre… Attendez ! Ça interpelle, ça laisse perplexe, ça troue le cul, chais pas moi !
C'est aussi un peu pour cela, en partie, que pour moi le peuple n'existe pas. C'est un postulat que j'avance. Allez ! Avance, petit postulat ! N’aie pas peur ! Tant qu'il y aura la foule, il n'y aura pas de peuple. Et la foule abjecte n'est jamais loin. Elle est à la corrida, elle tond les femmes à la libération, elle lapide la femme adultère, elle pratique le bizutage, elle vote Sarkozy, elle fout Le Pen au second tour d'une élection présidentielle, elle écrit « Ours non, Cazetien non » sur les routes du tour de France.
Le peuple, c'est une idée généreuse, un idéal et comme je suis utopiste, j'y crois... J’y crois pour dans mille ans minimum, le plus tôt sera le mieux. Pour l'instant il n'y a que la foule, des peupleux, des ombres d'encre noires et rouges qui sommeillent, prêtes à faire gicler l’hémoglobine dans les caniveaux aux dépens de toutes les belles couleurs de la vie. Toutes les couleurs, même les plus belles, même celles de l'arc-en-ciel. Les salauds, ils mazouteraient le jardin en fleurs de Claude Monet, ils aspireraient les couleurs d’une Ancolie, ils transformeraient un coucher de soleil sur le Saint Laurent en une morne photocopie noir et blanc.
D'ailleurs, cette ombre noire dont je parle m'a empêché un peu de prendre du plaisir à lire. Teulé a une belle écriture, mais une belle écriture qui parle d'une horreur, en cette occurrence, ça n'empêche pas à l'horreur de rester une horreur. Ou alors il eut fallu faire un essai, un genre de texte qui exorcise comme Christian Laborde avec son livre « Corrida Basta ». Dans ce livre Christian Laborde nous prend sous son aile. On ne se trouve pas paumé au milieu de l'épouvante, on dézingue avec lui, on est son complice mais dans le décryptage de l'horreur. Il nous donne un mode d'emploi pour encadrer et cerner les idiots humains. Dans « Mangez-le si vous voulez », c'est un peu « démerde-toi » ! Il nous lâche au milieu des enragés du bulbe.
Enfin, ça vaut le coût de lire ce livre pour savoir de quoi parfois on est capable en tant que gros con de bipède. Et après, en parler un peu avec ses voisins, la famille pour exorciser. Après la lecture de ce putain de livre, lire un Boule et Bill ou un Gaston Lagaffe pour se détacher et se détendre. Parce que les humains parfois, ça tend, voire même, Satan. Parce que, laisser ça dans la place, tout seul, dans son coin, c'est pas bon, ni pour la tête, ni pour le peuple de demain de dans dix mille ans. Ça laisse des dépôts de crasse dans les fentes de la peau et des fientes de glorhotorinocéropodes *dans les synapses du cerveau.
Pour savoir qui on est, où on est, il faut savoir où est sa propre ombre. Il faut la voir. Mais si elle est sur toi, dans toi, si elle t'habite, tu ne vois plus rien, tu n'as plus de recul, t'es comme un con. Car le paradoxe, c'est que l'ombre nous donne une indication d'où vient la lumière, elle permet de nous situer dans l'espace et dans le temps comme avec un gnomon antique. Sans le noir, pas de blanc, sans le haut, pas de bas, sans l'oeil gauche, pas d'oeil droit (c'est aussi valable pour Le Pen), sans le clou pas le marteau.
Et c'est là qu'on se rend compte que l'homme est entre l'ombre et la lumière. Nous devons être des gnomons. Un peu raides, un peu immobiles, mais à même de regarder avec lucidité l’écoulement des nuits et des jours et de sentir sa place sur la terre.
Que tout le monde consulte son luminomètre sub-séquentiel à chronodiphragation et fragmentation à comptage numéral. Soyons lucide une fois pour toute et direction la lumière qui nous est la plus visible, le bel astre solaire. Faisons rentrer la lumière plein la lucarne, réveillons les fibres végétales du gnomon.

Résumé de l'histoire

Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye.
Il arrive à quatorze heures à l'entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l'aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ?
Incapable de condamner six cents personnes d'un coup, la justice ne poursuivra qu'une vingtaine de meneurs. Quatre seront condamnés à mort, les autres seront envoyés aux travaux forcés. Au lendemain de ce crime abominable, les participants hébétés n auront qu une seule réponse : « Je ne sais pas ce qui m'a pris. »

dimanche 26 juillet 2009

Horloge comtoise 1

Depuis assez longtemps, on photographie (moi et mon père) les horloges comtoises qui nous plaisent bien.
Voici une comtoise avec sa gaine polychrome assez sobre. La grande porte du haut est bizarrement beaucoup plus fonçée que le reste du décor, ce qui ne l'empêche pas d'être très jolie. Entre la grande porte du milieu et le balancier lyre on peut trouver un panneau de bois décoré, ce qui est assez rare.

Vous pouvez cliquer sur les images pour les agrandir

Jolie silhouette de la porte du haut

Très belle grappe de raisin

Sur les feuilles, on voit très bien les fibres du sapin qui apparaissent. C'est une caractéristique des décors d'horloges comtoises

vendredi 24 juillet 2009

Elévation

Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées,
Des montagnes, des bois, des nuages, des mers,
Par delà le soleil, par delà les éthers,
Par delà les confins des sphères étoilées,

Mon esprit, tu te meus avec agilité,
Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde,
Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde
Avec une indicible et mâle volupté.

Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides;
Va te purifier dans l'air supérieur,
Et bois, comme une pure et divine liqueur,
Le feu clair qui remplit les espaces limpides.

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins;

Celui dont les pensées, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !


Charles Baudelaire

mercredi 22 juillet 2009

Actions Bizi ! contre le travail le dimanche / Bizi !ren ekintzen irudiak

Vidéo des dernières actions de Bizi! en cliquant sur :
http://www.copenhague2009bizi.org/
N'hésitez pas à le diffuser dans tous vos réseaux!

Encore deux actions symboliques contre le travail le dimanche au local de l'UMP à Biarritz et au supermarché Leclerc d'Anglet, qui a commencé à ouvrir le dimanche matin.

Travailler plus et consommer plus = Polluer plus !!!

Etendre le travail le dimanche est en complète contradiction avec
les volontés affichés de diminuer les émmissions de gaz à effet de serre et notre empreinte écologique.

Urgence climatique ! Justice sociale ! Tous(tes) à Copenhague en décembre 2009 !

***
Bizi!ren azken ekintzen irudiak aurkituko dituzu hemen http://www.copenhague2009bizi.org/
Zure sare guzietan zabaltzekoa da!

Igandeko lanaren kontrako beste bi ekintza sinboliko burutu izan dira UMPko lokalean Biarritzen eta Leclerc saltokian Angelun
(igande goizez idekitzen da).

Gehiago lan egin eta gehiago kontsumitu = Gehiago kutsatu !!!!

Igandea lan egun arrunta bilakatzea,
berotegi efektu gasen eta aztarna ekologikoaren murrizteko egin behar denaren arrunt kontrakoa da.

Larrialdi klimatikoa! Justizia soziala! Denak Copenhague-rat 2009ko abenduan!

dimanche 19 juillet 2009

"tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire" !





Il y a quelques temps, Titika Recalt qui a écrit la pastorale 2009 d'Alos, disait dans un journal que nous autres, les souletins, nous étions restés un peu sauvage. Ce mot là a pourtant - dans la bouche de quelques uns - une connotation très péjorative. Je pense notamment à Jean Lassalle qui craint que nous nous retrouvions, nous les Pyrénéens, dans une réserve d'indiens. Et alors ? Pourquoi pas ? Qu'est-ce qu'il a contre les indiens et les sauvages, le grand fada, le Gandhi-Castafiore des pyrénées ? Si c'était seulement contre les réserves qu'il en avait, j'en aurais moins, de réserves, à son endroit. Lassalle - comme la majorité des Pyrénéens (entre autres) - est embrigadé dans la secte, la religion, la si vile isation occidentale de ceux qui pour arriver à construire une putain de grande nation de mon cul, ont colonisé, évangélisé, guerroyé, esclavagisé tous les "sauvages" de la planète pour les mettre à genou. Si aujourd'hui la France est un putain de pays puissant et que le christianisme est la religion principale, ne cherchez pas très loin la raison. Si le Pays-Basque est un petit pays qui perd son âme (même s'il résiste mieux que d'autres) entre la France et l'Espagne, ne cherchez pas non plus.
Voilà pourquoi aujourd'hui, je ne me sens plus trop à l'aise dans les bottes du christianisme que l'on m'a enfilé et voilà aussi pourquoi je rêve que la France se retrouve un jour sous la forme d'une jolie petite région à côté d'autres petites régions que seraient la Corse, le Pays-Basque, l'Occitanie, la Catalogne ou la Bretagne.
Je suis en train de lire un bouquin qui s'appelle Mangareva. Il raconte ce qui est arrivé à Mangareva, une île de "sauvages" dans l'archipel des Gambier, au milieu du 19 ème siècle.
Aujourd'hui si on regarde les sites internet qui parlent de Mangareva, on peut lire ça : "Très peu habitée comme toutes les îles appartenant aux îles Gambiers. Les seuls habitants visibles ici sont des chèvres. Si vous avez la chance d'y aller, elle vous le rendra bien par les vues qu'elle vous offrira. La couleur de la mer entre les îles est inoubliable. Et le calme y règne en maitre." Ça a le goût du cynisme quand on sait ce qui est arrivé à cette île et à ces habitants. Ça brosse le con de touriste dans le sens du poil. "Le calme y règne en maitre", oui, grâce aux missionnaires qui ont détruit une civilisation avec ses habitants qui ne travaillaient pas, qui se foutaient des notions stupides de bien et de mal, qui se promenaient à poil en vivant le moment présent sans chercher à construire une grande nation de mon cul. Les chèvres, elles ont été amenées par les missionnaires de mes fesses. Ils ont perdu le contrôle sur ces animaux qui se sont retrouvés à l'état sauvage et ont finalement contribué à appauvrir l'écosystème de l'île en broutant tout ce qu'elles pouvaient se mettre sous la dent. Elles sont devenues faméliques comme ces pauvres indigènes. Les colons ont aussi pillé le récif corallien pour construire une cathédrale, épuisé le stock d'huître pour en extirper les perles et les revendre, ils se sont attachés à convaincre les Polynésiens d'abandonner leur culture et leur croyances et de brûler toutes leurs idoles. Ils avaient interdiction de se laver, de chanter, de danser, de sortir le soir et comme l'avait décrété l'abbé Laval, à qui on doit ce désastre, "tout ce qui n'est pas interdit est obligatoire" !!! Il faut lire ce livre, c'est dingue !
Dans les Pyrénées, il n'y a pas finalement si longtemps, nous aussi, nous avions une façon de vivre assez proche des anciens habitants de l'île de Mangareva. Je ne veux pas dire que c'était la vie idéale, mais c'était un mode d'existence qui aurait pu servir de paradigme. Le massacre a été et est plus lent (osons dire, l'ethnocide), mais nous avons suivi le même processus. Je me demande comment nous aurions évolué si tous les mecs qui ont des certitudes à la mords moi le noeud n'avaient pas cherché à les imposer aux autres, si les ambitieux, ceux qui cherchent toujours à exploiter les autres pour en retirer des bénéfices avaient foutu la paix aux "sauvages" et si ceux qui vivaient différemment avaient été respectés dans leur altérité.
Voilà pourquoi j'essaie de garder un oeil lucide sur la société dans laquelle je vie, sachant pertinemment qu'elle est le fruit de la guerre, de la colonisation, de l'esclavagisme, de l'appât du gain, de la soif de puissance. La civilisation occidentale a gagné, il n'y a plus aujourd'hui qu'une civilisation, une culture et bientôt probablement il n'y aura plus qu'une langue. Si cela ne vous fout pas un peu la rage, alors on est cuit.
Le droit de vivre différemment, c'est bien ce que sous-entendait Titika en parlant des "sauvages". La liberté de devenir autre et autrement, voilà un beau sujet de réflexion. Qu'est-ce que cela veut dire si on déroule le film saccadé et empirique de l'histoire humaine ? Ça veut dire qu'il ne faut pas tout accepter de cette société et qu'il faut avoir le courage de dire que nous sommes arrivés au bout de quelque chose. Qu'il faut être résistant et choisissant. C'est Albert Jacquard qui, dans son livre "Voici le temps du monde fini", parlait de la finitude de notre planète. Il citait Paul Valéry qui disait "Le temps du monde fini commence". Il est admis alors que nous devons regarder avec un oeil critique les grandes valeurs de notre civilisation, le travail, la religion, l'argent, le progrès technologique, l'industrie, le nationalisme, sous peine de nous rétamer la gueule par terre, entraînant tout dans notre carnage.
Cela veut dire aussi qu'aucune période de l'histoire n'a raison en elle même et qu'aucune culture ne détient LA vérité qui est encore à découvrir et que nous ferions bien de rester modestes avec nos centrales nucléaires, nos ordinateurs, nos téléphones portables, nos bagnoles et tous les joujous dont nous sommes si fiers.
C'est quoi un sauvage ? Quelqu'un de libre, un artiste, un bohémien, un animal sauvage, un ours qui lutte pour sa survie, une "mauvaise herbe" qui veut pousser où elle veut, un bohémien, un arbre, un insecte, un rebelle qui assumerait son individualité, un homo qui cherche à vivre avec sa sexualité, un peuple qui lutterait pour garder sa culture, tous ceux qui luttent pour la liberté d'être et d'exister sans les valeurs morales de mon cul, du travail, de la religion, de la société du prêt-à-penser et du prêt à consommer.

A lire : "Mangareva" de Jean-Hugues Lime - Le cherche midi

--> 12 oeuvres d'art seulement sont rescapées du désastre
--> Les 12 oeuvres à Tahiti
--> Le site internet de l'auteur de "Mangareva"
--> Comment l'histoire s'est arrêtée à Mangareva (Telerama.fr)
--> Le père Laval vu par les Picputiens de France (Vous verrez, Laval était un homme formidable - sic)


vendredi 17 juillet 2009

La peinture basque

Le 25 juillet, de 11 :00 à 12 :00
Au magasin de produits régionaux à Mauléon

Michel de Jaureguiberry et Gonzalo Etxebarria

nous parleront de :

175 photos de tableaux – Textes en français - 200 pages – 50 euros

Gonzalo Etxebarria y est présent avec quatre oeuvres et les textes de Mixel Etxekopar et Itxaro Borda

« Originaire de Soule, Michel de Jaureguiberry a grandi à Bayonne et vit à St Jean de Luz ... Après le succès de Un siècle de peinture au Pays Basque paru en 2006, Michel de Jaureguiberry a souhaité prolonger et approfondir son investigation dans les processus créatifs de l’Euskal Herri. L’occasion pour lui de nous proposer des toiles superbes, souvent oubliées ou à l’abri dans les reserves des collections publiques et privées.
Plus que jamais la peinture basque est en ébullition et son histoire est en marche. Au-delà de sa richesse et de sa qualité, la vertu de ce livre est de montrer cette vitalité en action.... »

***

Üztailaren 25an, 11:00tarik 12:00tara

Michel de Jaureguiberryk et Gonzalo Etxebarriak presentatüko deiküe :

175 margo argazki – Frantsesezko idatziak - 200 orri – 50 euro
Gonzalo Etxebarriaren lau obra agertzen dira lau orritan, Mixel Etxekopar eta Itxaro Bordaren idatziekin batera.

«Baionako xiberotar familia batetan sortu da Michel de Jaureguiberry eta Donibane Lohitzunen bizi da...
Un siècle de peinture au Pays Basque egin zuen 2006an eta arrakasta bildu, Michel de Jaureguiberryk bere ikerketa aitzina eraman nahi du bereziki Euskal Herriko kreazaile bideetan. Pribatu edo publiko kolekzioetan guti erakatsiak, zonbait ahantziak ere, diren margo bikainen ikusteko parada ezin hobea eskentzen digu.
Euskal Herriko margolarien mundua pil pilean dago eta bide berriak idekitzen dira. Bizitasun horren azalpen bat emaiten dauku liburu eder honek. »

mardi 14 juillet 2009

Sur radio Kultura ce mois ci

-->RADIOKULTURA<-- est la seule radio qui vous offre la possibilité de composer votre programmation selon vos envies. Créer votre radio à partir d'un large choix d'émissions de qualité en bilingue (basque/français).
Zuek osatutako programazioa proposatzen duen irrati bakarra da -->RADIOKULTURA<--. Zuen irratia sortu kalitatzeko emankizunen eskauntza zabalaren artean. Elebidunez (Euskaraz/fransezez).
Ce mois de juillet vous pouvez entendre Gilda parler de son livre (Témoignages de deux combattants de l'ombre),
vous pouvez entendre Allande Etxart parler de son magasin Herri Ekoizpen
et vous pouvez m'entendre parler d'Astobelarra et de mon livre Pensements sur radio Kultura

samedi 11 juillet 2009

A la pêcherie d’Aurit

Déjà, moi, j'avais pas envie d'y aller. Une pêcherie, ça m'intéresse pas. Puis j'étais pas dans mon assiette. Mettre un poisson dedans, ça n'aurait pas fait bon ménage. J'avais fait une mauvaise sieste, le genre qu'on n'arrive pas à se relever, cloué dans le lit. Et quand on se lève finalement, on a l'impression d'avoir le lit collé dans le dos. Pour couronner le tout, une migraine. Bon finalement, j'ai suivi comme une vieille limace cacochyme, les deux enfants à l'arrière et Gilda qui conduisait. En route pour la pêcherie d'Aurit. On à traversé la zone industrielle de Lacq. Une horreur. La banlieue à une demie heure de la maison. Le paysage destructuré pour les petits soins de la chimie ou de je ne sais quoi. Je suis tellement habitué aux paysages de Soule et le paradis où j'habite que je n'arrive pas à me faire à ce Béarn lacéré et banlieusardisé. Donc c'était plus qu'étonnant de trouver là, au milieu de ce cloaque industriel, un genre d'îlot avec un étang, un saule pleureur planté en son milieu et des dizaines d'animaux dit de basse-cour. Des chêvres, des moutons, de canards, des oies, des poules en liberté et toute une ribambelle d'animaux assez singuliers.
Et puis évidemment, mon fils Jolan a voulu pêcher. Quand on est arrivé, justement, un gamin venait d'attraper une truite. Elle frétillait entre ses mains mais on sentait bien que le gamin était plus embarrassé qu'autre chose :
- "Maman comment on fait pour la tuer ?"
Et vas-y que la truite s'échappe de ses mains et tombe dans l'herbe. Le gamin la récupère un peu dégoûté.
-"mais maman elle est vivante ?"
Je pensais en moi même : "Ben ouaih, tu l'as pêché vivante, sans blague !". Le gosse panique, il prend la truite et commence à lui cogner la tête, à plusieurs reprises, contre la barrière qui le séparait du petit étang.
- " Mais non chérie, c'est pas comme ça qu'on fait pour tuer une truite. Donne là au monsieur"
Le monsieur à côté, il a pris la truite et je ne sais pas ce qu'il a fait parce qu'il a tourné le dos (ou c'est moi qui ai tourné le dos, je ne sais plus trop et de toutes façons, je ne voulais pas voir). J'ai juste vu qu'il lui enfonçait les deux doigts dans la gueule puis j'ai entendu un craquement sinistre.
- "Tiens voilà, elle est morte".
Je pensais en moi moi même qu'il aurait un truc, le monsieur, qui permettrait de tuer le poisson en douceur... Tu parles !
Le gamin est parti avec sa truite et j'ai récupéré sa canne que j'ai donné à Jolan. Il a tenu la canne cinq minutes et évidemment, comme ça ne mordait pas, il en avait marre. C'est donc moi qui ai pris le relais. A côté, des petits enfants attendaient que le papy attrape une truite. Pour les faire moucher, les gamins envoyaient des bouts de biscuits au chocolat. Puis le moment que je redoutais est arrivé, j'ai senti le bouchon s'enfoncer puis j'ai levé la canne, plus par réflexe que par conviction. Une truite prise au piège gigotait au bout du fil. Jolan était content, mais pas trop. Il était "partagé" comme on dit. Moi pas. Quand j'ai vu que l'hameçon était coincé au fond de la gorge, à telle enseigne que je n'arrivais même pas à saisir l'hameçon, je me suis trouvé très con.
Je pensais en moi même que le poisson se débattant, à chaque fois l'hameçon s'enfonçait un peu plus. Je sais ce que vous êtes en train de dire... "il devrait arrêter de penser".
-" Euh, comment on enlève l'hameçon?" demandai-je, "Il est enfoncé vachement profond".
Le monsieur est arrivé, je lui ai tendu la truite. Il a commencé à triturer l'hameçon qui ne sortait pas. je l'ai vu forcer en tirant sur le fil. J'ai tourné la tête. Quand j'ai regardé à nouveau, j'ai vaguement aperçu l'hameçon lâcher, emportant le palais du poisson dans un craquement sinistre qui rappelait un peu celui de tout à l'heure.
Je pensais en moi même (c'est plus fort que moi) que le gars aurait un truc pour sortir l'hameçon sans coup férir. Tu reparles !
- "Vous pouvez accrocher les morçeaux au bout de l'hameçon, les truites adorent ça."
- Ah !
J'étais désintégré. Jolan a demandé si elle était morte. je lui ai dis que oui. Puis nous avons fait des tours de pottok. J'ai regardé les arbres signalés par de petits panneaux qui expliquaient l'espèce à laquelle ils appartenaient et quelques petites anecdotes au sujet de l'histoire de l'arbre, de son symbolisme et de son utilisation depuis des temps immémoriaux. On est allé caresser les cochons d'Indes, donner du maïs aux moutons et aux chèvres, admiré le Paon qui faisait sa roue, puis nous sommes rentrés à la maison avec notre truite dans une poche.
Quand je l'ai sortie de la poche plastique, elle était toute raide et l'arrière barrait un peu vers tribord. Je me rappelle ce que nous avait dit la dame. "Vous lui ouvrez le ventre, vous la videz, c'est très simple". J'ai planté le couteau, j'ai coupé un peu et j'ai laissé finir Gilda ne supportant pas le craquement, le bruit de scie du couteau dans la chair, m'étonnant que ce soit si dur à couper. Peut-être que les humains, c'est dur à couper aussi, quand ils sont morts. Au moment de manger le poisson, j'ai pensé qu'il y avait à peine une heure de cela, pas plus, cet animal vivait sa vie dans les eaux de l'étang d'Aurit. J'avais encore en tête le cadavre raide et tordu. J'ai pas eu le goût de le manger.
Pourquoi je vous raconte ça ? Peut-être pour illustrer ce que peut être une éducation hors-sol. Finalement je suis un écolo qui n'a pas été éduqué dans la nature. Même si j'ai envie de me réapproprier certaines choses, je sens bien qu'il peut y avoir des choix à faire. Ça tombe bien, parce que, contrairement à ce qu'on nous dit depuis longtemps, ni la viande, ni le poisson ne sont indispensables à l'équilibre alimentaire. Alors la pêche, excusez-moi, mais je laisse ce hobby à tous ces artistes et spécialistes qui savent si bien s'y prendre, avec tant de douceur et de délicatesse.
A moi le potager, la forêt à regarder, les fruits à cueillir.

Le 28 juin 2009

mercredi 8 juillet 2009

Le fauteuil moelleux du radicalisme

Ce qui est confortable c'est de se situer dans le radicalisme. On se situe dans ce cas-là à l'extérieur du monde (ou bien l'on croit se situer à l'extérieur du monde) et on tire à boulets rouges sur tout ce qui s'agite. Alors qu'il n'y a pas d'extérieur à notre société, mais bon, en s'en fout. Personnellement, je critique beaucoup, mais sur le point que je vais évoquer, je serai très à l'aise car je pense me situer dans le monde.
Par exemple, Manu Chao dont j'adore la musique, dédicace une chanson ( politik kills), lors du concert d'EHZ à Helette "aux politiciens qui nous mentent". . Je suis nul en anglais, mais si Manu Chao était persuadé habiter notre monde, il aurait intitulé sa chanson "THIS politik kills" . Parce que si Manu Chao se promène à travers le monde, et gagne sa vie pas trop mal, c'est bien parce que des politiques et la politique construisent le monde dans lequel il vit quotidiennement. Et même si un jour nous arrivons enfin à une démocratie directe, il y aura toujours des porte-paroles et de la politique.
Un autre exemple, le journal "La décroissance" et ses chroniqueurs croient eux aussi se situer à l'extérieur du monde .
Le journal la décroissance n'en finit pas de juger tout ce qu'il se passe autour d'eux. Il s'agit d'un groupe d'intellos qui vit sur la bonne planète et qui donne les bons points et les mauvais points du haut de leur piédestal. C'est tellement facile de regarder les autres se démerder. Dernièrement José Bové et tous les responsables d'Europe Ecologie sont passés sous les Fourches Caudines de La décroissance jusqu'à être traité de traitres. Vincent Cheynet intègre jusqu'à l'intégrisme n'ose quand même pas parler d'Eva Joly. Ce que déteste Vincent Cheynet, en fait, c'est les élections, l'engagement politique.
J'ai aussi un copain qui est comme ça. Cyclotor, si tu m'entends. Il est symptomatique de beaucoup de gens qui n'ont pas envie de faire de la politique parce que effectivement, je le confirme, c'est chiant, c'est pas toujours facile ni amusant.
Le regard, qu'il soit celui du journal de La décroissance, de Cyclotor ou de Manu Chao, c'est un regard tout d'un bloc, à l'emporte pièce. Soit on a fait son analyse, brute de décoffrage, soit on a pas d'analyse, mais le résultat est toujours le même ; on tape sur la politique et les politiciens avec une masse de maçon et on se casse très vite faire ses petites affaires parce qu'on va pas quand même pas s'emmerder, mettre les mains dans le cambouis. Qu'ils aillent au charbon, disent-ils en somme, nous on va regarder, juger, donner les bons et les mauvais points.
Le jour où Manu Chao, Cyclotor et Vincent Cheynet se présenteront à une élection et participeront à une élection, à ce moment là je prêterai une oreille attentive à leur sermon.

mercredi 1 juillet 2009

Réponse au Maire de Saint Engrâce

OBJET : Réponse à propos d'un article parue dans le JPB du 30/06/2009 intitulé "L'ours : un prédateur crée des emplois".

Les éditions associatives Astobelarra / Le Grand chardon tiennent à exprimer leur désaccord concernant un article paru dans le Journal du Pays Basque du 30/06/2009
intitulé "L'ours : un prédateur crée des emplois".
Si notre association se félicite que des emplois soient créés grâce à l'ours, elle s'inquiète toutefois de certains propos et certaines positions qui vont à l'encontre des efforts qui sont engagés pour la cohabitation entre les éleveurs et l'ours.
Notamment, Astobelarra considère qu'il n'y a pas à "diverger" ni à discuter "quant à la légitimité de la présence de l'animal dans la montagne". Cet animal existe et il est "d'ici" au même titre que l'être humain.
Mr Albert Aguiar, maire de Sainte-Engrâce déclare que «les brebis ne sont pas élevées pour l'ours dont on se passerait bien».
Nous dénonçons ces propos écocidaires et la vision étriquée et archaïques de quelques individus qui n'ont pas encore compris que l'homme, qui fait partie de la nature, doit pour sa survie même, vivre en bonne intelligence avec elle et qu'il n'y a guère d'autre choix.
Si ce n'est celui de construire un monde dans lequel il n'y aura plus de loups, plus d'ours, d'éléphants, plus de dauphins, plus de gorilles, tous ces animaux qui sont nos colocataires sur la Terre.
Nous conseillons vivement à Mr Aguiar la lecture de "Elefanteari gutuna / Lettre à l'éléphant" de Romain Gary, que nous avons éditée en 2007. Le livre est en vente au prix de 5 euros au magasin Herri Ekoizpen à Mauléon. Il pourra y lire entre autres que le respect de la différence et de l'altérité est la base indispensable du respect de soi-même.
Car comme le dit si magnifiquement Romain Gary, "Dans un monde entièrement fait pour l'Homme, il se pourrait bien qu'il n' y eût pas non plus place pour l'Homme."

A méditer avant qu'il ne soit trop tard…